Isolation est un film de Billy O’Brien sorti je crois fin mars. En tout cas vous n’avez aucune chance de le voir en salle à l’heure actuelle ; donc à vous de décider, si vous voulez le voir, si vous attendez la sortie DVD ou si vous passez par des biais illégaux.
Isolation a reçu le Grand Prix du dernier Festival Fantastic’Arts de Gérardmer . C’est le signe d’une certaine qualité, mais pas d'une qualité certaine. Enfin en l'occurence si.
En l’occurrence je ne sais pas à quoi ressemblait le reste des films présentés à cette édition, n’ayant pas pu m’y rendre ; mais de toute manière on se contrefout de ce genre de préoccupations dans la mesure où l’essentiel est ici : Isolation est un très bon film.
D’origine britannique, il confirme la bonne forme du cinéma d’horreur outre-manche, après The Descent l’année dernière.
Enfin bon, là je brasse du vent ; je crois qu’il vaudrait mieux s’attaquer au film lui-même.
Le pitch officiel du film (la flemme de le résumer moi-même) :
Dan Reilly a tout fait pour sauver sa modeste exploitation agricole.
A deux doigts de la faillite, il accepte de soumettre son bétail à des tests de fécondation menés par un laboratoire de biotechnologie sous le contrôle de la vétérinaire locale Orla, son ex-compagne. A l'occasion d'un examen de routine, Orla découvre de troublantes anomalies dans le processus et alerte son patron, John.
Mais il est déjà trop tard : une terrifiante mutation est en train de s'accomplir et, en l'espace de quelques heures, la situation va virer au cauchemar...
Comme vous pouvez le constater vous-même, c’est le merdier.
Ce regard montre bien le degré de merdier du film.
A priori, ça ressemble à un portage d’Alien dans le cadre rural.
''Le cadre rural, c'est cool, hein ? Pas déprimant, surtout.''
En réalité c’est à peu près ça, oui. Sauf qu’Isolation est réalisé par un mec foutrement doué pour créer une ambiance glauque au possible, pour trouver des cadrages subtils, et d’une manière plus générale, pour foutre les jetons.
Sérieusement, je crois que le simple design du veau mutant suffit seul à foutre le frisson dans le dos, ne serait-ce que parce qu’on est loin, très loin, de toutes les créatures numériques et donc dépourvues de vie que le cinéma hollywoodien nous a servies ces dernières années.
''Mais... ça bouge !''
Ce veau-là semble réel ; mieux encore, il semble presque
humain. Je retiens particulièrement un plan où apparaît son œil, et cet œil exprime à lui seul tout le désir de vivre de cet immondice qui en est un parce que des humains se sont amusés avec le génome de sa mère.
Il y a bien évidemment une volonté du réalisateur de nous interroger sur les aspects déontologiques du progrès scientifique, et plus largement à nous poser une question : est-ce que parce qu’une chose est possible, elle en est pour autant souhaitable ?
Pouvoir faire procréer les vaches plus vite, c’est bien joli, mais est-ce vraiment utile ?
L’homme est-il à ce point dans un esprit prométhéen que tout ce qu’il peut faire pour dépasser la nature lui semble indispensable ?
Isolation nous renvoie également au problème de la vache folle, et à toutes les psychoses qui agitent les populations dès lors qu’un virus au nom suspect approche de leurs frontières (c’est vrai, pourquoi les virus ne vont-ils pas en Afrique au lieu de venir chez nous ?)
La vache, animal banal et débonnaire au possible, produit de consommation courante, devient la pire créature imaginable – et en ceci le film s’avère très effrayant.
En résumé, Isolation, non content de resoulever des questions plus que jamais d’actualité, explose l’écran en vous prenant à la gorge dès la première seconde (une mention au passage pour le compositeur de la musique) et un suspense qui ne faiblit à aucun moment (je dis bien :
à aucun moment).
Angoissant, oppressant, flippant et plus encore parce que proche de nous dans le contexte et dans le cadre (ça pourrait presque se passer en France), Isolation vous assurera une bonne dose de flippe avant d’aller passer vos vacances à la ferme.
Ah oui, d’ailleurs, j’allais oublier : croyez-moi, vous ne verrez plus jamais les vaches de la même manière. C’est une sorte d’effet « Dents de la Mer ».
Une note : 7/10 (voyez-le, vous ne perdrez pas votre temps).
''Oh les gars, venez voir ! Je viens de retrouver le cerveau de Matterrazzi!''