A ceux qui reprochaient qu'un Assassin's Creed par an, c'était peut-être trop, Ubisoft nous répond avec deux nouveaux épisodes, le même jour. Pari risqué, même si les plus gros fans y trouveront peut-être leur compte.
N'y allons pas par quatre chemins :
Assassin's Creed Rogue est en quelque sorte une grosse extension de
Black Flag, ni plus ni moins. Et cela se ressent d'un bout à l'autre du jeu, avec comme premier coup de massue le plan technique. Évidemment, on ne peut que prendre en compte le fait qu'il s'agit d'un jeu exclusif (pour un temps probablement) au duo PlayStation 3 et Xbox 360 mais pour ceux qui ont fait le choix de passer à la nouvelle génération depuis un an en choppant le précédent épisode avec, le retour en arrière fait mal aux yeux, particulièrement l'aliasing à foison, les longs temps de chargement et le frame-rate loin d'être stable. Pour le reste, c'est comme il y a un an. Et même trop. Contexte oblige, le jeu étant le chapitre final de la trilogie « US » mise en place avec le III, les développeurs nous ont refourgué de nombreux décors visités par le passé, rajoutant tout de même une portion du grand nord, ne faisant au final que nous rajouter un surplus de neige et des morceaux de glace à exploser avec notre bateau (recelant souvent un peu de butin d'ailleurs). Un beau couché de soleil et une pluie souvent abondante n'y font rien : on est revenu deux ans en arrière, et non, les images officielles n'ont aucun rapport avec le rendu final.
La grande nouveauté du jeu reste donc son héros, Shay Patrick Cormac, qui va passer de l'ordre des assassins à celui des templiers après une mission dont nous éviterons de spoiler les tenants mais dont on se rappellera la mise en scène très « Call of-ienne ». Se retrouver pour la première fois de l'autre coté du miroir avait de quoi attirer l'attention mais, manette en main, il faut avouer que ça ne change pas grand-chose. Shay étant de base un assassin, il hérite donc de l'essentiel des capacités du groupuscule, l'occasion pour les développeurs de placer la même chose non sans passer par une énième phase de tutorial. Et croyez-le, c'est peu de le dire : missions d'infiltration à pied, missions d'infiltration en bateau, assassinat dans le dos, assassinat aérien, poursuite, chasse aux bestioles pour concevoir de l'équipement, abordage en bateau pour s'offrir des matériaux afin d'améliorer ce dernier... La même chose qu'avant, en rajoutant le retour d'une brouette d'objets dont la dague à corde et les fléchettes pour endormir ou rendre fou un ennemi. L'IA est la même (c'est à dire très moyenne) et un paquet d'animations sont indécemment réutilisées (genre l'entrée à la baston dans un bar...).
Oui, c'est quasiment pareil durant l'ensemble du jeu (8h en ligne droite, facilement le quadruple pour tout faire à 100 %) et si les missions principales sont également dans la norme, du moins passé le premier tiers du jeu, les missions secondaires restent vaguement identiques avec un paquet de choses à récupérer dans chaque ville pour enrichir le background, les trésors à trouver non sans la carte qui va avec ou encore ces phases d'infiltration pour aller chopper des matériaux dans un camp. Et histoire de ne pas trop puiser dans
Black Flag, l'équipe est parti un peu plus loin pour revenir aux captures de forts (cette fois tenus par des rebelles) qui permettent ainsi de déverrouiller un quartier et de rénover certains endroits afin de faire monter son petit pécule à la banque en temps réel. Quant aux envois de navires alliés, ils serviront ici à gagner une guerre plutôt que d'échanges des marchandises. Dans les faits, quasiment la même chose.
Plutôt qu'un vrai changement, on a tout de même le droit à des petites nouveautés ou améliorations. On peut par exemple se faire aborder soi-même si un navire nous rentre dedans et on a toujours quelques assassins à nos trousses, qu'il faudra tuer avant de se faire malencontreusement repérer. Coté gameplay, on notera l'arrivée d'un canon à barillet lors des phases d'abordage, beaucoup plus rapide mais aux munitions limitées (et dont les tirs sont toujours sujets à de gros bugs de collision). Signalons également qu'il est beaucoup plus facile de harponner un navire rival grâce à l'ajout d'un bouton pour « pousser » soudainement le navire en avant. Passé quelques heures, on récupérera une sorte de prototype de lance-grenades qui dans l'ensemble offre en fait la même chose que les fléchettes, excepté qu'on peut toucher plusieurs personnes à la fois.
Au final,
Rogue pourrait être comparé à
Revelations, à savoir un épisode avant tout dédié aux fans qui se rabattront surtout sur le scénario et les nombreux textes livrés au cours du jeu. L'histoire fait en effet lien avec
Assassin's Creed III et
Black Flag avec le retour de nombreux personnages et une fin assez sympa, se permettant même de faire le pont avec
Assassin's Creed Unity. Dommage en revanche que les phases dans le présent soit de nouveau anecdotiques, avec tout de même quelques petites informations pour faire progresser la méta-histoire (ou plutôt ce qu'il en reste), sachant qu'une fois encore, on revisitera le même décors que dans
Black Flag, avec toujours des ordinateurs à pirater... ah non, à réparer en fait. Avec un nouveau mini-jeu à la clé. Wouhou.
Les plus | Les moins |
+ Incarner un templier
+ Le gameplay reste efficace
+ Une bonne conclusion
+ Les batailles navales toujours grisantes
+ Les petits ajouts agréables | - Black Flag 1.2 quoi
- Vendu plein pot
- Faut vraiment avoir envie de retourner sur consoles old-gen |
Conclusion : Assassin's Creed Rogue n'a rien d'un mauvais épisode, juste qu'il fait totalement doublon avec les deux précédents au point de se demander si Ubisoft n'a pas gonflé en contenu ce qui devait être à la base une grosse extension. Payer le prix fort tient donc de l'audace, et on ne saurait trop conseiller aux fans de patienter jusqu'à un éventuel portage sur PS4 et One, pour si possible bien moins cher. Et croyez bien que ça arrivera.