A l'heure où les consoleux s'apitoient face aux choix douteux de Square Enix dans certains domaines, l'éditeur nous livre l'une des plus belles pépites du J-RPG de ces derniers années.
Tiens, en parlant de drôle de choix, on s'étonnerait presque que Square Enix n'ait pas choisi d'appeler le jeu « Final Fantasy quelque chose ». Déjà parce que
Bravely Default, ce n'est pas dément comme titre mais également parce que le jeu offre tout ce qu'on peut attendre de la série phare de l'éditeur, avec en plus un coté old-school sans non plus trop tomber dans les plus vieux épisodes. On pourrait presque parler de mixe en fait, avec cette caméra généralement de trois-quarts au dessus pour rappeler une époque un peu révolue, mais également suffisamment de modernité, comme les personnages en 3D sur des décors 2D (à l'instar des FF PSone), du doublage à gogo (voix US ou japonaises !) et tout simplement un paquet de personnages attachants qui tournent certes un peu dans le cliché mais évitent heureusement de tomber dans le niais. Le scénario met en place un territoire où l'empire, avide d'un monde nouveau si possible sous contrôle absolu, décide de détruire les cristaux élémentaires et tuer en passant les demoiselles (vestales) servant de protectrices. Face à cela, un petit groupe de quatre personnes tentera de contrer les plans des vilains pleins de haine : Tiz, notre héros réfugié tombé au mauvais endroit au mauvais moment, Agnés, l'une des vestales qui découvre pour la première fois le monde, Ringabel, l'amnésique qui se souvient juste qu'il adore draguer tout ce qui bouge (mais ça marche moyen) et enfin Edéa, ancienne ennemie qui s'est rendu compte que tuer tout le monde, ce n'était pas vraiment la voie du bien.

Bravoure, mélancolie, humour... Les cinématiques proposées tout au long du jeu servent parfaitement l'histoire malgré un aspect minimaliste propre à certaines productions, et on appréciera de voir que chacun des protagonistes offrent une réel identité, même du coté des adversaires. Une relative simplicité qu'on avait un peu perdu au fil des années, et sur laquelle on accroche totalement, avec pour seul et unique regret le manque de CG lors de certains moments clés, compensé par une 3D relief juste sublime, particulièrement au niveau des décors dont certains n'ont rien à envier à certains grands FF esthétiquement parlant. On regretterait presque que la caméra ne soit pas plus éloignée pour en apprécier toute l'essence. Dommage également que le soin apporté aux villes et endroits importants ne soit pas également proposé dans les nombreux donjons, beaucoup plus classiques visuellement et dont certains ont même tendance à se répéter.
Autre élément de modernité : si le jeu possède bien une world-map, l'aventure reste assez dirigiste pendant la majeure partie du jeu. Il arrivera souvent qu'au moment de rentrer dans une grotte, une scène se déclenche pour dire que vous n'avez rien à y faire pour le moment, jusqu'à obliger le demi-tour. Et il n'y a de toute manière aucune raison de se perdre puisqu'un coup d'oeil sur l'écran du bas servira non seulement à avoir une indication de Fairy (une fée qui accompagne Agnés) et, au cas où ça ne serait pas suffisant, un gros « ! » sur la map pour indiquer l'endroit où se rendre. Même chose pour les quêtes annexes, pas si nombreuses mais bien plus réussies que la moyenne dans le genre puisqu'elles sont toutes scénarisées, parfois assez longues, et offrent de vraies récompenses. Un bon point, qui mérite qu'on évite de terminer bêtement le jeu en ligne droite.

Mais la grande classe du jeu, ça reste indéniablement son système de combat très travaillé, malgré la relative simplicité au premier abord puisqu'on se contente de tour-par-tour avec combats aléatoires (dont on peut d'ailleurs paramétrer la fréquence, du double à l'absence de rencontres). Premier point important, en référence direct au titre du jeu, c'est donc son système de Brave/Défaut. Pour faire simple, en combat, on vous offre automatiquement 1 PB à chaque tour, vous permettant donc d'attaquer. Seulement, pour diverses raisons (en attendant de scanner l'ennemi ou lorsque ce dernier prépare une attaque par exemple), vous pouvez activer l'option défaut, qui vous permet ainsi d'économiser votre PB tout en sachant que le prochain tour vous en octroiera un second, vous permettant donc d'attaquer deux fois. Pour ce faire, au début du prochain tour, il faudra donc activer l'option Brave pour bénéficier de ce bonus hautement bienvenue. Évidemment, il est possible de faire l'inverse, à savoir utiliser Brave alors que vous n'avez qu'un seul PB, ce qui conduira certes à une double attaque, mais vous serez obligé de passer le prochain tour, restant à la merci de l'ennemi. Sachant que chaque personnage possède ses propres PB et qu'il est possible d'en accumuler jusqu'à trois (octroyant donc 4 attaques au tour suivant), on saisit très vite le potentiel stratégique qui ressort de ce système contre certains boss ou ennemis (qui peuvent également faire de même). Une réussite, qui n'alourdit heureusement pas la vitesse des combats.
En plus de l'expérience gagné en combat et de l'argent (permettant de faire le plein chez les marchands du coin), chaque victoire vous offre un certain gain de PC, permettant donc d'augmenter le niveau de nos jobs. De ce coté, aucune surprise majeure puisque les développeurs ont repris la formule classique : une compétence à chaque augmentation du niveau de job, sachant qu'on peut également bénéficier des compétences actives d'un second job qu'on a déjà déjà boosté (un chevalier-voleur, c'est possible), et en bonus quelques compétences passives, là encore prise sur ce qu'on a déjà acquis dans les autres classes. Autant dire qu'il y a peu d'intérêt à garder toujours le même tant chacun possède de belles qualités, sachant qu'il y a une vingtaine de jobs en tout dont certains accessibles uniquement en accomplissant des quêtes secondaires. Et qui dit multiples jobs à augmenter, dit longues phases de level-up (en tout cas en début de partie). Heureusement, contrairement à la version « de base » vendue au Japon il y un an, cette édition offre quelques features permettant de faire passer tranquillement les séquences d'entraînement, comme multiplier par quatre la vitesse de combat, ou tout simplement appliquer des attaques auto pour se booster tout en matant la télé.

Les développeurs se seraient arrêtés là, on aurait obtenu un excellent titre. Pourtant, il reste quelques points aussi intéressants qu'originaux à évoquer, tous représentés sous une seule et même bannière : la connexion. En effet, si
Bravely Default reste un titre 100 % solo, il dispose tout de même de fonctionnalités Online (code ami) et Street Pass, pour permettre par exemple de recevoir des attaques spéciales liées à la progression de vos amis (utilisables en combat donc), sachant que vous pourrez faire de même en retour en « envoyant » de l'aide. Autre point très intéressant pour gagner un temps fou : il sera possible de s'associer directement à l'un de vos amis si possible d'un job différent, avec possibilité du coup d'utiliser toutes les capacités qu'il gagnera avec le temps tout en continuant à bénéficier des vôtres. De quoi faire des combattants plus multi-tâches que jamais. Mais le meilleur reste que même si vous n'avez aucun ami et que vous vivez dans un coin suffisamment perdu pour en être à zéro rencontre Street Pass en deux ans, il sera possible de bénéficier de tout cela (mais dans une moindre mesure) grâce à des « amis bots ». Pas de jaloux.
On vous a dit que le meilleur était à venir ? Car il reste une dernière originalité qui s'avère être l'un des plus gros points forts du jeu : le village à reconstruire. Très vite dans l'aventure, on nous offre par le biais d'un menu la possibilité de remettre d'aplomb une bourgade détruite en améliorant les magasins. Pour se faire, il suffit d'associer un villageois qui, selon le magasin et son niveau, prendra un certain nombre d'heure à accomplir sa tâche (le temps continue de s'écouler même en mode veille). Plus le magasin a un haut niveau, plus le temps demandé pour passer un nouveau cap est important, avec au bout d'un moment pas moins de 99h. Pour accélérer la cadence, il faut donc assigner plusieurs villageois sur un seul magasin mais comme on ne dispose que d'un travailleur au début, il faut rapidement recruter via Street Pass. Personne autour de vous ? He bien là encore, l'équipe a pensé à vous en vous permettant de recruter chaque jour, en vous connectant au serveur, un nouveau villageois issu du néant. De quoi vous motiver à replonger dans l'aventure quotidiennement, surtout que les bonus gagnés sont à la hauteur, particulièrement dans les compétences spéciales (accessibles en combat via une sorte de Limit Break) et les armes (bien que très chers) tout en rajoutant que ce système permettra également l'envoi et la réception de boss secondaires de très haut niveau, destiné à ceux ayant retourné l'aventure (soit au bout de 30-40h en ligne très droite, selon que vous accélériez ou non les combats).
Les plus | Les moins |
+ Hommage au bon vieux temps
+ Des personnages attachants
+ Un scénario accrocheur
+ Superbe OST
+ Décors somptueux
+ Avec la belle 3D qui va avec
+ Très bon système de combat
+ Les features Street Pass
+ Quêtes annexes scénarisées
+ Les voix japonaises
+ Tous les ajouts de la nouvelle version sont bien là | - On voulait plus de CG !
- Les décors dans les donjons
- Accélération des combats = durée de vie forcément réduite |
Conclusion : La 3DS manque encore clairement de J-RPG (surtout en occident) mais Bravely Default comble en partie ce retard en offrant l'un des plus bijoux qu'on a pu voir depuis de nombreuses années. Blindé de bonnes idées et suffisamment riche pour en faire l'une des nouvelles licences phares de Square Enix, le titre réussi là où beaucoup ont échouer : prouver que le genre est encore loin d'être mort. Chapeau bas, et on attend déjà la suite avec impatience.