Bien décidé à expérimenter quelque chose de nouveau, IREM R-Type Software Engineering Inc. a sorti en 2002 Zettai Zetsumei Toshi, plus connu chez nous sous le nom de S.O.S. : The Final Escape. Le jeu était un survival-disaster (il a créé le genre), où le joueur devait survivre à une ville soumise à des tremblements de terre dévastateurs. Le jeu a remporté un franc succès au Japon et un peu partout dans le monde grâce à son concept original, et ce malgré sa réalisation totalement dépassée et une localisation déplorable. La société a remis le couvert en 2006 avec un second opus intitulé dans nos contrées Raw Danger! (sorti en juin 2007). Le jeu nous propose de faire face à une ville ultra futuriste victime d'inondations particulièrement importantes, à travers le destin de six héros aux âges et activités différentes, durant la veille de Noël. Côté scénario, rien de bien transcendant donc - l'histoire est un peu plus intéressante qu'un téléfilm catastrophe de W9 - mais chaque personnage a son histoire, et le joueur est libre de faire le gentil en réconfortant et sauvant tout le monde, ou d'envoyer balader et d'insulter les personnes qui se présentent à lui, ce qui offre un panel de fins différentes (et scénarios bonus). Ici donc, le danger c'est l'eau et le froid. On devra ainsi faire attention à sa température corporelle (Body Temperature, ou BT), en évitant de rester mouillé trop longtemps (être trop mouillé fait chuter très rapidement la température, et conduit inexorablement à la mort), en privilégiant les vêtements imperméables (rares et fragiles), et en se réchauffant près de sources de chaleurs, ou en utilisant des objets qui stabiliseront la température ou la remonteront pendant un moment. Bien évidemment, si l'on n'est pas victime d'hypothermie, c'est les conséquences du désastre elles-mêmes qui se chargeront de mettre des bâtons dans les roues : bâtiments qui s'écroulent, objets qui flottent et qui se mettent évidemment dans le passage, torrents diluviens... Les situations sont variées, et le jeu n'est jamais bien calme, et on est donc jamais à l'abri de se manger un truc dans la figure, de tomber dans un trou ou de périr noyé... Dommage que les pièges soient facilement évitables. Afin de pousser le réalisme un peu plus loin, les sacs que les héros transportent ne sont pas ceux de Mary Poppins. L'inventaire devra être géré d'une manière assez drastique, afin d'éviter d'avoir un surplus de nourriture – sachant qu'en plus il faudra les cuisiner - alors qu'on aurait plus besoin d'une trousse de soins ou d'un nouveau parka, ou tout simplement les objets-clés. Comme dans S.O.S. : The Final Escape, on pourra créer de nouveaux objets avec du matériel récupéré un peu n'importe où. On notera la volonté des développeurs à implanter une ''replay value''. Pour les plus courageux qui voudront se relancer dans le jeu, il y a une tonne de boussoles à récupérer (un classique dans la série), une collection des objets à compléter, un mode difficile (qu'on espère VRAIMENT hard), une quête avec une hystérique fan de bijoux (vue dans le premier) ou encore la possibilité de refaire le scénario d'un héros que l'on veut. Passons au sujet qui fâche : la réalisation. Raw Danger! est comme son aîné, c'est-à-dire qu'on a à faire à un jeu qui rappelle les premiers jeux de la console, voir les premiers jeux de la Dreamcast : les textures simples et pas détaillées, ça rame souvent - et ce n'est pas de la saccade de merde -, et l'eau ressemble à de l'huile en mouvement. L'animation des personnages est ridicule (le syndrome du bâton dans le cul), sans parler de celle des décors, comme par exemple les bâtiments qui s'écroulent - un gros cube texturé qui tombe raidement, le tout saupoudré d'une énorme texture pour faire l'effet d'une grosse giclée d'eau -, faute à un moteur physique inexistant. Mais cela n'empêche pas d'apprécier le jeu, pour le peu qu'on est bouclé le premier épisode, ou que l'on ne soit pas allergique aux réalisations bancales. L'ambiance désastre est bien retranscrite, le choix des couleurs est particulièrement bon et on remarque un réel souci du détail de la part des développeurs qui ont particulièrement bien conçu la ville avec une multitude d'éléments (pas de zones vides) et n'ont pas mis les textures n'importe comment, comme on peut voir dans certaines productions du même gabarit. On ne s'attardera pas sur la partie sonore, avec des musiques présentes seulement en cas d'évènements importants (et franchement, elles sont oubliables), et une ambiance sonore qui reste assez cheap et répétitive. La maniabilité ? En un seul mot : raide. Les personnages ne vont que dans des directions géométriques et droites, à la manière d'un jeu en 2D quoi. Le stick analogique ne sert donc ici à rien du tout. Même chose pour les véhicules, qui ont ailleurs un comportement et une physique étranges... L'autre chose qui fâche, c'est bien la localisation. Plutôt que de proposer une adaptation générale tout en conservant les noms japonais (comme dans Forbidden Siren par exemple), ces messieurs de chez Agetec nous ont fait le même coup que pour le premier épisode, avec une transformation des noms ainsi qu'un changement de couleur des cheveux assez étrange : c'est simple, tout le monde est blond, sûrement dans une volonté de faire plus américain, mais les personnages ont toujours les yeux bridés... Etrange. On ne parlera pas du doublage anglais tout à fait ridicule et mou, avec des tons de voix ''No Panic'' en continu, alors les héros ne sont pas au Club Med en train de siroter un cocktail. A noter que la version PAL est intégralement en anglais. Au premier abord, Raw Danger! parait totalement bidon techniquement, mais quand on essaye de s'y attarder un peu, on constate qu'IREM a essayé de faire du mieux qu'il pouvait pour réaliser son jeu. On a le droit à un game design original et très intéressant, une ville particulièrement bien détaillée et dangereuse, des situations variées, et une ambiance très bien retranscrite. Pour le peu que l'on recherche un jeu qui sorte de l'ordinaire sans avoir à mettre trop cher (25 euros) ce jeu est à tester.