Durant le Festival International du Film d'Animation d'Annecy , Crunchyroll a eu l’occasion de rencontrer le studio d’animation français, Fortiche Production et plus particulièrement les différents co-fondateurs du studio. On en apprend plus sur les diverses inspirations de leurs productions, mais aussi de pouvoir un jour réaliser une adaptation du manga Vagabond de Takehiko Inoue.
Des clips de musique "plus courts" à un format plus long de série, comment avez-vous réussi à faire grandir votre production ?
Pascal Charrue : Fortiche Studio a traversé plusieurs phases de transformation dans son développement. Nos fondateurs Pascal Charrue, Jérôme Combe et Arnaud Delord ont chacun apporté une expertise diverse et pourtant complémentaire sur la table. À l'origine, nous étions concentrés sur la production de publicités, clips musicaux et des cinématiques de jeux vidéo. Notre contribution au clip musical de Gorillaz a été une étape importante, elle a montré notre capacité à répondre aux normes créatives internationales.
Notre tournant a eu lieu lorsque Christian Linke, showrunner d'Arcane, a été captivé par la direction créative et l'esthétique générale que nous avions développé avec le clip La Gaviota. Cette collaboration a suscité son intérêt et a conduit à notre partenariat sur plusieurs projets cinématiques, comme le clip Get Jinxed en 2013. Cette opportunité a eu un impact important sur les dynamiques de notre studio, nécessitant une expansion pour répondre aux exigences des projets de Riot Games.
Avec les saisons 1 et 2 d'Arcane, nous avons connu une croissance organique, construit une équipe d'individus passionnés et talentueux qui ont formé des départements solides sur tous les plans. En 2020, notre expansion a continué avec le lancement du studio Las Palmas dans les îles Canaries et une autre branche à Montpellier. Évoluer d'une petite équipe à 450 personnes n'a pas été sans défis, mais l'équipe de talents loyaux, qui sont nos premiers ambassadeurs, a été cruciale dans le maintien de l'esprit Fortiche.
Encourager la créativité et l'innovation est l'un de nos forces principales. Même en structurant nos activités pour mener à bien des projets de plus grande envergure, nous avons priorisé la culture de l'initiative et de la liberté créative. Cet équilibre nous a permis de grandir efficacement, tout en gardant cette essence créative qui définit le studio Fortiche.
Vous êtes-vous déjà inspirés des studios d'animation historiques dans votre façon d'aborder des projets ?
Charrue : Absolument, les studios d'animation historiques ont grandement influencé notre approche de Fortiche. Comme Jérôme Combe le mentionne souvent, Fortiche est un mélange subtil d'animation de l'Occident et d'anime de l'Orient. Cette fusion nous permet d'attirer à la fois les adultes et les jeunes avec un contenu grand public, ce que le Japon maîtrise depuis des décennies à travers les mangas et les animes.
Nous sommes de grands fans de réalisateurs d'anime comme Satoshi Kon, Katsuhiro Otomo, Mamoru Hosoda et Hayao Miyazaki. Ces réalisateurs sont connus pour leur capacité à diriger des personnages comme de véritables acteurs, en transmettant des émotions et du drame grâce à un mélange subtil d'esthétique et de techniques de réalisation en prise de vues réelles. Cette approche des personnages et de la narration est pour nous une source d'admiration et nous nous efforçons de l'intégrer dans nos propres projets.
Cependant, notre inspiration ne se limite pas à l'animation. Les films d'action hollywoodiens et asiatiques nous influencent également. Des réalisateurs connus pour leurs scènes d'action intenses et chorégraphiées et leur profondeur émotionnelle, tels que John Woo, ont laissé leur empreinte sur notre narration et nos séquences d'action. La combinaison de ces influences orientales et occidentales, ainsi que du cinéma d'action live-action, nous permet de créer une animation visuellement époustouflante, riche sur le plan narratif et attrayante pour un public mondial.
Lors d'une discussion sur Reddit, vous avez parlé d'influences venues d'anime dans la première saison. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Charrue : L'univers des anime offre une richesse narrative et visuelle inégalée, et chez Fortiche, nous y puisons beaucoup d'inspiration. Il est naturel de penser à des maîtres comme Satoshi Kon (Paprika, Perfect Blue) pour des personnages comme Jinx. Kon explore des thèmes complexes tels que la paranoïa et la perte d'identité. Ainsi, il crée des films d'animation destinés à un public adulte, ce qui correspond parfaitement aux ambitions de Fortiche.
Les mangakas comme Naoki Urasawa (Yawara!, Monster, 20th Century Boys) nous ont également influencé. Il traite les personnages secondaires avec la même profondeur et la même importance que les protagonistes. Cela se reflète dans notre propre approche, dans laquelle chaque personnage, même secondaire, fait l'objet d'une attention particulière afin d'enrichir l'univers global de nos histoires.
L'anthologie Memories, qui réunit des créateurs comme Kon, Otomo et Morimoto, constitue une autre influence majeure. Je suis récemment tombé sur un documentaire dans lequel ils parlent de leur admiration pour des réalisateurs comme Kubrick et d'autres cinéastes de renommée mondiale qui réalisent des films en prise de vues réelles. Cette intersection entre la sensibilité du live-action et la narration de l'animation est très importante pour nous à Fortiche, parce que nous voulons combiner ces éléments pour créer quelque chose de vraiment unique.
Y a-t-il des productions récentes d'anime qui vous ont marqué et qui vous ont donné envie de faire comme eux ?
Charrue : Il y a certainement une variété de productions qui attisent notre curiosité pour diverses raisons, que ce soit pour leurs qualités visuelles ou techniques, ou simplement pour leur sujet. Cependant, nous sommes souvent plus influencés par celles réalisées en live-action. Nous essayons de trouver notre propre voie en incitant à l'originalité.
Je dois admettre qu'en raison de contraintes de temps, je ne regarde pas autant d'anime qu'avant. En revanche, le plus récent qui a vraiment attiré mon attention était Cyberpunk: Edgerunners de Hiroyuki Imaishi au Studio Trigger. Comme il s'agit également d'une adaptation d'un jeu vidéo, je l'ai d'abord regardé par curiosité. Bien que ce soit très différent d'Arcane, ils ont réussi à incorporer de l'émotion dans l'histoire, ce que nous nous efforçons toujours de faire dans notre travail.
Chez Fortiche, nous souhaitons tracer notre propre voie et d'apporter quelque chose d'original, tout en appréciant et en nous inspirant de différentes productions.
Y a-t-il des anime en 3D qui, selon vous, illustrent particulièrement bien l'utilisation de l'animation 3D ?
Charrue : Il existe plusieurs styles d'animation, chacun convenant à des objectifs créatifs spécifiques. Lors des premiers tests d'Arcane, nous avons expérimenté différents styles de cadrage. Souhaitant capturer les émotions de nos personnages et nous rapprocher d'un ressenti en prise de vues réelles, nous avons décidé d'opter pour un style d'animation fluide et classique à 24 images par seconde. Cependant, si cela a du sens pour l'histoire que nous voulons raconter, nous sommes toujours ouverts à l'exploration de nouveaux styles d'animation.
Si vous pouviez adapter n'importe quel manga en anime, lequel aimeriez-vous créer avec votre équipe ?
Charrue : C'est une question difficile. La première adaptation qui me vient en tête serait Vagabond de Takehiko Inoue. Il s'agit d'un chef-d'œuvre d'une profondeur incroyable et d'un dessin à couper le souffle qui serait fascinant d'animer. Bien que les œuvres de Naoki Urasawa aient été adaptées à de nombreuses reprises, elle reste une source d'inspiration importante pour nous.
Il est essentiel de trouver les œuvres qui ont vraiment besoin d'être animés lorsque l'on envisage d'adapter un manga. Souvent, le simple fait que le rythme d'un manga, que vous contrôlez en tant que lecteur, ne se traduit pas toujours bien en animation, me déçoit dans certaines adaptations.
Pour rappel la saison 2 d’Arcane sera disponible courant novembre sur Netflix.
Un chat se réveille dans un univers envahi par l’eau où toute vie humaine semble avoir disparu. Il trouve refuge sur un bateau avec un groupe d’autres animaux. Mais s’entendre avec eux s’avère un défi encore plus grand que de surmonter sa peur de l'eau ! Tous devront désormais apprendre à surmonter leurs différences et à s’adapter au nouveau monde qui s’impose à eux.
Vaiana 2 embarquera les spectateurs dans un périple inédit en compagnie de Vaiana, Maui et d’un improbable nouvel équipage de marins. Après avoir reçu un appel inattendu de ses ancêtres, la jeune femme entreprend un voyage qui la conduira jusqu’aux eaux dangereuses des confins des mers d’Océanie pour y vivre une aventure comme jamais vécue auparavant.
J’ai découvert les productions de Makoto Shinkai un peu tardivement, et j’avais plutôt bien apprécié les enfants du temps, mais je n'ai pas vraiment accroché à Your Name , peut être juste les 20 premières minutes, mais le reste, je n’y arrivais pas.
Suzume le dernier en date me parle davantage, son animation est fabuleuse et les couleurs flamboyantes de ses environnements variés donne un aspect très aventureux. Entre des décors urbains, ruines ou la campagne, j’ai ressenti un vrai sentiment de voyage. Je dois dire que le scénario dans sa globalité est assez efficace, j’aime beaucoup ce coté mythe et légende qui s’y dégage , et je pense que c’est pour ça que j’ai bien aimé les enfants du temps. Je trouve qu’il y a quelque chose à creuser de ce côté-là.
Les thématiques abordées sont peut-être un peu trop nombreuses pour que ça tienne sur 2 h, le contraste entre le surnaturel et les séismes sont néanmoins très intéressant, le thème en fond met en avant les catastrophes naturelles au Japon et ces nombreuses répercussions sociales.
Cette odyssée à travers le Japon révèle un dynamisme appréciable sur le récit, mais les personnages secondaires auraient mérité un peu plus de développement pour qu’ils soient moins effacés dans le film.
Il n’empêche que la construction de Suzume reste plus ou moins solide, la petite touche d’humour et de romance en arrière-plan fait bien son effet.
Suzume est un film onirique qui éblouit le spectateur de sa magnifique lumière. Une perle que je reverrais avec plaisir.
Arcane , la série d’animation basée sur l’univers de League of Legend a pu sortir sur Netflix après 5 ans de travail. Ce projet, signé par le studio français Fortiche réitère sa tradition de ces productions en proposant comme toujours de la 2d sans aucune motion capture. Il y a toute de même une pincée de 3d dans Arcane comme les décors par exemple, mais le matte-painting un procédé cinématographique et les nombreux effets spéciaux sont tous réalisé en 2D.
Le directeur de l’animation d’Arcane Barthélémy Maunoury :
« Ça n'a jamais été notre souhait de faire de la motion capture, cela rend les personnages et les visages trop réels »
Produit et écrit par Riot Games qui donne une confiance absolue a Fortiche Production, leur permettant d’avoir une bonne liberté de création, le travail n’en ai pas moins titanesque sur sa réalisation notamment sur son esthétique globale et ces décors ressemblant davantage a une peinture vivante.
« On était libres, et c'était la clé de la réussite du projet. Riot nous a fait confiance, une confiance qui s'est créée au fur et à mesure des années, sur d'autres projets. Ça a été incroyable.»
« L'animation vient chercher la beauté dans son écriture et ses mouvements, on voulait que tous les décors ressemblent à des peintures, c'est pour ça que tout est fait à la main. Ensuite, les éléments inspirés du cinéma live viennent casser le côté "tableau vivant" de la série. »
L’animation faite a la main a mobilisé 80 animateurs et 300 personnes de plus pour proposer 9 épisodes de 45 minutes.
« L'animation, ça coute cher. ça implique un retour sur investissement, ce qui implique de faire des productions mainstreams, et on se retrouve avec des films qui sont toujours un peu les mêmes. »
« En France, on a des choses qui permettent de sortir un peu des sentiers battus. La situation s'améliore, même si on n'est pas au niveau du Japon, c'est sûr. »
Making of de la série Partie 1 a 5 ( sous titres en français disponible )
La saison 2 d’Arcane sera disponible en Novembre prochain sur Netflix.
Le réalisateur de Vice Versa 2 Kelsey Mann ( Monster Academy, En Avant) en dit un peu plus sur le film. Les 150 animateurs qui travaille dessus ont aussi changé de format passant de 1.85 : 1 à un ratio plus large de 2.35: 1.
"On nous a dit que ça nous prendrait une année entière rien que pour faire revenir Joie !", s'exclame-t-il, épaulé par Nielsen qui précise : "Ils avaient utilisé une technologie aujourd'hui abandonnée pour le premier, cela signifie que tout le système pour créer les lumières, les ombres, avait changé par exemple. Et nous on devait faire en sorte que la suite ressemble au souvenir du premier."
Une autre émotions était prévu pour l'histoire de cette suite, Shame (la honte) imaginée par Jason Deamer le Designer de pas mal de personnages de Pixar explique que c'etais trop " lourd" et "pas fun pour le film"
"Vous voyez quand vous regardez un film et que vous vous dites :'Mec, c'est un super long métrage', mais qu'en même temps vous savez que vous n'aurez pas vraiment envie de le revoir ? Il existe des œuvres dans ce genre-là. Moi, je ne veux pas que mes films soient comme ça. Je veux en créer qui aient du sens, mais quand on se demande :'Est-ce que j'aurais envie de le remater ?', j'aimerais que la réponse soit :'Carrément !'Mes films préférés sont comme ça, donc logiquement, c'est ce que j'ai envie de faire. Avec ce personnage, je n'avais pas envie d'y revenir, ce n'était pas marrant à explorer."
Le Dr. Dacher Kelter qui a aidé pour concevoir les nouvelles émotions détaille un peu plus :
"La honte, ce n'est pas une vraie émotion. C'est quelque chose qui peut nous arriver dans la vie, mais pas pour tout le monde. Alors qu'on ressent tous de l'anxiété, c'était mieux d'eplorer ça. Il me semblait plus important de parler d'elle que de délivrer un message du style :'Ne vous faites pas honte.'C'était un peu moralisateur. Alors que de l'anxiété, on en a besoin d'une certaine manière, ce n'est pas une émotion 100% négative."
"Je me souviens m'être dit :'A cette âge, vous avez une sorte de bataille interne en vous', se souvient Mann.Cette idée me parlait beaucoup. Je me souviens avoir écrit'Bataille interne'avant de l'entourer. J'observais ce cercle et je me disais :'C'est cool, c'est différent... Et si on faisait carrément s'affronter ces deux groupe ?'Cela nous semblait réaliste, car à l'adolescence, on ressent véritablement ce combat dans notre tête, et on en parle à personne. On se dit :'Je suis le ou la seul(e) à ressentir ça.'Quel meilleur moyen de traiter ce sujet que de les montrer en pleine bataille sur grand écran, pour que les gens ne se sentent plus seuls ? C'est là qu'ils ont eu envie de faire un film à ce sujet."
Deamer poursuit que si ils avaient gardé l' idée d'incorporer Shame (la honte) ou Guilt (la Culpabilité) alors :" il aurait fallu lui créer une histoire de méchant",
Mais finalement ils ont préféré explorer l'idée de groupe.
Synospsis : Dans le thriller révolutionnaire The Spider Within : A Spider-Verse Story, Miles Morales a du mal à équilibrer ses responsabilités d’adolescent, d’ami et d’étudiant tout en jouant le rôle de l’araignée sympa du quartier de Brooklyn. Après une journée particulièrement difficile, Miles subit une crise de panique qui l’oblige à affronter les manifestations de son anxiété et à apprendre que demander de l’aide peut être un acte tout aussi courageux que protéger sa ville du mal.
Le court métrage "The Hero Withing" fait partie d’un programme préventif axé sur la santé mentale. Proposée aux États-Unis, elle invite les élèves à raconter leur propre histoire sous l’angle de la sensibilisation à la santé mentale via un programme interactif comprenant une activité de storyboard créative.
The Spider Within : A Spider-Verse Story est réalisé par Jarelle Dampier et écrit par Khaila Amazan, et produit par les créateurs du programme Lens Michelle Raimo-Kouyate et David Schulenburg. L’équipe de LENS est complétée par Clara Chani qui a servi de superviseuse concernant les effets visuels et Joe Darkoen en charge de superviser l’animation globale.
Kevin Love, basketteur professionnel et défenseur de la santé mentale :
« Mon espoir pour ce court-métrage serait que tout le monde, en particulier les jeunes, comprenne que vos sentiments sont valables et que vous n’êtes pas seuls dans cette situation. Vous le voyez avec Spider-Man dans le court-métrage, où Miles a une confidente de confiance. Il est capable de se promener avec son père et d’exprimer ce qu’il vit. Nous pouvons tous en tirer des leçons : à quel point il est important de tendre la main à quelqu’un, d’exprimer ses véritables émotions, de dire sa vérité et de ne pas tout garder pour soi. »