Les jeux ayant pour thème ce qui touche de près ou de loin à l’univers indien ne sont pas vraiment monnaie courante. A première vue atypique, Brave : A la recherche d'Esprit Danseur pourrait bien créer la surprise.
Orphelin comme beaucoup de héros de jeux vidéo (à croire que ça porte malheur), Brave est un jeune indien aussi fougueux que courageux, qui n’hésite aucunement à affronter les mille dangers de la nature pour venir en aide à son peuple, et plus particulièrement à son amie d’enfance. Seulement, alors que la paix régnait, un ancien démon ressurgit des enfers afin de détruire tout ce petit monde. La seule solution pour notre héros est de retrouver Esprit Danseur, le plus grand guerrier que le village ait connu, qui, par le passé, a réussi à vaincre ce même monstre.
Aventure en plein air
Première chose qui frappe aux yeux : le
chara design. Le héros tout d’abord, croisement improbable entre Pocahontas et
Vexx, possède un gabarit de moucheron, élément qui semble d’office nuire à son charisme. Les deux autres personnages principaux sont sa meilleure (seule ?) amie, pas vraiment plus grande de taille (donc 1m10 environ) et qui possède, on l’espère, une plus grande beauté intérieure qu’extérieure, ainsi que le chef du village au visage proche du macaque. Heureusement, l’absence de réelle classe des protagonistes est rattrapée par des graphismes assez bons. Si, au départ, les décors sont assez exigus et proches d’un
Crash Bandicoot, la suite offrira des paysages plutôt vastes et véritablement dépaysants, sans pour autant que la linéarité ne soit amoindrie. Si vous balader comme bon vous semble est tout à fait possible, sachez que les objectifs ne sont jamais multiples et qu’il vous faudra suivre en permanence le radar qui se charge bien de vous guider pour avancer dans l’histoire. La forêt, par exemple, offre une très belle étendue mais, malheureusement, s’y promener est plus qu’inutile vu que les développeurs se sont arrangés pour que la plupart des ennemis soient uniquement posés sur le couloir invisible qui vous mènera à votre unique but. Impossible également de retourner en arrière, car, malgré des apparences qui laisseraient deviner un monde sans temps de chargement tel un
Jak & Daxter, l’aventure est ponctuée de niveaux dits de « séparation » comme une descente en canoë, un téléporteur ou un vol à dos d’aigle qui nous empêche de revenir fouiller les premiers stages.
La chose est d’autant plus dommage que, pour seule et unique quête secondaire, une chasse aux totems cachés est présente et il suffit d’en oublier un par mégarde pour perdre toute chance de finir le jeu à 100%. Sachez que pour cette quête, la façon de s’y prendre est on ne peut plus originale, car votre petit indien, comme tout indien digne de ce nom, a un don pour suivre les traces d’animaux. A l’écran, la chose se traduit comme suit : votre manette se met à vibrer lorsque vous approchez une piste et, forcement, plus les vibrations se font fortes, plus vous êtes proche. A ce moment, vous pourrez humer le sol pour trouver une trace de pas partant dans une certaine direction qu’il suffira de suivre afin de recommencer la chose, et ce, jusqu’à ce que vous trouviez le totem désiré. Même si le bonus offert au final n’est pas forcement des plus attrayants, à savoir une galerie d’artworks (pourtant très réussis dans l’ensemble), cette petite recherche permet néanmoins de multiplier une durée de vie proche de l’anémique : comptez en gros six heures si vous souhaitez atteindre le générique de fin, et ce, sans réellement se presser.
Petit indien deviendra grand
Heureusement, ses petites heures passées en compagnie de Brave ne laisseront pas de place à l’ennui, tant l’action y est soutenue et variée. Le
gameplay y est forcement pour beaucoup et saura garder une parfaite adhérence avec l’univers. Sans tout vous révéler, sachez qu’il vous sera possible de pêcher, déraciner des arbustes pour vous en servir comme armes (jusqu’à l’obtention du classique Tomahawk), faire appel à votre puissance shaman ou même invoquer les animaux de la forêt. Si certaines compétences ne sont malheureusement que trop rarement utilisées comme le fait de faire du feu, elles prouvent tout de même que les développeurs ont apporté un soin important à l’ensemble. Seul petit problème : si le personnage répond au doigt et à l’œil, on pestera parfois face aux nombreux problèmes de caméra et aux quelques petits problèmes de perspective liés à la distance entre deux plates-formes, ce qui, à l’instar de
Prince of Persia : Sands of Time, vous fera souvent finir au fond d’un gouffre (et pas question de remonter le temps cette fois-ci !). Bref, un bon petit jeu sans prétention qui se permet de créer la surprise. Seulement, une durée de vie franchement scandaleuse couplée à une concurrence féroce en cette fin d’année le feront probablement sombrer dans l’oubli. Telle est la cruauté du monde vidéoludique.