Brute Force n'est pas la dernière production de Roman Polanski mais celle des studios Microsoft, et cela se sent. Inutile d'espérer de la sagesse, de la grâce, de la retenue ou encore de la tolérance émanant de ce titre, car ces termes sont des inconnues au sein des équations vitales des Tex, Flint, Brutus, et Hawk, les compagnons de (in)fortune que vous incarnerez tour à tour selon votre gré au fil des différentes missions.
Tactique où es-tu ?
Initialement pensé pour proposer aux utilisateurs une maniabilité tactique et précise en coopération, un peu à la manière du SOCOM : US Navy Seals de Sony - le online en moins - , il est curieux de s'apercevoir après coup que le jeu est loin d'avoir suivi cette voie du tactical action. Il faut être clair pour éviter la naissance d'un quelconque soupçon en vous : ne vous attendez pas à un scénario digne de Half-Life ni à un un sens tactique proche de celui développé par Halo, mais bien à un shoot viril de la trempe d'un Quake III Arena dans lequel la rapidité d'exécution et la précision des tirs vous seront primordiales pour rester sur vos pieds. Certes cette "boucherie" improvisée reste mâtinée d'un tantinet de stratégie, puisque vous êtes bel et bien en mesure de donner des ordres d'équipe simples à vos compères (rafale de tirs, déplacement, couverture, défense de zone), mais le tout se révèle très confus et ce n'est pas le manque de visibilité des adversaires ni la stupidité relative de vos équipiers qui vous faciliteront la laborieuse tâche de réagir promptement au mieux aux différentes missions que vous devez relever. Des missions justement dont la trame scénaristique a été rédigée sur une carte orange RATP au sortir de la dernière party du club VIP des Champs-Elysées et pour lesquelles les charismes des personnages font mouche dans le pire : les protagonistes dégagent autant d'aura à l'écran que deux moules normandes se saluant sur les rivages de Cherbourg. Le gros point faible du jeu est vraiment ce manque de scénario et scenarii intermédiaires et de personnalité. Trève de mesquineries, passons à l'analyse des (nombreux) atouts du soft de Microsoft Game Studios.
Brut de décoffrage
Si le concept n'est pas hautement intellectuel, Brute Force se révèle être un bon jeu d'action "brutale". Le genre de titre qui détend lorsque l'on rentre du boulot ou qui réveille mieux que les Dr. Pepper. Les quatre personnages que vous êtes dans la capacité d'incarner disposent de leurs particularités propres, et une bonne partie du défi restera d'obtenir la meilleure combinaison à chaque instant. Si l'intelligence artificielle des alliés est, on l'a dit, très peu développée, celle des ennemis se révèle en revanche franchement redoutable. Ceux-ci parviennent à se déplacer de façon optimale, à se dissimuler derrière les arbres et les roches, à vous encercler vicieusement, et de façon plus large à mettre le joueur sous pression permanente. Rien de plus joussif que d'exploser ces pernicieux lézards! La maniabilité, si elle n'est pas tactique, reste diablement prenante et instinctive. Il devient vite naturel de dégoupiller ses grenades, de pourchasser ses opposants, d'arroser des zones entières de ses armes favorites, de remettre à niveau sa santé, et aussi d'éviter certains ennemis belliqueux.
Au niveau de la réalisation, le titre de MGS tient fièrement le haut du pavé, usant à merveille de la technologie dite du bump-mapping, mais présentant également en permanence un tas de particules en mouvements, une modélisation et des animations qui forcent le respect, des lumières dynamiques à foison, et des routines d'optimisation n'étant pas sans rappeller celles employées dans le titre phare de Bungie Software, Halo. Hélàs celles-ci n'empêchent pas l'apparition régulière de ralentissements, qui ne se font heureusement pas trop sentir. Le Xbox Live ne permet pas l'affrontement direct en ligne mais simplement le téléchargement de maps, et il est certain que ceci effrite quelque peu l'intérêt du jeu qui fort heureusement propose un mode multijoueurs très complet en écran splitté ou liaison de consoles qui à lui seul fait oublier la crue banalité du scénario et augmente de belle façon la durée de vie du soft.
Pour se la jouer original
Quiconque voulant se démarquer sur Xbox se devra d'acquérir cet excellent titre de Microsoft Game Studios, qui même s'il n'est pas original dans son contenu apporte toutefois une bouffée d'air frais aux lassés (mais existent-ils?) d'Halo. Une réalisation impressionnante, un gameplay instinctif, et des ennemis redoutables qui n'attendent que vous. A condition que vous sachiez faire abstraction du très "américanisant" background du jeu (personnages, scénario) qui rappelle celui de l'excellent Midtown Madness 3 sorti en même temps sur la console du géant de Redmond.
8/10