C'est un véritable tir de sommation qu'a lancé le directeur général d'Activision Blizzard France, à l'encontre des revendeurs français, dans les colonnes du dernier numéro du Journal Des Loisirs Interactifs. Dénonçant une "pratique nuisible", David Neichel a tenu à donner un avertissement ferme aux "casseurs de date", ces points de ventes qui distribuent les jeux avant leur date de sortie officielle.

Pour Call of Duty : Modern Warfare 3, près de 40 points de ventes auraient ainsi été choisis pour théâtraliser le lancement, avec des ouvertures le 8 novembre à minuit. Seulement voilà : il était relativement simple de se procurer le titre cinq jours avant son lancement théorique, le 8 novembre - même chez FNAC, GAME ou Micromania. Résultat, "ce qui devait être le climax d'une longue attente prend forcément une dimension un peu glauque" le fameux soir venu. Pour le patron d'Activision Blizzard France, les boutiques scieraient leur propre branche en agissant de la sorte, face à la poussée des ventes en téléchargement. "A l'heure du digital, ils ont tout intérêt à cette dimension festive", rappelle-t-il.

Dans la pratique, David Neichel décrit une organisation comparable aux "go fast", ces trafiquants qui traversent les autoroutes dans des berlines surpuissantes, pour livrer les boutiques le plus vite possible. Certaines enseignes auraient ainsi envoyé des camions de nuit pour récupérer leurs stocks de Modern Warfare 3 dès la livraison aux centrales, indifféremment de la date théorique de sortie.


Des livraisons en retard de 2 jours pour les casseurs ?

Puis viennent les avertissements. Ou, plutôt, les menaces : pénalités financières, dédommagements, livraisons décalées pour les "casseurs"... le menu s'annonce complet et épicé. "D'une part, pour le lancement de Diablo III, nous allons être beaucoup plus fermes sur les conditions générales de vente (...), d'autre part, les enseignes dont un des magasins n'aura pas respecté la date de lancement sur un jeu Activision seront livrées en centrale le matin même du premier jour de commercialisation sur le titre suivant !". Ce qui pourrait signifier, par exemple, un retard de livraison en boutiques de 24 à 48 heures pour toute une enseigne... même s'il est difficile d'imaginer qu'un géant comme Micromania, et ses 370 boutiques, puisse être aussi facilement mis sur la touche.

David Neichel entend du reste mettre en place une politique de récompenses pour les bons élèves, en leur laissant profiter d'ouvertures nocturnes évènementielles. Ce dispositif, qui profite essentiellement aux joueurs basés en milieu urbain, sera par ailleurs étendu à l'avenir, révèle-t-il. Quant aux "casseurs de date" eux-mêmes, ils ne seront pas nommément désignés au cours de l'interview. Mais nul doute que nombreux lecteurs pourraient aisément en faire la liste.