Les états d'âmes d'une lame.
Depuis 2013, Atlus est devenue une filiale de Sega Sammy Holdings.
Bien que pas mal de joueurs associent aujourd'hui Atlus à Sega, cela reste quelque chose de très récent.
Pour preuve, Atlus a développé le nombre hallucinant de deux jeux sur Dreamcast. Oui 2 pauvres jeux, à savoir deSPIRIA, et le jeu dont on va parler aujourd'hui Maken X.
Ce titre sorti en 1999 au Japon, et en 2000 chez nous, était vu comme une curiosité, voire un titre expérimental. Néanmoins, Atlus a pas mal misé dessus en y plaçant une (bonne) partie de la team MegaTen dessus.
On y retrouve Katsura Hashino à la production, Kazuma Kaneko comme chara-designer et Shoji Meguro qui avait notamment composé des musiques du premier Persona.
Présenté à tord comme un FPS, Maken X est un titre assez mal connu et qui désoriente pas mal. Exploration...
Kay Sagami
Mais quelle histoire !
La trame démarre dans un laboratoire japonais où un groupe de chercheur est en passe de mettre au point une forme de vie "supérieure" (ou Psi) coincée dans une épée démoniaque (MaKen en japonais dans le texte) et disposant d'émotions propres qui se le nomme le Maken.
Le laboratoire est dirigé par un certain Sagami, ces recherches semblent cibler le secteur médical mais les objectifs de la création de Maken ne sont pas tout à fait clairs.
Ce que l'on découvre vite, est la présence d'un richissime et inquiétant mécène chinois derrière ces recherches.
Soudain, un espèce de type dégueulasse et mutant kidnappe le chef Sagami (chef du projet de création de Maken). C'est là où sa fille, Kay, décide de brandir l'épée démoniaque pour sauver son père.
Sauf que son âme se retrouve coincer dans l'épée. Et en quelque sorte son destin est désormais lié à cette dernière.
L'intrigue qui suit voit Kay essayer de trouver sa place dans le monde tout en décidant que faire de son nouveau pouvoir, et par la même occasion de décider du sort du monde entier.
Ce dernier se manifeste comme une série de choix à la Shin Megami Tensei entre deux groupes à motivation idéologique différente qui luttent pour le contrôle du monde (choisir ni l'un ni l'autre est également une option). D'un côté du conflit se trouvent les Blademasters, un ordre secret de guerriers qui se sont consacrés à la protection de l'humanité, de l'autre côté le Hakke, un groupe qui vénère la psi-divinité Geist et cherche pour alléger les souffrances de l’humanité, la destruction finale de cette dernière.
Et ce n'est pas fini, car on assiste aussi à une guerre larvée entre les USA et la Chine qui aboutirait à une 3e guerre mondiale, à une Europe totalement ravagée, et tant qu'à faire à la résurgence du nazisme en Europe (particulièrement à Amsterdam et surtout à Vienne). Les croix gammées ont d'ailleurs été censurées dans les versions occidentales.
Le scénario de ce jeu a été dans l'ensemble salué par la critique de l'époque. Je trouve personnellement que cela a tendance à vraiment partir dans tous les sens, avec un fil conducteur aussi maigrichon que Gaston Lagaffe.
Franchement çà n'a ni queue, ni tête, des réflexions métaphysiques côtoient des intonations vues et revues dans moult shônen. Le jeu fait la part belle au symbolisme (asiatique, chinois) et à l’allégorie plutôt qu'à une vraie intrigue "crédible" et bien ficelée. Pourquoi ne pas avoir plus développé la blademaster Kitty ? Elle revient de nombreuses fois dans les séquences cinématiques, sans que l'on ne sache jamais ses véritables intentions.
Plus que l'histoire, c'est l'ambiance et l'imagerie vraiment dérangeante qui sont réussies. Le scénario en tant que tel, m'a juste laissé de marbre.
Alors c'est un FPS nan ?
Non. Maken X n'est pas du tout un shooter, c'est plutôt un slasher à la première personne. Tous les personnages du jeu se battent à l'arme blanche.
Ici, il faudra locker les ennemis, les éviter, bloquer, contre-attaquer, etc...
Une telle vue pour un tel style de jeu, japonais de surcroît était, mais alors très surprenant, voire audacieux à l'époque. Le titre avait d'ailleurs plongé au Japon, les jeux d'action à la première personne étant en ce temps-là trop peu appréciés.
Le joueur incarne au début Kay, mais très vite la lame prendra possession d'autres corps. En fait, on changera de très nombreuses fois de personnages : plus on avancera et plus on captura des corps et armes puissantes, rapides, ou résistantes ou tout cela à la fois.
Le joueur aura pour la grande partie du temps, le choix entre les niveaux qui prennent place dans des villes réelles dans un futur très proche.
Prenez Doom pour la vue et les déplacements, Megaman pour le système d'armes vu que certains personnages débloqués seront parfait pour éliminer tel ou tel boss, et saupoudrer le tout avec du bon vieux Ninja Gaiden 3D pour la difficulté des combats et vous obtenez Maken X.
Le titre d'Atlus dispose d'une vingtaine de niveaux (ou villes), avec une linéarité un peu brisée car parfois il faudra revenir dans certains stages pour y débloquer une nouvelle portion qui donnera accès à un nouveau personnage par exemple.
La progression est simple, on traverse les niveaux, on détruit les ennemis, et parfois un boss nous attend. Les ennemis nous lâchent des orbes qui permettent d'augmenter une petite jauge d'EXP. Le nombre maximale de points d'expériences étant de 8.
La jouabilité est un simple : un bouton pour locker un ennemi, un bouton pour frapper, et reculer avec le stick analogique permet de garder.
Les items sont réduits à leur minimum, les orbes donc, les capsules de soins, et puis un boost de puissance temporaire dans certains niveaux, le X.
Maken X dispose d'un gameplay très simple d'accès, et rappelle les bons vieux jeux old schools. A ce sujet, on dispose d'une attaque chargée qui consomme un peu de notre barre de vie, comme un bon vieux beat them up. Cependant, le gameplay n'est pas exempt de défauts.
Le principal problème vient de la manette Dreamcast. Un stick analogique, c'est peu, trop peu. Le système de lock permet de faire passer la pilule car il est bien pensé, mais le problème survient quand plusieurs personnages vous attaquent. Et là vous avez intérêt à vous accrocher car les ennemis vous attaqueront en même temps et de partout.
Le jeu d'Atlus est bien difficile, pas impossible non plus mais la difficulté est corsée. Cette difficulté est renforcée par le fait que le jeu ne dispose pas de checkpoint. Vous perdez contre le boss d'un niveau qui vous a pris 20 minutes à parcourir ? Pas grave, vous recommencerez TOUT le niveau ! Rageant !
Et puis le dernier gros défaut vient de la taille de ces niveaux justement. Certains sont assez grands (Lyon, Istanbul, Amsterdam, Londres) tandis que d'autres sont ridiculement petits (Vienne, Vatican, ou la Sicile).
Aussi certains niveaux disposent, d'un level design plus sympathiques que d'autres. La plupart d'entre eux se résument néanmoins qu'à un satané couloir sans aucun génie. Le stage russe nous ramène par exemple dans les années 1980, et la stage de l'avion décroche le ponpon du "je fais un stage tout droit". Pareil pour les boss, certains sont gratuits, alors que Marguerite (ne riez pas SVP) qui est le boss de Vienne a été cauchemar à tuer.
La difficulté est inégale (bien que le jeu soit globalement dur), le level-design est très inégal, certains ennemis sont plus forts que des boss. On retrouve aussi des boss qui deviennent plus tard des ennemis. Cela ne se faisait plus vraiment en 2000 et nous ramène vraiment dans le passé. Tout cela manque un peu de soin au final.
C'est de la dreamcast, çà a bien vieilli visuellement quoi...
Moyennement je dirai. Les décors alternent entre le bon et le très moyen, mais c'est surtout la palette de couleurs utilisée qui rend l'ensemble pas vraiment beau. Nous sommes quasiment en permanence enfermé dans un couloir froid aux teintes grises ou marron.
Mais là où je serai plus critique concerne la modélisation laide des personnages humains qui ne rend pas honneur au character-design chiadé de Kazuma Kaneko. Les animations sont vilaines, surtout pendant les cinématiques où tout le monde s'avère être de géniaux ventriloques...
Les monstres, même si ils ne sont qu'une grosse quinzaine dans le jeu sont très bien dessinés et modélisés, et rajoute vraiment un cachet malsain au jeu.
Les musiques baignant dans des sonorités electro ou rock sont dans le thème même si elles ne sont pas si nombreuses. Le boss theme est particulièrement sympathique. Les bruitages et les voix US sont très convaincants.
Enfin la durée de vie tourne autour de 6 ou 7 heures pour un joueur assez aguerri. Le jeu dispose d'une rejouabilité correcte car les réponses et choix pris durant le jeu influeront sur la fin. Le jeu dispose d'une dizaine de fin (je crois).
Enfin, il sera (je pense) compliqué pour un jeune joueur habitué d'un certain confort au niveau des contrôles de s'habituer et dompter ce Maken X. Cela demande un véritable effort, mais avec de la bonne volonté, on y arrive et on s'amuse tout de même.
Au final il est top non ? Mais ne m’absorbe pas stp !
Non, Maken X n'est pas une pépite ou je ne sais trop quoi sur Dreamcast. Le jeu n'a pas eu un grand succès, et n'est pas resté dans l'histoire mais cela s'explique.
Le titre d'Atlus paraît un peu inachevé, inégal. On a souvent l'impression d'être en face d'un titre qui n'est pas allé au fond de son délire, qui s'est arrêté un peu au milieu.
Les idées géniales (contrôler plein de personnages par exemple) côtoient des erreurs grossières (les absences de checkpoints dans un niveau).
Force est d'admettre qu'il est compliqué aujourd'hui de se plonger dans un titre à la jouabilité aussi "lourde". Ceux qui cherchent un petit défouloir sur leur Dreamcast, peuvent passer leur chemin, ce titre est exigeant, et ne pardonne pas grand chose.
N'empêche, Maken X dispose d'une ambiance réussie, d'un vrai challenge et finalement il a réussi à me maintenir concerner de bout en bout.
Pour résumer ma pensée, un jeu sympathique, sans plus.
Fiche Technique: Titre: MAKEN X Développeur: ATLUS Éditeur: ATLUS Genre: ACTION Année: 1999 Autres supports: PLAYSTATION 2 Nombre de joueur(s): 1 Localisation:
NOTE PRESSE (Joypad 100 - Septembre 2000)
Screenshots:
Bonus retro
La pub japonaise du jeu qui fait penser à un YTP !
Il avait une traduction Française, chose rare pour Atlus à cette époque, et encore plus rare pour un jeu DC, moi j'avais passé un superbe moment sur ce jeu^^ Il orne toujours ma collection^^
Je vais aller lire çà