Cinq ans après l'abandon de la licence par Activision, Bethesda lui donne un coup de défibrillateur, pour la mettre entre les mains d'anciens développeurs de Starbreeze Studios. Direction le IIIème Reich.
En 2009, lorsque Activision avait tenté un retour de la licence
Wolfenstein, le résultat n'avait pas franchement été inoubliable, la faute à son grand classicisme et à ses bugs à foison. L'échec commercial et critique a ainsi eu raison de
Raven Software qui végète depuis dans un silence assourdissant. Direction l'année 2013 donc, alors que Bethesda récupère la licence pour la donner à
Machine Studios, un studio suédois composé de développeurs ayant travaillé sur
Riddick et
The Darkness, deux FPS plutôt sympathiques, mais pas non plus mémorables. Les Nordiques ont ainsi travaillé sur
Wolfenstein : The New Order, véritable reboot, mais toujours en compagnie du même personnage que l'épisode précédent : William Blazkowicz. On abandonne l'aspect surnaturel pour atterrir en 1944, alors que les nazis gagnent la Seconde Guerre mondiale grâce à de la technologie très avancée. Mais avant même qu'il ait pu faire quoi que ce soit, notre héros va se prendre de la ferraille dans le crâne et finir dans un hôpital psychiatrique polonais.
On se retrouve donc vingt ans plus tard où William revit littéralement sur son lit d'hôpital, mais est confronté à la douloureuse réalité : celle où les Alliés ont été vaincus, et que les États-Unis et le Royaume-Uni mangent désormais de la choucroute et de la saucisse. Au-delà des personnages toujours très clichés, il est intéressant de noter que les développeurs ont réellement retravaillé toute une époque de notre histoire. L'Allemagne étant désormais une super-puissance, on peut ainsi découvrir plusieurs lieux (comme Londres, et même Berlin), redessiné à la sauce nazie, et donc à la sauce Mecha. Les grands bâtiments s'enchaînent, la résistance n'est que poussière, on peut même s'amuser à écouter des titres réenregistrés en allemand pour l'occasion. On sent clairement une volonté de rendre l'expérience encore plus vaste, mais malheureusement, on arrive jamais à s'en imprégner, la faute aux développeurs qui n'ont semble-t-il, peut-être par contrainte de temps, pas réussi à mettre tout ce qu'ils auraient voulu mettre.
Les niveaux s'enchaînent sans beaucoup de logique : tout juste a-t-on le fil rouge en tête. Les cinématiques ne cherchent pas à nous faire comprendre certains changements de décor, on passe d'un lieu à un autre d'un plan de caméra, et tant pis pour ceux qui ne suivent pas. On parlait justement des niveaux, et ils sont symptomatiques des problèmes du jeu : on a parfois accès à de très larges zones, bien travaillées, mais que l'on passe très vite, et qui sont en outre dénuées de bonus (musiques, artworks, documents divers…). Le passage sur la Lune en est le meilleur représentant : on y reste moins d'une vingtaine de minutes, alors que le travail effectué est pourtant énorme.
Mais
Wolfenstein : The New Order n'en demeure pas moins fun à jouer. Certains diront qu'il est old-school, mais on ne peut que réfuter cette qualification dans la mesure où il inclut quelque chose qui n'est pas présent dans les vieux FPS de l'époque. Concrètement, certains niveaux vous demanderont d'y aller en mode infiltration, et ne vous donnera comme seule arme un couteau (voir deux), tandis que d'autres vous permettront d'employer la manière forte ou douce. Mais là encore, tout n'est pas fait correctement pour que l'expérience soit optimale. L'infiltration ne fonctionne jamais, car l'I.A. est un problème permanent. Quand elle ne se coince pas dans des murs et des textures, elle ne prévient pas ses alliés. Elle ne réagit pas non plus lorsqu'elle voit le cadavre de l'un de ses collègues (et sans doute amis). On passera également sur certains ennemis plus coriaces, mais qui restent inlassablement derrière un pylône, et que l'on peut détruire sans trop de mal. Ce nouvel épisode souffre aussi d'une difficulté en dent de scie. En somme, si le jeu est plutôt facile (même en difficile), on fait parfois face à un pic de difficulté violent et incompréhensible, alors que les affrontements contre les boss manquent cruellement d'intérêt, et ne proposent aucun challenge.
Le FPS de Machine Games ne brille pas non plus par sa plastique. Rassurez-vous : le jeu n'est pas moche, mais il n'est pas beau non plus. C'est plaisant à regarder dans l'ensemble, mais dès que l'on s'approche d'un peu trop près de quasiment tout autour de nous, les textures en 2D font saigner les yeux. Les problèmes de l'ID Tech 5, apparus pour la première fois dans
Rage, sont malheureusement toujours présents : les textures ne s'affichent pas immédiatement, il y a un léger décalage très désagréable, mais qui semble s'atténuer au fil du jeu. Enfin, comptez sur une durée de vie d'environ dix heures si vous faites les très inutiles missions secondaires que vous donnent vos comparses, ou que vous cherchiez les bonus ici et là. C'est faible dans la mesure où il n'y a aucun multi.
Les plus | Les moins |
+ Quelques personnages très réussis
+ Une campagne fun
+ Une belle variété des décors | - Un univers sous-exploité
- Les phases d'infiltration
- L'I.A. à jeter
- 10h, et pas de multi |
Conclusion : Wolfenstein : The New Order est un FPS sympathique, loin des gros standards, et qui manque d'un polissage en règle pour rester dans les mémoires. En cette période de vache maigre en matière de FPS, il saura sans aucun doute faire l'affaire, mais ne comptez pas y rester très longtemps ou être pleinement satisfait du résultat, vous n'en seriez que plus déçu encore. Ce n'est finalement pas avec cet épisode que la franchise renaîtra de ses cendres. En tout cas pas totalement.