Total destruction!
Après avoir fait les beaux jours des joueurs micro, le studio Reflections Interactive allait entrer par la grande porte dans le jeu vidéo sur consoles en 1995.
Paru juste trois semaines après la sortie européenne de la première console de Sony, la Playstation, Destruction Derby se posait comme un titre techniquement ambitieux, tout en proposant un gameplay très frais.
Le tout dans un genre peu familier du studio britannique, à savoir le jeu de course. En effet, avant la sortie de Destruction Derby (soit le 20 octobre 1995), Reflections Interactive n'avait tout simplement jamais conçu de titres du genre; leur renommée s'étant faite principalement avec la série des Shadow of the Beast.
Et force est de constater que l'éditeur du soft, Psygnosis, ainsi que SCEE avait eu du nez...
Destruction Derby est comme son nom l'indique une "simulation" de demolition derby mais aussi de stock car. Des disciplines particulièrement appréciées en Amérique du nord, mais aussi de manière moindre en Grande-Bretagne et au Brésil.
A l'époque, certains spécialistes du jeu vidéo vantaient ce concept qu'ils jugeaient particulièrement novateur voire inédit dans le jeu vidéo. Je pense notamment à la discipline du demolition derby.
C'est mal connaître l'histoire du jeu vidéo car déjà en 1984, Bally Midway allait sortir sur borne d'arcade un jeu reprenant le même concept répondant au nom sans équivoque, Demolition Derby.
Et comme si cela ne suffisait pas, en 1975 soit 20 ans plus tôt, sortait un jeu d'arcade reprenant ce même concept, et pire le même nom: Destruction Derby! Le titre connu aussi sous le nom Destruction Derby 1975, fût développé par la société Exidy Games, les mêmes qui produiront un an plus tard (en 1976) le fameux Death Race.
La recette existait donc déjà, mais l'avènement des consoles 32 bits, et de la full 3D texturée allait redéfinir ce sous-genre du jeu de course, qui restait finalement assez marginal avant la sortie de Destruction Derby sur la console de Sony.
Le titre de Reflections Interactive est de prime abord un jeu de course classique, doté de contrôles très simples.
En effet, un bouton permet d'accélérer et un autre de freiner/reculer.
Au niveau du contenu proposé, force est d'admettre qu'il s'avère assez pauvre.
Le joueur n'a le choix qu'entre 3 voitures: la Rookie, l'Amateur et la Pro.
La Rookie est résistante, se manie bien, mais est la plus lente des 3.
La Pro est la plus rapide, mais aussi la moins résistante, et s'avère un peu plus dure à contrôler.
Enfin l'Amateur apparaît comme un compromis des 2 autres bolides précédemment cités.
J'ai remarqué aussi que la difficulté de l'IA des adversaires change selon le véhicule choisi, elle est plutôt corsée quand on choisit la Pro.
Au delà de ces considérations, l'idée est donc que chaque véhicule est plus pensé pour un certain mode de jeu. Des modes que l'on va détailler ci-dessous. Mais pour vous donner une idée, si vous voulez lancer dans le championnat du mode Stock Car, mieux vaut opter d'emblée pour la voiture Pro.
Concrètement Destruction Derby propose 4 modes de jeux: les modes Wreckin' Racing, Stock Car Racing, Destruction Derby et Time Trial.
Le mode Wreckin' Racing propose au joueur de participer à une course où s'affrontent 20 pilotes. Le verbe s'affronter n'est pas galvaudé car on doit littéralement jouer des coudes avec nos concurrents durant ce mode.
L'objectif n'est pas de finir premier mais de ramasser le plus de points durant la course. Le décompte se fait ainsi:
- Si vous percutez un concurrent et qu'il tourne à 90° vous récoltez 2 points.
- Si vous percutez un concurrent et qu'il tourne à 180° vous récoltez 4 points.
- Si vous percutez un concurrent et qu'il tourne à 360° vous récoltez 10 points.
- Enfin si vous mettez HS le véhicule d'un concurrent, vous gagnez 10 points.
Bon il ne faut tout de même pas oublier que l'on participe à une course et le classement final peut rapporter des points supplémentaires: 10 points pour le 1er, 6 points pour le 2e, et 4 points pour le 3e.
A l'intérieur de ce mode vous retrouvez un mode Practice, idéal pour se faire la main, un mode Multijoueur en LAN (feature que l'on retrouvait dans pas mal de jeux de lancement de la PSOne), un mode Duel complètement anecdotique où on affronte un seul adversaire, et enfin le plat de résistance: le mode Championnat.
Dans le mode Championnat, on démarre en 5e division, et l'objectif est de terminer 1er dans un championnat d'une division pour monter dans la division supérieure, un peu comme dans le football.
Chaque championnat se décompose en 6 courses, et chaque circuit comporte une dizaine de tours environ (sauf pour le dernier).
L'aboutissement étant de finir premier en 1ère division, à ce moment-là on peut voir les crédits de fin et être sacrée grand champion.
Le mode Stock Car vous permet de participer à une course classique avec toujours 20 pilotes en lices, où l'objectif est donc de finir 1er, ou de ramasser le plus de points possibles.
On y trouve les mêmes modes que dans le Wreckin' Racing, y compris le championnat.
Il fonctionne de la même manière, avec cette histoire de division à monter, avec cette fois seulement 5 courses par championnat.
Le vainqueur d'une course prend 50 points, le 2e 40 points, le 3e 35 points, le 4e 30 points etc...
Avant de détailler les 2 derniers modes, il faut savoir que dans les modes Wreckin' Racing et Stock Car, on peut très bien ne pas finir une course, et empocher soit les points que l'on a fait dans le premier mode, ou soit gagner les points de notre position à l'abandon dans le 2e mode.
Je m'explique, si par exemple dans une course en mode Stock Car, 7 concurrents ont ruiné leurs voitures avant vous et que vous ruinez la vôtre juste après et avant la fin de la course, vous terminerez 13e et vous récupérerez les points alloués du 13e.
Car oui, Destruction Derby propose un système de gestion de dégâts assez poussé et vraiment novateur pour l'époque.
Bien conduire, ou mettre la pâtée à vos adversaires ne suffit pas, il faut aussi faire très attention à votre véhicule, le préserver des attaques des autres, en gros survivre!
D'ailleurs dans le HUD, on retrouve notre voiture dessinée en vue de dessus, et marquée de 10 points d'impact.
Ces points d'impact entourent littéralement notre bolide. Si au départ de la course, tous ces points sont verts, ils changeront de couleur durant le scénario de la dite course, passant du orange, au rouge (clignotant) jusqu'au noir signifiant qu'un point est HS.
La zone la plus sensible se trouvant au niveau du capot. Dès que votre voiture commence à fumer, la situation commence à devenir vraiment critique et l'abandon n'est plus très loin; le temps d'un simple choc frontal grosso modo.
Il faut faire donc très attention aux pilotes concurrents, qui sont dotés d'une IA bien sauvage, mais aussi aux murs et autres éléments de la route qui peuvent bousiller notre voiture.
Éclater une aile de votre véhicule signifie que la conduite change du tout au tout, avec une direction complètement altérée et une voiture qui tangue vers la gauche ou la droite.
Là où Reflections Interactive allait frapper très fort, c'est dans la représentation même de notre véhicule durant la course: il se déforme!
Cette feature avait particulièrement bluffé les joueurs de l'époque, car de visu on voit notre véhicule clairement se dégrader, en temps réel, et ce de manière dynamique. Pare-chocs défoncés, ailes enfoncés, capots avants amochés et fumant, la gestion des dégâts forçaient donc le respect en ces temps éloignés.
Le moteur physique avait donc bénéficié d'un soin tout particulier rendant les accidents et divers chocs assez réalistes (pour l'époque).
Pour conclure, même si ces 2 modes sont assez éloignés dans leur mécanisme de jeu, et leur règle, il reste un dénominateur commun à savoir la survie.
Et cette survie prend toute son ampleur dans le 3e mode de jeu, à savoir le Destruction Derby.
Point de subtilités ici, les 20 concurrents se retrouvent dans une arène fermée et doivent tout simplement s’en mettre plein la tronche dans un laps de temps illimité. Il faut qu'il ne reste qu'un seul survivant à la fin.
Le système de comptage de points est identique au mode Wreckin' Racing, avec tout de même une nuance: le dernier, ou les derniers survivants empochent un surplus de points.
Ce mode est clairement le plus jouissif et le plus fun de tous.
On déplorera juste qu'une seule arène est proposée, on aurait aimé là-encore plus de contenu à ce niveau-là.
Enfin le dernier mode, le Time Trial est franchement anecdotique, voire inintéressant dans la mesure où les mécaniques de gameplay de Destruction Derby ne sont pas basés sur la précision de la conduite.
Ce mode n'est pas mauvais en soi, il est juste peu adapté à la philosophie et au gameplay du jeu, et tente plus de rajouter de la durée de vie qu'autre chose.
D'autant qu'il n'est pas vraiment bien fait, dans la mesure où le nombre de tours est illimité, enfin tant que la voiture n'est pas HS. Une course en Time Trial peut donc durer trop longtemps, au point de finir par agacer le joueur.
Et c'est bien là le talon d'Achille de Destruction Derby: sa durée de vie.
5 circuits, c'est peu, très peu. Alors oui on pourra dire que Ridge Racer faisait encore pire à cette époque, qu'on peut débloquer un 6e circuit en l'occurence l'anecdotique Ruined Monastery, que durant un championnat ces 5 circuits ont des variations selon les divisions (climatiques, voire tracés) mais cela ne pèse tout de même pas lourd dans la balance.
En parlant des tracés même des circuits, on peut noter qu'ils ne sont pas tous de même niveau. Si le circuit Cross Over est bien sympathique avec ses carrefours hyper dangereux, il n'en est pas de même pour l'oval Speedway assez soporifique.
Autre détail, les tracés sont tous plats, avec une topologie réduite à sa plus simple expression.
Ce défaut sera d'ailleurs corrigé dans le 2e épisode, offrant des terrains plus étudiés, avec notamment des pentes ou des virages inclinés bien inspirés.
Puisque l'on est toujours dans les défauts, on peut aussi déplorer le fait que l'on ait qu'une seule vue imposée, et pas de vue intérieure. Aussi la bande sonore du jeu est vraiment lassante.
Mais qu'importe, le titre édité par Psygnosis balaye ces défauts par un fun omniprésent et une intensité dans les courses bien rendues. Le joueur est constamment sous pression d'autant que l'IA est vraiment soignée dans le sens où certains concurrents sont bien agressifs, font des erreurs, peuvent ratés un virage qui entrainent un carambolage monstre... On est vraiment dedans!
De plus, certains concurrents peuvent s'avérer très à l'aise dans un mode et plutôt mauvais dans un autre, ce qui rend les avatars assez crédibles.
L'aspect graphique est soigné, surtout au niveau de la modélisation des véhicules et de leur déformation qui forçait donc le respect en 1995. Les décors auraient par contre pu bénéficier de plus de soins, mais tout cela était largement acceptable.
Aujourd'hui l'ensemble a bien évidemment méchamment vieilli, c'est pour cela que je vous recommande plutôt d'y jouer sur un petit écran comme celui de la PSP, en vous procurant le jeu sur le PSN, plutôt que sur grand écran.
Petite mention spéciale aux portraits des participants particulièrement hilarants, dessinés dans une 2D bien cartoon. Cela rajoute un côté second degré loin d'être désagréable.
Les bruitages sont bien rendus, assez sauvages et le commentateur assure une certaine ambiance, bien américaine of course!
Bien que les contrôles soient simples à assimiler, il faudra un certain temps pour bien dompter ce jeu assez spécial finalement. En effet, il réside une dimension aléatoire que l'on doit prendre en compte car on peut se retrouver dans de sales situations à tout moment, sans que cela soit de notre fait! Mais cela ne fait-il pas parti des charmes de Destruction Derby?
Pour conclure rapidement, Destruction Derby se présente comme un excellent défouloir, un jeu d'arcade dans le sens brut du terme. De la tôle froissée en veux-tu en voilà, de l’adrénaline, du stress, une pincée de pilotage mais pas trop, voilà les ingrédients de ce hit de 1995 qui a marqué en son temps les joueurs qui s'y étaient essayés.
Plusieurs suites se sont succédés, aux fortunes diverses avant que la série tombe dans l'oubli. Le dernier épisode remontant à 2004, sur PS2.
Des titres comme Flatout ont depuis un peu repris le flambeau.
Quoi qu'il en soit, ce premier épisode de Destruction Derby s'avère encore aujourd'hui amusant pour peu que l'on soit peu exigeant tant au niveau graphique, qu'au niveau du contenu.
Fiche technique: Titre: DESTRUCTION DERBY Développeur: REFLECTIONS INTERACTIVE Éditeur: PSYGNOSIS Genre: COURSE Année: 1995 Autres supports: PC, SATURN Nombre de joueur(s): 2 Localisation:
NOTE PRESSE (Joypad 046 - Octobre 1995)
RESSOURCE PRESSE
Screenshots:
Bonus retro:
Et en bonus, la spot TV japonais plutôt rigolo.
J'ai connu les courses de stock car grâce à ce jeu c'est vrai que c'est un super défouloir et encore plus quand on est un gamin et qu'on aime les voitures et surtout le fait de pouvoir les détruire
L'autre jour j'ai voulu me refaire cette perle en ému, et pas moyen de le faire tourner sur mon PC.
C'est vraiment dommage que pSX ne le fasse pas tourner.
je m'en rappel de ce jeu , on l'attendait comme le messie et les magazine n'arrêtait pas d'en parler, on y jouait en link avec des potes et il fallait que je swap le cd car j'avais une playstation jap ^^, par contre quand je l'avais acheté passé la 1 heure la joie est vite retombé, le jeu était lent, peu de circuit et une jouabilité de merde, bref déçu, mais j'y quand même passé quelques heures dessus, rien que le fait de détruire des véhicule était assez jouissif, surtout a cet époque, ou dans les jeux de caisses rien ne se cassait pour le 2 etait plus réussi mais pas de mode 2 joueurs et le Raw il était déjà trop tard pour moi ^^
pour ma part celui-là je l'ai découvert très tard, en fait j'avais découvert la série avec le 2 que j'avais adoré.
En 1995, j'avais pris un PSX que j'avais echangé 2 mois plus tard contre une Saturn, c'est bien quelques années plus tard que j'ai repris une PSX, avec DD2, du coup j'avais raté le premier que j'ai vraiment y a pas longtemps.
Pour ma part je trouve le premier cool comme je l'explique même si il manque de contenu, c'est vraiment son gros soucis.
alexkidd oui c'est vrai que le contenu est très maigre, le pire c'est que je l'ai encore, faudrait que je le re-essaye, mais je risque de partir chez l'ophtalmo direct après, tu avais un autre jeu sorti bien plus tard sur psx, la série de RuN About, pareil contenu ridicule, mais alors qu'est ce que je me suis amusé dessus
J'ai retenu que très peu de jeu de ''course / voiture'' dans mes années de joueur et celui la fait parti du ''tas''(Excite Bike,Hang On,Top Gear,Road Rash,Rock n Roll Racing,NFS 2 SE, Destruction Derby 1 & 2 et les deux Carmageddon sur PC ) en faite..ce sont les seuls jeux du genre que j'aime ..ma tolérance pour le reste frôle le zéro.
C'est vraiment dommage que pSX ne le fasse pas tourner.
En 1995, j'avais pris un PSX que j'avais echangé 2 mois plus tard contre une Saturn, c'est bien quelques années plus tard que j'ai repris une PSX, avec DD2, du coup j'avais raté le premier que j'ai vraiment y a pas longtemps.
Pour ma part je trouve le premier cool comme je l'explique même si il manque de contenu, c'est vraiment son gros soucis.
Le premier DD est un de mes premiers jeux PS1 que de souvenirs ^^( mon tout premier c'est Battle Arena Toshinden