Le vampire inattendu !
Dans le bestiaire des Castlevania, Castlevania: Bloodlines ou Castlevania: The New Generation chez nous ou plus sobrement Vampire Killer au Japon, fait figure de bizarrerie. Non pas parce qu’il est raté – au contraire – mais parce qu’il est… sur Megadrive. Oui, Bloodlines est l’unique épisode canonique de la série développé exclusivement pour une console Sega. Et rien que ça, en 1994, ça ressemblait à un petit miracle. Ou à un pacte faustien.
La jaquette PAL
Liaison dangereuse : Konami et Sega, le flirt inattendu
À l’époque, Konami est un pilier du jeu vidéo japonais, mais garde ses plus gros titres pour les machines de Nintendo. Castlevania, joyau gothique et référence du platformer punitif, n’avait encore jamais mordu la cartouche noire de la Megadrive. Mais au début des années 90, le vent tourne. Sega gagne du terrain à l’ouest, et Konami s’ouvre (enfin) à la concurrence. Bloodlines est donc né dans cette parenthèse, entre volonté d’expansion et expérimentation.
Aux commandes, on trouve notamment Tomikazu Kirita à la programmation, et surtout Michiru Yamane à la composition – qui fera plus tard des merveilles sur Symphony of the Night. Le style artistique, sombre, baroque, parfois halluciné, doit beaucoup à l’équipe artistique japonaise de Konami Osaka, bien décidée à montrer que la 16-bits de Sega pouvait aussi faire frissonner.
Une Europe en feu et en ruines
Changement de ton, changement d’époque : Bloodlines se déroule en 1917, en pleine Première Guerre mondiale. Exit la Transylvanie médiévale figée dans le temps : ici, Dracula ressuscite dans un monde moderne en décomposition grâce au dévouement de sa nièce une certaine Elizabeth Bartley, et ses sbires s’en donnent à cœur joie à travers l’Europe. Cette resurrection du prince du mal a été rendue possible "grâce" aux âmes damnés des soldats tombés au front. De l’Allemagne en ruine à la Tour de Pise penchée sur le néant, en passant par notre château de Versailles national, chaque niveau est une fresque gothico-fantastique qui sent la poudre, le sang, et les expérimentations scientifiques tordues.
Le style visuel, bien que limité par les capacités de la Megadrive, impressionne par son audace : décors qui tournent, miroirs qui explosent, escaliers qui s’effondrent en temps réel. Une vraie volonté de mise en scène, rarement vue sur la console de Sega. C’est crade, c’est cruel, c’est beau.
Gameplay : deux héros, deux façons de souffrir
Le joueur choisit entre John Morris, qui manie le fouet à la Belmont, et Eric Lecarde, équipé d’une lance au gameplay plus aérien. Un ajout bienvenu, qui change la manière d’aborder les ennemis et les niveaux.
La prise en main est immédiate, mais la progression, elle, l’est beaucoup moins. Bloodlines est dur. Vraiment dur. Les deux derniers niveaux – surtout le sixième – sont un cauchemar d’ennemis placés vicieusement, de plateformes traîtresses et de boss aux patterns brutaux. Chaque mort coûte cher, chaque saut est une prise de risque. Et si l’on y ajoute le système de continues limités… on comprend vite que le jeu ne se laisse pas finir sans douleur.
Musique : gothique en stéréo
La bande-son signée Michiru Yamane est un des sommets de la Megadrive. Malgré les limitations sonores notoires de la machine, elle tire parti de la puce Yamaha pour livrer une BO puissante, mélancolique, souvent entraînante. Entre réorchestrations de thèmes classiques (Vampire Killer, Bloody Tears) et compositions originales, Bloodlines offre un paysage sonore d'une rare intensité pour l’époque. C’est sombre, c’est dramatique, c’est parfait.
Elizabeth Bartley
Durée de vie et rejouabilité : un feu de paille, mais qui brûle fort
Avec ses six niveaux, Bloodlines se boucle en une grosse heure… si on survit. Et c’est là son talon d’Achille : entre sa difficulté corsée et sa brièveté, l’expérience peut laisser un goût de trop peu. Certes, les deux personnages offrent des styles de jeu différents, mais on aurait aimé un peu plus de contenu, un peu plus d’Europe à visiter, un peu plus de folie.
Les points forts :
+ Direction artistique gothique et inventive, avec des décors marquants
+ Musique exceptionnelle de Michiru Yamane
+ Gameplay précis, nerveux, avec deux personnages aux styles bien différenciés
+ Effets techniques impressionnants pour la Megadrive
+ Ambiance unique, entre guerre, magie noire et décadence
+ Les mots de passe et continues vraiment bienvenus
Les points faibles :
- Très difficile, avec des pics frustrants en fin de jeu
- Court : seulement 6 niveaux, bouclé en une session pour les plus aguerris
- Un peu plus en retrait par rapport aux autres Castlevania, malgré sa qualité
Un joyau noir oublié
Castlevania: Bloodlines, c’est un peu le cousin gothique qui a grandi du mauvais côté de la famille. Celui qu’on a oublié à cause de son support marginal, mais qui regorge de talent et d’idées noires. Un épisode unique, audacieux, parfois injuste, mais profondément marquant. Une lettre d’amour à une époque troublée, transfigurée par le prisme de l’horreur baroque.
À (re)découvrir absolument, manette en main… et nerfs bien accrochés.
Fiche technique: Titre original : Vampire Killer Développeur: KONAMI Editeur: KONAMI Genre: Action Année: 1993 Autres supports : - Nombre de joueur(s): 1 Localisation:
Konami à l'époque des consoles 16bits c'était vraiment quelque chose.
Et ce Castlevania MD en est la preuve.
Effets spéciaux à gogo, musiques divines pour la MD,difficulté satanique.
Bref un épisode particulier mais excellent...même si mon chouchou restera Super Castlevania 4
Quelle tuerie cet épisode ! Je l'avais choppé à sa sortie. Terminé tellement de fois... et plus tu augmentais la difficulté plus ta fin était complète. Du grand Konami !!!
Par contre dernier point : non, personne ne l'a oublié.
forte J'ai mal formulé (et corrigé dans la foulée même si j'aime pas reecrire mes papiers), c'est pas qu'on l'a oublié, mais que d'autres épisodes le relèguent un peu derrière en terme de "puissance nostalgique".
Les vrais comme toi l'ont carrément eu Day 1 ^^
Il me semble qu'il y avait une brouille entre Sega et Konami dans les années '80 mais je ne sais plus à propos de quoi. Il a fallu attendre 1993 pour que la hache de guerre soit enterrée pour voir débarquer sur la Megadrive des titres Konami, tout un symbole.
jobiwan Ils se sont pas foutus de leur gueule entre Rocket Knight et ce jeu, sacrées perles !
Sinon, de ce que j'ai lu dessus, ben en gros il y avait une guerre commerciale entre Sega et Konami en arcade, notamment de gros désaccords commerciaux sur des droits de distribution ou de technologie. Et puis Nintendo au milieu avec qui Konami était "marié" car Big N verouillait les jeux. Ensuite Treasure qui vient chez Sega et commence à cartonner ce qui a détendu l'atmosphère du slip entre les 2 firmes, car Treasure c'est des anciens de Konami. Quelque part ils ont crée un pont
Il y a un côté un fois que je le commence, ça avance tout seul jusqu'à la fin lol
Dire que le 2ème Castlevania que devait produire Konami pour Sega, devait être sur Dreamcast
Et ce Castlevania MD en est la preuve.
Effets spéciaux à gogo, musiques divines pour la MD,difficulté satanique.
Bref un épisode particulier mais excellent...même si mon chouchou restera Super Castlevania 4
Par contre dernier point : non, personne ne l'a oublié.
forte J'ai mal formulé (et corrigé dans la foulée même si j'aime pas reecrire mes papiers), c'est pas qu'on l'a oublié, mais que d'autres épisodes le relèguent un peu derrière en terme de "puissance nostalgique".
Les vrais comme toi l'ont carrément eu Day 1 ^^
Je veux dire, que on-dit sûrement griller des vie a la pelle non? Donc un néophyte mettra plus qu'une heure a en voir le bout?
Sinon, de ce que j'ai lu dessus, ben en gros il y avait une guerre commerciale entre Sega et Konami en arcade, notamment de gros désaccords commerciaux sur des droits de distribution ou de technologie. Et puis Nintendo au milieu avec qui Konami était "marié" car Big N verouillait les jeux. Ensuite Treasure qui vient chez Sega et commence à cartonner ce qui a détendu l'atmosphère du slip entre les 2 firmes, car Treasure c'est des anciens de Konami. Quelque part ils ont crée un pont