La guerre est une routine dans le monde actuel, même si toutes ne sont pas évoquées pour diverses raisons, et l'espace vidéoludique n'y échappe pas, avec depuis quelques années un versus pour les fêtes, opposant Electronic Arts à Activision. Si fin 2011 a permis à Battlefield 3 de sortir vainqueur en terme de qualité (sans pour autant titiller le succès commercial de Modern Warfare 3), la qualité moindre du bébé de Danger Close risque de laisser un boulevard conséquent à Black Ops II. Explications.
Si le prochain bébé de Treyarch tentera d'apporter un peu de sang neuf en se livrant aux joies de la guerre futuriste, Medal of Honor place une fois de plus ses combattants de guerre dans un contexte actuel, où nous devrons nous débarrasser de vilains terroristes anti-américains. Décidément. On l'avoue, les prétextes de ce nouveau conflit nous échappent un peu tant le scénario est bien mal conté, une tare qui touche décidément de nombreux titres du même genre. Entre missions, cinématiques dans la vie familiale et passage d'un personnage à un autre (très pratique à reconnaître dans un FPS...), on s'y perd clairement dans les objectifs et on se contente donc de faire le bon soldat : accomplir la mission sans se poser la moindre question. L'ambiance y est, le doublage français est correct et on aura l'occasion de voir du pays, sans offrir pour autant la moindre sensation de dépaysement. Paradoxal, et vous allez comprendre pourquoi.
Vouloir adopter un ton « plus réaliste » que dans Call of Duty est une intention louable, sauf pour ceux qui sont le plus enclins à être choqués, mais il serait tout aussi bien que les promesses sur le papier se répercutent in-game, ce qui est loin d'être le cas. Car oui, si Warfighter ne manque pas de proposer des moments chocs (missions inspirées de la réalité, soldats ennemis en train de brûler vif, meurtre sans le moindre bout de censure...), il joue bien trop la carte hollywoodienne, façon blockbusters pondus par Michael Bay. La polémique ne va pas aussi loin que le massacre dans l'aéroport de Modern Warfare 2 et « l'entraînement » dans la peau d'un terroriste laissait au moins présager un background travaillé, avec pourquoi pas deux points de vue vraiment différents. Au final, la tentative s'estompe face aux accomplissements un peu foufou de notre unité, capable de survivre à tout et n'importe quoi avec des explosions dans tous les sens. L'effet paquet de pop-corn, qu'on videra sans rechigner mais qu'on oubliera aussi sec, soit au bout de cinq ou six heures de jeu (en mode difficile svp).
Car voilà, Warfighter n'a finalement aucune âme. 95% du jeu a été vu à l'identique chez la concurrence et il manque ces instants véritablement intenses qui ferait grimper l'adrénaline, comme a su l'offrir le précédent épisode avec le passage du guet-apens dans la maison en ruine (peut-être le seul grand moment du jeu en passant). C'est dommage car, contrairement aux Call of Duty, le mode difficile n'avait pour une fois rien d'infaisable ou frustrant. Pas d'ennemis situés à 500m qui vous double-heashot avec une mitrailleuse alors que vous venez juste de relever la tête. On garde un minimum de challenge, tout en gardant une certaine souplesse dans l'avancée et pour les amateurs qui souhaitent vraiment y revenir, deux autres modes de difficulté sont à débloquer, le premier qui enlève tous les indicateurs d'objectifs à l'écran (ne changeant pas grand-chose si vous avez terminé le jeu une première fois), le second vous obligeant à recommencer toute la mission à la moindre mort.
Parcourir la campagne solo n'est pas désagréable, juste rapidement lassant tant cette impression de déjà-vu nous frappe au bout de quelques minutes. La seule nouveauté de la campagne réside finalement dans l'intégration de passages en véhicules, plus particulièrement dans une simple voiture civile. Généralement désuet dans bien des titres, ces passages changeant la donne s'avèrent ici clairement jouables, autant qu'un Need for Speed pour tout dire, laissant entrevoir les possibilités futures d'un épisode à monde ouvert qui apporterait enfin un peu de fraîcheur à un genre qui commence un peu trop à traîner sur cette génération. On est en tout cas loin de cette liberté voulue puisque même en véhicule, on restera cloisonné dans un couloir, la première fois en poursuivant un ennemi, la seconde en s'échappant du centre-ville à l'autoroute. Un essai presque réussi, mais qui manque là encore de fun alors qu'il y avait matière à faire quelque chose de très intéressant. Pour la prochaine fois peut-être ?
Le reste de l'aventure reste donc dans le cliché, avec ses couloirs à la chaîne et ses « zones » à ennemis qu'il faut vider avant de passer à la suivante. Sur le plan purement technique, le jeu est loin d'être moche mais est incapable de surprendre malgré l'apport du Frostbite 2, les consoles actuelles étant de toute manière à bout de souffle. Notons d'ailleurs que pour éviter des textures un peu trop moches, il faudra préalablement installer un pack dédié de près de 2Go. Pour le fond, l'IA donc, on reste dans les acquis de toujours, c'est à dire avec quasiment rien à signaler tant l'ensemble des personnages ne brillent jamais par leurs initiatives, se contentant de foncer jusqu'à un abri avant de sortir la tête d'un coté ou de l'autre. Plus embêtant encore, nos coéquipiers se montrent totalement neuneus (pour ne pas dire autre chose), mettant des plombes à tuer un simple ennemi quand il n'en laisse pas un traverser tranquillement la ligne de défense. Encore une fois, on incarnera le Rambo nouvelle génération qui fera la quasi-intégralité du boulot. Quitte à proposer la plupart des missions avec des aides IA, il aurait mieux valu supprimer quelques scripts et intégrer un mode coopération qui n'aurait pas été du luxe pour changer un peu l'expérience.
Reste le multijoueurs, qui offre les bases sans briller là encore. Les huit cartes disponibles (en attendant les Maps Packs) manquent un peu de travail et privilégient les passages étriqués aux grands espaces, rendant limité les possibilités d'approche, surtout dans le mode Attaque-Défense, et presque inutile le sniper qui n'aura presque jamais de bel angle d'ensemble pour faire un boulot un minimum correct. On s'attardera donc sur les autres classes, plus bourrines mais au final plus intéressantes, avec possibilité de débloquer des sous-unités et un paquet d'armes qui vont avec. Expérience, médailles, perks au bout de quelques kills... Bref, rien ne change hormis, si on le souhaite, le choix de faire partie d'un clan assimilé à un seul pays pour pouvoir être compris par toute l'équipe. Du communautarisme assumé, mais on n'est plus à ça près pour un titre jouant à fond sur la corde du patriotisme.
Conclusion : Ce qui devait arriver arriva. Medal of Honor Warfighter est indéniablement le FPS militaire de trop, même pour les amateurs du genre. Le jeu reste plutôt beau, jouable, nerveux et dans la moyenne de la concurrence directe en terme de durée de vie solo et multi mais absolument rien (hors passages en voiture) ne le démarquera d'un autre. Au final, un seul public prendra conscience de ses qualités : ceux n'ayant pas touché à un FPS depuis au moins 5 ans.
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