Pas de nouveau Mario pour la Wii U ? Qu'importe : Nintendo vous propose enfin officiellement de créer votre propre épisode à la main. Ou en tout cas avec les moyens du bord.

A ceux qui voulaient tout de même s'adonner à un épisode « à l'ancienne » entre deux créations de niveaux, abandonnez tout espoir. Les fameux 100 stages vantés il y a quelques semaines sont une vaste blague. Bon, ils existent, mais pas dans la forme que l'on pouvait imaginer. En fait, plutôt qu'une aventure on va dire normale dans un mode à part, Nintendo a plutôt mis en place ce que l'on peut appeler un mode défi, où l'on enchaîne 8 niveaux généralement pas trop difficiles avec une dizaine de vies en poche (on en récupère quelques unes sur la route en cas de problème). 8 niveaux très basiques dans leur conception et très loin de ce que l'on trouve dans les épisodes classiques, qui sont par ailleurs très courts. Pour ceux qui ont séché les cours de primaires, cela fait donc 12 sessions de 8 niveaux auxquels on rajoute les 4 fameux stages affichés dans le « Nintendo World Championship » du dernier E3, l'ensemble pouvait être bouclé entre 2 et 3h. C'est court, mais c'est finalement totalement annexe puisque le seul but de tout cela est de vous donner des idées pour vos propres créations. Bien sûr, si vous comptiez acheter le jeu pour cette centaine de niveaux, vous pouvez arrêter de lire ce test et passer à autre chose.

L'éditeur de niveau, voilà donc le cœur du projet, qui il est vrai était attendu par les fans de la firme depuis des années, obligé de passer par les projets hacks en ligne pour pouvoir pondre quelque chose. Ici, les choses sont bien plus simples et c'est assurément le gros point fort du « jeu » : son incroyable accessibilité. Certes, nous sommes loin d'un LittleBigPlanet en terme de possibilités : pas de niveaux sur plusieurs plans, pas de multi, pas de gestion de la physique… Mais à coté de cela, n'importe qui sachant utiliser un pauvre stylet sera capable de pondre quelque chose en l'espace de quelques minutes. D'ailleurs, pour éviter d'embrouiller le quidam qui se lancerait pour la première fois dans le sujet, la totalité du contenu ne vous sera pas offert d'entrée : le premier jour, on vous met dans les pattes un certain nombre d'éléments à exploiter au moins 5 petites minutes pour débloquer une nouvelle fournée le lendemain, et ainsi de suite pendant une dizaine de jours pour bénéficier de la totale.



Et la totale, c'est donc 60 éléments, ce qui peut paraître peu mais s'avère être largement suffisant pour pondre des merveilles, surtout que certains éléments peuvent être « remués » pour débloquer des variantes : un Koopa vert deviendra rouge, un Bowser deviendra Bowser Jr… Et c'est ensuite à vous d'agir : on place votre petit Mario devant un niveau vide, et vous commencez à sélectionnez l'un des 4 skins disponibles (Super Mario Bros, Super Mario Bros 3, Super Mario World et New Super Mario Bros), sachant que la façon de jouer ne sera pas forcément la même en fonction de votre choix : dans Super Mario Bros 3, vous bénéficiez de la fameuse jauge d'accélération (avec le costume de Tanuki qui va avec), Super Mario World est le seul épisode à vous permettre de lancer des carapaces en l'air et New Super Mario Bros garde la possibilité de rebondir contre les murs. A prendre impérativement en compte dans la création de votre niveau, surtout que si l'on retrouve la plupart des éléments d'un skins à l'autre, certains sont à même de changer : Yoshi n'existe que dans les deux derniers épisodes cités, tandis que les deux premiers devront se contenter des Goomba dans une botte (que l'on peut toujours voler).

Mais revenons-en aux skins. Outre le choix de l'épisode, on a bien évidemment le choix du décors avec six en tout : nature (classique), souterrain, sous l'eau, manoir hanté, bateau volant et donjon/lave. Varié, mais malheureusement pas assez puisque l'on passe outre les mondes de glace, le désert, la plage… Après cela, sachez que l'on peut sélectionner la durée du chrono mais également offrir un scrolling automatique pour les niveaux rush, calibré sous trois vitesses, ainsi que la taille du niveau en pouvant repousser assez loin le drapeau final ou équivalent (la roulette de SMB3 et la barre de SMW). Et c'est ensuite que l'on démarre notre petit projet. De ce coté, difficile d'expliquer puisque chacun appréhendera les choses de la manière qu'il souhaite, mais une fois encore, c'est d'une simplicité absolue, et dans le bon sens du terme. Pour peu que vous suiviez bien les conseils chaque jour et que alliez jeter un œil aux petites astuces du manuel in-game, vous n'aurez aucun mal à créer des niveaux qui pourront sans mal rivaliser avec certaines des meilleures créations de l'éditeur, ce qui était tout de même l'objectif principal du projet.



Reste que si les éléments ne manquent pas, hé bien… hé bien il en manque un peu justement. Il est par exemple dommage que la seule représentation de l'eau se fait obligatoirement avec le skin « sous l'eau » : il est du coup impossible de placer une zone de flotte en plein milieu d'un niveau souterrain ou en extérieur. Même chose que l'on reprochera : les secrets. Il aurait été intéressant de pouvoir placer les fameuses « 3 pièces » de NSMW pour motiver un peu les intéressés à fouiner vos créations en détails. Et bien sûr, on n'aurait pas refusé les fameux « Koopalings » pour apporter un peu de variété dans les boss. A contrario, on est content de retrouver des éléments inédits à la série, comme une gestion des effets sonores un peu foufou (on peut même proposer les siens avec le micro du GamePad), surtout en ce qui concerne le tout premier Super Mario Bros : ce dernier, forcément basique à l'époque, récupère du coup des tas d'éléments qui n'étaient pas présents dans le jeu d'origine (skin manoir, ennemi magicien…) mais avec un tout nouveau skin 8 bits.

Reste le dernier élément à évoquer, le online. Point essentiel de ce genre de projet, cette fonctionnalité est surtout la seule à même d'assurer une durée de vie conséquente. Même si l'on ne peut encore deviner la réception du public, on part sur un bel à-priori vu que, uniquement entre rédacteurs du monde entier, c'est déjà un nombre incalculable de niveaux intéressants qui sont disponibles (mais que vous n'aurez pas à cause de nos serveurs provisoires), prouvant à nouveau qu'un minimum de talent suffit pour garantir le bonheur des autres. Et bien sûr, aucun couac dans le lot puisque, pour publier un niveau, il vous faudra impérativement le finir vous-même au moins une fois pour que la communauté soit assurée que, challenge relevé ou pas, rien n'est impossible. De l'autre coté de la barrière, la sélection se fait simplement et sous trois menus : les stages populaires du moment, les classements par étoiles (si vous appréciez le niveau, un vote équivaut à une étoile) et enfin les dernier stages publiés. Le simple listing vous offre un coup d'œil rapide de chaque niveau et du challenge avec un pourcentage du nombre de joueurs ayant réussi à atteindre le drapeau de fin (et croyez bien que pour certains, vous allez pleurer des larmes de sang). Bonne idée d'ailleurs de pouvoir vous lancer dans n'importe quel niveau sans le télécharger, même si cela reste une possibilité pour le garder en mémoire et le modifier ensuite à l'envie.



On trouvera également un second menu pour le listing des créateurs, classé en fonction du nombre d'étoiles reçus pour leurs différents stages, avec bien entendu possibilité de suivre celui que vous souhaitez. Deux options très importantes manquent tout de même à l'appel : si l'on peut facilement partager un niveau sur les forums (il suffit de refiler un code dédié), il n'y a aucune fonctionnalité pour rechercher un créateur en particulier. Aussi, et c'est le plus embêtant, il n'est pas encore possible à l'heure actuelle de pouvoir directement publier un pack de niveaux, même si l'on peut contourner cela en nommant ses différents stages de manière adéquate, du genre 1-1, 1-2, etc. Notons enfin que le fameux mode défi de 8 stages se retrouvent aussi en ligne : le jeu sélectionne au hasard 8 niveaux de créateurs différents, avec forcément la difficulté en dent de scie que cela peut impliquer (100 vies vous seront cette fois offertes pour y arriver). Outre le plaisir de pouvoir découvrir de nombreuses créations à la volée, sachez surtout qu'à chaque fois que vous parviendrez à achever une session de 8 stages, un skin de personnage vous sera offert (Yoshi, Olimar…), histoire de ne pas être obligé d'acheter les Amiibo dédiés pour les débloquer.

Au final, un bon produit ? Clairement. Mais comme désormais avec Nintendo, il est difficile de donner un jugement définitif vu les possibilités infinies de DLC, qu'on espère gratuits à l'instar de Splatoon. On en vient donc à souhaiter l'arrivée des options manquantes évoquées plus haut, une destruction des barrières mises en place (120 niveaux enregistrés au maximum pour le moment) et bien entendu de nouveaux skins et éléments (on veut nos Yoshi de couleurs !).

Les plus	Les moins
+ Accessibilité totale + Plus complet qu'il en a l'air + Quelques éléments inédits + Le online bien foutu + Pouvoir débloquer les skins sans avoir besoin des Amiiibo	- Manque quelques options - Pas de multi - On en vient à vouloir des DLC - Les 100 niveaux fournis manquent pour la plupart d'intérêt - Le champi géant uniquement en Amiibo

Conclusion : On a commencé à y croire dès le Nintendo World Championship et une fois le produit entre les mains, Super Mario Maker ne déçoit pas. Les possibilités au départ limitées peuvent conduire à d'incroyables choses pour les plus créatifs qui pourront dès lors se lancer dans la course aux classements jusqu'à plus soif. Reste qu'il manque encore quelques options, qu'on espère voir arriver sous la forme de DLC (si possible gratuits), et que comme souvent dans ce genre de cas, le titre n'aura que peu d'intérêt sur la longueur si vous souhaitez uniquement vous essayer de temps à autre aux créations de la communauté.

Un vrai rêve de gosse que cet éditeur de niveaux de Mario : complet, simple et efficace, il possède toutefois quelques défauts : -moteur de recherche online à optimiser -le côté "débloquer pas à pas" au début qui peut s'avérer lourd -pas de Mario 2 Néanmoins, un must-have qui m'a fait me procurer la Wii U !