Jeuxfrançaises, Jeuxfrançais, Capcom nous livre ici avec brio et en toute simplicité le meilleur survival/horror jamais créé…Voire plus ?
Voici enfin le dernier épisode en date de la saga horrifique inaugurée par
Capcom en 1996 sur PlayStation, avec l’arrivée à la rédaction de
Resident Evil 4 sur Gamecube. La série
Resident Evil, acclamée à raison par des millions de fans à travers le monde, a tout bonnement posé les bases d’un genre.
Resident Evil premier du nom a constitué une véritable révolution tant sur le plan graphique que scénaristique. Jamais un jeu vidéo n’avait alors réussi à faire frissonner de la sorte les pauvres joueurs, pad en main et yeux écarquillés, qui ne réalisaient pas encore l’aventure qu’ils allaient vivre en pénétrant dans le manoir. Succès oblige, une suite fut immédiatement mise en chantier et c’est ainsi que
Resident Evil 2 fit à son tour le bonheur de millions de fans dans lequel Leon S. Kennedy faisait sa première apparition, personnage dont nous reparlerons évidemment plus loin dans ce test. Puis vinrent
Resident Evil 3 : Nemesis, des portages sur PC, Dreamcast, N64 et même sur Game Boy avec l’épisode Buraiden. Mais la concurrence fut rude avec la sortie de nombreux clones qui désiraient également se tailler une part du monstre dans ce créneau tant apprécié. Ainsi,
Silent Hill,
Alone in the Dark : The New Nightmare (dont le premier épisode a tout de même inspiré Shinji Mikami pour
Resident Evil) et plus récemment
Forbidden Siren,
Project Zero ou encore
Obscure ont tous essayé, à leur façon et avec plus ou moins de réussite, de surfer sur cette vague de succès. On disait la série
Resident Evil à bout de souffle, en quête de renouveau comme le témoignaient le peu de risques pris par les développeurs avec le remake du premier épisode sur GameCube ou encore un
Resident Evil 0 en demi-teinte.
Capcom nous a promis que ce quatrième opus serait celui du changement et de l’innovation. Ce
Resident Evil 4 est-il bel et bien le chef-d’oeuvre que toute une communauté attend fébrilement ? Réponse.
Synopsis
Six ans ont passé depuis les évènements de
Resident Evil 2. La société Umbrella Corp. n’est plus que l’ombre d’elle-même et Raccoon City a tout bonnement été rayée de la carte par la force nucléaire sitôt que les autorités eurent pris connaissance de la propagation du Virus T. Pendant ce temps, le héros du second opus, Leon S. Kennedy, a travaillé en étroite collaboration avec le gouvernement pour devenir un agent surentraîné chargé de veiller à la protection de la famille présidentielle.
Resident Evil 4 débute lorsque l’agent Kennedy est envoyé en mission ultra secrète dans un endroit reculé d’Europe afin de trouver et de ramener saine et sauve, Ashley Graham, la fille du président kidnappée quelques heures auparavant. Vous êtes amené dans une charmante bourgade sombre et lugubre par deux policiers espagnols. Ces derniers vous laissent à quelques centaines de mètres du village. Tandis que vous shootez quelques corbeaux et visitez la forêt, une ombre passe devant la fenêtre de la maisonnette au bout du chemin. Vous vous rendez à l’intérieur et là, un individu tente de vous pourfendre à la hache mais quelques balles bien placées lui feront retrouver le sommeil éternel. La camionnette de nos amis policiers est également prise à partie et vous vous retrouvez désormais seul dans ce village en feu et aux mains d’étranges habitants aux rites malsains et au sens de la réception plus qu’approximatif. Vous apprenez rapidement qu’une organisation religieuse dénommée « Los Illuminados » se cache derrière tout cela. A vous maintenant de savoir ce qui se trame derrière cet étrange tableau…
C’est beau, c’est neuf ?
Pour ce qui est du renouveau, les détracteurs des opus précédents seront servis. A vrai dire, le mot renouveau n’est peut-être pas vraiment approprié et il faudrait plutôt parler de chamboulement voire de révolution lorsque l’on évoque le nouveau
gameplay choisi par les développeurs de ce
Resident Evil 4. Assez déroutant de prime abord, on parvient à le maîtriser parfaitement au bout d’une petite demi-heure. Désormais la caméra vous suit derrière l’épaule, le stick gauche permet de diriger Léon tandis que le stick jaune permet de diriger la caméra dans tous les angles. De plus, la caméra se révélant relativement proche du héros, vous aurez tout bonnement l’impression de vivre l’aventure en lieu et place de ce pauvre Leon. Enfin, au registre des nouveautés, on pourra également citer des
cut-scenes dans lesquelles vous ne vous contenterez pas de rester pantois devant l’incroyable mise en scène. Non, vous ne devrez en aucun cas lâcher la manette car fréquemment (et ceux qui ont eu le bonheur de jouer à Shenmue s’en souviennent encore très certainement encore) vous devrez suivre les actions indiquées à l’écran pour survivre à un événement. Il faudra par exemple appuyer frénétiquement sur le bouton A pour faire sprinter Léon afin de ne pas se faire écraser par une boule de pierre, ou encore appuyer sur L et R afin de se baisser pour éviter un obstacle… Bref, l’immersion est totale et immédiate et l’on comprend tout de suite que l’on n’aura pas à faire à un nouveau
Resident Evil ou encore à un très bon jeu vidéo, mais bel et bien à une révolution vidéoludique.
Si le remake de
Resident Evil sur GameCube avait énormément impressionné par la qualité de sa 2D précalculée, ce
Resident Evil 4 nous met littéralement à terre par la qualité de l’ensemble des décors en 3D. De plus, l’interactivité avec les décors est poussée à son paroxysme et vous pourrez ainsi monter des échelles, les faire basculer dans le vide afin que vos assaillants ne vous poursuivent pas, exploser les portes avec votre fidèle gun, ouvrir des tiroirs, détruire les vitres des armoires afin d’en prendre le contenu, sauter pas dessus les barrières, vous accroupir, sauter d’un toit… Les possibilités sont encore nombreuses et il me semblerait maladroit de vous gâcher le plaisir de la découverte. A noter qu’à l’instar de
Metal Gear Solid 3 : Snake Eater, il est possible, par exemple, de tirer sur de pauvres petits poissons innocents pour vous constituer un garde manger. Les clins d’œil au titre de Kojima sont étrangement assez nombreux, ainsi Leon gardera contact avec sa supérieure par un système de transmission fortement inspiré du codec (Dieu merci, les dialogues sont ici réduits à leur minimum et votre interlocutrice ne vous indiquera bien souvent que le chemin à prendre), dans certaines caisses que vous détruirez se trouvera parfois un serpent qui vous attaquera, etc. Mais je m’arrête là, j’en ai déjà trop dévoilé.
L’horreur a un visage…
Dans un autre registre, sachez que les développeurs ont mis au point une localisation des dégâts tout simplement extraordinaires. Ainsi, vous prendrez un plaisir fou à tirer dans le bras de votre assaillant pour lui faire lâcher son arme, puis dans la poitrine pour l’affaiblir, dans le genou pour le faire tomber à terre et enfin vous finirez en apothéose par une balle dans le crâne qui maculera l’écran de sang. Attention cependant, certains ennemis restent dangereux quelques secondes même après leur décapitation, à bon entendeur. Mais Leon peut également se débarrasser d’un ou plusieurs ennemis d’un coup de pied ravageur. Nous n’avons plus à faire au jeune premier de
Resident Evil 2, mais à un héros plus mature, plus puissant, cela ne fait aucun doute. A noter que les ennemis de cet opus ont gagné en intelligence (pas difficile comparé à l’étroitesse du cerveau des zombies des épisodes précédents) et vous attaquent désormais en groupe, vous tendent des pièges, esquivent vos balles, se protègent et vous poursuivront partout où vous irez. Inutile de vous cacher dans une maison, les villageois défonceront la porte ; vous vous croyez en sécurité à l’étage, les villageois mettront en place des échelles, casseront les vitres et monteront vous rejoindre. Vous n’êtes à l’abri nulle part et votre tension artérielle décuplera dès lors que vous entendrez le bruit d’une tronçonneuse, puisque cet ennemi, invincible de surcroît, n’aura de cesse de vous poursuivre sans relâche. Cet épisode se révèle également nettement plus gore que ses prédécesseurs. Les têtes volent, le sang gicle et les visions d’horreur se multiplient.
Heureusement, pour vous permettre de survivre, les ennemis tombés au combat laisseront souvent derrière eux, des balles, des herbes ou bien encore de l’argent. En effet, dans cet épisode, vous rencontrerez parfois un marchand d’armes qui, contre quelques pesetas, vous échangera de nouvelles armes comme le fusil de sniper (du bonheur à l’état pur), le lance-roquettes ou encore la mitraillette. En outre, celui-ci vous donnera également la possibilité d’
upgrader vos armes en améliorant la capacité du chargeur, en amplifiant la puissance de tir ou encore la cadence des coups de feu. Attention cependant, votre inventaire est limité et il faudra faire de nombreux sacrifices pour ne garder que les armes dont vous serez certains de l’utilité. Les boss quant à eux sont tout simplement gigantesques et donneront lieu à des batailles épiques qui mêleront bien souvent action et réflexion. La jouabilité n’handicape jamais le joueur, les angles de caméra qui semblent parfois mal appropriés se révèlent excellents si l’on utilise correctement le stick jaune et le
gameplay se renouvelle au fil du jeu selon que vous soyez seul ou bien accompagné par un autre, voire deux autres personnages. La progression se fait désormais différemment, ainsi à la fin d’un affrontement contre un boss par exemple, vous aurez droit à l’écran « fin de chapitre » qui vous détaillera votre pourcentage de réussite, le nombre d’ennemis tués ainsi que le nombre de continus utilisés. Les sauvegardes sont également illimitées. Bref, le changement de cap établi par
Capcom profère à ce titre une fraîcheur sans précédent et un fun absolu, basé sur une action omniprésente. Les fans de la première heure seront peut-être légèrement déçus par la simplicité des énigmes.
Mais si tout a changé pour cet épisode, un défaut inhérent à la série subsiste néanmoins. En effet, tout le long du jeu, vous aurez à faire avec de nombreux bugs de collision. Ceux-ci ne sont vraiment pas gênants mais il suffit de se plaquer contre un mur et de dégainer pour voir inévitablement l’arme et la main de Leon rentrer dans le mur. Les détracteurs reprocheront peut-être à ce nouvel épisode de la saga
Resident Evil de n’avoir gardé de
Resident Evil que le nom, mais devant la qualité hors norme atteinte ici, il semblerait vraiment honteux de critiquer cette véritable remise en question afin d’offrir aux joueurs une expérience unique. Cependant, ces légers « défauts » ne jouent absolument pas en la défaveur de ce titre qui reste néanmoins phénoménal de par ses graphismes ahurissants, sa jouabilité excellente et son ambiance plus glauque et plus sombre que jamais.
Alors, monstrueux ou pas ?
Vous l’aurez tous compris, cet épisode apporte un lot de nouveautés considérables et les fans comme les non fans ne pourront qu’y trouver leur compte. Il serait terriblement dommage de passer à côté de ce concentré de perfection vidéoludique tant il y avait longtemps qu’un jeu de cette trempe n’avait pas vu le jour. Vous prendrez un pied phénoménal à progresser dans des lieux divers et variés, vous vous arrêterez parfois pour admirer la qualité graphique des environs et fouillerez tous les endroits à la recherche des trésors et des autres bonus cachés dans le jeu. Tout comme
Metal Gear Solid 3 : Snake Eater,
Resident Evil 4 peut être qualifié de titre d’exception et si la mise en scène du titre de
Capcom n’égale pas celle de
Konami, la richesse du
gameplay, les graphismes hors du commun, l’ambiance oppressante et l’action omniprésente font de ce
Resident Evil 4 le meilleur survival/horror jamais créé à ce jour. Enfin, je terminerai ce test par un petit conseil, lorsque vous entendez la tronçonneuse, si vous tenez à votre jolie tête, courez.