Et outre le problème des marges, du dématérialisé et des éditeurs empêchant la vente d'occasion, vous subissez aussi la concurrence des grands groupes et des hypermarchés.
Il faut savoir que les chaînes spécialisées dans le domaine des jeux vidéo pratiquent généralement le prix de vente public conseillé. Ce sont principalement les grandes surfaces ou les sites généralistes qui nous concurrencent sur les prix.
Et dans leur cas, il y a deux types de concurrence. Il y a les groupes qui vous font payer le prix conseillé mais qui vous reversent une somme sur votre carte de fidélité, et il y a ceux qui cassent les prix. Et s'aligner est pour ainsi dire impossible, et pour plusieurs raisons. Tout d'abord, si on cherche à s'aligner et qu'on doit dire adieu à une partie de notre marge tous les mois, c'est la santé de l'entreprise qui se retrouve mise en jeu. Alors nous mettons en place des opérations spécifiques et temporaires, principalement en fin d'année : par exemple cette année nous avons mis en place une campagne de réservation qui permet aux gens qui réservent leur jeu de bénéficier de 10 € de remise lors de leur achat. Il faut savoir que nous vendons alors à prix coûtant, sans aucune marge. Bien sûr, il est impossible de survivre en faisant ça sur tous les jeux, alors nous faisons une sélection. Cette année les jeux sont FIFA 13, Assassin's Creed III et Call of Duty Black Ops II.
L'autre raison est que là où un grand groupe commande plusieurs milliers de pièces, pour ne pas dire plusieurs dizaines de milliers voire plus, nous n'avons évidemment pas les mêmes moyens financiers et ne pouvons donc pas négocier les mêmes marges que ces fameux groupes. Il arrive donc fréquemment que certains prix de vente constatés sont bien en dessous de notre prix d'achat, alors que faire ?
Sans compter qu'il arrive également que certains produits ou que certaines versions d'un jeu ne soient disponibles que chez certaines enseignes car elles achètent l'exclusivité. Le problème est que les éditeurs ne jurent que par les grands groupes, mais se rendent-ils vraiment compte du nombre de magasins indépendants qui leur rapportent également de l'argent et leur permettent de vendre leurs produits ? Et combien de magasins indépendants ferment chaque année à cause de la politique de marge et d'exclusivités que tiennent les éditeurs ?
La concurrence des chaînes spécialisées se fait à d'autres niveaux, mais en général nos clients nous restent fidèles, et nous arrivons la plupart du temps à nous aligner sur les offres proposées ou dans le cas contraire nous leur proposons un arrangement (en général un geste commercial) pour compenser une offre que nous n'aurions pas. Il arrive même que l'on redirige nous-mêmes le client chez un concurrent pour un produit spécifique.
Ça ne sert à rien de descendre la concurrence directe, nous faisons tous le même métier, et nous estimons très important de bien nous entendre avec nos concurrents et néanmoins confrères, de cette manière le client est toujours ravi qu'on arrive à lui trouver le produit qu'il cherche. En général, il revient nous voir, car il saura se souvenir qu'on l'a aidé du mieux qu'on a pu.
Mais le client répondra que seul le prix compte et que le service n'est guère différent entre une boutique indépendante et un grand groupe.
Effectivement, pour certains clients seul le prix compte, et justement si, le service est différent. Si vous allez dans une grande surface, vous n'avez pas le conseil que vous pourriez avoir dans une boutique spécialisée. Combien de clients sont venus nous voir après avoir acheté un produit (console, jeu, accessoire) en grande surface pour nos poser une question sur le fonctionnement ? Plus que vous ne le pensez.
Certains ont même acheté le mauvais produit par manque de conseil, voire à cause d'un mauvais conseil. Si, il y a une différence entre l'indépendant spécialisé et la grande surface : la présence ou non du conseil, ainsi que sa qualité. Attention, je ne dis pas que c'est comme ça partout, mais je dis que ça arrive. Bien sûr, l'inverse doit aussi exister.
Concernant les chaînes spécialisées, je n'entrerai pas dans le détail, mais tout le monde a ses points forts et ses points faibles, même si cela dépend des magasins. Tous les points de vente d'une même chaîne n'ont pas la même relation avec le client. Tous les indépendants non plus.
Une ancienne interview de 2012 mais qui reste intéressante à lire.
http://www.nextinpact.com/news/74333-interview-magasin-independant-jeux-video-sexprime-sur-marche.htm

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posted the 09/21/2016 at 01:06 PM by
nicolasgourry
Entre le dématérialisé, les grandes surfaces et les revendeurs internet comme Amazon, ils ne pourront bientôt plus faire concurrence.
Dans les années 90 on trouvait une myriade de petit magasin indépendant lex uns à côté des autres lol aujourd'hui il n'en reste que très peu.
Ca fait des années que je suis pas retourné du coté du metro voltaire ou république ou dans le temps y avait des dizaines de magasins dont certains spécialisé dans l'import.
L'indépendant aura toujours plus de mal à vivre face aux groupes.
Une des nombreuses solution serait que les indé se réunisse en coopérative par exemple pour acheter un gros et donc moins cher.
Ou bien s'associer avec les grandes surface pour faire un espace gaming / informatique peut être.
Y a rien de plus triste que de voir un micromania avec 3 clients d'un côté et de l'autre le rayon minuscule jeu vidéo de carrefour vide XD
Je pense que c'est surtout :
- La proximité, on trouve des auchan carrefour intermarché leclerc partout, les indépendants sont généralement dans une rue entre le livreur de pizza et la boutique de fleur XD
- L'achat en ligne qui fait le plus de mal ^^
j'achète mes jeux à 90% sur le net et sur ce pourcentage il y a 70% de jeu physique. Les 10% restant c'est en faisant mes courses et sur des jeux qui ne sont pas récent dont le prix est divisé par 2.