Miracle en ce bas monde : Sony sort un jeu sur PS Vita. Profitez-en, on ne sait pas encore quand arrivera le prochain, et même s'il y en aura un autre d'ailleurs.
Hormis quelques amateurs d'import qui rodent que les forums FR, peu de gens connaissent Ore no Shikabane o Koete Yuke, un RPG sorti sur la bonne vieille PS1 il y a environ 16 ans et qui se payait en passant une jaquette pas banale (ce truc). Retour à notre époque avec l'arrivée de sa suite sur PlayStation Vita, renommée Oreshika Tainted Bloodlines pour faire plus simple, qui incarne non seulement le premier et dernier jeu de l'année de Sony sur sa propre PS Vita (sauf annonce à venir), mais est également traduit en français dans ses textes, ce qui est tout sauf commun pour la machine. Alors bien sûr, les plus matérialistes reprocheront que ce titre ne sort qu'en dématérialisé mais au moins, le prix est adapté à la situation contrairement à beaucoup d'autres puisqu'il ne vous en coûtera que 20€. Très sympa.
Donc Oreshika Tainted Bloodlines va nous plonger dans le Japon du XIIème siècle au moment où les dieux foutent le boxon dans le monde à cause d'une demi-douzaine de reliques ancestrales qui ont été volées par on ne sait qui. Ne sachant pas trop quoi faire, un sorcier pointe du doigt le clan responsable de la protection des fameux instruments et ni une ni deux, la totalité du groupe se voit raccourcir de quelques centimètres à hauteur de l'épaule. Cela calme les dieux, mais pas trop quand même, surtout une du lot qui trouve un peu dégueulasse de s'en prendre à des innocents pendant que les responsables continuent de courir (avec les instruments du coup). Hop, une petite résurrection des trois principaux chefs du clan via un rite assez dégueulasse et vous voilà reparti avec quelques objectifs dont la vengeance, à ceci près qu'il y a comme chaque chose un prix à payer et ce prix, c'est votre longévité. Ainsi, vous vieillissez bien plus vite que la normale et vous n'avez ainsi que deux ans à vivre (maximum, et vous les atteignez rarement), et même chose pour vos enfants qui devront être conçus avec un dieu ou une déesse. Vous comprenez alors très vite qu'en plus du travail qui vous attend, il faudra surtout assurer un maximum le maintien de votre lignée avec sans cesse un timing au dessus de la tête.
On commence donc le jeu en créant la physionomie de nos trois chefs de clan tout en assignant à chacun un job parmi une liste au départ très limité. Débute alors l'aventure… qui va laisser un paquet de joueurs sur la bas coté de la route. Qu'on le dise clairement : Oreshika Tainted Bloodlines est juste une plaie en matière d'accessibilité. Non content du fait que chaque action fait progresser le compteur du temps, on fait face à des tonnes de menus à ne plus savoir où donner de la tête et surtout, on tente de comprendre que faire. On a bien Kochin, une gamine à tête de belette (Japon) qui nous permet de faire nos premiers pas de manière plus ou moins guidée mais même avec ça, on se rend compte qu'on est débordé par les événements, un peu comme si on s'amusait à commencer un RPG avec la sauvegarde d'un mec qui a déjà 30 heures de jeu derrière lui. Après plusieurs heures de souffrance, on se rend compte qu'il y a finalement quatre points centraux à prendre en compte : la progression dans les donjons, le besoin de participer à des événements spéciaux pour faire progresser le scénario (très classique au final), l'augmentation en puissance de notre clan (armes, compétences…) et le besoin de procréer pour assurer la continuité.
Hormis ce sentiment d'être un peu perdu pendant au moins 5 ou 6 heures, l'autre gros défaut du jeu réside dans les donjons. Déjà, il faut de suite prendre en compte que vous êtes davantage dans un D-RPG que dans un RPG classique et cela se ressent dans les environnements montés en cubes imbriqués les uns dans les autres où l'on passera son temps à tenter de trouver la porte vers la prochaine zone, des coffres, des clés pour ouvrir x accès et surtout des combats. Un mixe qui n'est pas un défaut quand on connaît le genre mais qui fait encore plus old-school que la moyenne pour là encore réduire le peu d'accessibilité pour le grand public et même certains amateurs. On évoquera par exemple le fait que certaines portes fermées demandent parfois de trouver au préalable la clé dans un autre donjon et il faudra vous en souvenir, car rien ne vous permettra de rappeler dans quel donjon et à quel étage se trouve cette foutue porte jaune que vous avez croisez il y a dix heures. Autre constat qui va dans ce sens : pourquoi diable avoir oublié de fournir une carte des donjons évolutive ou non comme dans 99 % des autres D-RPG. Là encore, frustrant car si vous souhaitez revenir à tel endroit, il faudra se souvenir par où passer en priorité pour atteindre l'endroit voulu et le mot « priorité » n'est pas innocent car n'oubliez pas encore : le fil du temps progresse dans vos déplacements comme durant les combats.
Les combats, parlons-en justement. De ce coté, aucun problème dans la prise en main puisque c'est du classique mais efficace. Du coté gauche, nos quatre personnages chacun placé selon leurs attributs (les guerriers à l'avant, les archers à l'arrière, etc.) et en face, un groupe d'ennemis pouvant grimper à huit opposants. Hormis les nombreuses compétences que l'on débloquera pour chacun, les jobs auront une influence sur vos attaques avec le très classique coup de l'archer qui peut directement viser les ennemis placés à l'arrière contrairement au personnage armé d'un sabre, ou encore celui équipé d'une lance qui pourra toucher deux ennemis d'un coup s'ils sont l'un derrière l'autre. Deux features à signaler tout de même avec d'abord une roulette à chaque début de joute qui déterminera la récompense des combats : argent, équipement rare… jusqu'au gain d'xp bonus si vous placez trois symboles identiques. Anecdotique dites-vous ? Pas vraiment car le résultat de la roulette aura une influence sur votre comportement dans le combat. En effet, chaque groupe d'ennemi possède un chef et ce dernier a une fâcheuse tendance à fuir le combat assez rapidement, emportant toutes les récompenses avec lui. A contrario, si vous le tuez, le combat est gagné même s'il reste des opposants. Ainsi, en fonction de la récompense indiquée, à vous de choisir de tuer le chef rapidement pour récupérer votre gain ou de vous consacrer à tous les ennemis pour gratter de l'expérience.
L'autre gros point du jeu, c'est donc son système de procréation. Dans les faits, c'est un peu comme ces jeux qui nous demandent d'élever des bestioles et de les fusionner entre elles, sauf que c'est directement avec les membres de notre team cette fois. Quelques mois après la naissance d'un de nos personnages (rappelons qu'ils vieillissent à peu près 40 fois plus rapidement que la normale), vous pourrez donc avoir un enfant et pour cela, il faudra aller voir les dieux ou déesses actuellement disponibles et leur offrir en contrepartie un certain nombre de point de divinité (qui s'engrangent en combats comme l'expérience). Pas d'échec puisque chaque tentative mènera à un heureux événement mais il faudra prendre garde à bien analyser chaque possibilité, l'enfant combinant vaguement les caractéristiques de ses deux parents, tout en ayant quelques bonus avec le temps comme des techniques qui se transmettent à chaque génération. A vous donc de combler les points faibles de chacun ou de renforcer leurs points forts pour dans tous les cas produire un clan suffisamment homogène… qu'il faudra à nouveau renouveler au bout de quelques heures. A faire n'importe quoi, vous risquez de vous retrouver avec un réel manque de puissance qui pourra vous poser problème, surtout à haute difficulté (trois niveaux disponibles) même s'il suffira de quelques heures pour rattraper cela, l'expérience tombant très vite, tout comme la nouvelle progéniture.
Donc petit à petit, les choses s'installent, on commence à toucher à davantage de choses (reconstruction de la ville, nouvelles divinités, nouveaux jobs...) et on entre de plus en plus dans le système pendant les quelques dizaines d'heures de jeu demandées pour terminer l'aventure. Accrocheur sur le moment, et motivant sur certains aspects comme tous D-RPG un minimum profond, Oreshika 2 ne restera pas une expérience inoubliable pour autant. En effet, l'originalité du jeu devient avec le recul un défaut : la gestion du temps est par exemple vite problématique et parfois injustifiée. Pourquoi un mois passe t-il quand l'un des membres de votre clan s'en va procréer avec une déesse sans qu'on ne puisse rien faire alors qu'on aurait pu profiter de ce laps de temps pour aller looter un peu dans un donjon avec quatre autre combattants ? En bref, si vous venez d'avoir un enfant et que vous souhaitez en concevoir six autres dans la foulée pour garnir vos troupes, le premier aura déjà usé un quart de sa vie sans qu'on ai pu réellement l'exploiter une seule fois. Un défaut qui se répercute sur un autre aspect : comment s'attacher réellement à une aventure qui ne propose aucun personnage central. Oui, ça fait partie du jeu mais c'est presque un problème car là où la mort d'un personnage de Fire Emblem peut réellement nous attrister en fonction des situations, dans notre intéressé, on a presque envie de dire que l'on s'en fout totalement. Le clan, les adultes, les enfants… Tout cela tourne finalement autour de la simple usine à humains qui n'ouvrent jamais la bouche et se contentent de bastonner, procréer, mourir et ainsi de suite au point qu'on fait rapidement des sélections auto de nom pour chacun des gosses qui de toute manière seront morts quelques heures plus tard. « Original ».
Les plus
Les moins
+ La patte esthétique
+ En français, wouhou !
+ 20€ seulement
+ La durée de vie
+ Les quelques cinématiques animées
+ L'originalité du concept
- Scénario en retrait
- Très difficile d'accès
- Parfois frustrant
- Des donjons sans carte
- De l'élevage d'humains quoi...
Conclusion : Remercions Sony d'avoir livré à l'Europe un RPG -ou plutôt un D-RPG- pas comme les autres, d'ailleurs traduit pour être accessible à tous. Un terme sauf toute très relatif devant l'incroyable complexité des premières heures, face à un système qui ne demande qu'à être apprivoisé pour découvrir une profondeur certaine et une nouvelle manière de faire grimper une équipe en puissance. Reste que de nombreux défauts sont là, autant dans le fond que dans l'attachement : Oreshika 2 reste par son principe l'un des seuls produits du genre où l'on verra des dizaines de membres de sa team mourir sans même que l'on bronche ou qu'on s'y attarde un seul instant.
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