Mon dossier consacré aux adaptations vidéoludiques de BD franco-belges (avec une petite pointe de suisses) a été retravaillé et mis à jour.
=> https://www.gameforever.fr/bd.php
Il avait été initialement mis en ligne en 2010 et n'avait plus été retouché depuis, en raison notamment d'une absence d'actualités durant les années 2010. Sous l'impulsion de l'éditeur Microids, ça bouge depuis 2019, pour le meilleur (on l'espère avec Astérix & Obélix - Baffez-les Tous !) et aussi pour le pire (le remaster désastreux de XIII).
Suite au décès de Benoît Sokal en mai 2021, j'ai également développé davantage mon paragraphe consacré à ses productions.
Pour Gamekyo, je vous propose tout simplement un long extrait consacré aux premières adaptations jusqu'aux productions 16-bits des années 90.
Mais il restera encore plus de la moitié de l'article à lire sur gameforever.fr :
https://www.gameforever.fr/bd.php
Bonne lecture !
A l'heure des adaptations innombrables de bandes dessinées en jeux vidéo, difficile d'y voir clair en réalité, car bien souvent, une grande partie de cette production résulte d'un dessin animé ou du film tiré de la bande dessinée. L'ensemble de cette production, adaptations indirectes confondues, n'en demeure pas moins considérable ; aussi, voyez-vous, je sens monter en moi un fort sentiment de fierté bien française, et j'ai envie de vous parler de BD françaises ! Bon allez, trêve de franchouillardises déplacées, car après tout, il n'est pas seulement question que de Français ici : nos amis Suisses et Belges ont aussi toutes leurs places ! Mais si je vous parle de bande-dessinée franco-belge bien de chez nous, ce n'est pas seulement parce que je suis fan de Tintin, c'est aussi parce que le sujet est loin d'être ignoré par le jeu vidéo.
> Les premiers jeux
Les bandes dessinées à succès ont très vite fait l'objet d'adaptations, à commencer par Astérix, mais aussi les Schtroumpfs, popularisés bien au-delà de l'Europe par une adaptation en dessins animés signés des studios Hanna Barbera (Les Pierrafeu, Scoubidou...). C'est d'ailleurs grâce au succès de la série animée, débutée en 1981, que les Schtroumpfs parviendront à percer dans le marché nord-américain, et intéresser ainsi le secteur du jeu vidéo. En 1982, les petits lutins bleus de Peyo seront ainsi les premiers héros de BD franco-belges à être transposés dans l'univers vidéoludique.
Les Schtroumpfs (ici dans la version Colecovision de 1983)
Durant cette période, la licence connaîtra un grand nombre d'adaptations. La première d'entre elle, et la plus notable, est Smurf - Rescue in Gargamel's Castle (Schtroumpf - Au Château de Gargamel), sorti initialement sur Atari 2600 puis sur Colecovision. Le but, très simple, est de contrôler un schtroumpf, parti de son village secourir la schtroumpfette, retenue prisonnière par le méchant Gargamel. Suivront également des jeux éducatifs, comme The Smurfs Save the Day (basé sur la musique), ou Smurf Paint'n Play Workshop.
Je vous parlais aussi d'Astérix, car lui aussi fera l'objet d'une adaptation sur Atari 2600 en 1983. Ce jeu ne sortira qu'en Europe, comme la plupart des jeux adaptés de BD franco-belge, mais sera néanmoins adapté pour le marché nord-américain, en proposant le bien connu Taz, des Looney Tunes. Le jeu connaîtra d'ailleurs une suite sur le même support, Obélix... où l'on contrôle toujours Astérix !
Astérix sur Atari 2600. Oui bon, je sais, on ne sait pas trop ce qu'on voit
Outre ce jeu, de nombreuses autres productions estampillées Astérix sortiront sur des ordinateurs de jeux européens, comme l'Amstrad, le Commodore 64 ou le ZX Spectrum. Mais le public potentiel limité à l'Europe, excluant les marchés nord-américain (à l'exception des Schtroumpfs, bien sûr) et japonais, est évidemment un frein à une expansion considérable de la production vidéoludique adaptée de la bande dessinée européenne.
> Affirmer une identité européenne du jeu vidéo
A quoi reconnaît-on facilement un jeu vidéo américain ou japonais ? Bien souvent, ils sont des adaptations de licences locales : les comics sont adaptés par des développeurs américains, et les mangas par des japonais. Évidemment, à chaque règle son exception, et concernant la BD franco-belge, l'adaptation arcade d'Astérix en 1992 est signée du japonais Konami, dans un beat'em all étonnamment fidèle à l'esprit de la BD. A ce jour, elle reste à mon sens la meilleure adaptation d'Astérix... et on la doit à des Japonais !
Hormis ce jeu ainsi que plus tard, quelques productions Sega sur Master System et Megadrive, ce sont principalement des Européens qui auront l'idée de développer des adaptations de BD en jeux vidéo. A la fin des années 80, les éditeurs européens sont encore discrets dans le monde vidéoludique, et plus spécialement le secteur des consoles. Ubisoft n'est encore qu'un distributeur, et Infogrames un nain à l'échelle du monde du jeu vidéo.
Astérix en arcade, développé par Konami, atteint les qualités ludiques d'un Turtles in Time, en conservant une fidélité absolue à la BD
Avant de lancer leurs séries vedettes Alone in the Dark et V-Rally, les premiers jeux vidéo d'Infogrames sont à chercher du côté de la BD : ainsi la marque au tatou sort sur différents ordinateurs (Atari ST, Commodore 64...) les adaptations de Blueberry en 1988 et des Tuniques Bleues (North & South, en 1989). Les différents ordinateurs de jeux que sont les Amstrad CPC, Commodore 64 ou Atari ST étant durant les années 80 l'apanage des éditeurs européens, il est ainsi normal d'y voir fleurir de nombreuses adaptations de BD (Tintin, Gaston Lagaffe avec le jeu M'Enfin...).
North & South (Les Tuniques Bleues) dans sa version NES, un jeu mêlant stratégie et action
Le succès grandissant des consoles de jeux en Europe (NES et Master System) allait toutefois redistribuer les cartes et forcer les éditeurs à sortir des adaptations vidéoludiques de BD à un rythme plus soutenu. Une adaptation du jeu North & South sortira ainsi sur NES en 1990, mais Sega sera le premier à avoir présenté une adaptation de bande dessinée plus mémorable, avec (toujours) Astérix sur Master System en 1991. Le jeu sera un temps un argument de vente de la Master System en France, signe d'une réelle demande du marché local pour ce type d’adaptations. Pour le vaillant gaulois, ce sera le début d'une longue série, qui fera de la BD Astérix la licence la plus adaptée en jeu vidéo... et de loin !
Sega avait bien compris le potentiel du marché européen, en misant beaucoup sur Astérix pour sa Master System
En effet, en 1993 Infogrames obtient la licence Astérix pour les jeux sur consoles Nintendo, tandis que Sega la conserve pour ses consoles. Dès lors, chaque camp reçoit des jeux Astérix différents. D'un côté, Infogrames développe ses versions d’Astérix sur NES, SNES et Game Boy ; de l'autre, Sega sort Astérix and The Secret Mission sur Master System, puis Astérix and The Great Rescue sur Megadrive, Master System et Game Gear (cette fois développé par le studio britannique Core Design)... et tout ça en 1993 ! La production continue d'ailleurs de plus belle en 1995, avec Astérix & Obélix sur SNES et Game Boy, et Astérix and The Power of Gods sur Megadrive. Ouf !
Les autres grandes bandes dessinées ne seront pas non plus ignorées, même si on retrouve souvent Infogrames. Pas étonnant non plus, l'univers de la BD reste le meilleur moyen de se faire connaître, et outre Astérix, Infogrames s'attaqua notamment aux Schtroumpfs, avec deux jeux : le jeu éponyme sorti en 1994 (notamment sur SNES et Megadrive), puis Les Schtroumpfs autour du Monde, sorti en 1996.
Les Schtroumpfs autour du Monde, version SNES. Graphiquement très joli, mais rien de bien original sur le fond... et même plutôt dur pour le public ciblé
Je sais, depuis le début de cet article, je ne vous parle quasiment que de Schtroumpfs et d'Astérix.
L'une des adaptations de BD les plus remarquées de cette époque a été en fait Tintin au Tibet (sorti en 1994 sur SNES puis sur Megadrive et Game Boy), adapté directement de l'album du même nom, et non du dessin animé diffusé durant la même période – par ailleurs multi-rediffusé encore aujourd’hui. Infogrames avait déjà développé un jeu Tintin sans grand succès, Tintin sur la Lune, un jeu d'action très simple sorti en 1989 sur Amstrad, Amiga ou encore Atari ST. En s'attaquant de nouveau au mythe Tintin, Infogrames devra se montrer cette fois bien plus ambitieux qu'il ne l'a été pour ses versions d'Astérix et des Schtroumpfs, destinés avant tout à un jeune public.
Salué par la presse vidéoludique de l'époque, et tout spécialement pour les qualités techniques du jeu (Tintin pouvant évoluer sur plusieurs plans), Infogrames avait sans doute franchi un pallier : le développeur est bel et bien capable de réaliser des jeux de plus grande envergure. Le résultat ne laissa assurément pas de marbre, avec un jeu de plateformes aux graphismes remarquables, et à l'esprit dans l'ensemble fidèle à la BD. Le succès d'estime de Tintin au Tibet amena la sortie d'une « suite » sortie en 1997 sur SNES puis Game Boy, Le Temple du Soleil, adaptation du double album Les Sept Boules de Cristal et Le Temple du Soleil.
Techniquement, Tintin au Tibet est alors la production vidéoludique adaptée de BD la plus impressionnante du moment, même si l'intérêt du jeu est parfois franchement étrange (éviter des femmes de ménage passant l'aspirateur dans un hôtel suisse n'a jamais été aussi dangereux !).
Infogrames a su adapter graphiquement la bande dessinée Tintin au Tibet - ainsi que le prologue issu du Lotus Bleu - mais le jeu est difficilement jouable
La même remarque peut d'ailleurs être formulée pour l'adaptation de Spirou en 1995, sorti sur SNES, Megadrive et Game Boy. Toujours développée par Infogrames afin d'accompagner une série animée, on y retrouve les mêmes défauts que pour Tintin, à savoir des pièges ridicules et extrêmement frustrants. La sauce ne prendra en revanche pas du tout cette fois. La pourtant célèbre série créée par Rob-Vel et popularisée entre autres par Franquin (plus de 50 albums tous auteurs confondus) n'aura pas connu de nombreuses adaptations vidéoludiques. En effet, Spirou ne sera pas repris par la suite par Infogrames, et ne sera suivi que d'un seul jeu, La Panique Mécanique, sorti en 2000 sur Game Boy et édité par Ubisoft.
Exemple de level design mal pensé : Spirou grimpe sur les toits, risque sa vie en s'accrochant à un câble électrique... parce qu'il ne pouvait pas contourner un taxi garé au bas de la rue !
Pour finir, Sega a également sorti en 1995 un Marsupilami sur Megadrive, dont on se demande si l'univers de la BD a bien été compris. Il manquait aussi un autre célèbre héros : Lucky Luke. L'homme qui tire plus vite que son ombre aura lui-aussi son jeu, sorti très tardivement (en 1998 ) sur SNES.
Les licences de bandes dessinées n'auront globalement pas produit des jeux d'une extraordinaire variété : de la plateformes, un peu d'action... Du très classique, et peu de prises de risques.
Ce sera tout pour cet extrait. Je vous invite à lire la suite sur gameforever.fr :
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Je reviens notamment sur XIII, Astérix & Obélix XXL, Paradise de Benoît Sokal, ainsi que la reprise des adaptations par Microids.