Après une dizaine d'épisodes éparpillés sur PSone et PlayStation 2 ayant côtoyé des très hauts et des très bas (surtout des très bas d'ailleurs), la série Formula One est de retour avec cette fournée 2006 placée sous le signe du renouveau. Mouais.
Si l'épisode 97 reste encore dans les mémoires des passionnés de F1 comme le jeu le plus réaliste et le plus prenant jamais réalisé sur console, la série Formula One n'a cessé d'osciller entre le très mauvais et le très moyen depuis ces dernières années. Loin de contenter les puristes de la discipline de par un
gameplay bien trop arcade et un manque flagrant de réalisme, seuls les néophytes, désireux de se lancer dans le bain de la F1 sans trop de difficultés ont succombé à l'appel des précédents épisodes. Profitant de la lutte acharnée que se livrent cette année Michael Schumacher et le tenant du titre Fernando Alonso,
Sony Computer Entertainment compte bien offrir aux passionnés la possibilité de prendre place dans l'un des baquets de cette saison 2006, afin de faire vivre aux joueurs des sensations de course intenses et proches de la réalité. En théorie seulement…
Toute la saison 2006 sur un DVD
Le dernier né de la licence Formula One se base évidemment sur la saison en cours, et constitue donc l'unique jeu de F1 à ce jour permettant de se glisser dans des monoplaces telles que la Toro Rosso, la BMW Sauber, la Midland ou encore la Super Aguri. Actualité oblige, certains changements récents n'ont pas été actualisés et l'on retrouvera donc toujours ce cher Montoya chez McLaren, tandis que notre Franck Montagny national restera cantonné au rôle de pilote essayeur. Point de vue contenu, outre les écuries authentiques, cette itération 2006 contient évidemment tous les circuits officiels, ainsi que la multitude de changements que cette saison propose avec les arrêts au stand, ou encore le nouveau système de qualification. Comme c'est désormais la coutume, le soft nous propose de prendre part à une course rapide, dans laquelle le joueur pourra à sa guise définir la grille de départ, le nombre de tours, la difficulté, etc. On pourra également se lancer dans un week-end de
Grand Prix complet, avec ce que cela implique d'essais libres et de qualifications, ou bien encore se lancer dans un championnat du monde en incarnant l'un des nombreux pilotes qui s'offrent à nous sur un plateau d'argent. Quoi ? Aucun pilote ne mérite à vos yeux d'être trituré par vos doigts agiles et délicats ? Qu'à cela ne tienne,
Formula One 2006 propose également de débuter une carrière en incarnant un pilote dont vous aurez préalablement pris le soin de définir l'apparence et le nom, et vous devrez alors répondre aux quelques invitations à des essais privés lancées par les écuries de fin de grille, durant lesquelles vous devrez montrer votre potentiel. C'est à grands coups de chronos et de performances en courses que les équipes plus huppées finiront par porter un regard sur votre parcours et vous proposeront alors à leur tour quelques sympathiques offres. Le mode Carrière se déroule sur quatre saisons complètes, de quoi pouvoir espérer toucher du bout de la manette le titre tant convoité de champion du monde de F1 2006. A noter également que le soft propose également un mode multi en écran splitté, mais ce dernier, absolument injouable et d'une infamie visuelle rare, se doit d'être oublié au plus vite.
L'interface générale de ce
Formula One 2006 est relativement austère, et l'on aurait aimé pouvoir découvrir quelques vidéos dans les différents menus ou les écrans de chargement en lieu et place d'illustrations désespérément fixes. Le jeu permet de paramétrer de très nombreuses options et de nombreuses aides au pilotage sont activées de manière à rendre plus accessibles vos premiers tours de roues au volant de ces monstres de puissance que constituent les monoplaces. Les premiers tours sont plutôt déstabilisants, la faute à une sensibilité trop accrue au niveau du stick analogique, et ce n'est qu'après 4 ou 5 passages devant les stands que l'on peut enfin prétendre à boucler un tour sans mettre une roue dehors, voire même sans sortir de la trajectoire idéale pour les plus aguerris. Cinq vues sont disponibles, mais comme à l'accoutumée, on fera rapidement l'impasse sur les deux vues externes, orphelines de sensations ou même de la moindre impression de vitesse, pour privilégier la vue capot, ou encore l'une des deux vues pilotes, l'une plaçant le joueur en lieu et place du pilote, la dernière (la meilleure sans aucun doute) disposant la caméra au dessus du casque de ce dernier. Toutefois, malgré une prise en mains plutôt agréable, cela se complique dès lors que l'on passe des essais privés à une course. En effet, outre la pression mise par vos adversaires, on regrette rapidement le manque d'IA de ces derniers, qui ne semblent même pas remarquer votre présence sur la piste. Un coup de frein prématuré, une erreur de jugement, une petite carence à l'accélération, et c'est à coup sûr le pilote qui suit qui viendra se faire une joie d'enfoncer l'aileron arrière de notre véhicule. Dans un même registre, il est dommage que les pilotes dirigés par le CPU observent les différents drapeaux jaunes avec une telle rigueur, si bien que ceux-ci peuvent brutalement passer de 320 km/h à 230 km/h en pleine ligne droite…et ce, malgré votre présence à quelques mètres derrière. Une fois de plus, l'IA joue en la défaveur du titre, et si certaines simulations de F1 (notamment
Grand Prix 4 sur PC) permettaient de faire des dizaines de tours, blotti dans l'aileron arrière de sa cible, il est ici quasiment impossible d'éviter l'accrochage. Un accrochage d'ailleurs bien souvent bénin, qui fera voler quelques bouts de carbone sans pour autant endommager votre carrosserie, hormis en cas de choc violent, auquel cas on perdra tantôt un aileron, tantôt une roue.
Réponse A : je pile. Réponse B : je tape dans le rail
Et c'est donc à ce moment précis qu'il faudra parfois passer malgré soi par la case ‘stands'. Doté d'un système proche d'un QTE, les arrêts aux stands vous demanderont de rester vigilant puisqu'à la moindre erreur de votre part, vos mécanos (modélisés avec une laideur sans égale) perdront quelques secondes supplémentaires à desserrer une roue, ou encore à faire le plein. Sympa. Un ingénieur vous tiendra constamment informé de l'évolution de la course et de l'état de votre monoplace, de manière intelligente et précise, de quoi oublier quelque peu les indications disséminées de part et d'autre sur l'écran. A ce titre, on regrettera la position du chronomètre, qui se situe en haut à droite de l'écran, pas pratique du tout lorsque l'on évolue à plus de 300 km/h. Un panneau en bas et au centre de l'écran eut été nettement plus judicieux. Niveau maniabilité, on ne saurait trop vous conseiller d'évoluer avec les deux sticks analogiques, notamment afin de gérer au mieux l'accélération et le freinage, tant ces deux paramètres semblent avoir été calibrés de manière absurde sur les boutons de la Dual Shock 2, obligeant le joueur à presser constamment la touche Croix à son maximum pour accélérer à fond. Pas pratique.
Point de vue technique, ce n'est pas franchement l'extase visuelle. Les différents circuits sont fidèlement reproduits certes, mais certains détails environnants semblent avoir été délibérément bâclés, tout comme les rediffusions, particulièrement immondes. Les effets de flous, les zooms, ou encore les vibrations d'écran n'apportent pas grand-chose, et l'on en vient rapidement à passer par le menu options pour désactiver le tout. Hormis une IA approximative et imprévisible, le jeu ne souffre pas de défauts majeurs pour peu que l'on ne soit pas trop tatillon sur le côté réaliste de la chose. En effet, même en difficulté moyenne, il ne faudra pas plus de 2 tours pour rejoindre le trio de tête malgré un départ en fond de grille. Attention toutefois, chaque infraction sera punie d'une pénalité, et la commande d'accélérateur alors restera momentanément inaccessible en fonction de la gravité de l'erreur commise (dépassement de ligne blanche en sortie des stands, chevauchée d'une chicane…). Malgré son côté arcade, le jeu offre toutefois la possibilité de mettre les mains dans le cambouis et ainsi modifier quelques paramètres sur sa monture comme l'inclinaison des ailerons, les rapports de boîtes, ou encore la barre antiroulis. Mais ceux-ci tiennent une importance bien moindre, vous vous en doutez, que dans une véritable simulation automobile.
Bref, malgré une prise en main plutôt agréable de prime abord, ce
Formula One 2006 reste dans la lignée des précédents, à savoir résolument arcade. Les adeptes de la discipline peu regardants sur le fond seront certainement ravis de revêtir les combinaisons issues de la collection printemps/été 2006 des différents pilotes, les autres se remémoreront à nouveau, la larme à l'œil, les heures passées sur l'opus 97, l'atypique
Grand Prix Legends ou plus récemment sur le sensationnel
Grand Prix 4, les seuls encore à ce jour qui peuvent se targuer d'offrir une expérience proche du réel.