Vent de panique chez les dragons!!
Enfin fini! Enfin bouclé! Le titre de Hit Maker (à ne pas confondre avec Hitmaker le studio de Sega), à savoir Dragonneer's Aria Ryû ga nemuru made est l'un des derniers RPG en date sur PSP, produit sous la houlette de Nippon Ichi, un éditeur que l'on connaît plus pour ces Tactical-RPG déjantés plutôt que dans le registre du RPG pur, et sérieux.
Un titre qui a tout de suite attiré l'attention, des joueurs et des RPGistes de surcroît. Alors que vaut ce titre relativement ambitieux, tout en 3D temps réel?
Je vais tenter de vous donner une esquisse de réponse, attention comme dans tous les tests RPG il y a toujours un petit peu de spoiler.
Euphe
Dragonner's Aria est un RPG se situant dans un univers heroic-fantasy classique. Dans la capitale de ce monde (Central Granadis) située au continent est, va se produire un fait inhabituel.
En effet, dès les premières minutes du jeu, on découvre le héros Valen, qui se rend à Central Plaza (un lieu que l'on peut appeler le berceau des dragons) pour assister à sa cérémonie, fait à son honneur, où il va officiellement devenir un Dragoon, après plusieurs années d'entrainement. Un Dragoon c'est quoi? C'est tout simplement une espèce de chevalier/garde du corps des Dragons. Le Dragoon a une apparence humaine mais est doté de pouvoirs extra-ordinaire. Il doit donc consacrer sa vie à protéger celles des 6 Dragons sacrées, qui sont les garants de la paix et de la prospérité de ce monde. Les 6 Dragons représentent chacun un élément (feu, foudre, eau, terre etc...).
On revient au scénario donc, après cet aparté, Valen se rend à sa cérémonie quand soudain une brèche se forme dans le ciel et laisse sortir un Dragon Noir (Black Dragon), lugubre qui va détruire une partie du palace et violemment frapper le Water Dragon qui vient à la rescousse.
Il en profitera aussi pour détruire les portes téléportatrices qui permettent d'aller directement chez les Dragons sans se déplacer sur la Map.
Valen, Dragoon tout frais, sera donc envoyer par le Général Sonia (son supérieur) ainsi que les autres Dragoons, défendre les Dragons Sacrées face à cette menace qui vient de surgir.
Voilà grosso modo les premières minutes du jeu. Sachez qu'au départ de l'aventure Valen n'est pas seul puisqu'il sera très vite rejoint par Euphe, une jolie Empath (soigneuse). 2 autres personnages rejoindront l'équipe par la suite: Mary une jeune humaine chef des pirates, et Ruslan un elfe très bon magicien. En gros, je spoile, mais la team donne un truc du genre chevalier, soigneur, arquebusier, et magicien.
Sachez que l'histoire en elle-même est classique, sans de véritables rebondissements, tout est prévisible. Ce n'est ni le point fort, ni le point faible du jeu. Ca se laisse suivre. Ce qui nous aide à suivre cette histoire, c'est le charisme des personnages et certains dialogues bien rigolos.
L'univers de Dragoneer's Aria est très grand et entièrement en 3D temps réel (à la manière d'un Dragon Quest VIII par exemple). Mais contrairement à Draque, la Map n'est pas aussi ouverte, et immense même. Non, la Map est divisée en plusieurs zones. A chaque fois on passe de zone en zone via un petit loading. Chaque zone est assez limitée au niveau de l'espace et des ennemis rencontrés. Certaines zones seront même inaccessibles dans un premier temps, il va falloir faire une action spéciale pour la débloquer par exemple. Toutes ces petites zones juxtaposées font un monde qui au final est grand. Se perdre dans Dragoneer's Aria est par exemple quasi-impossible.
Voilà pour l'aspect géographique. A noter aussi, que les différents endroits que l'on sera amené à visiter sont tous différents, un panel très varié (désert, neige, port, plaine etc...). Du grand classique. Toutes ces zones sont reliées entre elles. Autre point à signaler, point de monture dans ce jeu, tous les déplacements se font à pied, et par la suite par téléporteur quand on les aura réparés. A ce sujet, on peut changer avec la flèche du haut, le leader de l'équipe sur la Map. Exemple: Si Valen est le leader, il pourra courir très très vite, en utilisant le Mana (on en reparle tout de suite). Si Euphe est le leader sur la Map, elle pourra soigner tout le monde, tout en marchant.
On arrive au système de combat, le plat de résistance. Dragoneer's Aria propose des combats au tour par tour assez riche en fait. Déjà, les ennemis sont visibles dans la map. Ca c'est pas mal. Ils sont représentés par une espèce de chauve-souris cyclope. Aucun combat aléatoire.
Ensuite, dès que le combat est engagé on définit l'ordre d'attaque. Un petit menu apparaît Attack, Mana, Guard, Item et Escape.
Bon on va s'attarder sur le Mana et la Guard.
Mana: C'est une barre qui est située en haut de l'écran et qui permet aux 4 membres de la team d'utiliser leur magie, leur Skill, le Rush Attack ainsi que les compétences propres à chaque personnage (Empath pour Euphe, ou Denfense pour Valen). Cette barre est divisé en 10 segments. Selon l'attaque ou la magie que l'on va le plus privilégier, on va consommer 1, 2, 3, voire 7 segments. En fait, il va falloir choisir d'upgrader des attaques spéciales, ou des magies spéciales. Si l'on utilise 8 fois sur 10 le Burning Blade de Valen par exemple (dans son Dragon Skill) sa puissance augmentera plus vite que le Heal de Valen que l'on utilisera épisodiquement. Voilà un exemple parlant. Il va falloir donc faire des choix sur les compétences à booster.
La barre de Mana est donc générique à tous les personnages, personne ne dispose de sa propre barre de magie. Il va donc falloir faire constamment des choix, quant à sa consommation durant le combat pour ne pas tomber en panne sèche de mana. Cette barre se recharge néanmoins soit sur des portails verts sur la Map (à différents endroits, mais pas partout), ou bien en donnant des coups simples. Chaque coup simple donne une demie barre de Mana. Un coup critique redonnera plus que la moitié d'un segment, généralement 0,8. Aussi des items permettront de la recharger en partie ou totalement (Crystal).
Mais la manière la moins laborieuse de la recharger reste l'utilisation des Guard. Guard: Le système de Guard de Dragoneer's Aria tient vraiment la route. Quand on l'active, un cercle prend place sur l'écran avec en son sein plusieurs cristaux (une trentaine à peu près), dont 5 spéciaux qui constituent la réussite de la garde. Durant une petite vingtaine de secondes, un petit indicateur va passer sur les cristaux, il faut au moins toucher un des cristaux pour réussir sa garde.
Mais attention, si l'on touche un des 5 cristaux, et que juste après on loupe un 2e, on recommence tout du début. Le cristal touché est annulé. Chaque cristal correspond à une baisse des dégâts adverse de 20. Donc 2 cristaux touchés, c'est 40, 3 c'est 60 et les 5 représentent un perfect. L'ennemi rate son coup quel que soit la puissance de son attaque. Chaque Guard réussit (même un seul cristal, 20) redonne automatiquement un segment de mana. Si l'on réussit sur un tour un Guard avec toute l'équipe, c'est donc 4 segments dans la poche.
A noter, que l'utilisation des Guards au début du jeu est très difficile, le timing est super serré, par contre comme quasiment tout dans ce jeu, plus il est utilisé par un ou plusieurs personnage(s) plus sa puissance augmente, ce qui a pour effet de ralentir un peu l'indicateur, et augmenter notre réussite.
On a fait vite fait le tour de ces spécificités. Comme vous le constatez, le système de combat de ce RPG est plutôt intéressant même si il est plus porté sur la défense plutôt que l'attaque. J'allais oublier les Lusces, ces gems que l'on trouve un peu partout et que l'on équipe aux personnages. Ce sont les attaques magiques pendant le combat en fait. On peut les changer à notre guise, et même les transposer à d'autres personnages.
Autre point à signaler, le level-up dans Dragoneer's Aria...faut oublier! Le jeu n'incite vraiment pas en faire. Quand on découvre une zone, et qu'on affronte pour la première fois ces ennemis, on gagne pas mal d'expériences. Mais dès que l'on repasse, les ennemis ne donnent quasiment plus rien, autant que les premiers ennemis rencontrés au tout début du jeu. Mais le combat reste quand même difficile. Donc level-up, çà ne sert à rien ou presque. Il va falloir faire de l'upgrade et être stratégique pour progresser correctement dans ce jeu.
A noter enfin, la présence de mini-boss à quasiment chaque Dragon Zone, qui nous donneront une fois battu une arme intermédiaire.
D'ailleurs les armes et autres équipements s'achètent dans les boutiques, grâce aux pièces d'or récupérés à la fin des combats. Le changement d'équipement se produit tous les 10 levels. Au level 60, on arme une arme, on la garde jusqu'au level 70, où on pourra la changer contre une autre plus puissante, par exemple.
Aussi, on peut faire de l'alchimie pour fabriquer de l'équipement via le menu Crafting. On aura besoin des différents éléments récupérés dans les coffres durant l'aventure.
Dans un RPG, l'aspect technique est toujours très important pour l'immersion notamment. Graphiquement, le titre est dans l'ensemble correct. Mais on constate que certaines zones n'ont pas eu le même soin que d'autres. Certains stages sont très jolis, je pense au village près du pont ou du port, alors que d'autres sont moches, affichant des textures baveuses, et des décors vides. C'est inégal tout çà. Aussi l'aliasing est omni-présent, et les couleurs sont ternes. Mais çà donne une ambiance spéciale au titre.
Par contre le chara-design défonce tout simplement! Il est signé non pas par un japonais, mais un coréen Jeong Juno celui-là même qui avait œuvré dans Lineage II sur PC. Bref un chara-design très classe, et surtout un travail papier tout simplement impressionnant. L'interface et les différents menus en jettent aussi, même si c'est pas toujours très clair.
Par contre je ne dirais pas la même chose pour le bestiaire, peu varié et pas folichon.
L'animation est dans l'ensemble convenable, même si quelques bugs persistent ci et là, mais franchement rien de grave, le jeu est fluide. Mention spécial aux différents effets pendants les combats, réussis même si ils manquent un peu de pêche.
L'aspect sonore est un des points forts indiscutables dans ce titre. Outre la Récréation de Bach à l'écran-titre, le titre propose des musiques épiques, parfaitement en adéquation avec les stages rencontrés. Tantôt discrètes, tantôt nerveuses, les différentes pistes ont bénéficié d'un soin important. La musique durant les combats est aussi de qualité, et que dire de la piste du dernier boss L....... L....... qui est dantesque!
Les voix en US puent la merde! Choisissez les voix jap/sous-titres en anglais, c'est déjà beaucoup mieux. Le doublage en jap est de bonne qualité.
Par contre la traduction anglaise est approximative avec cette manie de changer les noms des personnages (Jennifer en japonais devient Nikita en version américaine etc...). Désagréable!
Enfin la durée de vie est considérable, comptez une bonne quarantaine d'heures pour en voir la fin (voire plus).
Comme vous le constatez la réalisation de ce RPG n'est pas mauvaise, mais pas exceptionnelle non plus. Là je vais dresser vite fait un tableau noir de tout ce qui plombe un peu le jeu, qui ne le permet pas d'être un hit tout simplement.
Déjà, 1er point, les villages. 3 villages en comptant même Central Granadis. C'est très faible. (Un bon point quand même l'INN est gratuit et nous restaure entièrement le HP).
2e point, les NPC ne servent quasiment à rien. Ils meublent le décor. Ils sont peu nombreux, toujours debout, figés comme des poteaux, bref, une ambiance à ce niveau-là 0. C'est tout sauf vivant. Ils ne proposeront d'ailleurs aucune quête annexe. A ce sujet, la seul quête annexe notable c'est l'histoire des Crafting, mais bon courage pour récupérer les éléments, tellement ils sont rares.
Ensuite le jeu est super linéaire avec cette histoire de zones reliées entre elles. C'est pas libre du tout. Ce qui fait passer la pilule, ce sont toutes les cut-scenes (très nombreuses et réalisées avec le moteur du jeu) qui ponctuent les changement de zones. Sans cela le titre aurait été d'une monotonie rare. En fait le scénario est le socle exclusif de ce jeu.
Enfin et je garde le meilleur pour la fin: les combats! J'ai rarement des combats aussi longs dans un RPG, c'est abusé. Il m'est souvent arrivé de passer 15 minutes pour un simple monstre de merde. Il va falloir VRAIMENT s'armer de patience pendant les combats car au début çà surprend mais au fil du jeu la lassitude s'installe. Le gros problème des combats c'est le déséquilibre entre notre équipe et les ennemis. Quand ils lancent un sort, ils nous ratent jamais, nous laissent pétrifier pendant 5 ou 6 tours sans que l'on puisse faire quoi que ce soit. Aussi, autre truc super chiant, un simple combat qui dure 6 tours, on croit avoir finit, et hop le monstre restaure sa vie, et c'est repartit pour 6 autres tour. Dès fois on y a droit 3 ou 4 fois dans un combat, dans ce cas il faut compter 40 min pour liquider UN SIMPLE MONSTRE. Abusé. Le pire c'est que les ennemis abusent vraiment de leurs sorts, dans ce cas il faut utiliser la Guard, mais le problème c'est que çà rend les combats encore plus long (puisque l'on attaque pas).
Je parler même pas des boss. Là çà part à coup d'une heure. Idéale pour une portable tout çà, hein!! Les combats sont à la fois difficile et excessivement long.
Enfin le système d'upgrade est trop contraignant, chiant, lourd, même si dans l'absolu il demeure intéressant. Ce que je reproche c'est surtout la lourdeur. Autre chose, quand on perd son équipe, on recommence tout depuis la précédente sauvegarde. Il arrive de perdre 3 heures de jeu (équipement, XP, progression, etc...). Ce qui est rageant!
Enfin, pour finir, le scénario est très convenu, peu passionnant à suivre, et la fin du jeu est nul, trop abrupte, très stéréotypée, incompréhensible même!
Il reste encore pas mal de choses à dire dessus, mais je crois que j'ai dit le principal. Dragoneer's Aria est un titre intéressant, qui a en lui pas mal de bonnes idées mais exploitées maladroitement. Doté d'un design remarquable, d'un scénario classique mais très présent dans le jeu grâce aux nombreuses cut-scenes (et aux charismes des personnages), le titre de Nippon Ichi pourra en refroidir plus d'un avec son système d'upgrade gargantuesques (si on est veut upgrader comme un malade, il faut dépasser largement les 100 heures de jeu), son manque de villages, d'ambiance à ce niveau-là, et surtout des combats qui sont probablement les plus longs de toute l'histoire du RPG.
Un titre à conseiller aux gros hardcore des RPG en manque, et aux curieux qui veulent se frotter à quelque chose d'inhabituelle.
J'espère tout de même une suite (toujours sur PSP) avec tous ces défauts corrigés. Là çà serait autre chose...
Fiche technique: Titre: DRAGONEER'S ARIA RYÛ GA NEMURU MADE Editeur: NIPPON ICHI SOFTWARE Genre: RPG Année: 2007 Autre support: EXCLUSIF Nombre de joueur(s): 1 Localisation:
NOTE PRESSE (Jeuxvideo.com - 18 Février 2008 )
Screenshots:
Bonus:
En bonus, la review de Gametrailers, que je trouve correcte.
[Thekamui] J'ai pensé à toi en faisant ce test, vu que tu te demandais ce qu'il valait. Ben voilà je suis content que t'as un avis en plus ^^. Franchement il est difficile à conseiller ce jeu. A la limite à tester avant d'acheter.