Un beau duo d'acteurs (un des meilleurs que j'ai vu depuis longtemps) pour ce road movie, tiré d'une histoire vraie, celle d'une rencontre d'un pianiste noir distingué de renommée mondial (qui joue du piano -classique- pour la haute société blanche, mais qui a une vie de solitude et d'artiste) et d'un blanc pauvre raciste (mais qui a une vie de famille) qui vont parcourir le sud des USA en pleine fin de période ségrégationniste, mais la malignité du film, c'est qu'il y a ce qu'il faut d'humour subtile, pour ne pas tomber dans le pathos qu'un sujet comme celui-ci pourrait amener à faire, car tout le propos du film, est de dire que seule la dignité permet de tenir la choc face au pire injustice institutionnalisé (la scène du restaurant résume tout) et de déjouer les préjugés. Chacun va se nourrir de l'autre, de ce qu'il lui manque, car il faut d'abord être le plus humain avant tout chose. Un voyage comme ça, permet de laisser place aux dialogues.
Je pensais voir un polar, alors que j'ai eu plus l'impression d’être devant un drame familial et d'une critique social des personnes âgées qui arrivent pas à subvenir à leurs besoins dans ce pays où la ne liberté existe que par l'argent. Clint Eastwood reprend un peu le personnage qu'il avait créé avec Grand Turino, avec des thématiques qui reviennent, le rapport à la famille compliqué, à la vieillesse, à la mort, un brin réac provocateur (même si par moments, il essaye de brouiller les pistes -il y a même une forme de compassion pour certains trafiquants, qui eux aussi sont manipulé par la mafia qui est une sorte de "famille"- et passe par l'humour, parfois, un peu facile), à la peur du changement (par exemple : internet), mais aussi à l'idée que les mentalités devront changer, pour que les USA puissent avancer.
Je trouve qu'il y a encore quelques clichés (Mexicain immigré = drogue), mais je vois aussi un homme qui n'a plus l'envie ou la force de se battre (88 ans, oblige) et qui veut juste essayer de trouver du bonheur dans des choses tout simples comme s’occuper des fleurs et qui nous dit que tout est une question de choix (mais en évitant l'argent facile), quelque part Clint Eastwood montre tout le paradoxe de cette Amérique ou le rêve américain (avec des méthodes qui sont loin d’être morale en termes financier, passer par le fait de travailler pour des trafiquants de drogue par exemple) peut-être un cauchemar pour les petites gens simples sur qui retombe le système (mais là aussi le paradoxe de Clint Eastwood, c'est de dire "j'assume, c'est que de ma faute si j'en suis arrivé là" alors qu'il sait très bien que c'est un système économique qui manque de social qui fait ça et qu'il s'attaque pas réellement au système qui fait que la situation est comme ça).

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posted the 02/03/2019 at 01:15 PM by
nicolasgourry