Après Shinobi et Nightshade, Sega nous propose de ressortir les sabres et de trancher du démon par le biais de ce Blood Will Tell, adapté du manga de Osamu Tezuka.
En des temps lointains, un homme a pris la terrible décision, pour le bien de l’Humanité, de vendre non pas son âme aux démons mais bel et bien la chair de sa chair en la personne de son jeune fils peu avant la naissance de celui-ci, et cela pour acquérir une force démesurée. L'enfant naîtra néanmoins, mais privés cependant de 48 éléments de son corps. Dès lors, des évènements étranges vont survenir avec l’apparition de monstres et le père se verra contraint d’abandonner son jeune Hyakkimaru dans la rivière. Un homme prendra alors pitié de ce jeune enfant qu’il trouvera au bord de l'eau et le recueillera. Il l’élèvera comme son propre fils et voyant que malgré son handicap, le jeune homme aime la vie, il décidera de l’opérer pour lui rendre ses jambes et ses bras entre autres. Mais à 18 ans, Hyakkimaru prend conscience de la destinée qui l’attend et décide de partir en guerre contre les 48 monstres détenteurs de ses précieux membres.
Ca va trancher chérie…
Evidemment, vous incarnerez le pauvre Hyakkimaru durant ce périple. L’aventure débute comme bien souvent dans ce genre de soft par un didacticiel. Celui-ci est assez déroutant puisqu’il est en noir et blanc, mais nous reviendrons là-dessus plus loin dans ces lignes. On prend alors les commandes dans un village désert et une voix nous guide à travers nos premiers pas dans le soft. Double saut, combo, attaque forte, attaque faible, de ce côté là rien de bien original. Encore que l’on découvre assez tôt que Hyakkimaru ne disposera pas seulement des sabres greffés à la place de ses bras, mais aussi d’une mitraille à la place de son coude ainsi que d’un lance-grenade placé dans son genou. Une véritable machine à tuer en quelque sorte. Le premier contact s’avère donc assez positif même si le saut aurait pu être un peu plus précis et l’animation un peu plus détaillée, mais passons.
Passé ce petit entraînement voici que se présentent à vous vos premiers ennemis, mais quelques pressions sur le bouton Carré auront vite fait de les faire retourner dans l’au-delà sans préavis. Arrive enfin le premier boss qui, une fois vaincu, vous rendra l’usage de votre voix normale. Quelques instants plus tard, vous ferez la rencontre du jeune Dororo qui, une fois tiré des griffes de méchants monstres, ne vous lâchera plus d’une semelle. Le deuxième boss que vous affronterez vous permettra de retrouver votre œil gauche ce qui passera également le jeu en couleur. Vous l’avez compris, chaque boss vous rendra une partie de vous : œil, œsophage, voix…Chaque élément acquis donne également lieu à un petit schéma ainsi qu’à une brève explication du fonctionnement de celui-ci, de quoi réviser tout le programme d’anatomie de 4ème. Plus loin dans l’aventure, vous comprendrez qu’un guerrier ultime a été créé à base de vos membres. Bref, mis à part quelques petits défauts de
gameplay et un graphisme assez moyen, le déroulement de l’histoire semble bien ficelé et suffisamment original pour nous tenir en haleine. Enfin, un scénario original pourrait-on dire ! Mais cela suffira-t-il à combler les lacunes dont souffre ce
Blood Will Tell ?
Ca brille et ça clignote… Kézako ?
Graphiquement, le soft souffre avant tout, et comme ses congénères
Shinobi et
Nightshade d’un
aliasing trop présent, à croire que
Sega ne parvient toujours pas à maîtriser la PlayStation 2 comme le font brillamment d’autres studios tels que
Konami ou
Capcom. De plus, les environnements sont assez pauvres tant au niveau des textures que du contenu. Ainsi, on avance le plus souvent sur un petit chemin pixellisé, quelques arbres, quelques rochers ou encore quelques maisons délabrées et assez peu détaillées jonchent parfois le parcours. La gestion des caméras est également exécrable et vous n’aurez de cesse de la recadrer. Bref, ce
Blood Will Tell ne brille clairement pas par ses qualités techniques sans compter que lorsque l’on déclenche une attaque de l’esprit en pressant simultanément Carré et Triangle (ce qui de surcroît n’est pas la combinaison la plus simple à effectuer vous en conviendrez), les quelques effets couplés au peu d’ennemis présents à l’écran suffisent à mettre à mal le moteur du jeu et l’on assiste donc, impuissant, à de brefs ralentissements de l’action. Il est également possible d’effectuer une combo en restant appuyé sur Triangle, ce qui aura pour effet de concentrer la force dans le sabre, reste ensuite à lâcher cette puissance sur un ennemi et vous n’aurez alors qu’à suivre les enchaînements indiqués à l’écran pour pourfendre votre assaillant. On note également la présence de sang dans le jeu, mais celui-ci disparaît aussitôt qu’il a touché le sol. Cela en va de même pour les quelques bambous que vous pourrez couper avec votre sabre et qui viendront inlassablement s’enfoncer dans le sol après leur chute. Côté bestiaire, les ennemis sont assez variés bien que dépourvus d’une quelconque once d’intelligence et le
character design est assez correcte. Les boss quant à eux sont très nombreux et très différents, vous combattrez aussi bien des monstres de taille humaine que des monstres dont la taille dépasse l’imagination, mais je ne vous gâcherai pas le plaisir de la découverte, soyez rassurés. Toutefois, les monstres et les boss, tout comme Hyakkimaru et Dororo, auraient pu être nettement plus détaillés. De plus, on se retrouve perpétuellement face à un écran de chargement dès lors que l’on passe d’une zone à l’autre ou encore à la fin de chaque
cut-scene. Parfois même, le jeu charge pour une cut-scene de 10 secondes et recharge l’instant suivant pour revenir au jeu, tout bonnement invraisemblable et insupportable. Les cinématiques sont en revanche très réussies et contribuent parfaitement à soutenir un scénario particulièrement accrocheur.
Côté
gameplay, le soft propose une recette classique qui a fait ses preuves même si le saut aurait mérité nettement plus d’attention de la part des développeurs autant en précision qu’en animation. Pour le reste, c’est du classique, une barre de vie, une barre d’esprit, le compteur de balles pour la mitraillette ainsi que celui pour les grenades.
Sega fait une fois de plus dans le classicisme vidéoludique le plus total. Vos armes évolueront aussi en fonction de leurs utilisations. Néanmoins, pour éviter une relative répétition dans le
gameplay, vous pourrez parfois diriger Dororo dans certaines missions certes moins dangereuses, mais cependant vitales pour la quête de Hyakkimaru. Et là aussi, on peste un peu sur l’étrange façon qu’a ce pauvre Dororo de se mouvoir. À croire que les développeurs ont omis d’inclure un panel d’animations pour les personnages. Cela dit, même lorsque les deux compères seront séparés, ils garderont contact par télépathie, et oui tout est possible dans le merveilleux monde des jeux vidéo. Enfin, l’un des gros défauts du soft est sa linéarité. En effet, on aura de cesse de se diriger à l’endroit indiqué sur la carte tout en anéantissant les quelques ennemis qui essaieront de vous barrer la route, si bien qu’après seulement quelques heures de jeu, un profond ennui s’empare de nous.
En ce qui concerne la bande-son, les possesseurs de home-cinéma ne profiteront pas vraiment de leur studio personnel puisque le jeu ne propose que l’antique Mono ou Stéréo. Les musiques quant à elles sont d’assez bonne facture et les différents sons (notamment les bruitages qui accompagnent les coups de sabre) sont réussis. Les ennemis quant à eux possèdent un vocabulaire très limité, se contentant de pousser une espèce de « Arrgh » avant de trépasser. Cela dit, en leur qualité de démons, on ne leur en voudra pas de ne jamais avoir ouvert un dictionnaire tout de même.