Il y a de cela quelques années, époque 3DS,
Capcom a voulu taper fort sur la scène du cross-média. Il faut dire que
Pokémon régnait en maître absolu depuis des plombes sur ce sujet au point de considérer la licence comme intouchable (et elle l’est restée d’une certaine manière) mais lorsqu’un certain
Level-5 a déclenché une tornade commerciale avec son
Yo-Kai Watch, il est tout à fait normal que les costards-cravates de
Capcom aient lancé une petite réunion sur le simple sujet du « Et pourquoi pas nous, au fait ? ».
Monster Hunter était et est toujours l’un des rois du marché japonais donc il suffisait alors de récupérer la licence pour en faire quelque chose de plus grand public, on y ajoute un anime, tout un tas de goodies, des pubs et tous les voyants étaient alors au vert. Et ça n’a pas du tout marché.
Les raisons, on laissera chacun chercher (peut-être que l’anime était tout moisi) mais en tout cas, le jeu était d’une qualité convenable. Mais dans ce genre d’échec relatif, on aurait donc pu penser que l’éditeur allait plutôt s’attarder sur le nerf principal de sa série qui lui fonctionne toujours à merveille, jusqu’à l’annonce surprise de ce
Monster Hunter Stories 2 qui n’a plus les ambitions d’être un renversement cross-média mais juste d’être un bon produit pour nous occuper l’été. L’essentiel donc. On passe donc à la Switch (et au PC, ce qui est assez surprenant) avec donc le gap graphique qui va avec sans aller dans le grand chamboulement :
Monster Hunter Rise avait une belle gueule pour la console, mais
Stories 2 n’a pas le même budget (ni les mêmes objectifs de ventes) et si on obtient comme souvent dans cette série un très bon rendu des effets et des créatures, les décors, c’est quand même ultra minimaliste en plus d’être assez souvent fermé jusqu’à tomber dans le recyclage (les grottes), et ça n’empêche pas du pop assez grossier de textures d’herbe et un frame-rate pas toujours stable mais globalement, on va dire que « ça vaaaaa ».
On n’en dira pas autant du scénario et c’est quand même franchement dommage quand on a « Stories » en sous-titre. On ne perdra pas de temps, vous résumant juste que tout part d’une prophétie et donc d’une aventure qui va faire partir notre jeune « rider » de territoire en territoire, avec à chaque fois son village, ses PNJ, toujours un allié qui en profitera pour venir vous prêter main-forte, quelques guests tirés du premier épisode (pas besoin de l’avoir fait pour suivre) et un gros Felyne qui est là pour cocher la mention humour. Sauf qu’un scénario qui aurait pu être amplement suffisant pour un simple film a bien du mal à tenir la barre pendant une aventure de 30 à 40h, n’offrant que des rebondissements voire des avancées à rythme vraiment trop peu soutenu, ce qui la fout toujours mal pour un RPG. Et c’est d’autant plus triste quand on sait qu’il y a des jeux qui ont beaucoup à raconter mais aucun budget (ou talent) pour mettre la narration en avant, quand
Stories 2 fait parfaitement le taf au niveau de la mise en scène des cinématiques. On en voulait plus et sur ce point, la leçon du premier épisode n’a pas été apprise.
D’ailleurs, d’une manière globale,
Monster Hunter Stories 2 est quelque part la « digne » suite d’une premier puisqu’il n’en corrige que peu les défauts pour finalement chercher surtout à en améliorer les qualités. Le système de combat par exemple et son principe assez profond de talents tout en tournant à nouveau sur un principe pierre-feuille-ciseau dans ses bases, donnant une certaine part d’aléatoire dans les premières rencontres jusqu’à ce qu’on pige le système et qu’on ait un minimum de matière grise pour retenir qui utilise quoi. Les forces/faiblesses prennent également le type d’arme en main, que l’on peut au cas où modifier à chaque tour, tout comme notre bestiole parmi un stock de six. Comme dans le premier, une seule créature intervient à la fois en combat (que l’on peut monter pour allier ses forces et enclencher dès que possible une méga-attaque) mais comme on a généralement un allié IA à nos cotés, on se retrouve donc avec une team de 4 pour bolosser plein de bestioles et un paquet de boss.
Donc autant être clair pour dire que l’on parle d’un jeu à farm, ce qui ne choquera point les habitués des épisodes principaux, et tout est effectivement tourné vers la montée en puissance, rien que par le besoin de ne pas rechigner à aller dégommer des créatures à foison, déjà pour leveler car le jeu reste d’une certaine difficulté bien dosée, mais aussi pour gratter des matériaux afin de faire une tonne de choses au forgeron : tous les types d’armes peuvent être boostés, on peut en créer, et c’est la même chose du coté des armures et des accessoires. Qui plus est, en optimisant ses promenades, on en profite pour remplir des pelletés de quêtes fedex renouvelables via un simple tableau qui donnent toujours un petit lot d’xp et surtout une belle proportion de pognons à l’utilité logique. C’est répétitif avec le temps, c’est certain (heureusement qu’on a une vitesse x3 en combat), mais c’est du
Monster Hunter et on est toujours content après une séquence de farm de repartir avec une armure top classe et un combo parfait d’équipement pour aller faire pleurer les créatures de la zone suivante.
Et comme nous sommes dans un
Stories, c’est à peu près le même topo pour les créatures à recruter (environ 80 types), réclamant toujours de passer par des grottes dont certaines aléatoires pour ramasser des œufs non sans quelques indices pour espérer avoir le bon, et ensuite jouer du kinder surprise à l’éclosion. On fait ensuite gaffe aux stats de chacun, à leurs attaques mais aussi leurs compétences spéciales en déplacement (afin de pouvoir explorer de plus en plus sans restriction) et on parfait notre team de 6 avec le temps, tandis que les vilains petits canards passeront par le rite de « transmission » pour offrir leur gène à un meilleur. La dure loi de la nature. Puis le pouvoir de l’amitié, ça va bien cinq minutes. Mais comme dit plus haut, si le jeu ne manque pas d’améliorations pour adoucir le rythme (notamment beaucoup plus de possibilités de téléportation), reste qu’on aurait pu avoir un peu plus de variété dans les nids à explorer.
Donc au final, ceux qui ont joué au premier épisode sauront à quoi s’attendre mais comme ils sont peu nombreux, dites vous qu’on parle à nouveau d’une formule de mélange entre de l’exploration et de la pure montée en puissance qui fonctionne bien pour ceux qui aiment le genre,
Capcom ayant heureusement eu le bon goût de donner une certaine part de challenge pour motiver à exploiter les différents systèmes, et déjà la promesse d’un beau suivi à ce niveau, même s’il semble pour l’heure se limiter avant tout aux quêtes en coopération, ainsi qu’un paquet de nouvelles bestioles à élever. Au moins ce sera gratuit. Intéressant pour s’occuper les premières semaines de l’été, mais il est certain qu’avec davantage d’ambition en terme de narration, aussi bien pour la structure principale que les annexes, cette partie « spin-off » aurait pu prendre un élan bien plus important.
j'ai dit "peut être".
En tout cas pas grand monde en a parlé...
Ah ! parce que y'a un animé qui était sortie en parallèle de l'opus 3DS ?...
Yes.
https://www.nautiljon.com/animes/monster+hunter+stories+ride+on.html
75 épisodes quand même.
Gros point noir pour moi, en plus de ne ps être super nette et joli ça rame quasi tout le temps.
Ca reste un bon jeu néanmoins