Histoire d'oublier le drame Colonial Marines, SEGA a offert à Creative Assembly le soin de rattraper le coche avec une nouvelle adaptation d'une des créatures les plus réussies de l'histoire du cinéma. Voyons cela.
N'y allons pas par quatre chemins :
Alien Isolation, bien qu'imparfait et nous allons voir pourquoi, est probablement la meilleure adaptation faite à ce jour pour cette licence. Faisant fi de l'orientation action coutumière des différents jeux sortis jusqu'à présent jusqu'à oublier la boucherie propre aux suites cinématographiques, le bébé de
Creative Assembly revient on ne peut mieux aux bases avec une ambiance en totale adéquation avec le tout premier film, jusqu'à apposer le genre qui va le mieux avec ceci : le survival. Le vrai. Pas celui de
Resident Evil 6 et
Dead Space 3, mais plutôt l'approche de certains titres indés japonais (
Outlast notamment) ou encore la bonne vieille série
Clock Tower, où l'on joue un personnage vraiment faible, se faisant One-Shot par la grosse bébête quel que soit le mode de difficulté sélectionné.
Vous incarnez donc la fille de Ripley, parti avec le reste d'une équipe de secours comprendre ce qui est arrivé au Nostromo (cf. premier film) et pour cela, vous allez devoir passer par une station de relais qui a justement pu récupérer la boîte noire... et « autre chose ». Bref, après une cinématique clairement digne de
Gravity, vous vous retrouvez seule dans ce bordel à progresser sans trop savoir où aller. Après quelques minutes pour ce qui servira de doux tutorial, premiers adversaires : de simples survivants qui tels des loubards de
Mad Max tirent avant de poser des questions. C'est l'un des rares points où la difficulté choisie à une importance (nombre de dégâts reçus) et dans tous les cas, mieux vaut opter pour l'approche tactique même s'il est dommage de ne pas pouvoir exécuter vos cibles en silence. Notons d'ailleurs qu'il est possible de finir le jeu sans tuer personne. De vos propres mains en tout cas. On progresse et nouveaux ennemis : les fameux Androïdes, bien plus résistants et demandant plusieurs headshot pour s'écrouler. Là encore, l'infiltration est hautement à privilégier, surtout quand ils s'y mettent à plusieurs et c'est à ce moment là que la flippe augmente. Mais ceci n'est rien quand l'Alien va entrer en scène.
Véritable star du jeu à l'instar du Nemesis de
Resident Evil 3, l'Alien est partout, tout le temps ou presque et dès son entrée en scène, courir va devenir une option qu'on ne peut plus se permettre tant le moindre bruit est susceptible de rameuter en urgence la créature. La progression est simple avec des niveaux certes assez larges en nombre de salles et tous plus ou moins connectées mais on dispose heureusement d'une map pour nous permettre de savoir toujours où aller et dans quelle pièce devoir fouiner, même s'il est possible d'emprunter les détours que l'on souhaite, à nos risques et périls. Car contrairement à environ 95 % des jeu d'infiltration, les ennemis de notre intéressé n'ont pas de rondes fixes qui permettrait alors au joueur d'analyser leur comportement et d'agir en conséquence. C'est certes le cas des humains et androïdes qui adoptent un pattern fixe tant qu'ils ne vous ont pas en vue mais qui peuvent se révéler très mobiles dès lors qu'ils vont ont repéré. Mais c'est tout autre pour l'Alien.
Comme on l'a dit, l'Alien est partout. Sa zone de recherche, c'est le jeu lui-même. Votre radar avec le cultissime bip-bip deviendra votre meilleur ami, la créature ne cessant de fouiner dans chaque niveau, avec pour seul script (hors événements particuliers) le fait de constamment se trouver sur notre chemin. Classique. De fait, on doit alors être vigilant à chaque instant pour éviter de croiser la bestiole au détour d'un couloir, sachant qu'elle peut se mettre à sprinter d'une seconde à l'autre, se planquer dans les conduits d'aération pour aller plus vite... Et la sentence est très simple : si elle vous voit ou si vous avez le malheur de passer sous un conduit « qui bave », c'est la mort, sans possibilité d'échappatoire. On avance donc très doucement et on passera une partie de son temps sous les lits ou bureau à attendre qu'elle s'éloigne, ou dans les nombreux casiers sur notre chemin. On dispose d'ailleurs d'une poigne d'objets (avec du craft) pour s'en sortir, avec en tête de liste un bidule pouvant émettre des sons à un endroit en particulier, nous donnant la possibilité de fuir jusqu'à l'objectif (mais sans trop courir non plus).
Et ce jeu de cache-cache constant fonctionne d'autant plus grâce au travail sur la bande-son avec une compatibilité 5.1 et le conseil impératif d'y jouer avec un bon casque adapté pour ressentir l'angoisse portée par chacun des petits bruits sourds de la station, pouvant vous faire sursauter même quand il n'y a rien à signaler. Une réussite, et on apprécie encore plus la petite feature dispensable mais agréable de Kinect qui peut, tel le vice ultime, permettre à l'Alien d'entendre les sons dans votre propre pièce et du coup vous repérer sans problème si un proche a le malheur d'entrer en bourrin dans votre chambre/salon pour gueuler que le repas est prêt. Un excellent travail sonore qui malheureusement ne se ressent pas aussi bien sur le plan technique. Indéniablement « propre » et sans coquille majeure, le titre reste dans le moyen de gamme sur les nouvelles consoles, la faute probablement à un développement cross-gen et l'envie probable de SEGA de ne pas mettre trop de billets dans ce projet après les déboires de l'épisode signé Gearbox.
Mais c'est dit plus haut, tout n'est pas parfait loin de là. Si le titre plaira indéniablement aux amateurs du genre, le tout va s'avérer rapidement répétitif pour une majeure partie des joueurs. Malgré quelques renouveaux dans le dernier tiers du jeu, l'ensemble se montre réaliste dans les objectifs et donc assez banal. Le but reste de se rendre d'un point A à un point B sans être vu et ceci quasiment d'un bout à l'autre du jeu. Une progression classique et qui se permet d'être entaché de défauts comme l'abus massif de mini-jeux bidons chaque fois que l'on doit ouvrir des portes. Certes, devoir trouver trois foutus symboles parmi une liste ajoute à la tension quand la bestiole rode dans les parages mais l'effet aurait été le même s'il aurait tout simplement fallu attendre un déblocage automatique sous réserve de patienter cinq bonnes secondes. Qui plus est, l'aspect survie très poussé se retourne vers le level-design : hormis pour la chasse aux succès/trophées et l'envie de lire des rapports à la pelle, il devient rapidement inutile de fouiller une fois qu'on a un stock suffisant de matériaux suffisant, encore plus quand est du genre à progresser à tâtons, nous permettant d'avoir suffisamment d'objets craftés en poche pour survivre efficacement pour les quatre chapitres à venir.
Mais le véritable problème du jeu, c'est peut-être son aspect old-school qui risque d'en faire rager plus d'un. Même s'il y a de quoi se débrouiller contre humains et androïdes à condition de ne pas jouer dans le mode de difficulté le plus haut, la créature reste sans pitié et son omniprésence tout au long du jeu couplé au fait qu'elle ne suit aucun réel script fait que l'on peut mourir assez facilement, et n'importe quand. Problème : la gestion des sauvegardes. Revenant aux sources tels les premiers
Resident Evil avec des endroits dédiés (à ceci prêt que l'on peut enregistrer sa progression indéfiniment), les développeurs adoptent un choix qui se paye au prix fort : on peut passer dix minutes à fouiner et devoir tout recommencer à cause de la moindre petite erreur. L'absence de quicksave n'est pas dramatique pour le genre mais il aurait été tout de même sage de poser au moins quelques checkpoints pour éviter, et ça peut arriver, de traverser une longue zone (et accroupis), tomber sur une cinématique, progresser un peu... puis mourir et devoir retourner à votre point de départ. De quoi gonfler artificiellement la durée de vie qui ira entre 15 et 20 heures, accompagnée d'un mode Survie très banal et on déplorera que pour rejouer deux des scènes mythiques du premier film, il faudra (encore) passer par la case DLC.
Les plus | Les moins |
+ L'ambiance, parfaite
+ Le travail sur le son
+ L'Alien, la menace ultime
+ Un vrai survival
+ Enfin une adaptation digne
+ 15-20h de jeu | - Assez répétitif
- Trop de mini-jeux
- Pas si flippant au final
- Pas si joli non plus
- La gestion des sauvegardes |
Conclusion : Indéniablement réussi sur l'ambiance et l'aspect survival grâce à un ennemi encore plus menaçant que le Nemesis de Resident Evil, cette nouvelle tentative dans l'univers de Ridley Scott pêche par de nombreux aspects old-school inadaptés pour le genre, la faute à un développeur peu habitué à ce type de jeu. N'en reste pas moins qu'il s'agit d'une petite réussite et de la meilleure adaptation à ce jour, hautement conseillé aux fans de la licence même s'il serait sage d'attendre une petite baisse de prix pour être pleinement satisfait.