La
Team Soho n'a jamais vraiment brillé dans l'espace vidéoludique. Avec un CV n'ayant pour lui qu'une foultitude de
Singstar, des jeux de foot incroyablement mauvais et les deux très moyens
The Getaway, on avait tendance à ne plus attendre grand-chose de ce studio et lorsqu'il y a six ans, la
Team Bondi (fondée en partie avec des membres du groupe précité) annonce une nouvelle exclusivité PlayStation 3, beaucoup se placèrent en mode méfiance en attendant d'en savoir plus. Des années plus tard, un passage en multiplate-forme et une foule de vidéos qui nous firent parfois décrocher la mâchoire, on accueille donc ce
L.A. Noire qui a tous les atouts en main pour diviser l'opinion. Analyse d'un nouveau polar qui pourrait bien devenir l'une des grosses licences phares de Rockstar.
On ne vous apprendra rien en indiquant que le jeu se déroule dans la Citée des Anges au cœur des années 40. Dans cette aventure bien plus posée qu'un
GTA ou un
Red Dead Redemption, on incarne donc Cole Phelps, médaillé de guerre qui entre à la L.A.P.D., à la circulation pour être exact, avant de grimper les échelons au fur et à mesure pour intégrer la criminelle, les mœurs et enfin les incendies criminelles. Façon
Les Experts et bien d'autres séries à la mode, l'aventure se déroule par épisode avec une affaire à chaque fois, histoire de ne s'attarder que sur un cas sans se disperser. Et comme dans ces mêmes séries télévisées, l'histoire centrale n'est pas une priorité et si celle-ci fini par décoller après plusieurs heures, liée au passé de Cole, elle n'a rien de tonitruante et ne marquera finalement pas plus que ça. A défaut de scénario, on a pourtant droit à un casting très fort, qui plus est chargé en guests connus et évidemment un doublage à la hauteur de nos attentes. RAS de ce coté.
Assez mystérieux au fil des années après son annonce, le gameplay de
L.A. Noire est pourtant assez simple à appréhender. A chaque début de chapitre, on vous assigne une affaire où on se rendra rapidement sur le lieu des faits pour collecter quelques indices, façon point&clic : on regarde partout et on martèle le bouton action pour être sûr de ne rien manquer. Certains objets sont inutiles, d'autres importants et les développeurs ont de toute manière mis en place quelques indices pour savoir si vous avez tout fouillé, comme la mise en pause d'une petite musique de fond. Après avoir parlé aux quelques personnes sur place, et si vous avez bien fait les choses, vous êtes quasiment sûr d'avoir un endroit où vous rendre pour continuer l'enquête. Ne nions pas les faits : si l'ambiance est bien présente, ce principe est clairement barbant, au point de déconseiller de lancer une partie alors que la fatigue vous gagne un peu. Heureusement, il ne s'agit que d'une petite partie du gameplay.
L'un des points les plus importants du jeu reste les interrogatoires, dans le sens large du terme, donc que ce soit face à un simple témoin ou face au coupable présumé qui se ronge les ongles au bercail. Selon les indices découverts, vous aurez droit à une liste de questions à poser et, à chaque réponse, un choix à faire selon votre « intuition » : vérité, doute ou mensonge. Dans les deux premiers cas, c'est là que la technique du Motion Scan mis au point par la
Team Bondi entre en compte. Largement mis en avant dans la communication du jeu, les expressions et la modélisation du visage et juste ce qu'il y a de meilleur en la matière, avec un réalisme proprement hallucinant qui rend limite fade la cinématique d'un
Final Fantasy XIII. Chapeau bas. Chaque petit tic ou mouvement de cil est parfaitement retranscrit à l'écran, et c'est en fonction de ces petits détails comme le mouvement des yeux ou le pincement des lèvres que vous arriverez à noter si votre interlocuteur est en train de mentir. Pas forcément évident, le réalisme de ces situations fait tout de même qu'il nous arrive facilement de nous tromper, et ne comptez pas faire un « Recommencer » trop rapidement : cette fonction vous renvoie au tout début de l'affaire.
Si vous accusez en revanche votre cible de mentir, il vous faudra obligatoirement une preuve pour imposer votre choix, comme un indice récolté ou tout simplement un fait appris au cours de votre enquête. Vous pouvez de toute façon et à tout moment accéder à votre carnet où tous les indices sont annotés et il est rarement difficile de vous tromper, sauf si bien entendu vous avez négligé vos investigations et êtes donc passé à coté de quelque chose en chemin. En fonction de vos choix, trouver le coupable sera assez simple et dans tous les cas, foutre l'affaire en l'air (manque de preuves) ou inculper les mauvaises personnes ne vous conduira jamais à un Game Over. Une remontrance de votre supérieur et vous passerez à l'épisode suivant comme si ne rien n'était. Pas forcément réaliste mais ça permettra au moins à certains d'avancer le jeu sans trop se prendre la tête, même si c'est perdre l'intérêt principal du jeu. Pour les plus méticuleux, sachez que chaque enquête est noté sur cinq étoiles, la note maximum étant attribué si vous avez fait les bons choix dans les interrogatoires, si vous avez récolté un maximum d'indices et également si votre comportement a été correct (évitez de broyer votre véhicule en essayant de renverser des passants).
Si le jeu excelle donc dans son ambiance, beaucoup de défauts croise notre route, à l'instar d'un
The Getaway justement. On rencontre par exemple de nombreux problèmes de maniabilité à pied, et les phases en véhicule ont de leur coté le cul entre deux chaises. D'un coté, on voit le réalisme de la
Team Bondi à ne pas avoir mis en GPS sur le radar, nous laissant si on le souhaite demander constamment la route à suivre à notre coéquipier, de l'autre, la conduite est limite plus arcade qu'un
NFS avec des virages de type 90° pris à pleine vitesse sans le moindre problème. On notera aussi une technique loin d'être parfaite (hors modélisation et visage) avec quelques ralentissements de temps à autre et surtout un clipping important sur la route, même si on passera une bonne partie de notre temps en bas de l'écran à lire les sous-titres, une constante depuis
GTA IV.
Signalons tout de même que
L.A. Noire n'est pas qu'un jeu de recherche et de dialogues, il nous arrive plusieurs fois de poursuivre un suspect/coupable à pied ou en véhicule, et même de sortir son arme ! Si, si ! C'est loin d'être toujours le cas selon les chapitres (et on notera qu'il est impossible de sortir son arme en pleine rue), mais l'équipe a trouvé la petite idée pour pallier au manque d'action lors des affaires : incruster constamment de petits délits en cours de route, où on interviendra si on le souhaite en répondant au central. Que ce soit un cambriolage, une agression ou tout autre faits divers, on en profitera pour coller quelques gnons et placer quelques headshots. Le tout n'a rien de mémorable mais ça permettra de gratter quelques points d'expérience, conduisant à l'augmentation de rang qui eux-mêmes permettront de chopper de nouveaux véhicules et costumes. Ceux qui souhaitent toucher au 100% (également appelé 1000G ou Platine) devront fouiller l'ensemble de la ville à la recherche de monuments, journaux et bobines. De quoi nous entretenir entre 20 et 50 heures de jeu selon vos envies de juste terminer l'histoire ou tout torcher. Notons aussi que de nombreux DLC (payants) sont au programme pour prolonger l'expérience.
Conclusion : L.A. Noire est enfin disponible mais sera loin de plaire à tout le monde. Être dans la peau d'un inspecteur apporte un peu de changement dans ce monde où règne FPS/TPS, même si le principe des enquêtes joue ici plus sur l'observation que la véritable jugeote. Bref, un bon point de départ pour une éventuelle nouvelle série qui ravira ceux qui veulent se la jouer Horacio et fera fuir les adorateurs de Vic Mackey.