L'énorme retard pour la sortie européenne de Persona 4 Arena a au moins l'honneur de créer une continuité logique après le lancement récent de Persona 4 Golden sur PlayStation Vita, même si les fans de ce dernier n'adhéreront pas forcément au nouveau bébé de Arc System Works. Oui, vous n'avez peut-être rien suivi à l'actualité mais notre intéressé n'a rien d'un RPG puisqu'il s'agit d'un jeu de baston reprenant le casting de la licence dans un gameplay qui n'est pas sans rappeler un bon vieux Guilty Gear. L'approche esthétique du développeur dans les titres du genre suit à ravir avec la patte Persona et c'est donc avec plaisir qu'on se lance alors dans ce spin-off à fort potentiel, malheureusement un peu terni par quelques fâcheux détails.

Prenons le mode scénario par exemple. De ce coté, on sent de très gros efforts de la part du développeur avec une trentaine d'heures au programme pour faire le tour des différents personnages. Le synopsis reste certes assez simplet, ressemblant davantage à une suite facile de Golden qu'à une véritable aventure inédite mais les intentions sont là. Problème, il faudra se faire avec une approche très japonaise dans le déroulement : le visual-novel. Ainsi, on passera de longues minutes entre deux combats à lire directement l'avancement de l'histoire avec quelques bruits de fond et des bouts de décors statiques, les choix dans les dialogues étant eux-mêmes peu nombreux. Une affaire de goût en somme, mais qui n'échappe pas à un défaut totalement inexcusable de la part de l'éditeur après un tel retard sur les versions japonais et US : aucune traduction en français n'est à signaler contrairement aux rumeurs. Parti de là, même celui qui s'en sort plus ou moins correctement dans la langue de Shakespeare aura des chances de ressentir une certaine lassitude à traduire des pavés de textes. On aura au moins droit à un choix dans le doublage (US/japonais) et quelques bonnes musiques pour assurer l'ambiance, la plupart venant de l'épisode RPG.



Dans l'ensemble, Arena se montre d'une fidélité évidente à l'univers de Golden, comme dans son casting où on retrouvera nos 13 stars, ce qui peut paraître bien peu dans un jeu de combat mais la variété est bien-là, avec des personnages tous très différents dans la prise en main assurant que chacun puisse y trouver son favori. Mitsuru et son gameplay façon Guile, Naoto et sa gestion des armes à feu, Yosuke qui se fait un spécialiste du combat aérien... Certains sont évidemment plus difficiles que d'autres à prendre en main et de manière générale, Yu et Chie incarnent tous deux un choix acceptable pour les nouveaux-venus. Et forcément, on ne peut décemment parler d'un Persona, fut-il un jeu de baston, sans évoquer justement les Persona. Comme dans le RPG, chaque personnage est associé à cette sorte de chimère qui vous viendra en aide sous demande. Pas d'invocation, loin de là, mais simplement le fait que sur les quatre boutons de coups principaux, deux sont dédiés au combattant, les deux autres à son Persona, permettant ainsi une nouvelle approche et une grosse palette de combos.

Pour autant, le peu de boutons exploitables (hors touches de raccourci évidemment) ne mènent pas forcément à un gameplay simplet et les amateurs le savent. La prise en main a beau être exemplaire, il faut du temps pour véritablement bien exploiter chacun des personnage et la courbe de progression est tout simplement énorme pour ceux qui auront le courage de maîtriser les espaces aériens, les guard-cancel, animation-cancel, contres (etc.) et tout simplement l'ensemble des coups. Notons au passage que des modes entraînement, leçon et défis seront là pour vous aider dans vos premiers pas, l'occasion également de découvrir quelques features propres à ce jeu, dont la possibilité de « briser » le Persona de l'adversaire en l'attaquant suffisamment rapidement à chaque apparition, le dénuant alors de la moitié de ses coups les plus puissants durant quelques secondes (l'inverse étant valable) ou encore certaines attaques infligeant des malus propres aux RPG : empoisonnement, folie (inversion des commandes...) et autres.



De fait, il y a largement de quoi s'amuser pour les fans de baston et de la licence, surtout qu'en plus du mode histoire, on retrouvera l'Arcade aux difficultés multiples pour perfectionner notre skill et un classique Score-Attack. Mais comme il est de coutume, la force d'un jeu du genre réside sans conteste dans les versus entre deux adversaires humains. Et c'est là qu'il y a un léger problème. Car de base, tout fonctionne très bien, en local comme en ligne, avec un frame-rate ne nous ayant posé que peu de soucis. Les options de matchmaking sont là, de même que les possibilités d'enregistrer et visionner des replays, tout en admirant de temps à autre le classement. Mais voilà, à nous avoir fait attendre pour rien (vu qu'aucune traduction ne répond à l'appel), il n'y a quasiment plus personne en ligne, les joueurs US et japonais ayant probablement eu mieux à faire depuis le temps.

Alors à moins que le jeu se vende à environ trois millions d'exemplaires à sa sortie européenne, ce dont on doute légèrement, il est probable que vous deviez vous cantonner à vos propres amis, s'ils sont vraiment intéressés, pour espérer ainsi affronter autre chose qu'une simple IA.

Les plus	Les moins
+ La technique et l'esthétique + Gameplay impeccable + La fidélité + De quoi faire en solo	- Casting réduit - Un retard injustifié... - ...Menant à un online désert - Pas de traduction

Conclusion : Le talent des équipes d'Arc System Works n'est plus à remettre en question et les développeurs s'en sortent haut la main pour cette adaptation. Au final, hormis le casting un peu chiche mais néanmoins très travaillé, les principaux reproches viennent finalement de l'éditeur avec un retard déjà injustifié par l'absence de traduction, mais conduisant également à un jeu en ligne désormais déserté.