Quand j'y pense, ça doit être les ninjas les moins
discrets de l'histoire...
Pour lancer sa console au mois d'octobre 1987, on a déjà vu ensemble que la stratégie de NEC et de Hudson consistait à prouver sa domination technique face à la vieillissante Famicom de Nintendo. Pour se faire, Hudson chapeautait des projets de jeux très beaux graphiquement quoique fades et pauvres d'un point de vue jouabilité (The Kung-Fu) ; ils s'appuyaient également sur des tendances populaires afin de tenter le hold-up commercial un peu comme avec Kato Chan & Ken Chan, un jeu mettant en scène deux vedettes de télévision japonaise. Un autre de leur stratagème était de développer ou de commander des portages de hit de l'Arcade afin de démontrer la puissance de la PC-Engine. Cela a donné à la console des titres exceptionnels comme R-Type d'Irem, Space Harrier de SEGA ou Side Arms – Hyper Dyne de Capcom. Taito tente de prendre le train en marche en proposant une adaptation de son Ninja Warriors, déjà adapté sur bon nombre de support dont les micro-ordinateurs de la fin des années 80.
Dans un pays qui nous semble étrangement contemporain, sorte de nation bâtarde entre les États-Unis et la Corée du Nord ou la Russie, un dictateur du nom de Banglar laisse aller sa folie sans que personne ne puisse se dresser sur sa route. Dans sa soif de guerre et probablement de conquête, il attise la haine et militarise à l'excès son pays. Alors quoi de mieux pour faire terre un roquet un peu trop agressif que de créer deux machines de guerre pour directement aller assassiner le gredin en question ? C'est le subterfuge sans importance que nous sert The Ninja Warriors pour explorer ce futur d'anticipation relativement quelconque et d'ailleurs très proche (1993) qui ne remportera pas le grand prix de l'originalité. Pour aller faire sa fête au despote, vous prendrez le rôle d'une sorte de Terminator grimé sous le costume folklorique d'un ninja. Un véritable script de nanar des années 80 (le fameux direct-to-dvd comme on dit aujourd'hui) s'ensuit alors.
Six niveaux sont au programme, et la première chose qui choque la plupart des joueurs dès le départ, c'est la difficulté du titre. Le choix entre Ninja (l'homme) et Kunoichi (la femme) n'a aucune importance face à ce flot incessant de soldats adverses. Le principe est on ne peut plus clair, avancer et trancher dans le gras de tous le monde se dressant sur votre route. Aucune phase de jeu un brin différente ne viendra égayer votre partie de The Ninja Warriors, jeu au level design aussi consistant qu'une feuille de salade. La difficulté, presque atroce et artificielle vient donc du déferlement d'ennemi souvent en trop grand nombre et au défi que représente l'apprivoisement de la particularité du soft. En effet, la plupart des beat them all nous laisse déambuler dans ses décors jusqu'à temps qu'on croise une escouade d'ennemi à tataner. Dès lors la zone se cloisonne et il ne nous est plus possible d'avancer, comme si le décors se transformait subitement en arène aux murs invisibles. Mais dans The Ninja Warriors, le choix vous est offert de tracer votre route au-delà des vagues d'ennemis qui vous font face. Dans la version Arcade d'origine, le jeu se jouait sur un très grand écran offrant une vue panoramique à l'instar de Darius du même développeur. Cette vue inégalable permettait au joueur de voir arriver les ennemis de loin mais sur console et sur PC-Engine notamment, cet avantage est réduit à néant. Maitriser les vagues d'ennemis, prévoir et prendre la fuite ou au contraire temporiser quand cela est nécessaire devient impossible, si bien qu'on finit vite submergé. Le système même est à double tranchant car si vous choisissez la fuite en avant, les ennemis vous suivront pendant un certain temps. Si vous parvenez à les distancer ou à sortir de leur zone d'action, tant mieux, ils vous lâcheront les pompes. En revanche, si vous êtes freiné par un obstacle quelconque, vous risquez de faire face à autant d'ennemis vous ayant pris en chasse et le combat tourne vite au gang bang de pixel !
La bonne gestion de cette astuce permet de jouer convenablement le contre la montre car le chrono qui égrène ses secondes inlassablement est très serré. À cela s'ajoutent les boss, comme les ennemis classiques esquivables mais horriblement plus coriaces. Abusivement forts, ils vous matraquent de coup, font souvent très mal et bloquent la moitié de vos assauts. On a tendance à abandonner les kunaïs (très allongés) que nous possédons pour se servir des shurikens afin de les maintenir à distance autant que possible mais en général, on sert les fesses très forts et on prie pour ne pas se faire avoiner. Le dosage de la difficulté est désastreux, il est inconcevable de donner tant d'avantage à des ennemis qu'on rencontre toutes les cinq minutes. Cela ruine une bonne partie du plaisir de jeu et malheureusement, The Ninja Warriors ne propose pas grand chose d'autre qui puisse convaincre le joueur de patienter devant son écran.
La difficulté extrême du soft et les multitudes de coups qu'on encaisse ont au moins un petit intérêt à faire valoir, celui d'impacter sur le visuel de notre combattant. En effet, plus votre guerrier se fait punir, et plus son enveloppe factice de ninja bariolé disparaitra au profit de sa véritable nature de machine de guerre métallique. Voir son costume se décomposer pour laisser apparaître au fur et à mesure bras, torse, jambe et crane d'acier à ce petit côté Terminator comme lorsque Schwarzenegger perdait son visage de chair au profit de son squelette sans vie. Dommage, ce qui devait être une bonne idée devient à cause de la difficulté cruelle une provocation aux yeux du joueur qui y voit rien d'autre que la faiblesse et la déliquescence en temps réel de son personnage, incapable de se défendre et victime d'attaques incessantes. Dommage aussi que le jeu n'ai pas réellement d'autre chose aussi sympathique à proposer, graphiquement parlant.
En effet, si les décors sont relativement détaillés et les sprites de bonne taille, le tout reste assez morne. Sur PC-Engine, les graphismes paraissent ''aplatis'' alors qu'ils avaient un peu plus de relief sur Arcade ou sur Amiga, probablement dut à quelques pixels supplémentaires pour simuler plus finement les ombrages. La fluidité reste correcte bien que le déplacement des guerriers ninjas robotiques soient lent (et ceci dans toutes les versions), mais on déplore des clignotements dès lors que les sprites ennemis se font trop nombreux. Mais plus que cet aspect technique très terre-à-terre, c'est le manque d'étincelle créative qui chagrine. Le jeu paraît trop contemporain aux années 80-90 pour éveiller la curiosité du joueur et nous placer de façon crédible dans la carcasse d'un terrible ninja robot tueur. Les soldats sont habillés en kaki, les ruelles sont grises, les entrepôts sont marrons et nombreux. Au moins, on peut arguer le fait que cela sert l'ambiance et que ça présente un futur proche presque apocalyptique bien retranscrit et vraisemblable selon notre réalité. C'est aussi un parti prit artistique, même si le rendu n'est pas aussi chatoyant et impressionnant qu'un Streets of Rage, tout dans la démesure hollywoodienne.
The Ninja Warriors navigue entre deux eaux. Pas réellement moche, pas franchement beau, il est assez solide techniquement mais présente peu d'atout purement visuel si ce n'est quelques arrières-plan parfois marquants ; comme lorsqu'on passe devant un avion de chasse sur la base aérienne ennemie, très gros sprite bien modélisé. Mais nous ne saurions pardonner l'absence de quelques éléments qui ont fait son charme sur Arcade, à l'image de ce boss incroyable (mais ô combien dur à battre) : le tank. Gros sprite détaillé et très bien animé, sa présence aurait put faire briller cette conversion PC-Engine un peu plus que d'ordinaire, d'autant que la très limitée versions ZX-Spectrum a accueilli ce boss impressionnant !
Ceci trouve certainement son explication dans la taille réduite de la mémoire (3mbit) de l'HuCard supportant The Ninja Warriors. Mais ce n'est qu'un faux-fuyant puisque la même année, les portages de Space Harrier et Altered Beast de SEGA sur PC-Engine bénéficiaient d'HuCard de 4 mégabits, ce qui aurait certainement suffit à étoffer cette conversion du jeu de Taito. Il faut néanmoins garder à l'esprit que les HuCard plus volumineuses, tout comme les cartouches sur consoles Nintendo, sont d'autant plus chers qu'elles ont une mémoire conséquente. Un éditeur/distributeur doit prendre en compte le coût de commande d'un certain nombre d'HuCard/cartouches vierges afin d'y copier son jeu pour le vendre en magasin. S'il commande trop de cartouche et ne parvient pas à les écouler, c'est une perte pour lui car il n'est pas assuré d'utiliser des supports 3mbits sur d'autres jeux réclamant plus de place ! Et s'en servir pour des jeux plus petits serait également un gâchis car les HuCard auraient coûté inutilement cher alors qu'elles auraient été plus abordables si ça n'avait été que des modèles 2 mégabits. Le business quoi.
Pour conclure, on peut noter la présence de quelques musiques sympathiques. Enfin, une en particulier, nommée Daddy Mulk (stage 1 et 6) composée par Zuntata, le prolifique groupuscule de compositeurs maison de Taito fondé en 1987. Celle-ci, bien rythmée et comportant des sonorités agréables offre surtout vers sa fin un solo de shamisen (sorte de luth à trois cordes d'origine japonaise) super punchy qui a largement fait la renommé du jeu tout entier au sein de la communauté PC-Engine. La version retravaillée sur la console de NEC/Hudson ne rend pas aussi bien qu'en Arcade mais c'est déjà bien de la voir en intégralité. Les musiques sont globalement dynamiques et couvrent avec efficacité un panel de bruitages répétitifs voir parfois carrément agaçants.
The Ninja Warriors paraît horriblement conventionnel de prime abord, et pour cause puisqu'il l'est ! Le rythme relativement lent de nos guerriers et le concept du jeu très élémentaire vont quelque peu à contre-courant des jeux d'action et beat them all de la fin des années 80. Là où Renegade, Golden Axe et autres Double Dragon commençaient à innover et à façonner la recette avec leurs propres particularités (petites phases de plate-forme pour l'un, utilisation de techniques spéciales et de magie pour l'autre...), The Ninja Warriors préfère la promptitude et la facilité d'accès de son gameplay où deux boutons – tout au plus – seront suffisant pour occire tous les ennemis du jeu.
Il y avait certainement de l'idée, j'en veux pour preuve le dénouement, loin d'être traditionnel dans un jeu vidéo de ce genre fin années 80 ; et à fortiori accompagné d'une musique fataliste à souhait, mettant un point final remarquable à cette étrange bataille contre les armées du despote Benglar... Le jeu n'est pas fondamentalement mauvais mais souffre de quelques faiblesses d’exécution et surtout perd de ses couleurs face à la concurrence extrêmement vive dans le domaine entre 1987 et 1991.
guiguif j'ai oublié de préciser dans le test, la version SNES est en fait un remake développé par Natsume (Wild Guns) et c'est un chouette jeu comparé à son modèle !
Comparer le hardware de la Pc Engine sortie en 1987 a une Super Famicom de novembre 1990 n'est pas trés futé.
La Console avec sa palette de 256 couleurs simultanée affiché a l'écran en full screen humilie les micros et les consoles présent sur le marché avant l'arrivé des 16 bits.
La Nec a côtoyé l'Amiga et L'Atari ste qui étaient supérieur techniquement aux Master System et Nes, et pourtant les jeux d'Arcade étaient plus belle que sur Micro et ceci grâce aux adaptions fidéles des studios d'origine: Vigilante, Ninja Spirit, Liquid Kid, Parasol Star, R-Type et Street Fighters sont des exemples.
La Console avec sa palette de 256 couleurs simultanée affiché a l'écran en full screen humilie les micros et les consoles présent sur le marché avant l'arrivé des 16 bits.
La Nec a côtoyé l'Amiga et L'Atari ste qui étaient supérieur techniquement aux Master System et Nes, et pourtant les jeux d'Arcade étaient plus belle que sur Micro et ceci grâce aux adaptions fidéles des studios d'origine: Vigilante, Ninja Spirit, Liquid Kid, Parasol Star, R-Type et Street Fighters sont des exemples.
gunstarred merci de ta lecture et de ta fidélité :