Le meilleur épisode de la série, à savoir "Pokemon 2", sorti sur Gameboy et Gameboy Color à la toute fin des années 90, revient sur DS avec ses environnements inspirés du japon traditionnel, ses noigrumes, sa gestion des jours de la semaine... Pokemon Or/Argent/Crystal restait inégalé à ce jour, eh bien le tir est rectifié avec ces remakes DS.
Force est de constater que la magie de ce jeu repose sur une des bases les plus solides du RPG portable, qui multiplie les combats stratégiques au possible dans jamais ennuyer le joueur et surtout en restant accessible. Les ajouts visuels ne sont qu'un vernis superficiel sur une patine parfaite. On verra que, côté gameplay, il en va autrement, mais pas forcément pour le pire.
C'est ceci qui fait la grandeur de pokémon 2: il n'est jamais chiche en contenu, que ce soient les quêtes annexes, les créatures très variées, les petits éléments narratifs (on ne peut même pas parler de scénario, mais de vécu authentique) comme la vache malade Ecremeuh qu'il faut guérir avec des baies, petit à petit, au fil des jours et de la cueillette.
On vous fait revenir sur vos pas constamment, mais ce qui devient très vite une corvée dans d'autres jeux est ici un plaisir tant il y a d'à côtés et de raisons de revenir là d'où l'on vient. Aucune de ces "quêtes annexes" ne prenant en effet le pas sur l'autre, le joueur se voit toujours offrir le CHOIX de ce qui va suivre, il fixe ses propres objectifs, et s'amuse en les remplissant, où même en ne les remplissant pas. Car pokémon 2 ressemble à la chasse au papillon: insouciant, enthousiaste, le joueur ne reste pas en place devant un mode aussi riche et ouvert.
Cela tombe bien, car l'ordre des arènes et l'accès aux donjons optionnels ne sont pas systématiquement imposés ni restreints non plus! (Rappelons que le concept la série consiste en l'obtention de 8 badges de champion et la capture de tous les pokémon!) Quand la marche à suivre est imposée, le world design se charge de le dissimuler élégamment. Le jeu est fluide, accompagne la cadence du joueur et se laisse dompter tout en offrant la possibilité à ceux qui ont des connaissances stratégiques d'avancer un peu plus vite que les autres. (Pas vrai Momolink, vieille limace!?)
Enfin, nous sommes en présence d'un monde "interconnecté" comme on n'en fait plus de nos jours, un univers pas non plus poussé comme a Link to the Past, mais tout de même, la progression ne se fait pas de zone en zone avec un bloquage gros comme une maison: vous verrez qu'un chemin qui vous semblait simple au premier passage recèle des secrets qui, mine de rien, conduisent à des hauteurs ou profondeurs insoupçonnées, et grouillantes de pokémon sauvages puissants à capturer!
Bref ce pokémon est un jeu "bac à sable", bien loin des RPG linéaires que la série a débité par la suite, même si les versions GBA limitaient encore les dégâts. Chaque route est clôturée et terrassée de façon à diriger le joueur comme dans un labyrinthe, avec la possibilité d'affronter les pokémon sauvages ou les dresseurs, au choix. Chaque promenade est ainsi unique, d'autant plus que les pokémon ne sont pas les mêmes selon l'heure de la journée à laquelle on traverse la zone!!!
Chaque découverte d'une nouvelle route ressemble alors vraiment à un pas prudent vers l'inconnu, et la sensation de liberté et d'aventure est d'autant plus réussie. Il faut ramener tout ça au fait que les versions d'origine, faute de graphismes impressionnants, inventaient vraiment des niveaux intéressants à explorer.
Dans pokémon, vous êtes un bouzeux de la campagne qui sort de son bled pour partir à la conquête du titre de meilleur dresseur. Attention, pas meilleur dresseur de Hoenn ou de Sinn'oh. Meilleur dresseur point barre. A l'époque, pokémon était un univers cohérent jusqu'au sens géographique du terme. Johto est le pays frontalier de Kanto, le monde de "Pokemon 1" et surprise totale à l'époque, lorsqu'on vous annonçait "tu viens de faire ton premier pas à KANTO!!"
Redécouvrir cette petite histoire qui n'était pas encore (trop) clichée à l'époque et surtout le quotidien de cet univers attachant est un bonheur. J'aimerais dire que la refonte visuelle rend le jeu méconnaissable. Mais ce n'est pas le cas! On retrouve l'univers que l'imagination fournissait là ou les pixels étaient un peu gros, cette fois si dans une explosion de couleurs, avec des détails qui donnent vie au décors: vent, végétation, herbe, écume au bord de l'eau parcourue de vaguelettes.
Je n'ai qu'une chose unique à déplorer: on n'entend plus les pokémon sauvage crier aléatoirement selon qu'ils sont présents sur la zone ou on se trouve ou pas. C'est un oubli, sans doute, mais c'est ce genre de détail qui vous revient et qui vous fait dire "Mais mince, quels chefs-d'œuvre ces deux versions de Pokémon, et pour l'époque!". Qui sait, peut être ne les ai-je tout simplement pas entendus?
Du côté des changements, un nouveau parc safari fait son apparition (Eh oui, malgré toute sa grandeur, le jeu original avait passé le parc safari à la trappe, sacrilège vite pardonné). Ce parc annonce une durée de vie colossale, avec des dizaines de "zones" différentes à agencer par 6 telles les pièces d'un puzzle (!) puis à décorer (!!) pour attirer différents types de pokémon! Seulement voilà les décorations s'obtiennent sur la durée, et les combinaisons ne vous seront révélées que par le bouche à oreille ou par une soluce, et, on l'espère tout de même, par des indices dans le jeu même. La nature de ce système m'empêche de le décrire bien en détail après seulement trois jours de jeu.
Ensuite, le pokéathlon est une collection de mini jeux accessibles très tôt dans le jeu et parfaitement intégré au flot de la progression: si le concours insecte traditionnel est fermé, vous pouvez bifurquer sur cette nouveauté, bien vu.
Les mini-jeux se jouent au stylet, et ne sont pas transcendants mais il y a quand même de quoi s'amuser, en solo ou à quatre. Le dopage est de mise avec les noigrumes qui, dès qu'ils commenceront à s'accumuler, pourront être transformés en produits fortifiant les nouvelles stats des pokémon spécialement pensées pour les concours.
Là encore, chaque pokémon est unique et ce sera à vous de créer une équipe de choc.
Je regrette personnellement la disparition des concours de Pokemon 3 qui étaient fichtrement bien pensés, et une bien meilleure addition au canon pokémon, tant elles se fondaient avec le cœur du jeu, les combats.
En plus de quelques routes supplémentaires et de nombreux "events" rajoutés par rapport à l'histoire originale, certains repris de Crystal, d'autre totalement inédits, vous aurez accès à une zone de combat "battle frontier", passage traditionnel depuis Pokémon 3 une fois battus le Conseil des 4. Vous aurez finalement droit à une nouveauté qui n'en est pas une: le pokéwalker!
Pourquoi n'est-ce pas nouveau? Tout simplement parce que la console pokémon mini et le podomètre pickachu fonctionnaient déjà avec les versions Or/Argent. Le pokéwalker est un tamagochi qui compte vos pas et offre la possibilité de capturer des pokémon difficilement trouvables dans le jeu même, moyennant un peu de sueur. Il suffit de marcher! Choisissez la route sur laquelle vous partez en balade avec votre pokémon, et vous voilà parti! Plus vous irez loin, plus les pokémon et les objets seront rares. Un meta-jeu fichtrement addictif! Votre pokémon vous suit dans votre poche mais aussi à l'écran, un élément pas si anodin puisque le bonheur de votre monstre dépendra de la météo (ça me rappelle certains) ou des endroits où vous l'emmènerez.
Que dire d'autre sinon que quasiment tous les pokémon sont capturables entre les versions Or et Argent sur DS?
Une chose: si on retrouve l'esprit de l'original, celà n'en demeure pas moins un jeu fondamentalement différent de l'original. La faute au pokéwalker et à ses monstres forcément différents de ceux rencontrés sur le chemin du jeu principal (sinon, quel intérêt?), lequel respecte scrupuleusement la disposition de chaque trésor, chaque touffe d'herbe, chaque race de pokémon.
A celà près que ces versions sont à inscrire dans la quatrième génération, et que les movesets des pokémon ont changé drastiquement. Au final, on aura pas la même expérience que sur Gameboy color. Pas parce que les pokémon ne sont pas les mêmes à cause d'un pokéwalker qui apporte une diversité incongrue très tôt (les échanges ont toujours permis ce genre de choses), mais parce que les créatures ont depuis gagné des capacités spéciales, le combat en binôme, les natures, la différentiation des attaques physiques et spéciales au sein d'un même type.
N'oublions pas le Nintendo WiFi Connection, qui quand il daigne fonctionner avec votre routeur, et malgré une modération lamentable des tricheries et autres demandes immatures (échange fouinette niveau 2 contre Lugia niveau 100), et un système de code ami toujours plus crispant à mesure que l'on s'habitue aux PSN et XboxLive, a le mérite d'exister. C'est tout. C'est vraiment tout, cas jamais, JAMAIS je n'y ai trouvé mon bonheur, la faute aux problèmes ci-dessus. La lenteur du processus n'aidant pas, avec 2 sauvegardes toutes les 10 secondes, alors qu'on voit bien que ça n'empêche en rien l'usage d'action replay, etc...
NB: je n'ai pas cité la moitié des subtilités et des joies qui attendent le fan comme le frustré. Ce jeu DOIT être fait par tout le monde! En aucun cas on ne peut se baser sur les autres épisodes pour juger de la richesse phénoménale qui émane de ces titres. C'est surprenant, ça tient à pas grand'chose, mais c'est vrai: Pokémon Or/Argent est le MEILLEUR RPG DE LA DS, tout en haut au dessus de Chrono Trigger.
Pokemon Or/Argent sur DS est un jeu riche, long, qui garde tout ce qui s'est fait de meilleur dans la série depuis ses débuts. En cela il reste fidèle à ses aînés. Mais plus que tout, et ce qui en fait un achat incontournable, c'est qu'il allie la nostalgie de la qualité du game design d'antan avec la richesse d'un gameplay qui a toujours sû se renouveler. Quoiqu'en disent quelques détracteurs aigris. Peu importe, d'ailleurs, que certaines mécaniques, notamment la dictature des CS (force, éclate-roc...), paraissent archaïques, à l'époque, elle ne l'étaient pas. Et il faut savoir savourer cette madeleine pour ce qu'elle est: un moment perdu, quelques vieilleries qui ont toutes leur place dans le puzzle de souvenirs revisités.