Initialement prévu pour le lancement de la machine, Tales of Eternia débarque enfin dans les bacs après une demi-année de retard. Constatation.
S’il est bien une chose que l’on ne peut pardonner à la PSP, c’est bien son manque flagrant de RPG de qualité. Pourtant, petite sœur spirituelle de deux machines qui ont regorgé de titres mythiques dans le genre, édités par
Squaresoft (
Chrono Cross,
Xenogears…) ou encore de bonnes surprises venues d’ailleurs (
Wild Arms,
Shadow Hearts…), la machine n’a offert aujourd’hui que le minimum syndical en la matière : un remake de
Popolocrois, un portage de
Breath of Fire 3, un autre de
Tales of Eternia et deux opus de la série mitigée des
Eiyû Densetsu (
Key of Heaven). Pas de quoi sauter au plafond donc. Le soft de
Namco n’est pas le plus mauvais du groupe, loin de là et heureusement, car c’est le seul à nous être parvenu en Pal pour le moment, non traduit en français malheureusement, les hautes sphères estimant probablement que le public PSP est assez vieux pour comprendre la langue de Shakespeare, ou bien que le jeu n’en vaille pas la peine (malgré le succès de
Tales of Symphonia chez nous).
Tales of Inferia
Ah oui, détail important pour les fanas de jeux import US, si
Tales of Eternia ne vous dit absolument rien, ce n’est pas parce que le jeu est inédit, mais tout simplement parce qu’à l’époque (donc sur Psone), la filiale US de
Namco a eu la « bonne idée » de changer le titre du jeu : en effet, voyant le succès d’estime de
Tales of Destiny, l’éditeur a jugé bon commercialement parlant de changer le titre de
Tales of Eternia pour le renommer
Tales of Destiny 2. La bêtise humaine n’a pas de limite et nous imaginons sans mal la tête des grands pontes de
Namco US lorsqu’ils ont vu débarquer le véritable
Tales of Destiny 2 au japon sur PS2 quelques années plus tard… Etrangement, ce dernier n’est jamais sorti en Amérique… Mais revenons-en au principal intéressé. Quelques dizaines de secondes après avoir sorti l’UMD du boîtier pour le placer dans la console, une cinématique sous forme d’anime on ne peut plus classique pour la série démarre, puis laisse rapidement place au jeu lui-même. C’est parti.
L’histoire prend place dans le monde d’Eternia, lui même divisé en deux parties : Inferia et Celestia, chacun représentant le ciel de l’autre. Cela fait maintenant des siècles que les deux peuples n’ont plus communiqué, créant divergences et légendes, et surtout le fait particulier que pour les habitants d’Inferia, ceux de Celestia ne sont que des barbares sanguinaires. Vous incarnez Reid, un jeune aventurier Inferia de la province de Rashean (profil typique du héros de RPG : courageux, téméraire, parfois feignant, drôle, etc.) toujours accompagné de son amie Farah, une fille de 17 ans, aussi spécialiste des arts martiaux que de la magie blanche, à l’humeur toujours joyeuse. Ce petit groupe assiste un jour au crash d’une capsule qui abrite ni plus ni moins qu’une très jeune habitante de Celestia parlant une langue inconnue de nos héros. Bien loin d’être une barbare, cette Celestia au design kawaï nommé Merudy est venu porter un message dont vous ne tarderez pas à déchiffrer les mots : les mondes d’Inferia et Celestia s’approchent mutuellement l’un de l’autre et la collision les détruira irrémédiablement. Un principe « sauver le monde » hautement classique, mais efficace, les protagonistes étant suffisamment intéressants pour capter notre attention.
Sans surprise
Techniquement parlant,
Tales of Eternia est à la PSP ce que
Suikoden était à la Psone : un des premiers RPG dont on se contentait en attendant l’arrivée des poids lourds. Comme tout bon jeu 2D, le soft ne semble pas avoir beaucoup vieilli et on se replonge dans l’aventure avec délectation. Certes, comme tout bon Tales of qui se respecte, la carte du monde est incroyablement laide avec un pauvre spirite minuscule symbolisant notre personnage se baladant dans un monde à peine texturé et pour le coup, on en viendrait même à dire que celle de
Final Fantasy VII était magnifique, c’est dire. Mais un RPG, ce n’est pas seulement des balades sur une Map d’un point A à un point B, c’est aussi des donjons, des villages, des grottes, etc. Et là, pour le coup, c’est magnifique. Les décors, variés et détaillés, ont bénéficié d’un réel travail, tout comme les divers personnages, le tout proposant une finesse accrue dù à l’écran de la machine. Comme d’habitude avec la série, les combats sont l’occasion d’assister à de nombreux effets spéciaux, dont certains en 3D, au point de ne plus voir grand chose à l’écran.
Puisque nous en sommes aux combats, jetons un œil au
gameplay, même si celui de cet épisode ne risque pas de dérouter les fans de la série. Prônant toujours autant le dynamisme tout en gardant une once suffisamment grande de stratégie pure, les différentes joutes se dérouleront horizontalement uniquement et vous devrez user d’armes et magies pour venir à bout de vos assaillants. Le personnage dirigé (qui peut être le héros comme un allié, à vous de choisir) pourra utiliser les actions principales (attaquer, objets, etc.) ou se servir d’une des touches de raccourci auxquelles vous aurez attribué une action particulière. Les autres réagiront en fonction des ordres que vous leur aurez donnés (se défendre, économiser la magie, attaquer tout le temps…) ou à l’attaque que vous leur demanderez sur l’instant. Comme d’habitude, le système de
« chain » sera présent (combo sur un adversaire) et il est d’ores et déjà conseillé de préférer une attaque à 5 coups faibles qu’une attaque à coup unique, mais très puissant. En effet, plus le nombre maximum de
chains atteints lors d’un combat est élevé, plus vous aurez de points d’expérience en bonus (jusqu’à parfois tripler le nombre initial).
Mais alors pourquoi seulement 14/20 ?
Inutile de mentir, tout le monde sait que la première chose que vous avez regardée dans cet article, c’est la note finale. L’explication est simple : le jeu n’a absolument rien d’extraordinaire à tout point de vue. Personnages sans charisme, scénario convenu… bref, un background vu et revu donnant une aventure qui contentera sans mal les débutants en RPG, mais qui laissera de marbre les vrais joueurs en droit d’attendre autre chose d’une console capable d’accueillir des monstres du genre. Certains trouveront cela sévère, mais force est de constater qu’après quelques heures de jeu, l’ébahissement laisse place à l’ennui et on a tôt fait d’éteindre sa console pour rallumer sa Psone (quitte à rester dans le même contexte, allons-y jusqu’au bout). Pas de quoi crier au scandale face à l’absence de traduction, la maîtrise de la langue de Shakespeare étant une obligation chez le RPGiste, remercions déjà
Ubisoft de nous permettre de goûter à un « remake de plus », dixit les mauvaises langues, qui reste néanmoins inédit dans nos vertes contrées.