Le début d'une saga inoubliable...
En 1999, le monde du jeu vidéo allait connaître une secousse gigantesque! Une baffe monumentale viendra frapper les joueurs du 4 coins du monde. Cette claque ne venait ni de Sony, ni de Nintendo, mais de Sega et plus particulièrement de son studio phare, AM2. Ce studio dirigé par le grand Yu Suzuki est responsable de hits indémodables tels que Out Run, Space Harrier, ou encore Virtua Fighter.
Quelle surprise, quelle bizarrerie de voir ce studio habitué aux jeux d'arcade, œuvrer sur un jeu d'aventure absolument révolutionnaire. Effectivement, Shenmue sera désigné comme le premier jeu du genre FREE jeu de mot habile entre le terme anglais free et Full Reactive Eyes Entertainment.
Plongeons-nous sans plus tarder dans ce hit incontestable qui a marqué durablement tous les joueurs qui y ont joué, ainsi que l'Histoire du jeu vidéo, rien que çà.
L'histoire de Shenmue se déroule en novembre 1986, dans la ville de Yokosuka au Japon.
Le joueur incarne Ryo Hazuki, un jeune lycéen de 18 ans qui va vivre la pire nuit de toute son existence. En effet, en rentrant chez lui un soir d'hiver, il découvrira l'enseigne de son dojo brisé, et une voiture noire garée juste devant la résidence familiale.
En entrant dans la maison, il découvrira son père Iwao Hazuki, un maître en Jujitsu, en bien mauvaise posture face à un mystérieux personnage portant une tenue traditionnelle chinoise, et dont Ryo ignorait jusqu'à présent l'existence.
Cet homme semble familier d'Iwao, vue la manière dont il lui parle, il ne s'agit pas là d'un inconnu qui fait éruption dans leur vie.
L'homme est là pour récupérer un mystérieux miroir. Après une longue scène de torture et de menaces, Lan Di (on connaîtra son nom un peu plus tard dans l'aventure) obtient ce qu'il était venu cherché, et en finit une bonne fois pour toutes avec Iwao, en l'achevant devant les yeux de son propre fils.
Le point de départ de Shenmue est donc une tragédie, et durant tout le jeu Ryo Hazuki sera animé par un seul sentiment, celui de la vengeance. Pour cela il devra mener son enquête, et découvrir qui se cache derrière ce Lan Di dont il ne connaît rien, mais aussi (voire surtout) quel secret peut bien enfermer ce mystérieux miroir qui paraît assez anodin au premier abord. Au joueur maintenant de trouver des réponses à tous ces questionnements.
La renommée de Shenmue s'est faite en partie grâce à son gameplay véritablement innovant en 1999, et qui est en réalité un vaste mélange de plusieurs genres vidéoludiques.
La première chose à savoir est que le jeu est divisé en cycle jour/nuit. A partir d'une certaine heure, Ryo devra rentrer chez lui et dormir tout simplement. L'enquête se déroulera principalement en journée, mais aussi en soirée pas très tard.
L'action se déroule à un seul endroit, la ville de Yokosuka en l'occurrence. Bien que sa superficie ne soit pas immense, on retrouve plusieurs quartiers comme celui de Sakuragaoka, Yamanose ou encore le port de Dobuita. Mais surtout on assiste à une impression de "vie" rarement atteinte dans les jeux vidéo de l'époque. Effectivement, tous les habitants sont différents, mènent leur petite vie, en somme nous sommes d'emblée immergés dans un Japon assez pittoresque loin de la turbulence des grandes métropoles comme Tokyo ou Osaka.
Revenons donc au gameplay à proprement parlé, dans les faits, Ryo devra avant discuter avec les NPCs, tous témoins potentiels de la fuite de Lan Di et de ses hommes. Certaines personnages peuvent aussi connaître ce fameux, étant donné que le père de Ryo avait l'air de connaître lui-même ce fameux Lan Di. Il va falloir donc discuter, beaucoup discuter, aller taper à la porte d'un inconnu, tout est bon tant que cela peut faire avancer l'enquête de notre ami. Il faudra aussi insister pour obtenir une information, quitte à l'obtenir par la force, et c'est dans ces phases là qu'entre la partie action du soft.
Point de pouvoirs magiques, ou d'armes à feu délirantes, le titre de Yu Suzuki joue volontairement la carte du réalisme à fond. Les combats de Shenmue se déroule donc à main nue, à la manière d'un pur beat them all old school. Le gameplay des combats se rapproche assez de Virtua Fighter, autre titre de la team AM2. La manière la plus efficace de mettre son vis-à-vis au tapis est l'exécution d'un combo que Ryo aura préalablement appris. Car oui, durant le jeu Ryo apprendra de nouvelles au contact de personnages rencontrés dans l'aventure, et baignant comme lui dans les arts martiaux.
Les phases de combat à main nue ne sont pas les seuls moments d'actions, Yu Suzuki a aussi intégré un nouveau système de jeu, bien connu aujourd'hui qui est le QTE, ou Quick Time Event. Le principe est de faire participer le joueur à une séquence cinématique (généralement bien rythmée), en le faisant appuyé sur des boutons qui s'affiche à l'écran. La réussite ou l'échec de l'appuie du bouton en rythme aura une incidence directe sur le cours de la cinématique. A y réfléchir, ce principe de jeu n'était pas si nouveau que cela, les équipes de AM2 se sont fortement inspirés de ces jeux anciens du genre "anime interactif" comme Road Avenger sur Mega CD par exemple. Seulement dans Shenmue, cette manière de jouer est intégrée de manière intelligente dans le soft, et quelque peu dépoussiérée aussi.
Ce qui est très important de souligner est le soucis du détail dans Shenmue. Quasiment tous les objets dans le jeu sont interactifs, il suffit de se promener dans la résidence de Ryo pour s'en rendre compte. Il est possible d'ouvrir tous les tiroirs, de tous les placards et saisir et examiner les objets qui s'y trouvent. Cela donne à Shenmue un petit côté click & play, avec une immersion plus poussée et une interactivité plus grande. D'ailleurs chose rigolote, dans le salon de sa maison, Ryo trouvera dans son tiroir une Sega Saturn qu'il pourra sortir et poser devant sa TV. Pourtant c'est un gros anachronisme puisque la Saturn est sortit en 1994 au Japon et que le jeu se déroule en 1986!
Il est aussi possible de téléphoner, de se rendre dans des magasins pour acheter des objets de la vie quotidienne qui n'ont pas vraiment d'intérêt dans la progression, et Ryo pourra même s'accorder une pause détente lui faisant acheter une canette de Coca Cola ou autres, qu'il s'empressera de déguster sur le champ via une sympathique cinématique. A noter que les marques ont été censurés dans les versions occidentales. Cela sert à quoi de boire du soda, de donner à manger à un chat, ou encore de collectionner des gashapons de héros de Sega? A rien. Concrètement cela n'a aucun effet sur le héros ou sur la progression, mais vu sous un autre angle, cela "humanise" notre avatar et renforce clairement l'immersion et l'identification au personnage.
Dans le même ordre d'idées, on retrouve aussi la salle d'arcade où il sera bon de perdre du temps. Outre les petits originaux comme les flechettes, on retrouve à l'intérieur des répliques en 3D de bornes de Space Harrier et Hang On, 2 hits d'arcade des années 80 conçu par le même Yu Suzuki. Et chose géniale, les 2 jeux sont dans leur version arcade complète. Il est donc possible de terminer Space Harrier dans Shenmue. La salle d'arcade n'est pas juste un endroit où l'on perd son temps gratuitement, parfois il sera assez nécessaire d'y aller passer judicieusement son temps entre 2 rendez-vous (plutôt que de parler à des NPCs de manière stérile par exemple).
En parlant des NPCs, ils sont tous différents et possèdent leur psychologie propre, et leur caractère propre. Certains seront gentils avec Ryo comme le marchand de légume ou son ami Naoyuki Ito. D'autres seront nettement moins courtois, et traiteront Ryo comme un gamin insignifiant, on peut englober la racaille locale dans cette catégorie de personnes. D'autres seront neutres, et seront là uniquement pour animer la ville tout en menant leur petite vie. Et bien sûr certains protagonistes-clés feront avancer le scénario comme le super classe Gui-Zhang qui aidera Ryo dans son enquête, et finira par devenir ami avec ce dernier. Tom Johnson, le vendeur de hot-dog s'avèrera être un précieux informateur pour Ryo. D'autres personnages n'auront pas un rôle fondamental dans la progression mais ont un rôle important dans l'entourage de Ryo comme son amie, la sublime Nozomi Harasaki avec qui on conversera souvent. D'autres personnages ont une psychologie développé comme Fukuhara Masayuki, que Ryo considère comme son propre frère, ainsi que la gouvernante Ine Hayata que Ryo considère apparemment comme une mère de substitution vue que sa propre mère est décédée, et vu aussi le respect qu'il porte envers elle.
Autant brisé le suspens, les NPCs sont tous réussis, avec pour certains une psychologie fort bien travaillée. Tous contribuent à merveille à l'immersion dans ce microcosme que représente ce Shenmue. Le travail effectué force tout simplement l'admiration.
Autre trouvaille dans ce jeu, un détail qui va aussi contribuer à hisser ce titre au rang de titre culte, est la possibilité de travailler. Effectivement à un certain moment du jeu, Ryo devra travailler pour mettre de l'argent de côté mais aussi pour infiltrer un gang. Il faudra donc qu'il se trouve un job. Les scènes de travail ne se font pas par le biais de cinématiques, le joueur est invité à travailler réellement dans le jeu. Un concept donc totalement révolutionnaire.
Pour réussir à faire immerger le joueur dans cet environnement extrêmement réaliste, il fallait bien sûr une technique à toute épreuve. De ce point de vue-là, le travail effectué fût tout bonnement impressionnant.
En se replaçant dans le contexte de la sortie du jeu, on ne pouvait qu'être vraiment très impressionné par le rendu graphique du titre de AM2. Les décors sont riches, beaux, avec moult éléments interactifs. Jamais le Japon contemporain n'aura semblé aussi authentique dans une oeuvre vidéoludique.
La modélisation des personnages, et notamment de leurs visages, constituait à l'époque une petite révolution graphique, rien que çà. Ce qui est logique me diriez-vous vu la dimension cinématographique de Sega, il fallait bien travailler les expressions faciales des différents pour leur donner une crédibilité, une profonde, et leur permettre si possible de faire passer des émotions au joueur.
Aujourd'hui, on fait bien sûr plus beau que Shenmue, mais force est d'admettre qu'en 1999, Ryo Hazuki avait une gifle monumentale à tout le petit monde du jeu vidéo.
L'animation est de qualité, notamment durant les phases de cinématiques, et les QTE car dans le jeu à proprement parlé, les déplacements de Ryo sont lourds, et ses animations (comme la course par exemple) ne sont pas convaincants.
A signaler les changements climatiques pendant le jeu, sans aucun ralentissement ou lag.
La jouabilité est assez lourde, et peut constituer un petit point faible. Les déplacements de Ryo sont lents, les phases de combat ne sont pas les meilleurs moments du jeu même si ils restent sympathiques au demeurant. Certaines sont aussi peu pratique à exécuter comme ouvrir un tiroir et prendre un objet. Il faudra toujours cadrer le regard de Ryo en plein milieu de l'écran à chaque fois.
D'autres éléments sont embêtants comme les nombreux loadings, ou encore le fait qu'il n'ait pas été traduit en français. Effectivement en version française, les dialogues sont entièrement en anglais dans la voix et dans le texte. Seul le calepin de Ryo qui sert à la progression de l'aventure est en français, tout le reste est en anglais donc.
Un titre aussi beau, aussi fort ne pouvait pas se permettre d'avoir une composition musicale génerique. C'est pour cela que Yu Suzuki s'est offert un collaborateur de luxe, Yuzo Koshiro, celui-là même qui avait œuvré sur les Streets of Rage sur Megadrive. La composition colle parfaitement à l'univers du jeu, avec beaucoup de ballades, des thèmes en piano seul, ainsi que des compositions plus rythmés lors de phases d'actions. Les musiques participent pleinement au voyage émotionnel que le joueur expérimente dans ce jeu.
Enfin, la durée de vie pose véritablement problème puisque le jeu est finalement pas très long. Il faudra compter environ 20 heures pour le terminer ce qui n'est pas très long pour un jeu d'aventure. D'autant que la rejouabilité frise le 0, mais malgré tout, Shenmue a un tel pouvoir d'attraction qu'il fait partit de ces rares jeux que j'ai fini plus de 5 fois (8 fois en l'occurence!), juste pour le simple plaisir de m'immerger à nouveau dans ce Japon pittoresque.
Pour finir, je dirais que Sega et AM2, ont réussit avec Shenmue à créer un univers crédible, des personnages attachants, une ambiance impressionnante de maîtrise, une réalisation (à l'époque) exceptionnelle qui a laissé nombres de personnes bouche-bée, et qui reste même aujourd'hui très décente.
Malgré quelques défauts mineurs comme des combats un poil décevant vu le CV des développeurs (Virtua Fighter tout çà...), Shenmue fait partit de cette catégorie de jeux qu'il faut faire ABSOLUMENT, un titre obligatoire pour tous les fans de jeux vidéo.
Plus qu'un simple jeu d'aventure, Shenmue est une experience à vivre. Shenmue est juste le trésor de la Dreamcast, ni plus ni moins!
Fiche Technique: Titre: SHENMUE Développeur: SEGA AM2 Editeur: SEGA Genre: AVENTURE Année: 2000 Autre support: EXCLUSIF Nombre de joueur(s): 1 Localisation:
NOTE PRESSE (Consoles + 107 - Décembre 2000)
RESSOURCE PRESSE
Screenshots:
Bonus retro:
Plutôt que de vous mettre une enième pub, je préfère vous balancer la video de la version Saturn de Shenmue que l'on pouvait mater sur le dernier GD-Rom bonus! Je vous ré-explique à ceux qui ne connaissent pas cette histoire, à la base Yu Suzuki voulait sortir son Shenmue, qui à l'époque (on est en 1994) s'appelle encore Project Berkley sur Sega Saturn. Il voulait faire donc un jeu d'aventure avec un système de combat à la VF.
Voyant en 1998/99, le déclin de la Saturn, ainsi que l'arrivée d'une technologie plus puissante, ils décidèrent de transférer le projet sur Dreamcast. Voilà les grandes lignes. Ca reste impressionant pour de la Saturn, bonne video.
La Alexkidd touch ! Parmis, toutes ces news de l'E3, tu viens nous parler d'un des plus grands jeux jamais créés sortis il y a de ça quelques années.. ça fait du bien. Merci
j'ai adoré ce jeu, et je pense que nous sommes beaucoup à attendre le 3ème volet de cette épopée magnifique (peut-être viendra-t-il un jour qui sait)
Ps: je le trouve encore super beau même après 7 ans.
franchement merci alexkidd pour ce test, ce jeu represente tellement de bon souvenir. non mais serieux qu'elle e3 de chiotte tout de mm on a pas eu de jeux killer je trouve, vazy alex aprés on va encore me traiter de retroman mais je m'en vais rejouer aux holdies, les jeux d'aujourd'hui voila quoi.
Ben de rien les gars, effectivement dans cette avalanche de news c'est bien de faire une petite pause et se replonger dans le passé ^^ Raziel, t'as bien raison! Même si il y a quand même quelques jeux qui m'ont tapé dans l'oeil notament le dernier trailer de MGS 4, présenté hier, un truc de malade! Merci pour vos réactions, le test de Shenmue 2 arrivera dans pas trop longtemps ^^
Alexkidd le sauveur du monde...du jeu video tout ça pour te dire que j'adore Shenmue et que j'aurais voulu le voir sur une console portable juste pour son univers riche son côté exploration qui va tellement bien avec le mot evasion bref manque de jeux comme ça sur ma psp pour les vacances d'été
Ouais une petite tranche de vie sur dreamcast...d'ailleurs après avoir attaquée le 2, le 1er volet était plus immersif et profond à mon goût...une clque à l'époque....en attendant une suite hypothétique
En parlant de Project Berkley, au début le héros devait même être Akira (de Virtua Fighter hein pas le motard ^^). On pouvait même voir une video où il prend le métro et tout (d'ailleurs Ryo lui ressemble beaucoup, faut juste regarder sa coupe de ch'veux).
Ps: je le trouve encore super beau même après 7 ans.