Plus d’un an après sa sortie retentissante sur PC, Far Cry arrive enfin sur Xbox, dans une version totalement remaniée. Point de remake ici, mais bel et bien une toute nouvelle aventure dans une île toujours aussi paradisiaque. Toujours aussi beau et sauvage, Far Cry Instincts va réveiller la bête qui sommeille en vous.
En mars 2004,
Far Cry révolutionnait le monde bien figé du FPS PC, avec un cadre de jeu de toute beauté, des graphismes hallucinants, couplés à un moteur physique irréprochable et un mode multi des plus jouissifs. Evidemment, seuls les possesseurs de PC musclés ont pu avoir la chance et le privilège de voir tourner le soft correctement sur leur bécane. Qu’à cela ne tienne, un an et demi plus tard,
Ubisoft nous propose de vivre les nouvelles aventures de Jack Carver directement sur Xbox. L’aventure débute alors que vous conduisez Val, une étrange photographe, sur l’île, une jeune fille qui ne tardera pas à vous attirer de gros ennuis, à coups de roquettes et de grenades. Il va donc falloir survivre dans cette jungle infestée de mercenaires, et découvrir le terrible secret de l’île, et accessoirement sauver cette pauvre Val. Tout un programme donc.
Il était beau, il sentait bon le sable chaud, mon mercenaire
Si l’on pouvait douter des capacités de la Xbox à reproduire des graphismes proches de la mouture PC, force est d’admettre que la console de
Microsoft s’en sort de manière admirable et permet de nous plonger avec joie dans ce cadre magnifique, d’océan et de sable fin, encadré par une myriade de cocotiers. L’immersion est intacte et c’est un réel plaisir d’évoluer accroupi dans les broussailles, pour ensuite tuer d’un seul coup le pauvre mercenaire qui scrutait l’horizon. En effet,
Far Cry Instincts vous permet de venir à bout de vos ennemis en un seul coup de couteau, il suffit pour cela de se faufiler dans leur dos, et de presser la touche B pour venir à bout de l’assaillant sans bruit. Une excellente initiative, même si l'on remarque rapidement, que passée la première demi-heure de jeu, le
gameplay deviendra tout à coup nettement plus bourrin, la faute à un nombre d’ennemis conséquent et une IA pour le moins perfectible. Autre nouveauté de cette adaptation Xbox, la possibilité de tendre des pièges à vos adversaires. Ainsi, par une simple pression sur la touche Noire, vous passerez en mode ‘Piège’ et pourrez par exemple tendre une branche à un arbre, pour ensuite attirer l’attention d’un garde avec un caillou, et tranquillement caché dans les buissons, vous assisterez à son empalement. Jouissif de prime abord, mais comme c’est le cas pour le côté furtif du jeu, vous n’utiliserez ce système de piège qu’en de trop rares occasions, le jeu vous permettant sans problème d’évoluer avec 2 mitraillettes et faire le ménage en quelques secondes.
L’aire de jeu est vaste, et même si la liberté de jeu qu’offrait la version PC laisse ici place à une linéarité plus prononcée, il est toujours possible d’appréhender une situation de diverses façons en usant du décor notamment. Vous pourrez ainsi nettoyer la zone en
snipant vos ennemis de loin, voire encore tenter d’attirer les gardes un par un pour tuer en silence, ou encore viser les tonneaux explosifs qui traînent parfois à côté des campements ennemis pour voir tout ce beau monde voltiger dans les airs. Le soft ne propose pas uniquement des décors en extérieur et vous aurez ainsi la possibilité d’évoluer parfois dans d’inquiétants laboratoires, voire des cavernes assez lugubres. Vous aurez également la possibilité de piloter divers véhicules au fil de votre épopée (jeep, quad, deltaplane…), ce qui donnera souvent lieu à des courses-poursuites malheureusement trop scriptées, vous demandant par exemple d’esquiver les tirs de roquettes d’un hélico, avant d’arriver sur un pont qui sera alors détruit, vous entraînant alors dans une chute aussi vertigineuse qu’inévitable. C’est aussi lors de ces mêmes courses-poursuites que l’on observe une foule de défauts techniques comme quelques ralentissements, quelques saccades, mais aussi (et surtout) un
popping évident, notamment en ce qui concerne la végétation, sans compter les bugs divers et variés que vous rencontrerez sur votre chemin.
Un gameplay sauvage et bestial
Mais la grosse nouveauté de ce
Far Cry Instincts concerne bien évidemment son mode ‘Bestial’. En effet, après quelques heures de jeu et une petite rencontre avec le savant fou du coin, Jack
Carver pourra user d’une force surhumaine ainsi que d’une évolution notable de la plupart de ses sens. A vous donc le coup de poing ravageur qui permet d’envoyer voler les ennemis ou encore de casser une porte qui vous bloquait le passage, à vous aussi l’odorat surdéveloppé qui vous permet de localiser les ennemis avec précision ou encore la possibilité de voir dans une obscurité totale. La grande classe en somme. Evidemment, user de ces capacités fera irrémédiablement baisser votre jauge d’adrénaline, mais pas de panique pour autant, celle-ci se remplira à nouveau dès lors que vous vous reposerez (eh oui) ou lors de l’encaissement de coups. Le hic, c’est que dès lors que vous aurez acquis ses nouvelles compétences, le jeu basculera alors définitivement du côté bourrin, vous permettant ainsi d’occire une horde d’ennemis en jonglant entre vos mitraillettes et le coup de point ravageur. Sans compter que les mercenaires disposent d’une IA très faible, ceux-ci n’essayant jamais de se cacher ou encore de se mettre à couvert. Dommage. A noter également que votre niveau de vie remontera dès lors que vous prendrez le temps de vous allonger au sol pendant quelques minutes. Ce qui nous poussera encore plus à bourriner, sans même plus se soucier de la jauge de vie.
Si
Far Cry Instincts dispose d’une campagne solo intéressante bien que parfois un chouia trop linéaire, il propose également un excellent éditeur de maps, sur lesquelles vous pourrez évoluer dans le mode multijoueur. Une excellente initiative. Outre les sempiternels modes ‘Deathmatch’, ‘Team Deathmatch’ et ‘Capture the Flag’, le soft propose un mode nommé ‘Prédateur’ dans lequel un joueur dispose des capacités bestiales, et doit empêcher les mercenaires d’activer un émetteur, synonyme de destruction du prédateur. Des modes de jeu relativement classiques donc qui auront bien du mal à titiller les férus du mode multi de
Halo 2, bien plus complet, notamment depuis l’arrivée de l’Expansion Pack.
Une technique perfectible
Pour finir sur le côté technique de la bête, sachez que
Far Cry Instincts dispose d’une ambiance générale très réussie, le contraste entre la beauté de l’île et les affrontements sauvages qui s’y déroulent est des plus saisissants. Les décors sont tous superbes et assez détaillés dans l’ensemble, même si l’on pestera face à un effet de flou des plus dérangeants dans le fond, ce qui nous empêchera parfois de déceler les ennemis à distance. De même, les plus attentifs remarqueront sans problèmes les défauts d’affichage notamment au niveau de la végétation qui tend à apparaître et disparaître de manière assez disgracieuse. L’IA ennemie est également à ranger du côté des points noirs du jeu, il n’est en effet pas rare d’observer un ennemi immobile alors que son compagnon vient de trépasser à quelques mètres seulement, ou encore de voir les snipers nous foncer dessus, un brin paradoxal vous en conviendrez. Dans le même genre, il n’est pas rare de se faire repérer par un ennemi à plus de 100 mètres, alors que l’on évoluait accroupi dans une végétation des plus denses. Etrange. Pour ce qui est de la bande-son, les musiques se font relativement discrètes, laissant place à divers effets sonores réussis qui permettent de se plonger encore plus aisément dans cette jungle touffue et mortelle. Les doublages quant à eux sont entièrement en français et d’une qualité quasi irréprochable. Malgré quelques défauts inéluctables, la technique de
Far Cry Instincts est impressionnante, comme en témoignent la modélisation de l’eau ou encore les effets de feu et d’explosions, diablement efficaces. Enfin, nous terminerons par un coup de gueule envers les nombreux temps de chargement qui émaillent le soft, ceux-ci pouvant parfois atteindre la durée record de deux minutes, à tel point que l’on en vient parfois à se demander si le jeu n’a pas tout simplement planté. Du jamais vu.