Avant de parler du jeu qui nous intéresse aujourd'hui, on va évoquer une console qui a tendance à être victime d'indifférence sur Gamekyo : la Master System.
Après deux faux départs sur le marché des consoles de jeu, la troisième tentative de SEGA avec la Mark III est la bonne et est vouée à véritablement façonner l'avenir de la gamme de l'américano-japonais. Aussitôt balayé par le succès retentissant de la Famicom de Nintendo au Japon, SEGA ne désespère pas et lorgne très vite du côté de l'occident. Mais il est déjà trop tard, Nintendo, là encore est bien installé. Il ne reste plus qu'un marché à conquérir et où la tentaculaire firme au plombier moustachu n'a pas encore installé ses grosses pattes : l'Europe.
En effet, le prix élevé de la NES ainsi qu'un marketing pas très en adéquation laisse la place libre à SEGA qui se prépare à signer un coup mémorable. Renommant pour l'occasion leur machine Master System, afin de lui donner plus d'identité qu'une vulgaire Mark III, SEGA entame une campagne publicitaire du tonnerre à l'aube du Noël 1987. Faisant miroiter aux joueurs une expérience de jeu exceptionnelle digne des meilleures bornes d'arcade et proposant un tarif plus qu'intéressant, SEGA attaque fort. Les portages de hits de l'arcade, convertis fidèlement ou du moins modifiés intelligemment, souvent par SEGA eux-même pour en conserver toutes les qualités inondent le marché. Hang-On, After Burner, Space Harrier... Autant de bons jeux qui ont impressionnés par leur allure graphique principalement et qu'on ne retrouve pas sur les machines concurrentes. La Master System s'installe dans de nombreux foyers.
Et nous autres, pauvres hères français et européens, nous devons chanter les louanges de SEGA et s'estimer heureux. Pourquoi cela ? Car il faut savoir que le catalogue de la Master System en Europe comprend un peu plus de trois cent jeux, inédits ou provenant de l'arcade, contre seulement quelques cent et des poussières aux États-Unis et au Japon où la machine a eu beaucoup plus de mal a percer. Les éditeurs, guidés par SEGA en ont profité et se sont donc penchés sur le Vieux Continent en nous abreuvant de jeu de qualité jusqu'à très longtemps après la mort présumée de la Master System, au milieux des années 90 ! Ainsi, en sus des hits de l'arcade arrivent les titres originaux et indispensables tels que Ninja Gaiden, The Lucky Dime Caper (testé par notre cher Docteurdeggman sur Retro Gamekyo) ou encore Phantasy Star.
Autant dire que pour une fois et même si ça part d'une stratégie commerciale et non de la générosité de SEGA, nous ne somme plus la cinquième roue du carrosse.
La mésestimée Master System aura été quand même bien malchanceuse, quand on voit les jeux d'excellente facture qu'elle a aligné. Out Run, c'est la quintessence simple du savoir-faire en terme de fun du SEGA des années 80 et est un parfait exemple pour parler du jeu vidéo typique tel qu'on le trouvait sur console 8-bits. Le savoir-faire, c'est le mot d'ordre, et pour cause, car ce sont la crème des designer et programmeur de la firme au hérisson qui s'en occupe : AM2 (Hang-On, Virtua Racing, Virtua Fighter, Daytona USA, House of the Dead, Shenmue... bon bref, vous avez pigé).
Genre instauré par le Pole Position d'Atari en 1982, SEGA s'occupe de reprendre le sujet en y insufflant une grosse dose de coolitude et beaucoup de personnalité à sa copie. Ainsi naquit Out Run, son ambiance de plage californienne, sa Ferrari Testarosa, sa blonde volcanique et son côté new wave branché typique de la côte ouest des États-Unis (même si le jeu nous fait découvrir d'autre type de région, c'est bien la Californie qui est mis en avant lors de la promotion du jeu). Un cocktail détonant que n'aurait pas renié Magnum et sa glorieuse moustache (même si lui conduisait une 308 GTS) !
L'ambiance est primordiale dans Out Run, le « délire » dans lequel veut nous embarquer le jeu est propre à sa conception et permet de se démarquer avec brio du reste des jeux de course automobile. Et le moins que l'ont puisse dire, c'est que c'est réussi. La première chose qu'on a à faire, ce n'est pas choisir son circuit, ni même son bolide, mais la piste musicale que l'ont veut écouter parmi un choix de trois sur son poste radio. Véridique ! Magical Sound Shower (Averse de Son Magique), Passing Breeze (Brise Passante) et Splash Wave (Vague Eclaboussante). Out Run joue à fond la carte de la pop culture de la Californie des années 80 et le jeu finira par faire partie intégrante de cette pop culture.
Ainsi, tel un Ryan Gosling dans le film Drive (qui s'inspire beaucoup de Out Run), équipé de ses gants de pilote et de sa veste satiné, on arrache le bitume sous un soleil de plomb. Out Run n'est pas à proprement parler un jeu de course puisqu'on ne concourt contre aucune autre auto, seule la montre est notre ennemie ici. Le jeu prend des allures de road trip où le joueur se voit seul confronté à l'immensité de l'horizon. Comme Yu Suzuki le dira à propos de l'idée qui donna naissance à Out Run, il n'était pas question de faire un jeu de course, mais un jeu de conduite où l'essentiel n'était pas de dépasser tout le monde mais de maitriser à la perfection le maniement de sa voiture. Une nuance qui a une grande importance et qui témoigne du génie de ce game designer précurseur dans bien des domaines.
Les checkpoint faisant office d'embranchements où il faudra sélectionner entre deux parcours, souvent l'un étant relativement simple tandis que l'autre l'étant nettement moins. Cela à le mérite de varier les circuits (au nombre total de 15) et donner naissance à pas moins de cinq fins sensiblement différentes mais toutes sympathiques à découvrir.
Mais attention à ne pas se laisser avoir par son ambiance de vacances au soleil, Out Run reste un jeu d'arcade à l'ancienne, et son gameplay est de ce fait exigeant. D'autant qu'à l'époque, SEGA n'était pas des branquignoles, ils savaient faire des jeux dignes d'intérêt, au replay value éprouvé. Tout d'abord, il vous faudra maitriser le passage de rapport manuel entre les deux vitesses dont dispose votre bolide. Dit comme ça, ça paraît bidon, mais le secret pour pouvoir garder une vitesse suffisamment élevée pour espérer vaincre le chrono tout en se faufilant à travers le trafic parfois soutenu, c'est le rythme. Embrayer et débrayer pour ralentir, accélérer et bien négocier les virages sera une affaire de feeling où tout se jouera parfois au poil de cul de pixel. En général, les accidents sont forts handicapants, l'état de votre engin ne sera pas remis en cause mais celui de votre chrono si. Si vous arrivez à attraper le coup, vous vous surprendrez en train de jongler entre l'accélérateur et le frein pour engager de furieux dérapages (dont le crissement sonore est plutôt bien fichu, en plus) et l'ensemble de la maniabilité de votre fusée rouge s'en verra fluidifié.
Comme la conversion de son grand cousin Hang-On, Out Run, qui je le rappelle date de 1987 est graphiquement satisfaisante, globalement. L'impression de vitesse est admirablement bien rendue pour l'époque et ceci grâce, notamment, à une petite astuce visuelle toute bête. Le fait que la texture de la route soit séparée en deux rectangles de pixel de couleurs différentes (gris clair et gris foncé) afin de simuler le défilement d'avant en arrière du bitume suffit largement pour exprimer la vitesse de folie que vous pouvez atteindre. On peut aussi parler de l'effet de scalling (zoom et dezoom) des décors panoramiques mais c'est sur la version Megadrive que ceci est le plus bluffant. Évolution majeure à noter par rapport à Hang-On, la constitution des circuits qui se fait plus vivants. Les développeurs y ont ajouté une bonne dose de virages, des pentes plus ou moins prononcées et un trafic routier à densité variable pour maintenir l'attention et la concentration du joueur à tout moment. C'est aussi un signe du progrès technique de l'équipe de programmeur de AM2.
Néanmoins, si on creuse un peu plus, on constate quelque petites choses faucheuses. Les décors restent variés et jolis dans l'ensemble, mais cette mouture 8 bits se trouve toutefois confrontée à ses limitations techniques. On aurait ainsi apprécié d'admirer un plus grand nombre d'éléments affichés à l'écran. Comme sur la première course, qui dispose d'un jeu de couleur légèrement pastel tout à fait agréable à l’œil, mais qui n'offre presque rien de plus que des palmiers à contempler sur le bas-côté de la route. D'ailleurs, on se demande si le problème vient uniquement du hardware 8-bits de SEGA qui montre trop vite ses limites, puisque dans le quatrième opus de la série, Out Run Europa développé par Probe Software (un des rares bons jeux qu'ils auront fait, ceux-là …) on constate que les décors sont infiniment plus détaillés, quand bien même le jeu est sorti tardivement (1991).
Out Run est donc un bon jeu, qui a marqué son époque par ce qu'il représentait : le savoir-faire et le jeu vidéo selon SEGA. Simple, mais exigeant à la fois, offrant un challenge certain et pourtant un sentiment d'amusement et de liberté immédiat, exactement ce qu'un jeu vidéo traditionnel se doit de proposer à celui qui y joue, en réalité. Doté de sa propre personnalité, Out Run ne révolutionne pas tout à fait le genre mais se démarque suffisamment pour en faire un titre remarquable à lui seul et opère une évolution intéressante à partir du concept de Hang-On. Ce deviendra d'ailleurs un grand nom du jeu vidéo, principalement sur Master System avec une série de pas moins de quatre jeux principaux (donc, or portage pléthoriques et suites/spin-of balancés un peu dans l'anonymat, comme sur Xbox en 2003).
C'est aussi un de ces jeux anciens qui vous donneront une sensation de satisfaction forte et authentique lorsque vous aurez enfin bouclé une course de la façon la plus parfaite qui soit, en ayant recommencé quinze fois dans le but de millimétrer le moindre virage. Et ça, il n'y a définitivement que les jeux vidéo retro (les vrai hein, pas les néo retro qui inondent Steam depuis des années) qui en sont capables.
Mouais, infiniment meilleur sur megadrive et arcade
Pour ma part je trouve la version xbox 360 vraiment très réussie : elle garde tout le sel de l'original avec une très belle évolution graphique
carlbarks tu me rappelles que la Master avait des jeux en 3D, et pour certains l'effet 3D était vraiment bon comme Zaxxon...et même pas besoin de TV 3D la classe
gasmok2 la NES aussi avait son système de jeu 3D, mais pas assez de jeux compatibles et évidemment technologie bien trop avant-gardiste/peu stable pour être viable commercialement ^^
Ceci dit je me souviens d'un Space Harrier 3D d'enfer, déjà que le jeu classique était excellent ...
Je me rappelle de ce jeu joué chez un pote, j'ai jamais aimé les jeux de voiture, mais à cette époque j'avais qu'un atari 2600 chez moi et lorsque j'ai découvert Out Run j'étais sur le c**, une vraie claque technique pour moi et j'allais squatter tous les jours chez lui pour y jouer ainsi qu'à Alex Kidd et Black Belt.
ah la master system. j'ai tjrs mon ninja gaiden que je pense etre meilleur que les version nes. en plus je savais exploiter le jeu pour etre immortel mdrr...j'ai tjrs enduro racer, castle of illusion, black belt, golden axe, rastan et plusieurs autres. je dois me debarasser de mes jeux antiques
Ca fait tellement longtemps que je n'ai pas retouché à cette série (dernier Outrun en date (pour moi) étant l'épisode Xbox, ça remonte, mais je l'avais pas mal retourné, Outrun top de sa forme).
kidicarus
Oui c'est vrai tu viens de me le rappeler ^^
superpanda
Oui autant pour moi, la version Megadrive de Outrun que je ne connaissais pas est bien plus élaboré visuellement.
C'est vraiment très étrange mais j'avoue que je ne reconnais pas du tout le son de la Master System qui lui est si caractéristique dans la vidéo plus haut. On dirait vraiment le son FM Yamaha de la Megadrive ..
Bravo pour ton test
Toujours été nul faut dire.
J'avais beau essayer et réessayer, ça passait jamais et je devais jamais franchir la deuxième ou troisième étape, quel que soit la voie.
Toute façon, les vrais étaient sur supports Nintendo :gueguerre:
Pour ma part je trouve la version xbox 360 vraiment très réussie : elle garde tout le sel de l'original avec une très belle évolution graphique
Ceci dit je me souviens d'un Space Harrier 3D d'enfer, déjà que le jeu classique était excellent ...
Bon Dieu que le temps passe vite
Thanks pour le test.
Par contre, la vidéo gameplay ne provient pas de la version Master System mais bel et bien de la version Megadrive : )
En tout cas, excellent jeu, j'y jouai en arcade quand il venait de sortir !
J'ai acheter la version Master System dès sa sortie et j'ai adoré
Oui c'est vrai tu viens de me le rappeler ^^
superpanda
Oui autant pour moi, la version Megadrive de Outrun que je ne connaissais pas est bien plus élaboré visuellement.
C'est vraiment très étrange mais j'avoue que je ne reconnais pas du tout le son de la Master System qui lui est si caractéristique dans la vidéo plus haut. On dirait vraiment le son FM Yamaha de la Megadrive ..
Par contre, sur cette vidéo gameplay ci dessous, le son est la réplique de la cartouche de l'époque, un bon vieux son 8bit (Texas Instruments SN76489 4 canaux mono) de la Master S
https://www.youtube.com/watch?v=1V7d8cRuWjI
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Compare les 2 vidéos et tu verras la différence, perso je ne sais pas si il existe plusieurs versions mais ces 2 la ont l'air différentes au niveau sonore en tout cas : )
Les Master System Européenne et Américaine n'avaient pas les mêmes puces audio que les versions Japonaise.
On s'est fait entubé en France avec nos Master System techniquement, et ta vidéo c'est la Master System Européenne.
Salut,
Alors la tu m'en apprend une belle, je n'avais jamais entendu parler de ça.
Il y a quand même une sacré différence sonore effectivement
On a un phénomène presque identique entre la première Megadrive et la Megadrive 2.
La première Megadrive possède la meilleur puce audio.