DA KILLER REVIEW!
Le studio Grasshopper Manufacture ainsi que son fondateur Suda 51, était connu pour des jeux plutôt matures et conceptuels comme Michigan: Report From Hell, ou Flower, Sun and Rain.
C'est ainsi qu'en 2005, un véritable OVNI vidéoludique allait débarquer sur GameCube et un peu plus tard sur PlayStation 2, Killer 7.
Faisant partit du fameux Capcom 5 en compagnie de PN.03 ou encore Viewtiful Joe, Killer 7 a au départ de son existence, suscité pas mal de curiosité. Nous nous rappelons des premières images du titre distribuées à la presse à l'occasion de l'E3 2003. Ce jeu avait tout de suite tapé dans l'œil des observateurs avec ses graphismes épurés, et son design radical et assumé faisant pensé à des comics noirs bien matures.
Conçu par Suda 51 mais aussi Shinji Mikami, le titre avait la prétention de révolutionner le jeu d'action, ni plus ni moins! Il aspirait aussi à offrir un regard plus moderne et plus contemporain du jeu vidéo.
Killer 7 a bien sûr divisé les joueurs en 2 camps, ceux qui ont détesté et les autres qui ont adoré, en tout cas il ne laissa personne indifférent.
Killer 7 propose un scénario pour le moins... bizarre. Alors que dans les productions videoludiques actuelles, nous assistons en permanence à des histoires très simples à assimiler avec des thèmes récurrents comme l'éternel lutte entre le bien et le mal, ou à la mise en scène d'anti-héros plus ou moins torturés, Killer 7 prend d'emblée une direction totalement différente.
En effet le jeu de Suda 51 vient mettre un énorme coup de pied à la fourmilière "jeu video" en détruisant tous les codes de ce médium, et en ne cherchant jamais son inspiration dans les productions les plus recherchés du genre. Non, Killer 7 va aller puiser son inspiration et sa quintessence dans le cinéma underground japonais et américain et aussi dans l'univers des comics et de la japanimation déjantée pour son esthétisme et sa mise en scène.
L'histoire de Killer 7 n'a absolument aucune logique, ni de véritable fil conducteur. Le joueur a l'impression de vivre un cauchemar éveillé ne répondant à aucun sens logique. Ainsi l'univers de ce jeu peut être ressenti comme à la fois familier et étranger, ou la fois réaliste et impossible, et s'avère aussi tantôt profond, tantôt creux.
Ce titre casse volontairement et avec un plaisir non dissimulé nos habitudes dans l'expérimentation d'une histoire dans un jeu vidéo, en se jouant littéralement du joueur.
Le jeu a néanmoins une petite intrigue de base. Un complot d'ordre géopolitique menace l'intégrité du Japon. Un complot orchestré par le parti de l'ONU au Japon. Du coup, les Killer 7 sont envoyés à la rescousse pour enquêter sur la chose, et liquider d'éventuels obstacles. Les Killer 7 sont sept personnalités d'un seul et même personnage, un vieillard grabataire qui se trouve en fauteuil roulant, Harman Smith.
Par la suite, on découvrira un autre personnage clé, un certain Kun Lan. Cet homme est responsable de la venue des Heaven Smiles (ou Sourire Celeste en français) qui sont les ennemis du jeu. Ces monstres ont fraîchement débarqué sur terre pour semer la confusion.
Parallèlement à cela, on apprendra qu'un Afro-Américain du nom de Ulmeiyda a un énorme succès au niveau commercial grâce son entreprise de transport qui n'existe pas, qui existe en fait que par la pub faite autour. Au fil de l'histoire, le joueur apprendra aussi que des héros de Sentai voudront faire la peau à nos 7 assassins, ce qui demandera aux Killer 7 d'aller liquider le mangaka de ce Sentai qui est basé au Venezuela. Aussi, on apprendra durant le jeu que le ministère de l'éducation américain est impliqué dans la tentative de déstabilisation du Japon en falsifiant notamment des élections...
Voilà donc des éléments qui vous convaincront définitivement sur la fait que Killer 7 est un jeu totalement barré, ne répondant à aucune logique et proposant une narration totalement fragmentée que seul un scénariste névrosé peut s'en revendiquer.
Nous sommes donc conviés à un joyeux "vomis scénaristique", où le joueur devra lui-même faire le tri ce qui lui est proposé pour se faire sa propre expérience du jeu.
Les scénaristes nous mettent donc à disposition pas mal d'éléments de narrations, à nous d'en tirer partit, et d'en faire quelque chose ayant un début une fin, même si dans Killer 7, on a presque envie de dire que le jeu n'a ni de véritable début ni de véritable fin.
Dans l'absolu, l'intrigue de Killer 7 ne passionne guère mais fascine le joueur! On est complètement pris dans cette ambiance, absorbé, et surtout, et c'est très important de le souligner, on est surpris sans cesse par la direction du jeu, et par la richesse du background de celui-ci. Ce jeu s'assume, c'est très clair! Aussi l'ambiance général du soft plonge le joueur dans un univers où la folie régit tout ou presque. En effet, jouer de longues heures à Killer 7 peut provoquer à la longue chez le joueur un certain malaise, car oui pour ceux qui se le demandaient encore, Killer 7 s'avère être un jeu terriblement immersif.
Passons à présent et sans transition au gameplay si particulier du titre. A l'instar du scénario, le gameplay offre lui aussi une expérience videoludique renouvelée. Pour ceux qui se posent toujours la question, le jeu n'est ni FPS, ni un jeu d'action en 3D. Disons que c'est... particulier.
Le joueur dirige donc un des 7 tueurs qu'il a à sa disposition. Notre avatar est en vue à la 3e personne. Pour déplacer notre assassin, il suffit appuyer simplement sur le bouton A, ce qui a le mérite d'être très orignal! Le stick analogique et la croix directionnelle ne sont donc pas sollicités. Dès que le joueur entend un ricanement d'un Heaven Smiles, il doit appuyer rapidement sur le bouton R. On bascule alors dans une vue à la première personne. Dès lors notre personne reste sur place et ne peut plus se déplacer. Le joueur doit donc maintient le bouton R pour conserver la vue, puis bouger le stick analogique pour viser l'ennemi. Mais avant dégainer, le joueur doit scanner l'écran avec le bouton L, pour que notre vis-à-vis apparaissent vu qu'au départ il est totalement invisible. Ce système de scan a d'ailleurs été mis au point par Harman Smith himself.
A partir de là, tel un Time Crisis, le jeu devient un Gun Shooting avec toutefois une subtilité. Seuls certains endroits du corps des Heaven Smiles est sensible à nos coups et sont visibles à l'écran par leur aspect rouge ou effervescent.
Sachez aussi que durant les déplacements, il sera bien sûr possible de changer de direction. Mais comment faire lorsque l'on marche sur des rails? Tout simplement en validant une bifurcation.
A chaque intersection dans un niveau, on nous propose un choix pour prendre une autre direction, ou même revenir sur nos pas. Mais attention, ces choix sont pré-calculés, il arrivera par exemple de passer devant une pièce avec la porte ouverte, sans pouvoir y entrer vu que la bifurcation et le choix pour y entrer ne sont pas activités.
Les déplacements sont donc très linéaires et ne font jamais la part belle à l'exploration puisque l'ensemble du jeu est balisé de la sorte.
Parlons maintenant des 7 personnalités. A l'instar de The Lost Vikings de Blizzard, chaque assassin a sa propre capacité, et nous permettra de progresser dans un niveau sans rester bloquer. Effectivement le côté coopération est très présent dans ce jeu. L'aspect énigme à la Resident Evil est aussi intégré au jeu.
Présentation
Harman Smith Personnage mystérieux, ce vieux monsieur n'a bizarrement pas un background extrêmement développé. Se traînant en fauteuil roulant, il dispose d'un fusil sniper surpuissant. Personnage central du jeu, Harman Smith sera trop rarement amené à être utilisé, et est plutôt effacé.
Garcian Smith On peut dire sans se mouiller qu'il s'agit du leader du groupe des 7. C'est le seul qui a la possibilité de ressusciter les 6 autres personnalités. Pour cela il faut le sélectionner dans la chambre d'Harman et retourner à l'endroit du crime.
Il ramassera l'âme du défunt avec un sac un papier. D'ailleurs il est seul assassin à n'être pas séléctionnable directement via l'inventaire. Il dispose d'un pistolet silencieux peu puissant, et est le seul à pouvoir communiquer avec Harman Smith.
Dan Smith C'est le personnage le plus classe du jeu, avec son costard noir, et sa manière avec laquelle il tient son 45. Il dispose d'un coup surpuissant, très efficace contre un seul type d'ennemis.
Kaede Smith C'est la touche féminine du jeu et quelle touche! Kaede est un véritable concentré de folie de violence pure, dans un corps fragile. Ses robes sont constamment tâchées de sang. Sa spécificité, c'est d'abord son pistolet qui dispose d'une lunette qui permet donc de zoomer. Elle a aussi une capacité spéciale, celle d'ouvrir des barrières invisibles en s'ouvrant les veines, provoquant ainsi un déluge de sang et accessoirement l'une des animations les plus stylisées du jeu,.
Kevin Smith Kevin Smith est sans doute l'un des plus discrets de la bande. C'est un lanceur de couteaux très silencieux, qui semble effectivement avoir une personnalité très effacée par rapport au reste du groupe. L'avantage avec lui, c'est que l'on n'a pas de pistolets à charger, et ainsi perdre du temps. Sa précision, et sa capacité à devenir invisible aux yeux des ennemis fait de lui un personnage utile lors de moments délicats. Mais il reste un peu trop faible dans ses attaques par rapport aux autres personnalités.
Coyote Smith Coyote est le voleur, et le voyou de la bande. Avec son look très 70's, ce personnage un character design très réussi. Athlétique, il est capable de sauter très haut et d'accéder à certains endroits inaccessibles pour les autres assassins.
Il est aussi habile de ses mains, puisqu'il peut aussi crocheter une serrure. Par contre au combat, il est assez laborieux, même si il demeure très puissant.
Con Smith Con est le plus jeune de la bande, et arbore fièrement un look de skateur californien. Le fait qu'il soit aveugle l'a poussé à améliorer son ouïe, qui est très fine. Il dispose de 2 pistolets automatiques. Sa vitesse d'exécution est impressionnante. Il est aussi capable d'accéder à des endroits étroits, et plutôt bas du fait de sa petite taille.
Le problème de ce perso: sa résistance.
Mask de Smith Mask de Smith est clairement le gros bourrin de service, et accessoirement catcheur à ses heures perdues. Il possède deux lance-grenades très puissants mais très longs à recharger. Ce qui le rend très vulnérable pendant le long temps de recharge de ses armes.
En revanche, il peut détruire des obstacles et même des murs. D'ailleurs ce personnage, vers la fin du jeu sera très puissant, et changera plusieurs fois de costumes. Mon petit doigt me dit que cela doit être le personnage préféré du Suda 51!
Voilà pour les présentations. Sachez qu'un pseudo système d'expérience existe pour augmenter la puissance et les skills des personnages. Pour cela il faudra ramasser du sang ennemi et l'attribuer aux personnages de notre choix dans la chambre d'Harman en allumant la télévision.
Tient en parlant de Télévision, c'est aussi là que l'on sauvegardera. N'ayez crainte, les chambres d'Harman sont très nombreuses dans un niveau et plutôt très bien disposées. A noter que c'est la charmante Samantha la femme de chambre qui nous recevra dans cette chambre, tout en étant pas toujours disposé à travailler.
On assistera même à des scènes de sexes assez crues dans cette même chambre. Tantôt docile, tantôt dominatrice, cette fille bizarre s'avère être une vraie schizophrène.
D'autres personnages graviteront autour de nos assassins pour les aider dans leur basse besogne comme Iwazaru qui apportera de précieux indices dans les phases d'énigmes, ou encore Travis qui est pour le coup l'énigme du jeu! Sans oublier Christopher Mills qui sera l'un des plus gros pourvoyeurs de missions dans le jeu.
Outre les phases de combats qui prennent une place importante dans le jeu, une kyrielle de personnage est à rencontrer et de nombreuses énigmes sont proposées. Ces énigmes sont plutôt simples et sont essentiellement basées sur l'utilisation d'objets ou de compétences de nos tueurs à gage. Tout est mâché et le joueur ne reste jamais bloquer à ne pas savoir comment s'y prendre.
Quelques va-et-vient dans certains viennent casser la très grande linéarité du jeu, car n'oublions pas, malgré son graphisme en 3D, Killer 7 s'apparente plus en terme de gameplay à un jeu en 2D.
Enfin pour conclure sur la partie gameplay, le jeu propose un nombre considérable de combats contre des boss, et qui sont dans l'ensemble assez épiques.
En ce qui concerne la réalisation technique, Killer 7 reste à fidèle à sa volonté de ne pas faire comme les autres. Graphiquement, le titre est spécial. Soit on est épaté comme moi par le design épuré de l'univers, et le degré d'esthétisme que dégage le soft, ou soit au contraire on trouve l'ensemble bien laid. Le jeu utilise la technique cell-shading, mais en fait une utilisation vraiment à part rappelant quelque peu Fear Effect pour le côté mature, et les comics américains pour le design. Le jeu utilise d'ailleurs plusieurs représentation graphique avec des vrais photos numérisés, une 3D stylisée donc, mais aussi des cinématiques lorgnant du côté de la japanimation très bien réalisées et animées, disponibles dans le second disque du jeu.
Le chara-design est d'ailleurs époustouflant, les décors sont inspirés, variés, et dégagent une vraie personnalité. L'animation est de haut niveau. Nos avatars sont de vrais poseurs, le jeu respire dans ses moindres recoins une certaine classe. Le moteur physique tient largement la route, on ne constate aucune chute de frame-rate ou encore du clipping.
L'environnement sonore est très riche, et renforce cette ambiance spéciale. Le panel musical est fort varié, les compositeurs caressent plusieurs registres du jazz classique et posé à de la techno complètement déjanté! Tantôt joyeuse, tantôt sombre, tantôt folle, la bande sonore composée par Masafumi Takada et Jun Fukuda dépeint de manière magistral l'univers extrêmement dérangé du soft.
Les bruitages sont excellents, et le doublage américain est tout simplement phénoménal. On sent que les acteurs se sont vraiment investis dans le projet en fournissant un vrai travail d'interprétation, et pas du "doublage au poids" pour reprendre une formule d'un certain Phillipe Ogouz...
La jouabilité, très étrange, s'avère finalement très simple à assimiler et bien étudier. Les différents menus et inventaires sont fonctionnels, et la navigation s'y fait de manière agréable.
La durée de vie est très bonne pour le genre. Compter à peu près 15 à 20 heures pour boucler la campagne principale, tout en sachant qu'on débloque un Hidden Mode une fois le jeu achevé.
Enfin, un sujet qu'il ne faut en aucun cas occulté, la violence du titre. Le jeu est en effet très violent, bien sanglant, et rend presque artistique toute cette débauche d'hémoglobines tellement elle est mise en valeur.
Outre l'atmosphère lourde et très dérangée du soft, la violence apparaît donc comme seule lanterne crédible dans l'univers de Killer 7, avec ce sang d'un rouge très vif et omniprésent qui agresse presque la vision du joueur. Cette violence omniprésente et hypertrophiée accentue l'atmosphère très malsaine et gore au point d'en dégoûter le jouer, mais aussi de le fasciner, ce qui la grande force de ce jeu.
Ce titre n'est bien sûr pas à mettre à la portée de tout le monde et surtout pas aux enfants. Classifié 18+ le jeu a même subit une interdiction totale sur le territoire britannique.
Pour clôturer ce test fleuve, je dirais une chose: Killer 7 est à mon sens un indispensable sur Game Cube. Un titre à essayer ne serait-ce que pour la caution artistique de la chose.
Vous l'aurez compris en lisant cette critique, le concept de ce jeu est très spécial, et forcément au départ on peut se montrer récalcitrant face à cet OVNI.
Un jeu qui bouscule nos habitudes videoludiques, et qui nous transportent dans un univers vraiment à part, tout en nous proposant une véritable nouvelle expérience ludique, pad en main.
Killer 7 est donc un jeu hors norme, totalement démesuré qui assume clairement sa folie, et son scénario totalement désarticulé qui ne cesse d'alimenter des débats et analyses poussées dans les forums du monde entier. Un titre comme on aimerait en voir plus sur nos machines.
Néanmoins, il est possible de concevoir que certains joueurs seront laissés sur le bord de la route et ne comprendront pas l'œuvre de Mikami et Suda 51, et seront peu enclin à accepter un gameplay qui reste vraiment étrange.
Pour ma part j'ai été conquis au point d'affirmer que ce jeu est juste l'un des tous meilleurs de la console de Nintendo.
Fiche technique: Titre: KILLER 7 Développeur: GRASSHOPPER MANUFACTURE Éditeur: CAPCOM Genre: ACTION Année: 2005 Autre support: PLAYSTATION 2 Nombre de joueur(s): 1 Localisation:
NOTE PRESSE (Joypad 154 - Juillet/Août 2005)
RESSOURCE PRESSE
Screenshots:
Bonus:
Allez un trailer pour ceux qui ne connaissent pas du tout le jeu.
Je l'ai acheté il y a quelques semaines. Et honnêtement, j'ai beaucoup de mal. Je n'y ai joué qu'environ 1h30, en vitesse. Je ne vais bien entendu pas l'enterrer si vite, je vais attendre la fin de mes examens pour m'y replonger plus longuement.
Excellent test Alexkidd ^^ . J'avais acheté ce jeu il y a très longtemps et je ne viens que de commencer à y jouer, et j'adore! Par contre je ne suis pas d'accord avec toi à propos de Kevin Smith. En boostant sa vitesse et son visou, on obtient un véritable monstre (en mode normal en tout cas, je n'ai pas encore essayé le mode Hard).
[Bubble] Merci C'est vrai que c'est le perso que j'ai le moins boosté. Je trouve que le fait de jouer avec lui, c'est vraiment un exercice de précision, après boosté à max c'est vrai que je sais pas ce qu'il peut bien donner. Mais là encore chacun son experience Killer 7 Perso j'utilisais surtout Dan et Kaede!