
Resident Evil 4
Nintendo aime les collaborations avec les développeurs et entretient de très bonnes relations avec certains d’entre eux. C’est le cas avec Capcom. Après leur avoir donné le droit de développer deux Zelda pour la GameBoy Color, le lien qui les unit devient plus fort quelques mois avant la sortie du GameCube. Shinji Mikami, créateur de la série des Resident Evil et grand fan de Nintendo depuis fort longtemps, décide de faire un énorme cadeau au plombier, en lui offrant l’exclusivité de la série Resident Evil pour sa nouvelle console. Ainsi le fameux Resident Evil 4, prévu au départ sur Playstation 2, se retrouve alors sur le Cube.
Après un remake exceptionnel du premier Resident Evil sur GameCube, Capcom ne nous a offert qu’un seul épisode inédit, le numéro zéro, qui nous a laissé sur notre faim. Malgré une réalisation exemplaire, le jeu souffrait d’un gameplay mal adapté. Pour le quatrième, qui est en fait le cinquième, voire même le sixième opus (faut suivre), les développeurs ont radicalement changé le jeu par rapport à ses prédécesseurs, ce qui marque un véritable tournant dans la série. Une chose reste cependant à savoir : est-ce que cela va plaire aux fans ? L’avis est assez mitigé sur la question. Commençons par le début (c’est mieux). Votre mission, si toutefois vous l’acceptez (qu’est-ce que je dis moi), est dans un premier temps, de retrouver la fille du président. Pour cela, vous êtes envoyé en Occident. Votre enquête vous mène donc dans un petit patelin perdu au beau milieu d’une forêt. A première vue tout semble normal, des hommes qui s’activent à couper du bois, une place de village avec ses passants… Vous avancez donc sans soucis. Votre photo de la fille du président à la main, vous allez au-devant des habitants, vous interrogez l’un d’entre eux, il ne se passe rien, vous recommencez, toujours rien, vous insistez et là, il se retourne vous regardant d’un air des plus menaçants. C’est à ce moment là que vous comprenez qu’il y a quelque chose de peu normal chez les villageois. Sans grande raison apparente, ils se retournent tous vers vous et commencent, à la manière de zombis, à aller à votre rencontre. Si leur aspect physique est totalement normal, ce ne semble pas être le cas de leur état mental. Que se passe-t-il ici, c’est à vous de le découvrir.
Une véritable claque graphique
Qu’est-ce que c’est beau ! Capcom nous prouve que la GameCube dispose d’un énorme potentiel graphique. Après le sublime remake du tout premier jeu de la série, les développeurs japonais font encore plus fort avec cet opus. C’est incroyablement détaillé, les maisons, les meubles qui les garnissent, les habitants, l’architecture du village, la forêt, Leon lui-même ou ses armes, tout est extrêmement précis et réalisé avec une modélisation parfaite. La palette graphique utilise des tons qui collent parfaitement à l’atmosphère que le jeu souhaite retranscrire. Côté son, c’est pareil, pas de musique, surtout des bruitages qui contribuent de façon convaincante à la mise en scène du jeu. Comme dans tout Resident Evil qui se respecte, l’ambiance générale du jeu est très tendue, angoissante. On ne sait jamais ce que l’on va trouver au tournant d’un mur.
Un gameplay en évolution
Beaucoup d’idées nouvelles ont été apportées au jeu, hélas certaines sont moins bonnes et quelques autres risqueront bien de déplaire aux fans. Dans un premier temps ce qui choque surtout et retire un peu de réalisme au titre, c’est qu’à présent un écran de gestion de votre barre de vie et de vos munitions s’affiche en bas à droite de l’écran. L’idée peut paraître bonne et permettre ainsi de mieux gérer ses réserves. Mais cela va aussi à l’encontre de l’ambiance générale du jeu, puisque cette idée rend quelque peu le gameplay moins angoissant. Autre innovation majeure : le jeu en désormais en trois dimensions. Malheureusement, on ne peut pas déplacer la caméra et ce qui est encore plus gênant, c’est le fait que votre personnage soit légèrement décalé sur la gauche de l’écran avec toujours une position proche d’un commando du GIGN. Les quelques changements de ce Resident Evil, peuvent nous laisser penser que Capcom s’est inspiré des productions de ses concurrents et surtout d’un certain Metal Gear Solid, avec ici aussi, une vue à la première personne, lors de certaines phases de tir. On peut également remarquer que les développeurs ont bien apprécié Shenmue puisque le jeu inclut aussi certains passages en Active Time Event, c’est-à-dire : presser le bouton « A » à un moment indiqué sur l’écran pour effectuer une action bien précise. Comme faire tomber une échelle ou passer par la fenêtre pour s’échapper d’une pièce où les personnes sont indésirables. Des idées nouvelles qui sont plus ou moins bonnes et qui font le renouveau du gameplay.
La maniabilité s’est améliorée et ça c’est une bonne chose. Leon est simple à prendre en main, et les gros défauts de jouabilité présents dans les opus précédent ont disparu et ce, sûrement grâce au passage à la 3D. Suite aussi aux différent ajouts dans le jeux, le gameplay gagne en richesse. Un des passages fort du jeu, est celui où vous vous trouvez sur une barque en plein milieu d’un lac, en train d’essayer d’abattre un énorme monstre au harpon. Un passage qui risque fort bien de devenir culte dans le jeu.
Shinji Mikami aime la GameCube et nous le prouve, en lui offrant sûrement le plus beau Resident Evil jamais créé. Capcom risque bien de réaliser un véritable tour de force avec ce Resident Evil 4, notamment grâce à l’ajout d’un bon nombre de nouvelles idées, et donne un coup de jeune à la série. Si certaines de ces nouveautés sont à revoir ou à corriger, elles restent dans l’ensemble de bons éléments, approfondissant nettement le gameplay. Verdict final en 2005.
posted the 06/06/2004 at 05:23 PM by
Gamekyo