Jet Set Retro
Ah,
Jet Set Radio… Ce nom sent la peinture fraîche, le funk japonais et les consoles Dreamcast qui grincent d’amour. Sorti à l’origine sur la petite merveille de Sega en 2000, le jeu était un OVNI visuel et sonore : graphismes en cel-shading avant-gardistes, bande-son dantesque, et cette ambiance rebelle où l’on taguait les murs de Tokyo-to en échappant à la police. Bref, un condensé de coolitude.
Et puis un jour, quelqu’un, quelque part, s’est dit :
“Et si on portait ce bijou sur Game Boy Advance ?”
Une phrase qui aurait dû être suivie par :
“Non, mauvaise idée.”
Mais non. Sega a confié la mission à un studio américain, Vicarious Visions, déjà responsable de quelques portages honnêtes (et de quelques traumatismes vidéoludiques aussi). Et là, miracle ou malédiction : Jet Set Radio GBA est né un 23 juin 2003 en Amérique du Nord et vit le jour plus tard chez nous le 20 février 2004. Et devinez quoi ? C’est avec cet épisode que je fais le grand saut dans cette série… Oui je sais…
Le street art version boîte de sardines
Autant le dire tout de suite : sur GBA, Jet Set Radio garde son identité… mais comme si l’on avait passé le jeu original au micro-ondes pendant 30 secondes.
Les personnages ressemblent à des versions 2D plates de leurs modèles Dreamcast, qui auraient survécu à une explosion thermo-nucléaire de pixels. Les animations sont rigides, mais les développeurs ont quand même réussi à garder le style “cel-shading”, et franchement, sur une petite GBA, ce n’est pas rien.
La musique ? Un miracle miniature : les thèmes funky et électro sont là, un peu compressés comme une playlist MP3 de 2002, mais toujours ultra entraînants.
L’enfer du stick invisible
Le vrai problème, c’est quand on commence à jouer.
Parce que oui, le jeu aurait pu être bien… si la maniabilité n’était pas aussi merdique.
Le personnage glisse comme s’il patinait sur du savon, les virages se prennent avec la grâce d’un semi-remorque, et les collisions rappellent qu’on n’est pas fait pour le roller, mais pour la frustration.
Au bout d’un moment, on finit par prendre le coup. On s’habitue aux commandes, on anticipe les virages, on prédit la mort avant qu’elle n’arrive. Mais bon sang… c’est injouable quand même, ce truc.
C’est un peu comme conduire un gros camion à travers les rues d’un village provençal : techniquement faisable, mais pas recommandé par le bon sens.
Des tricks, du flow, et des murs à repeindre
Sur le papier, la dimension “trick et skate” est même un peu plus poussée que sur la version Dreamcast. On peut enchaîner les grinds, les sauts, et taguer en rythme des murs minuscules, le tout dans un enchaînement fluide… enfin, fluide pour peu que le pouce survive à la croix directionnelle.
Mais l’impression de liberté, essentielle à Jet Set Radio, disparaît vite : les niveaux sont des couloirs étriqués où le gameplay se résume à tourner, sauter, et réussir (rater) son tag.
Le gameplay s'article tout de même toujours aussi astucieusement autour de la récupération de bombes de peintures (jaune = 1 jet, bleu = 5 jets, rouge = de la santé). Ces bombes permettent donc d'exécuter nos (basses) oeuvres mais attention tel un QTE il faudra bien respecter des séquences de touche (avec la croix directionnelle), sinon vous gaspillerez un jet.
Un principe efficace, d'autant (et cela est très appréciable) que les bombes sont facilement trouvables dans la ville.
Techniquement, ça passe… presque
Franchement, techniquement, ça va. Pour une GBA, cela tient la route. Le moteur 3D “fake” fait illusion, les environnements sont lisibles, et on reconnaît les quartiers emblématiques.
Mais contrairement à ce que disaient certains magazines à l’époque (“Une prouesse visuelle sur GBA !”), il faut avouer que c’est un peu vite fait graphiquement. Pas moche, mais clairement compressé, comme si l’on avait essayé de faire tenir Shibuya dans une boîte à chaussures.
Au final, Jet Set Radio GBA est un peu comme un vieux roller : beau à regarder, plein de souvenirs, mais dangereux dès qu’on tente de le faire rouler.
Un jeu sympa et attachant, avec une ambiance unique, un ton décalé, et une vraie personnalité, mais gâché par une jouabilité vraiment bancale malgré toute la bonne volonté des développeurs.
On sent l’effort, on sent la passion, mais aussi la douleur du pouce après dix minutes dessus.
Fiche Technique:
Titre: Jet Set Radio
Développeur: Vicarious Visions
Editeur: SEGA
Genre: Action-Simulation
Année: 2003
Autre support: -
Nombre de joueur(s): 4
Localisation:
NOTE PRESSE (NGC Magazine
086 - Novembre 2003)

Screenshots:
(d'ailleurs comme Kidicarus, je l'avais vraiment oublié)
Le genre de fausse bonne idée pour gratter quelques sous sur une licence qui peinait à exister sur le plan commercial.
A l'époque, il n'y avait pas un écart, mais un énorme gouffre entre la gba et les Dreamcast/ps2/NGC/xbox. Et bizarrement, les gens comprenaient mieux.
La créativité, etc c'est ça qui faut.
Les graphismes, c'est secondaire (zelda links k s awakening, wario Land etc etc....game boy......ecran monochrome, non retroeclairer, qui bouffer les piles en moins de 2......et pourtant on c'est bien amuser avec .)
Mais je parle surtout de l'écart console portable/console de salon qui se réduit. Alors qu'à l'époque ton V-rally gba ou ton Jet Set Radio il était à 10000 lieux d'être comme sur dreamcast et idem pour plein d'autres licences.
Maintenant ton Resident Evil 9 et ton Star wars Outlaws sont proches de la version salon (logiquement avec des concessions, c'est impossible à éviter) et l'expérience est préservée. Ce n'est pas une toute autre version, ça reste le même jeu.