Quatorze ans, c'est ce qu'il aura fallu attendre en Europe pour pouvoir enfin toucher à l'un des plus grands mythes de l'histoire de jeu vidéo. Comme quoi, mieux vaut tard que…
Lorsque
Chrono Trigger sorti en l'an de grâce 1995, nous savions déjà que nous avions entre les mains l'un des tenants du genre. Il faut dire, avec une véritable Dream Team aux commandes, il y avait peu de raison de se méfier : Akira Toriyama, Yasunori Mitsudo, Hironobu Sakaguchi... La pure classe, tout simplement. L'Europe n'était pas jugé suffisamment intelligente pour accueillir un tel bijou. On avait pourtant eu et rudement apprécié un certain Secret of Mana un an auparavant mais les voies des dieux sont difficilement pénétrables. Heureusement, quatorze ans plus tard, les faits sont réparés grâce à la petite
Nintendo DS. Analyse d'un futur classique de la machine.
2D>3D, stou
Ceux qui a fait et fait toujours la force de
Chrono Trigger là où de nombreux RPG ont échoué, c'est son rythme de jeu parfaitement maitrisé qui nous donne constamment envie d'avancer sans éprouver une once d'ennui. La cause de cela ? Un système de jeu qui a fait ses preuves mais surtout un cheminement où les décors subissent une diversité rarement vue grâce à un background basé sur les voyages dans le temps. En effet, notre ami Chrono aura très rapidement la possibilité de se balader d'un bout à l'autre du temps, d'il y a des millions d'années durant l'ère préhistorique jusqu'à un futur post-apocalyptique. Le plus intéressant restant le fait de voir le passé et le futur de chaque recoin du monde dans lequel on évolue. Autre point fort, les personnages principaux. Aidé par le talent d'Akira Toriyama (pour les ignares : Monsieur « Dragon Ball/Dr. Slump/Dragon Quest »), chacun montre un incroyable charisme, avec une grosse mention pour Magus et surtout le chevalier-grenouille Gren.
Certains diront, avec raison probablement, que
Square Enix s'est encore fichu de nous avec cette énième portage d'un hit Super Nes de l'époque. Pas faux. Mais autant ça peut toucher le japonais lambda ou l'américain de base, autant nous en Europe, on l'attendait depuis longtemps ce jeu et le voir enfin arriver dans sa meilleure version et entièrement traduit en français, c'est juste du pain béni. Bien sûr, il reste la question d'ordre technique et très franchement, à moins de vouer un culte à la 3D simplette et froide d'un
Final Fantasy IV sur la même machine, il ne servait juste à rien de retoucher quelque chose dans les graphismes et l'esthétisme du jeu qui encore aujourd'hui a tout sauf vieilli. Personnages fins et détaillés, décors sublimes (la carte du monde !), boss gigantesques… Une 2D au meilleur de sa forme et on en redemande. Notons que cette version bénéficie des cinématiques en anime issue de la version Psone et qui rendent toujours aussi bien sur notre petit écran (juste dommage que le second reste éteint durant ces scènes).
Juste parfait
Encore à l'époque,
Chrono Trigger marqua de nombreuses personnes pourtant habitués aux RPG grâce à un système de combat qui changé un peu la donne. Tout d'abord, fini les combats aléatoires dans le plus pur sens du terme puisque chaque ennemi est maintenant présent sur le terrain et il suffira de le toucher pour engager l'action. Durant ces phases basées sur un système d'ATB (on attend qu'une jauge se remplisse pour attaquer), les ennemis se déplacent indépendamment dans l'aire de combat en attaquant de temps à autre. Si au début du jeu, vous vous contenterez d'échanger des coups avec quelques magies et objets en passant, vous apprendrez très vite les attaques duo puis trio. Et c'est là qu'on observera davantage le déplacement des ennemis sur le terrain en vous posant des questions cruciales : devrais-je attaquer le premier ennemi de suite sans perdre de temps ou devrais-je attendre, en me prenant quelques coups, jusqu'à ce que les deux ennemis soient proches afin de les éliminer d'un seul coup ? On rajoutera à cela que le titre se montre être encore plus accessible qu'à l'époque grâce au double écran qui permet d'afficher les actions de combats en dessous (et nul besoin d'utiliser forcément son stylet) ainsi qu'une carte dans les donjons qui se révèle être toujours aussi utile.
Un peu plus d'une vingtaine d'heures, c'est ce qu'il vous faudra environ pour terminer l'aventure. Assez court pour un RPG mais
Chrono Trigger a plus d'un tour dans son sac avec son fameux système de New Game + qui consiste à recommencer l'aventure en gardant les niveaux et techniques de sa sauvegarde de fin. Un système loin d'être mis là par hasard puisque le jeu ne possède pas moins de 13 fins différentes, et dont on vous conseillera de trifouiller le net pour trouver le moyen d'accéder à chacune. Une replay value d'importance, surtout que même ceux qui ont fini le jeu à l'époque risquent de replonger avec une fin inédite et des bonus allant de l'élevage de monstres pour des combats à deux joueurs aux donjons inédits (et bien difficiles). De quoi vous tenir pendant un bon moment.
Une note parfaite pour un titre qui l'est tout autant. Pas besoin de tergiverser davantage. Une prière s'impose maintenant pour un retour de Chrono Cross sur PSP en attendant un troisième épisode, déjà placé comme Most Wanted dans le petit monde du RPG depuis déjà bien longtemps.