Clément Sautet du magazine Studio Ciné Live et contributeur du site L'Express a eu l'occasion de s'entretenir avec Keiichi Sato, le réalisateur du film Les Chevaliers du Zodiaque La Légende du Sanctuaire. Voici une partie de l'interview, il suffit de cliquer ici ou sur le lien source en bas d'article pour en voir l'intégralité.

Me voilà en territoire ennemi, prenez ces impressions comme un témoignage émue et encore "à chaud" du moment que j'ai passé quelques heures plus tôt aucune envie de convaincre qui que ce soit =p des impressions y en a plein le web, en voilà juste une parmi d'autres (enfin celle là est originale, j'ai aimé )

Alors, Les Chevaliers du Zodiaque la Légende du Sanctuaire ... Et bien ... C'était géniale ! Vraiment j'étais comme un gamin au spectacle et dès le début, la scène d'introduction est folle, ça virevolte dans tous les sens, la musique envoie ... c'est vraiment ça que je m’apprête à voir ? Tain on voit du Saint Seiya bougé pour la première fois ainsi c'est fou tout ce mouvement à l'écran, l'arrivée des bronze est excellente, je me répète mais c'est la première fois qu'on les voit se battre comme ça (Seiya qui met un enchainement de coups de poings à son premier adversaire à une telle vitesse, on est tellement loin de tout ce qu'on a pu voir avant ) et puis les entendre hurler leur attaque ... j'étais euphorique quoi , c'est con mais j'étais comme un gamin encore une fois. On a des plans de quelques secondes mais c'est très iconique, Keiichi Sato donne tout de suite une identité à ses personnages.

Pour mon ressenti global, j'avais l'impression d'être devant un film Marvel studios, pour moi ces mecs ont tout compris, ils ont rendu fun/populaire/épique/attachant tout un univers et des personnages, les salles sont pleines de gens très différents, jeunes et moins jeunes et ils se marrent (enfin c'est le cas à chaque séance à laquelle j'ai pu assisté) et restent captivé par tous ces délires. Donc oui je sais déjà que certains détestent ces versions cinoch de leurs comics préférés mais bref ... en ce qui me concerne je suis fan du Marvel papier et prend mon pied sur grand écran. Voir ce Saint Seiya m'a fait le même effet, je trouve qu'il s'adresse à toute la famille, qu'on rit, qu'il y a pleins d'actions et que les personnages sont super attachants (Saori et les bronze).

Pour les gold bah j'ai rien trouvé de rusher, enfin il manquerait vraiment que quelques secondes avec une scène où Hyoga revoit son maitre avant la bataille en mini flashback ou peut être deux ou trois autres comme ça mais ça tiendrait vraiment à 5 mn pour que le film ait un meilleur équilibre. C'est très minime et ce qu'il y a l'écran est déjà tout à fait convenable pour moi. Le fait que certains combats soient zappés ne m'a absolument pas gêné et ils auraient pu remodeler encore plus que j'pense que ça me serait passé par dessus également.

En fait pour faire un autre parallèle mais avec les jeux vidéo cette fois-ci, il y a une licence que j'adore qui est No More Heroes et par exemple, dans le premier épisode les boss sont déments, pourtant on ne les voit que lors d'un affrontement. Ce qui marque, c'est la cinématique d'intro de ce boss avec quelques lignes de textes imparables, une attitude unique du personnage, une mise en scène classieuse et le nom du type en question. Dans No More Heroes 2 (que j'adore également), ça marchait beaucoup moins bien car l'écriture était bien moins bonne, le look était toujours là, la mise en scène aussi mais les dialogues souvent inutiles et l'absence du nom du perso venait rendre le tout impersonnel. Tout ça pour dire que même si on voit certains golds que quelques secondes, bah ça marche super bien ! Ils ont un look inimitable, un nom/une attaque à eux et il débarque pour dire/faire quelque chose d'utile (ou stopper les bronze ou les défendre mais ce ne sont pas des bots). En faite si, il y a un sacrifié mais ça reste un traitement "utile" (enfin là il m'a manqué une petite phrase de quelqu'un sur son sort quand même pour que le perso, malgré 3sec à l'écran, ait un statut plus important, en tout cas équivalent aux autres). Alors il ne sont pas attachants mais ils ont de la prestance et reste marquant, pour l'attachement d'ailleurs il faut regarder du côté des bronze et de Saori (comme pour NMH il fallait zieuter le clan Travis/Shinobu/Sylvia). Même chose pourtant, peu de dialogue sorti de Seiya/Saori mais quand il y en a ça marche très bien et puis c'est visuel aussi, fin moi je les adore ces new bronze, ils sont très "vivant" et ont de bonnes bouilles.

J'ai été très surpris qu'avec le découpage inévitable, que l'histoire se tienne, on nous montre les étapes essentielles à la compréhension de tout ça et le film n'hésite pas à refaire un focus sur le grand pope régulièrement par exemple où à alterner très régulièrement les points de vues là où j'avais peur qu'on se retrouve dans un beat'em all 16 bits en mode linéaire. De même que le cheminement au septième sens est rappelé aux spectateurs à quelques reprises alors que tout arrive pourtant très vite, le film est survolté mais Sato tient la barre fermement avec son timing ultra serré pour permettre aux spectateurs de ne pas se croire dans un clip musicale.

J'ai bien eu une petite frayeur quand après leur passage dans la maison du bélier, nous voyons les bronze courir à la prochaine maison sans qu'on en sache plus et là je me suis dit "ah ouais jusque là c'était très bien mais le sanctuaire rushé c'était peut être pas des conneries avec ce genre de coupe à la serpe" et bien heureusement non en fait puisque on revoit le chevalier du bélier par la suite et qu'il a encore un rôle à jouer ce qui rend la transition brutale initiale tout à fait naturelle par la suite, c'était juste pour ménager un peu de suspens. Ouf, tout le reste est très bien équilibré, oui le déroulement du manga est charcuté/amputé/modifié mais les éléments montrés (qu'ils soient conservés ou nouveaux) sont biens amenés et bien montés.

La narration emprunte aux contes, est-ce que l'on va s’estomaquer sur le fait que dans tel ou tel Disney ou Pixar l’héroïne ou le héros accède à un destin improbable et l'accepte ? Tout dépend comment les choses sont racontées évidemment et là on est clairement pas dans le domaine du réel mais bien dans celui fantasmé des mythes et des histoires d'aventure.


Allez j'm'arrête là parce que ça doit un peu partir dans tous les sens mais je remercie vraiment Sato et Kurumada pour oser pondre un film pareil, n'hésitant pas à aller à fond dans la nouveauté tout en conservant les bases de l’œuvre originelle. J'espère des suites tellement j'en ai pris plein la gueule et tellement les portes sont grandes ouvertes pour exploiter les choses justes dites et esquissées dans ce premier long métrage.