Avril 2000, l'ébullition dans le microcosme du jeu vidéo. Une certaine Playstation 2 vient de débarquer au Japon depuis un petit mois, tandis que sa grande sœur toute de gris vêtue ne cesse de péter les records de vente. Enchainant hit sur hit, que ce soit tiers ou maison, Sony n'en finit plus de truster les charts. Popularisant le jeu vidéo comme jamais, rendant notre bon vieux loisir ''cool'' et à la porté de presque n'importe qui, la firme japonaise installe dans quatre vingt-dix millions de foyers (à l'époque) sa machine de jeu. En contrepartie et par voie de conséquence, le PC gamer devient une machine obscure, réservée à une certaine élite alors qu'historiquement, le PC est le digne successeur des toutes premières véritables machines de jeu. À mesure que les différences de puissance entre PC et consoles s'amenuisent, le PC devient une sorte d'eldorado pour puristes désabusés ou voulant se donner un genre.
Dernier rempart supposé face à une casualisation déjà naissante du jeu vidéo, le PC, fidèle à lui-même préfère proposer des jeux de stratégie, de réflexion, des FPS et des RPG complexes à l'univers sombre et résolument adulte. Reste que les consoles de salon et portables ont prit les devants, si de nos jours les jeux consoles sont pour la plupart trouvables sur PC (Assassin's Creed, Tales of Zestiria, Dead or Alive, Batman Arkham Knight... euh non pas Batman en fait), le début des années 2000 fut une période de vache maigre où le PC dut faire sans les très lucratifs et très populaires Devil May Cry, The Legend of Zelda : Wind Waker et autre Final Fantasy X. À vrai dire, jamais jusqu'à notre époque le PC n'eut le droit ou presque de goûter au jeux issus de console. Pendant très longtemps, les éditeurs ne mélangeaient pas torchons et serviettes et produisaient un panel de jeu bien distinct pour chacun des deux types de plate-forme. Qu'à cela ne tienne, le PC a de la ressource et une identité forte, et lui aussi a ses exclusivités à faire valoir.
Et Messiah fait parti de ces exclusivités typiquement PC que les consoleux ont de bonnes raisons d'envier à leur copains à claviers (enfin copains... c'est vite dit).
Vous, là, les petits trolls de Gamekyo, pro-S, pro-M, pro-N, pro-parmesan affinage 24 mois, en lâchant votre petite boulette sur les articles des autres pour railler tel ou tel jeu, combien de fois vous répétez vous que vous êtes un ange, au fond, afin d'essayer de vous convaincre ? Parce que si vous aimez ça, Messiah devrait vous intéresser. Le postulat de départ du soft de David Perry (créateur de Earthworm Jim, MDK, et réalisateur du très bon Aladdin version Megadrive, en grande rivalité avec le Aladdin d'un autre légendaire concepteur : Shinji Mikami sur Super Nintendo) est surprenant. Vous incarnez Bob, un petit chérubin en pampers chargé de descendre sur Terre pour combattre le Mal. Et vu que c'est le Grand Barbu en personne qui vous l'a ordonné, inutile de refuser.
Le pire dans tout ça, c'est que le mec vous a pour ainsi dire donner carte blanche, ainsi, vous pourrez passer de corps en corps ici bas pour faire vos petites affaires, quitte à laisser des carcasses aux quatre coin de la rue en plein milieux du bordel que vous aurez vous même occasionné. Qui a dit que les anges étaient des saints ?!
Concrètement, que se passe-t-il pour que Dieu décide de se bouger le cul ? Eh bien sur Terre, il y a un sacré déglingué de la calebasse qui se fait modestement appelé Le Père (non, ce n'est pas Shanks), merci pour lui, qui vient de bâtir une société proche de la secte religieuse. Échafaudé sur un modèle pyramidale, touts les ordres viennent d'en haut pour progressivement retomber vers ceux à qui c'est adressé. Chacun a un rôle précis à tenir, policiers, ingénieurs, manutentionnaires... même certains individus que l'ont pourrait croire en dehors du système sont en fait là pour assurer un certain équilibre. Ainsi, les criminels de toutes sortes sont aussi de la partie. Mais tout cela à pour but de servir un grand tout afin de maintenir toute l'Humanité sous contrôle. On se croirait dans la Matrice ! Rigolo quand on sait que David Perry, trois ans plus tard produira le désastreux et tristement célèbre Enter the Matrix, tiré de la saga cinématographique des Wachowski.
Cependant, on n'usurpe pas l'identité du grand concepteur sans en subir les conséquences, c'est pour cela que vous, Bob, êtes envoyé sur place pour remettre les idée en place à tout ce petit monde. Mais comme il est un peu à l'Ouest, depuis deux mille ans qu'il est dans le coin, le mec, il a oublié de vous filer un minimum de matos. Tel un Solid Snake potelet en couche culotte, on va donc devoir se débrouiller sans armes pour dérouiller du méchant. Paradoxalement, la société dingue dans laquelle on est tombé va nous être utile, puisque quasiment l'intégralité de ses membres possèdent une arme, et Bob, lui, possède la capacité de prendre le contrôle de leur corps et de leur âme. Vous voyez là où cela nous mène ? Vous l'aurez compris, le but du jeu sera de prendre possession des corps humains afin de se débrouiller pour avancer dans les niveaux. Un bon gros mélange entre Requiem, un jeu d'action où on contrôlait un ange exterminateur et The Nomad Soul (le premier jeu de David Cage, l'auteur de Heavy Rain et Beyond : Two Souls) où on pouvait aussi s'adonner à la transmigration spirituelle.
C'est à un angelot bien badass qu'on a à faire car il ne prend pas la peine de rendre les corps comme il les a trouvés, bien au contraire même. Messiah est un jeu d'action qui envoi du pâté, ça tire, ça mitraille, ça se tape dessus joyeusement et c'est régulier qu'on doit changer d'enveloppe corporelle car la précédente s'est littéralement fait défoncer ! Fusil mitrailleur, lance-flamme, matraque électrique, grenade, tout y passe, l'univers dans lequel on évolue n'est fait que de violence. Un technicien qui se fait surprendre en train de glandouiller deux minutes ? Les gardes de la sécurité lui collent trois coups de tonfa électrique en pleine poire. Un flic que vous croisez en lui effleurant le paquet de polygones qui lui sert de bras, et hop, il sort son flingue ! Même les rebelles, ceux qui sont censé combattre cette société malade et violente n'ont d'autre occupation que se cogner dessus, au fin fonds des égouts.
Et comme le Grand Ordonnateur (je ne manques pas de synonymes pour désigner Dieu, croyez-moi) n'a pas prit la peine d'expliquer en détail quels étaient les objectifs de Bob, on navigue un peu à l'aveuglette pendant les premières minutes. On se demande d'abord si le comportement ultra agressif de touts les foutus PNJ qu'on croise est une réaction normale du jeu, puis des notes et des encadrés apparaissent pour nous expliquer les actions qu'il est possible de faire. Avec un peu d'attention et d'application, on prend vite les marques, même si on aurait préféré un didacticiel en bonne et due forme avant d'être jeté dans le bain. Quelque part, l'analogie est intéressante entre le joueur et Bob qui lui-même ne maitrise pas encore ses pouvoirs et ne sait pas trop prendre possession des corps humains au début du jeu. Bref, on se sent bel et bien lâché dans une véritable jungle, tant d'un point de vue visuel que gameplay.
Le principe étant donc de trouver le bon corps et de se l'accaparer pour réaliser une action précise, franchir une zone sans risque ou obtenir ce qu l'ont veut, quoi que ce soit. C'est là que vous comprenez que chaque individus, dans ce monde sans foi ni loi, a un rôle précis à jouer. Le technicien aura accès à des salles de machines grâce à ses passes-droits, les prostitués pourront subtiliser des objets importants à leurs clients après les avoir charmés, les officiers et commandantes super sexy pourront traverser des zones sans qu'on les dérange le moins du monde; et si on vous prend pour cible, optez pour le corps d'un policier généralement très bien armé ! Et pour en rajouter, n'oublier pas de vider le paquet de munitions du corps que vous possédez avant de le relâcher si vous ne voulez pas subir son courroux vengeur !
Le rythme de jeu y est donc assez rapide, on ne passe rarement plus de cinq minutes dans un même corps, le temps d'explorer un peu les environs, trouver ce qu'il y a à faire et choisir un autre hôte. Les énigmes et épreuves s'enchainent rapidement mais sans jamais oublier de respecter un certain procédé : observer, repérer les objets intéressants avec qui interagir, programmer un déplacement, prendre possession du corps adéquat et mettre en œuvre le plan jusqu'à la prochaine énigme. C'est compliqué, exigeant, l'IA en plus de cela est teigneuse et remarquera sans trop de mal si le corps d'un individu exécute des choses étranges qu'il n'est pas censé faire (un simple mécanicien qui essaye de pirater un ordinateur, un policier qui tente de désactiver les barrière de sécurité d'une usine nucléaire, un employé quelconque qui continue à se balader alors qu'il est l'heure d'aller en pause …). De plus, il ne suffit pas de le vouloir pour prendre possession d'un corps, il faut d'abord se faufiler derrière l'énergumène prit pour cible et dés qu'on est suffisamment proche tenter l'opération. Si ça foire, il ne reste plus à Bob qu'à se barrer vite fait. Heureusement pour lui, il peut échapper à l'IA tenace en se planquant dans des endroits exiguës où seul lui a accès.
Le grand nombre d'action possible et la variété des situations occultent un peu ce manque d'aspect aventure où il n'y a jamais aucun PNJ à qui parler de façon amicale pour en apprendre plus sur l'univers qui nous entoure. L'action est brutale, osée, tout le jeu est un grand délire et les passages hot se font généreux. On dénotera aussi quelques séances agaçantes de plate-forme qui n'ont jamais été les point forts des jeux PC, encore moins en full 3D.
Fort heureusement, Messiah compense sa difficulté par une ambiance fichtrement accrocheuse remplie d'humour. Il n'y a qu'à tendre l'oreille pour parfois entendre de délicieuses répliques des PNJ, ou voir comment se dandine Bob en train d'essayer de fuir les balles qui lui tombent dessus pour être conquit par le côté second degrés du soft de Shiny Entertainment. En sus, un scénario bien élaboré qui se dévoile au compte goutte via de mystérieux messages télépathiques et quelques saynètes. Bénéficiant du moteur de Quake III retapé par les gens de Shiny (suffisamment retapé pour se permettre d'avoir été enregistré comme possession du studio sous le nom de Messiah Engine), le jeu est en plus de ça au sommet de ce qu'on peut faire en matière de 3D sur PC en 2000, à une époque où la machine de bureau était encore capable de clairement mettre une baffe technique aux consoles de salon. Si on déplore quelques modèles 3D un brin cubique, on ne peut qu'être émerveillé par le jeu de lumière, la palette de couleur rappelant furieusement Quake III et l'avalanche d'effets d'explosions et d'étincelles lors des séquences d'action. Les dégâts sont localisés, ce qui donne lieux à de formidables éclats de cervelle quand on se met à jouer les sniper et par corolaire, on s'amuse à voir les animations tortueuses des ennemis dès qu'on leur flingue les genoux. Les textures sont quant à elle globalement très propres tandis que la direction artistique nous amène dans des environnements plus variés qu'on pourrait le penser de prime abord.
Messiah est un jeu de qualité, surprenant, qui ose et qui débarque comme un joli pavé dans la marre. Subtil mélange entre action explosive avec un moteur physique et graphique de haute volée et d'énigmes retorses à résoudre , le soft est passionnant de bout en bout. Le cocktail d'humour, de violence, d'ambiance sombre et de mystère ravira les amateurs d'univers désaxé où les codes et les règles de conduite classiques n'ont plus court. À noter une localisation intégrale, voix et textes en français s'il vous plait ! On lui reprochera seulement une exigence de touts les instants car aucune zone de repos n'est présente, touts les PNJ qui nous entourent sont potentiellement des ennemis. Aussi, quelques hésitations dans le gameplay à l'image d'un passage en mode combat lorsqu'on se saisit d'une arme à feu qui demande un temps d'adaptation. C'est surtout sa durée de vie relativement courte, son côté atypique flagrant et les ressources matérielles trop conséquentes que le jeu demandait à l'époque qui le conduira à se faire bouder du grand public.
Mis à part cela, le jeu est à essayer car présent sur GOG. C'est le parfait exemple de ce qu'on pouvait trouver de bon sur PC au tout début des années 2000 et que les Playstation, Gamecube et compagnie n'ont jamais eu !
aiolia081 Oula, non, si tu savais
A dire vrai, j'ai demandé à anakaris de faire ce test en début d'année, il devrait être radié de la modération pour ce retard
J'ai dis que j'avais pas envie, j'ai dis que j'avais pas le jeu (et du coup j'ai dut l'acheter sur GOG bordel), j'ai dis que mon ordi avait eu un gros bug, j'ai même tenté de faire assassiner liquidus00 mais pas moyen, toutes les semaines il me demandait si son test avançait
Nan en fait nan, je déconne, il en avait rien à foutre, j'suis pas venu sur le site de tout l'été il s'est même pas inquiété pour moi
Un jeu d'une qualité exceptionnelle, un petit peu en avance sur son temps sur certains aspects.
C'est assez dommage que le jeu soit presque passé inaperçu à l'époque, même dans la presse.
Tiens il n'y a plus de bannière sur le groupe?
Et en avance sur son temps de par sa technologie aussi.
A dire vrai, j'ai demandé à anakaris de faire ce test en début d'année, il devrait être radié de la modération pour ce retard
J'ai dis que j'avais pas envie, j'ai dis que j'avais pas le jeu (et du coup j'ai dut l'acheter sur GOG bordel), j'ai dis que mon ordi avait eu un gros bug, j'ai même tenté de faire assassiner liquidus00 mais pas moyen, toutes les semaines il me demandait si son test avançait
Nan en fait nan, je déconne, il en avait rien à foutre, j'suis pas venu sur le site de tout l'été il s'est même pas inquiété pour moi