Polyphony Digital nous propose enfin de goûter au dernier opus de cette série qui s’autoproclame en toute modestie « The real driving simulator », par le biais du tant attendu et maintes fois repoussé Gran Turismo 4. Réglez vos sièges baquets, enfilez votre casque et partez à la découverte de l'une des simulations de conduites les plus pointues jamais créées. Chaud devant !
Attendu par de nombreux fans et passionnés de course automobile,
Gran Turismo 4, l’arlésienne la plus célèbre de la PlayStation 2, est enfin disponible sur notre bon vieux continent européen. Mais avant de courir aveuglément dans votre magasin de jeux vidéo préféré, prenez votre temps et lisez ce test, car malgré de nombreux atouts indéniables, le titre de
Polyphony Digital pêche toutefois par une finition entachée par un
aliasing tenace et un manque notoire de réelles nouveautés.
Ladies and Gentlemen, start your engines !
Palpitations et sueurs froides ont envahi les membres de la rédaction lorsque le si précieux titre est arrivé entre nos mains moites et tremblantes. Une fois la PlayStation 2 démarrée et la galette insérée, débute alors la somptueuse intro faisant alterner avec brio images de synthèse et images 3D de la plus haute qualité. Après une telle présentation, on était en droit d’attendre le meilleur, hélas, dès les premiers écrans d’interface, une grimace des plus hideuses s’est dessinée sur nos visages précédemment ébahis. L’écran titre ainsi que la page principale, tout comme celle des différentes concessions de voitures présentes sont remplies d’un
aliasing des plus persistants. Oui, de l’
aliasing, alors que nous n’avons même pas encore eu la joie de participer à une course, ce qui ne laisse généralement présager rien de bon pour la suite des festivités. Rien n’est joué encore, mais il faut avouer que la surprise est de taille, surtout après tant d’années de développement. On s’efforce de lire ce qui est déjà petit, mais qui scintille entre les lignes pour avancer et enfin arriver la peur au ventre, jusqu’au premier permis.
Amateurs d’épreuves, soyez soulagés car votre investissement sera plus que rentabilisé puisque pas moins de cinq permis différents tous composés de 16 épreuves testeront vos aptitudes de pilote chevronné. Malheureusement, certains sont réservés à une véritable élite du pilotage et pourront décourager les moins motivés. La difficulté est certes progressive mais pas assez pour que les novices puissent s’en accommoder. Un seul maître mot : réalisme. Pour peu que vous ayez à votre disposition un volant, vous pourrez pratiquement passer (voire même repasser pour beaucoup) votre permis de conduire à la maison. Que ce soit en mode permis, où la moindre faute s’avère éliminatoire ou en course, jamais un jeu de voitures n’a été aussi proche de la réalité dans la physique de conduite des véhicules. Certes, le niveau atteint n’égale pas celui de
Flight Simulator, mais n’a toutefois quasiment rien à envier au degré de perfection demandé par le titre de
Microsoft tant celui-ci se montre pointu. Tout est mis à votre disposition pour que vous puissiez tout de même prendre des risques tout en essayant de conserver une trajectoire optimale. N’espérez pas vous la jouer bourrin et doubler vos adversaires en escaladant sans vergogne les vibreurs ou en coupant outrageusement les chicanes, auquel cas vous risquez de finir rapidement en tête-à-queue pour le plus grand bonheur du public venu en masse assister à vos exploits. Le challenge pour remporter tous les trophées en or est de taille, sans compter les circuits mythiques et leurs épreuves, comme les véritables 24h du Mans. Courses sportives, urbaines, sur bitume ou sur terre, tout y est, seul le mode Grand Prix n’est plus de la partie. Certains le regretteront, mais au vu des défis qui vous attendent, vous n’aurez pas franchement le temps de remarquer qu’il répond aux abonnés absents.
Où sont mes lunettes ?
Gran Turismo 4, c’est une pléthore de chiffres au compteur, avec pas moins de 700 voitures retraçant plus d’un siècle d’histoire automobile. Ce sont aussi 100 circuits de par le monde et des millions de réglages offerts pour faire de votre bolide une bête de course à la pointe de la technologie. Cédant à la mode actuelle du tuning, la « Jacky Touch » fait son entrée dans l’univers de
Gran Turismo. Clairement moins approfondie que dans un
Need For Speed : Underground, celle-ci est tout de même présente à tous les niveaux et vous donnera la possibilité de frimer à bord de votre caisse. Un bel aileron pour fausser compagnie à vos concurrents, de nouvelles jantes pour épater les foules, ou, selon certains constructeurs, la possibilité d’inclure des kits nitro dans votre moteur afin d’être plus rapide que Flash Gordon. Mais gardez bien à l’esprit que la vitesse n’est pas l’atout le plus important dans ce type de jeu. Il vous faudra aussi travailler l’assouplissement de vos suspensions ou encore l’allègement de votre voiture, afin de pouvoir participer aux nombreuses et différentes compétitions qui vous sont proposées. Rappelez-vous que sans maîtrise, la puissance n’est rien comme le scandait un célèbre fabricant de pneumatiques et appliquer cette règle dans
Gran Turismo 4 vous sauvera bien souvent la mise.
Revenons à présent sur le côté esthétique de la chose. Avec un nombre aussi élevé de circuits disponibles, on est en droit d’attendre des tracés minutieux et blindés de détails en tout genre. C’est effectivement le cas dans ce
Gran Turismo 4. Paris, New-York, Tokyo, Las Vegas. Non, je ne fais pas l’apologie d’une grande marque de cosmétiques, mais tout simplement la liste des villes que vous traverserez à bord de votre bolide dans le dernier titre de
Polyphony Digital. A ce beau monde viennent s’ajouter des circuits de renommée comme le légendaire Laguna Seca, le circuit du Mans ou encore celui de Nurburgring. Bref, vous allez voir du pays. Les puristes et les férus de simulation pesteront toutefois face à l’absence de détails comme les traces de pneus, les dégâts évidemment ou même encore l’absence de pannes mécaniques pourtant présentes de nombreux autres titres et qui renforcent terriblement le sentiment d’immersion. Cependant, les circuits ne manquent pas de détails et ceux-ci sont très colorés, malheureusement, une fois encore l’aliasing fait des siennes et gâche en partie ces si beaux paysages. Et là, révolte ! Comment est-ce possible ? Il est vrai que la PlayStation 2 n’est plus toute jeune, mais lorsque l’on voit la qualité atteinte par certaines productions comme Ico ou plus récemment
Metal Gear Solid 3 : Snake Eater, on reste assez surpris et diablement déçu de voir les ravages que fait l’
aliasing dans cette production. Nous voilà vraiment devant l’un des fléaux majeurs du titre. Impossible d’avoir une bonne perspective du circuit, voir l’horizon devient alors aussi ardu que de regarder Canal + sans décodeur. Le rétroviseur, disponible uniquement en vue interne, n’est là que pour voir vos adversaires, car l’absence de véritables reflets du décor rend l’ensemble un peu cheap. Pour les circuits comportant un nombre de détails élevé, comme les courses nocturnes, cela devient vite une bouillie de pixels qui entache en partie le plaisir de jouer. Que s’est-il passé ? Trop ambitieux pour la console de
Sony ou manque de temps pour les finitions peut-être ?
Elle est où ma caisse ?
Les défauts ne s’arrêtent pas à ce dernier point, puisque l’intelligence artificielle n’est tout simplement pas visible. Vos adversaires ont reçu un ordre de rester en formation du début à la fin de la course et ce, même lorsque vous irez gentiment les chatouiller. Hargneuse, bête et méchante, la soi-disant intelligence de
Gran Turismo 4 s’acharnera à rester à vos côtés tout bêtement et suivre la trajectoire idéale sans quasiment jamais en sortir. Cela est flagrant lorsque vous déboîterez un adversaire sur l’extérieur de la piste après une prise d’aspiration, celui-ci agira exactement si vous n’existiez pas et viendra vous percuter avec une sportivité digne de Michael Schumacher face à Villeneuve en 1997. Ceci vaut également lorsque vous aurez le malheur de freiner un chouia trop tôt, votre poursuivant viendra s’écraser systématiquement sur votre reluisant pare-choc arrière. Un autre manque flagrant de réalisme et de réactivité de la part des adversaires, qui vient de nouveau grignoter un peu plus le plaisir de jeu. La bande sonore, quant à elle, rehausse le niveau et nous propose quelque chose de vraiment bon. Les titres choisis sont sublimes et ajoutent du punch aux courses, surtout pour les défis un peu longs. Les sons du moteur diffèrent selon les bolides que vous choisissez, ainsi la M5 ronronnera tel un tigre en furie tandis que les 130 chevaux de la Punto Abarth rugiront sous vos coups d’accélérateur. Le bruit du vent est lui aussi très réaliste, et vous vous sentirez presque cheveux au vent pour peu que vous jouiez en vue intérieure. Certes, ce sont de maigres détails, mais qui accentuent cependant considérablement le sentiment de réalisme recherché par les développeurs. Les heureux possesseurs d’home cinéma vibreront de bonheur en accord avec leur caisson de basses tant les différents effets sonores sont réussis et le Dolby Pro Logic II parfaitement exploité, notamment au niveau du souffle du vent qui varie selon que vous soyez en aspiration ou non. Enfin, pour peu que vous soyez l’heureux possesseur du volant à retour de force de
Logitech distribué pour l’occasion, vous vivrez véritablement la course et sentirez chaque aspérité du circuit. Tenir le volant fixe durant la longue ligne droite du Mans à plus de 300 Km/h relève véritablement de l’exploit physique tant les vibrations sont fortes et presque douloureuses dans les avant-bras. Un luxe, certes onéreux qui fait ressortir toute la quintessence d’un tel titre.
Gran Turismo 4 au final
Au final,
Gran Turismo 4 est bel et bien la référence du genre automobile sur l’ensemble des consoles de la génération actuelle, mais il a tout de même plus de mal à se démarquer désormais de certains titres comme
Project Gotham Racing 2 en raison de quelques lacunes non négligeables. Dans un premier temps, l’absence de véritables nouveautés. Quatre ans c’est long, surtout pour un jeu qui ne s’apparente qu’à une simple mise à jour de circuits et de voitures. Mais il s’agit toujours d’un perpétuel recommencement : mêmes compétitions, mêmes challenges et même modes. L’absence du tant décrié mode online fera défaut au titre, d’autant plus qu’il faudra attendre peut-être un an et se voir à nouveau dans l’obligation de débourser de précieux deniers pour pouvoir en profiter, si toutefois le titre sort bien sur PlayStation 2. Autre point noir majeur : l’absence de dégâts, ce qui engendre une physique douteuse envers les voitures lorsque ces dernières flirtent avec les murs. Mais encore, ce qui est des plus regrettables dans ce grand défilé de marques haut de gamme, c’est de ne pas pouvoir côtoyer les princes et rois que sont Ferrari, Lamborghini ou encore Porche, présents eux aussi, chez la concurrence. Il est effectivement beaucoup plus difficile à l’heure actuelle, pour
Gran Turismo 4 de se faire une renommée, comme cela le fut pour le troisième opus il y a quelques années. Rien n’est encore joué pour le titre de
Polyphony Digital. Beaucoup pourront lui reprocher un manque de vues, seulement trois, pas de vue cockpit ou capots, mais aussi un titre réservé à l’élite, qui au final risque d’en rebuter plus d’un, la faute à une conduite très réaliste… Voire peut-être même trop.