1. La liberté d'expression est encadrée
[...]En résumé, la liberté d'expression ne permet pas d'appeler publiquement à la mort d'autrui, ni de faire l'apologie de crimes de guerre, crimes contre l'humanité, ni d'appeler à la haine contre un groupe ethnique ou national donné. On ne peut pas non plus user de la liberté d'expression pour appeler à la haine ou à la violence envers un sexe, une orientation sexuelle ou un handicap.
Le droit d'expression est sous un régime « répressif » : on peut réprimer les abus constatés, pas interdire par principe une expression avant qu'elle ait eu lieu. Mais si une personne, une association ou l'Etat estime qu'une personne a outrepassé sa liberté d'expression et tombe dans un des cas prévus dans la loi, elle peut poursuivre en justice. En clair, c'est aux juges qu'il revient d'apprécier ce qui relève de la liberté d'expression et de ce qu'elle ne peut justifier. Il n'y a donc pas de positionnement systématique, mais un avis de la justice au cas par cas.[...]
2. La particularité des réseaux sociaux
Le droit français s'applique aux propos tenus par des Français sur Facebook ou Twitter. Mais ces services étant édités par des entreprises américaines, ils ont le plus souvent été conçus sur le modèle américain de la liberté d'expression, beaucoup plus libéral que le droit français. Aux Etats-Unis, le premier amendement de la Constitution, qui protège la liberté d'expression, est très large. De nombreux propos condamnés en France sont légaux aux Etats-Unis.
Les services américains rechignent donc traditionnellement à appliquer des modèles très restrictifs, mais se sont adaptés ces dernières années au droit français. Twitter a ainsi longtemps refusé de bloquer ou de censurer des mots-clés antisémites ou homophobes, avant de nouer un partenariat avec des associations pour tenter de mieux contrôler ces propos.
De son côté, Facebook applique une charte de modération plus restrictive, mais les propos qui y sont contraires ne sont supprimés que s'ils sont signalés par des internautes, et après examen par une équipe de modérateurs.
3. Le cas complexe de l'humour
[...]En résumé, la loi n'interdit pas de se moquer d'une religion - la France est laïque, la notion de blasphème n'existe pas en droit - mais elle interdit en revanche d'appeler à la haine contre les croyants d'une religion, ou de faire l'apologie de crimes contre l'humanité – c'est notamment pour cette raison que Dieudonné a régulièrement été condamné, et Charlie Hebdo beaucoup moins.[...]
4. « Charlie », habitué des procès
[...]L'hebdomadaire satirique était régulièrement devant la justice à la suite à des plaintes quant à ses « unes » ou ses dessins : environ 50 procès entre 1992 et 2014, soit deux par an environ. Dont certains perdus.[...]
5. Dieudonné, humour ou militantisme ?
Dans le cas de Dieudonné, la justice a été appelée à plusieurs reprises à trancher. Et elle n'a pas systématiquement donné tort à l'humoriste. Ainsi a-t-il été condamné à plusieurs reprises pour « diffamation, injure et provocation à la haine raciale » (novembre 2007, novembre 2012), ou pour « contestation de crimes contre l'humanité, diffamation raciale, provocation à la haine raciale et injure publique » (février 2014).
Lorsqu'en 2009 il fait venir le négationniste Robert Faurisson sur scène pour un sketch où il lui faisait remettre un prix par un homme déguisé en détenu de camp de concentration, il est condamné pour « injures antisémites ». Mais dans d'autres cas, il a été relaxé : en 2004 d'une accusation d'apologie de terrorisme, en 2007 pour un sketch intitulé « Isra-Heil ». En 2012, la justice a refusé d'interdire un film du comique, malgré une plainte de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra).
En plaidant pour l'interdiction de ses spectacles fin 2013, le gouvernement Ayrault avait cependant franchi une barrière symbolique, en interdisant a priori une expression publique. Néanmoins, le Conseil d'Etat, saisi après l'annulation d'une décision d'interdiction à Nantes, lui avait finalement donné raison, considérant que « la mise en place de forces de police ne [pouvait] suffire à prévenir des atteintes à l'ordre public de la nature de celles, en cause en l'espèce, qui consistent à provoquer à la haine et la discrimination raciales ». « On se trompe en pensant qu'on va régler la question à partir d'interdictions strictement juridiques », estimait alors la Ligue des droits de l'homme.
http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/01/14/de-charlie-a-dieudonne-jusqu-ou-va-la-liberte-d-expression_4555180_4355770.html

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posted the 01/14/2015 at 11:40 AM by
nicolasgourry
Donc Vos Gueules
bravo pour cette revelation lol
Dans les 2 cas ça se confirme
Rien que encore une fois l'affaire Charlie hebdo montre à quel point le nombre de tarés complotistes, binaires se sentant victimiser par la société dans laquelle ils n'ont pas réussi à s'en sortir ( job de merde, bagage intellectuel limité etc) et crachant sur les institutions républicaines, lois, pouvoir exécutif ou judiciaire, thèse officielle, connaissances scientifiques etc est important.
Le public d'ici est absolument inquiétant et profondément limité preuve en est des multiples avis...
Que Dieudonné soit attaqué en justice pour "apologie au terrorisme" pourquoi pas, mais avec les nouvelles lois entrées en vigueur en début de semaine, les élèves n'ayant pas respectés la minute de silence ou ceux ayant publié sur le net "c'est bien fait pour eux" etc etc entre spécifiquement sous cette loi aussi...qu'en est il vraiment? une tape sur les doigts disant que c'est pas bien et c'est tout....
Aujourd'hui, sur les 5000 personnes identifiées (j'entends par là, élèves, "Tweeteur" et autres "Facebookeur") seule 1 homme de 34 ans vient d'être condamné à 4 ans de prison ferme pour apologie.
Mais après, il faut voir sur les 30 dernières années....
Je me souviens quand j'étais petit (année 80), LaGaf, Michel Leeb, les publicités, les livres (BD etc) etc etc allaient "très très loin" mais restaient bon enfant (comme les blagues que l'on raconte en soirée sur les juifs, les noirs etc etc)...
Aujourd'hui, ces même sketchs, publicité ou livres sont tout bonnement interdit (retirer des ventes ou diffusion publique)....
Ah, autre chose, Dieudo a été condamné dans certains cas et relaxé dans d'autres (exactement comme CH), la justice n'est donc pas téléguidée par les ennemis de Dieudo, comme certains le laissent entendre régulièrement par ici.
précise un peu, parce que là tu profère des insultes sans donner d'argument ...
Pas le plus constructif.