Après de vieux Hellboy et Spawn, suivis de plus récents Spiderman, Hulk, ou encore d’intarissables X-men, les comics se voyant adaptés en produits vidéoludiques sont désormais devenus choses courantes… A tel point que de nouveaux héros « casés BD », voient le jour directement sous l’œil attentif et naïf de gamers en mal de culture papier. C’est ainsi que débarque Freedom Force vs. The Third Reich, nouveau poulain de chez Irrational Games mettant en scène une pléthore de supers gentils face à non moins de supers méchants, le tout dans un jeu de rôle orienté action, offrant en prime des possibilités stratégiques. Tout un programme.
En 2002,
Freedom Force avait déjà défrayé la chronique en proposant aux joueurs d’incarner moult super héros originaux (faute d’acquisition des droits sur les licences juteuses précitées), dans un fond se voulant absolument rétro et quelque peu démago. Et oui, car c’est cela l’apanage des tout premiers comics books issus des conflits mondiaux des années 1940 à 1960 : Propulsant l’Amérique en héros tricolore face au communisme dévastateur d’une Russie n’échappant guère à une glaciale caricature (guerre froide oblige). Ainsi donc, vous voici plongé dans la peau des Super héros hauts en couleur de la Freedom Force, qui se retrouveront être une nouvelle fois le dernier rempart de l’humanité. En effet, une année s’est écoulée depuis le dernier « chapitre », et tandis que la plupart des super héros se dorent la pilule aux quatre coins du globe, certains comme El Diablo, Mentor, Alchemiss ou encore Minute Man, continuent de veiller au grain sur la racaille ornant encore les rues de Patriot City. Et ils ont bien raison, car les évènements se bousculent et rapidement, on apprend que Nuclear Winter s’est échappé de prison, ralliant de nouveaux mutants à sa cause. La Freedom Force se doit d’intervenir de toute urgence, d’autant que des rumeurs sur le retour d’un certain Time Master, leur ennemi de toujours, commencent à bourgeonner…
Que la Freedom Force soit avec vous
L’intrigue est lancée, il ne reste plus qu’à prendre votre souris en main et vous lancer dans ce scénario, mis en scène de manière à faire croire au joueur qu’il « lit » de manière interactive un comics. Les phases de jeu sont d’ailleurs très linéaires, car fixées par des objectifs bien précis pour le bien du récit, restreignant vos héros à ne se déplacer que sur une partie précise de la map en cours. Dans un style ressemblant fort à du Silver (Infograme-1999), le
click and destroy sera alors l’unique arme d’un
gameplay simple et efficace (mais non sans faille), comme à l’accoutumé dans de nombreuses moutures destinées au support PC. Quatre super héros seront donc jouables simultanément, et il ne tiendra qu’à vous de les choisir convenablement avant chaque mission en fonction des pouvoirs les plus adéquats à la situation. En effet, au cours du temps la Freedom Force va aller grandissante, via des recrutements de comparses en fonction de votre nombre de points de prestiges, ces derniers résultants de vos états de service lors de vos délégations. Car si le soft de
Irrational Games peut décevoir au premier abord de par son manque de liberté en ce qui concerne les déplacements, on peut néanmoins souligner que l’environnement est entièrement destructible (au même titre que tout être vivant), et qu’intervenir sur des bâtiments ou passants n’étant pas estampillés « armée rouge » vous sera crédité par une perte de prestige. Prenez donc bien le temps de viser avant de lancer vos boules de feu à tort et à travers, car la bavure n’est pas de mise ici, d’autant que les ennemis, eux, ne ratent que très rarement leurs cibles. Par ailleurs, chaque fin de missive verra apparaître le système d’embauche précédemment décrit, qui coexistera avec un mode d’entraînement vous permettant de booster vos héros ayant évolué durant le stage passé.
Seulement voilà, la « distribution » (car c’est littéralement le cas) de ces niveaux parmi tous les membres de la Freedom Force, présents en mission ou non, se trouve être des plus aléatoires… Ce qui brise quelque peu une logique d’évolution jusqu’ici implacable dans le monde vidéoludique, liée à un gain d’expérience en fonction de l’ardeur développée au cours des combats. Cet état de fait mis à part, lors d’un
level up le joueur pourra gonfler les capacités du héros voulu, lui apprendre de nouvelles techniques, ou encore l’affabuler d’un nouveau pouvoir constant comme la lévitation (chaque super héros possède ses spécialités, et de ce fait, tous n’acquerront pas forcément la capacité de voler).Ainsi, pour ravir absolument tous les fans, les développeurs ont donc pris soin de mettre à notre disposition un éditeur de super héros des plus complets (en théorie). Absolument tout est customisable et il est alors possible de créer le personnage de ses rêves, même si cela n’est pas forcément chose aisée. Il faut en effet tout d’abord passer par l’éditeur de
bots, non présent (tout comme l’éditeur de maps) dès l’installation du soft. Un passage via le site officiel est du coup nécessaire afin d’accéder à ces programmes annexes. Tout ceci ne concerne cependant que la charte de modification graphique d’un super héros de base… Ceci étant, si votre souhait se trouve être plus modeste, par exemple utiliser Minute Man avec les pouvoirs de El Diablo, l’éditeur présent dans le jeu et disposant d’une interface enfantine sera à même de réaliser vos souhaits. Si ces transformations sont d’origine prévues pour les nombreux modes multijoueurs que propose ce
Freedom Force vs. The Third Reich, il vous sera également possible d’incorporer ces nouveaux héros dans le quatuor de tête de votre Freedom team par le biais de la commande de recrutement : tout bonnement génial.
Néanmoins malgré ces quelques possibilités plus qu’intéressantes, le
gameplay demeure fade et terriblement problématique par endroits. Comprenez ici, que chaque protagoniste ne possède pas les mêmes pouvoirs : Car si certains volent, fusent tel l’éclair, se téléportent, ou encore se déplacent sous terre, d’autres ne possèdent pas cette chance, et devront se contenter d’une course à pied primaire tout au long des niveaux. Inutile donc de préciser qu’un héros se déplaçant par la voie des airs, sera arrivé au point d’extermination ennemi bien avant son camarade adepte du marathon. En résulte, en dehors du chaos de gestion, un déséquilibre conséquent parmi les possibilités tactiques qui sont sensées nous être offertes. Vous serez donc amené lors d’une joute, à marteler la barre
espace (servant à stopper le temps afin de peaufiner les actions de chacun) à peu près toutes les dix secondes pour arriver au résultat de destruction voulue… Et c’est d’autant plus vrai que les bugs de collisions empêchant tout mouvement sont légion, et qu’il est inutile de compter sur la capricieuse caméra aux trois zooms pour embellir ce constat déroutant.
Ridicule tu seras, et le sens de l’humour tu auras
Attardons-nous à présent quelque peu sur l’aspect technique du titre édité par
Focus Home Interactive. Tout d’abord, bien que bénéficiant d’un nouveau moteur graphique depuis le dernier opus en date, le rendu visuel est loin d’être spectaculaire pour autant. Bien au contraire, la modélisation des protagonistes semble des plus sommaires et déçoit plus qu’elle n’étonne. Criblés de bugs graphiques, d’un léger aliasing et de textures insipides, vos super héros fluo font pâle figure et se trouvent être plus risibles qu’invincibles. Mais la réalisation n’est peut-être pas autant en cause que le chara design de ces héros de cirque en lui-même… Certes, il fallait donner un ton décrépi pour coller à l’univers ludique des comics books des années 1950, mais il ne fallait pas forcément plonger le soft dans cette dérision de couleurs criardes au service d’un soi-disant « comics interactif ». En effet, les illustrations ornant la narration générale ne bénéficient d’aucune mise en page, et se voient affublées de graphismes à dix milles lieux des œuvres originales de Jack
Kirby ou de Stan Lee, véritables instigateurs du comics en ces années d’après-guerre. À présent, si l’on prend le soft d’un point de vue plus global (zoom sur les héros à proscrire), les environnements sont plutôt bien réalisés et, combinés aux effets visuels de qualité, rendent finalement une ébauche éclatante et chatoyante dans leur destruction, attribuant de ce fait une certaine cohérence entre toutes les nuances visibles en l’instant.
Passons à présent sur ce qui est sans conteste le point fort du jeu, à savoir la bande-son. Sans être une tuerie acoustique, cette dernière retranscrit à la perfection l’ambiance délirante qui règne au sein de cet univers déjanté aux sonorités russes prononcées, époque oblige. Mais tout ceci ne serait rien sans l’excellent travail effectué par une équipe de doublages de premier choix. Car même si le scénario souffre de situations intentionnellement ridicules, avec des super héros qui ne le sont pas moins en sortant des vannes à tour de bras, la ferveur apportée par chaque acteur sur son alter ego est remarquable et donne, à elle seule, l’envie d’évoluer dans la campagne principale. Pour finir, il vous faudra bien une vingtaine d’heures avant d’arriver au dénouement d’un scénario à moult rebondissements, vous faisant voyager des Etats-Unis jusqu’à l’Europe, en passant par le Cuba des années soixante. Vient s’y greffer un temps considérable pour le gamer héros dans l’âme, qui trouvera son bonheur dans le mode multijoueur du soft proposant jusqu’à neuf types différents d’affrontements en ligne… Ces derniers (jouables jusqu’à quatre joueurs simultanément seulement) sont pour la plupart des dérivés d’un simple
Deathmatch à l’exception faite des missions en ligne, customisables de la sélection des ennemis jusqu’à l’écriture de leur scénario.