Après avoir imposé sa série grâce à un premier jeu sous-titré L'Œil Noir, les allemands de Radon Labs reviennent au galop avec une suite, ou plutôt une préquelle de l'une des surprises de l'an dernier inspiré par le JDR du même nom.
Car
Drakensang : The River of Time se situe des années avant
L'Œil Noir, l'occasion donc d'avoir droit à une courte cinématique d'introduction où un groupe d'individu va commencer à se rappeler du bon vieux temps. Mais avant toute chose, vous vous devez de posséder un aventurier digne de ce nom. En l'occurrence, les développeurs ont revu pas mal de choses sur la personnalisation de votre héros. La création se veut donc particulièrement poussée que ce soit dans les races, les classes ou même les archétypes proposés. Nous choisirons pour l'occasion un nain, notamment parce que ce peuple s'avère ici particulièrement bien mis en scène et surtout parce que les nains, c'est quand même très attachant (et imbibé d'alcool par la même occasion). Cela étant dit, votre personnage ne va pas franchement nous satisfaire de ce côté-là et sera même plutôt sage.
Dans la configuration du nain, les choix proposés sur le physique sont poussés, mais restent relativement proches de ce qui a été fait sur d'autres jeux. Pas de fioritures comme c'est le cas sur Dragon Age par exemple, ici, il s'agit d'un nain, donc il se doit d'avoir une barbe et un embonpoint certain. Côté classe, on retrouve les plus classiques, comme le guerrier ou le guérisseur, tout en s'éloignant un peu avec l'Alchimiste ou l'Élémentaliste. Malgré tout, lorsque l'on y regarde de plus près, on se rend compte que ce ne sont que des déclinaisons plus ou moins intéressantes de ce que l'on connait déjà.
Une fois ce passage obligatoire derrière vous, place à l'aventure avec un grand A. Vous êtes à bord d'un bateau et avant de partir pour la ville la plus proche, il va falloir faire une petite escale. L'occasion d'en apprendre plus sur le gameplay basé, rappelons-le, sur le JDR précité. Et tout l'intérêt réside dans votre fiche de personnage qui recèle de petits détails bien utiles, outre l'inventaire qui permet de cumuler des objets et qui permet un gain de place (tout en séparant les objets de quêtes des autres). La fiche est donc divisée en plusieurs points dont la partie talent qui permet de débuter diverses professions (en utilisant des points d'aventure) comme le crochetage ou la détection de piège, ou encore vos attributs (l'intelligence par exemple que l'on peut augmenter via des points d'expérience). Comme dans tout bon RPG qui se respecte, les talents sont utiles en toute circonstance. Le crochetage vous permettra d'ouvrir des coffres ou des portes, tandis que la détection de piège vous évitera bien des déconvenues dans les forêts d'Aventurie, mais les plus utiles sont l'humanité et la répartie. Ces deux là façonneront votre aventure puisqu'ils auront un impact sur vos choix de dialogues et sur la façon dont votre personnage sera vu auprès d'autres protagonistes. Notez que les onglets 3 et 4 permettent quant à eux d'augmenter les attribues de vos armes via des sous-rubriques qui vous ouvriront la voie à de nouvelles attaques.
En jeu, l'interface ressemble à celle de Dragon Age. On retrouve donc la facilité à s'y retrouver malgré quelques étrangetés (le clic gauche sur l'attaque puis le clic droit sur l'ennemi pour la lancer). Les amateurs du genre apprécieront d'ailleurs la vue tactique (avec la pause) que les fans du RPG de
BioWare connaissent déjà bien, en tout cas sur PC. Vous pourrez incarner les aventuriers qui se joindront à vous afin d'utiliser leurs attaques, bien que l'I.A. reste de bonne facture ou bien tous les sélectionner pour faire une attaque commune sur un boss. Là encore, l'interface propose de mettre vos compagnons en mode défense ou en attaque. En clair, vous pourrez les faire attaquer sans votre consentement, ou préférer qu'ils vous défendent dès que vous êtes agressé par un monstre. On regrettera toutefois que l'affichage des informations sur les sorts ou objets soit aussi peu compréhensible pour un non-fan. Si vous débutez dans le genre, il est fortement conseillé de lire patiemment le livret d'explication, ne serait-ce que pour saisir un minimum les abréviations. Surtout que
dispose d'une version française catastrophique. Entre la traduction mot à mot (dans le texte, les voix restent en VO) qui offre des non-sens et des contre-sens hallucinants, et les nombreuses fautes de frappe ici et là (les lucioles d'une quête deviennent des guêpes en jeu), on se demande bien comment Micro-Application a pu laisser passer une chose pareille.
Mais rassurez-vous, cela n'empêche en rien la compréhension des quêtes baignant dans un scénario un peu flou au départ, mais qui prend de la consistance notamment grâce à une linéarité accrue de l'aventure. Linéaire certes, mais pas pour autant dirigiste. Vous gardez le droit de vous balader dans le monde qui vous entoure, mais vous restez pieds et mains liés par la trame principale. Mais ce que l'on apprécie le plus dans ce titre, c'est l'ambiance qui s'y dégage. Dans l'état, on est face à un jeu particulièrement joli graphiquement avec un effet blur bienvenu qui sublime les environnements. On retiendra les couchés de soleil, les donjons, plus étroits, mais plus recherchés en termes de design, ou encore la beauté des villages tous très crédibles. La patte graphique rappelle d'ailleurs beaucoup celle de
World of Warcraft (en nettement améliorée) avec cette « toonisation » accrue des personnages et de l'univers. On est donc très loin du style réaliste de
Gothic 4, ou du futur
The Witcher 2 et c'est tant mieux. Finissons sur la musique qui se veut dans la droite lignée du jeu : excellente. Les thèmes variés correspondent bien à l'action, certains titres se distinguant plus que d'autres toutefois, mais rien d'anormal ici.
Ce Drakensang est ce qui pouvait se faire de mieux après la surprise du premier opus en début d'année dernière. Pas trop exigeant, bien que les plus novices devront passer plus de temps que les autres sur le tutorial, ce nouveau RPG sur PC s'avère en tout cas à la hauteur des attentes. Visuellement et musicalement impeccable, on regrettera juste la VF inacceptable. Reste que si vous cherchez un jeu de rôle digne de ce nom après le décevant Gothic 4, la nouvelle production de Radon Labs pourrait bien s'attirer vos faveurs.