On ne va pas tergiverser, Bloodborne est pour un jeu absolument monstrueux, dans tous les sens du terme. Je ne pense absolument pas exagérer en disant qu’il fait partie de ces jeux méritant le titre de chef d’œuvre. Bloodborne joue dans la cour des grands et marquera le jeu vidéo, comme l’ont déjà fait Demon’s Souls et Dark Souls par le passé. Le génie de Miyazaki n’est dorénavant plus à prouver et il est difficile de parler de son travail sans utiliser un enchainement de superlatifs. Voilà pour ce qui est de l’avis rapide ^^

Pour rentrer un peu plus dans les détails, Bloodborne s’inscrit parfaitement dans la lignée de ses prédécesseurs et reprend tout ce qui faisait leur force : un gameplay solide, une difficulté sachant être exigeante sans être punitive, une ambiance incroyable servie par une direction artistique époustouflante, un world design magistral avec les environnements savamment liés et imbriqués entre eux, garnis de raccourcis déblocables, une histoire discrète ne s’imposant pas au joueur mais dévoilant toute sa richesse pour peu qu’on ait la curiosité de s’y intéresser, une replay value importante... On notera qu’encore une fois, l’histoire explique absolument tout, jusqu’aux mécaniques de gameplay indispensables pour ce genre de jeu (level up, résurrection du personnage après une mort etc…).

Ceci étant dit, Bloodborne parvient à dégager une identité qui lui propre, principalement grâce à son époque victorienne tranchant avec le médiéval des anciens Souls et à son histoire très fortement inspirée de l’œuvre de Lovecraft, tout comme Dark Souls pouvait s’appuyer sur bon nombre de légendes nordiques. On retrouve cependant les thématiques chères au réalisateur comme l’autorité religieuse corrompue, la folie humaine, la soif de pouvoir ou le déclin d’une civilisation. L’ambiance est, dans un premier temps tout au moins, extrêmement similaire à la Tour Latria de Demon’s Souls, certainement le niveau le plus marquant et oppressant du jeu. L’énorme travail réalisé sur la direction artistique rend un formidable hommage à l’imagination Lovecraftienne et nous permet de visiter des environnements saisissants peuplés de créatures surprenantes, voir dérangeantes. Chapeaux bas. Croyez moi vous vous rappellerez longtemps de l’expérience proposée par Bloodborne.

Niveau gameplay le jeu réussi un pari difficile posé par les développeurs : Devenir plus accessible pour les néophytes, tout en respectant les vétérans de la série. La meilleure accessibilité s’est essentiellement faite sur une simplification drastique de la gestion de l’équipement, ce qui n’était pas forcément du luxe. Dorénavant seules les armes peuvent être améliorées, leurs propriétés étant personnalisables grâce des gemmes pouvant être changées à volonté. Les armures ne peuvent donc plus être renforcées comme avant et même l’armure offrant la meilleure défense physique ne vous offrira qu’une protection toute relative face aux coups. Ajoutez à cela la quasi disparition des boucliers du jeu (la description du seul bouclier, mauvais, étant assez drôle), on comprend facilement que les développeurs on voulu éviter un style de gameplay largement utilisé dans les anciens Souls : la tactique de la tortue. Fini la survie basée sur l’attente passive d’une ouverture, planqué derrière son bouclier et son armure lourde, on est obligé de jouer sur l’esquive (heureusement bien plus efficace et classe qu’avant), la riposte au pistolet et l’approche agressive pour espérer s’en sortir. Toujours dans la même logique, la notion de poids de l’équipement affectant notre vitesse de déplacement a simplement été supprimée. Le gameplay s’en retrouve intensifié et particulièrement jouissif, les combats devenant de véritable chorégraphies.

Parallèlement à cela la difficulté reste au rendez-vous, notre personnage étant de toute façon fragile face aux coups des ennemis qui se sont forcement adaptés aux évolutions des mécaniques de jeu. On notera aussi un nombre d’armes et de vêtements (difficile de parler d’armures) moindre mais pour ma part ce point illustre, comme une myriade d’autres choses, une politique louable de travail sur la qualité plus que la quantité : L’inverse de ce que proposait Dark Souls 2 en somme. Mon seul regret concerne les serments : seulement 3 est très peu intéressants au final par rapport à ce dont on était habitués… dommage.

Les errances techniques propres à la série (qualité des textures et des animations, framerate instable) sont ici beaucoup plus anecdotiques. Les temps de chargements s'avèrent être la principale source de mécontentement et chacun subira ce défaut différemment je pense.

Pour conclure, Bloodborne représente à mon sens l’apogée de la série des Souls, ayant appris de ses erreurs passées pour offrir une expérience parfaitement maitrisé et inoubliable. Le digne successeur de Dark Souls premier du nom est enfin arrivé. Sa meilleure accessibilité et son succès commercial permettront à plus de gens de découvrir la série des Souls qui le mérite. Dorénavant je me pose juste une question : Comment Miyazaki parviendra-t-il à faire au moins aussi bien, tout en nous surprenant, à l’avenir ?