Pas si magique çà ?
En 1992, la révolution Street Fighter II était déjà bien en marche et commençait de manière rapide et spectaculaire sa prise de pouvoir dans les salles d'arcade nippone, voire du monde entier.
Le hit de Capcom engendrera de nombreux clones, mais aussi des concurrents sérieux, n'est-ce pas SNK...
Malgré ce nouveau rouleau-compresseur que représentait le Versus Fighting, Taito a cru bon sortir dans cette même année 1992 un beat them up. Un genre qui commençait à amorcer à cette période une certaine chute.
Et malheureusement pour le constructeur nippon, ce n'est pas avec cet
Arabian Magic que le genre allait reprendre un peu de sa superbe. Explications.
A la base, le titre de Taito part d'une bonne intention. En effet, les titres mettant en scène les contes et mythes du moyen-orient ne courrait pas les rues, et cet univers reste encore aujourd'hui (malheureusement) trop sous-exploité.
A part Prince of Persia, et quelques titres ci et là comme Magic Carpet ou Exile, il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent.
D'ailleurs le titre du jeu est assez trompeur puisqu'il lorgne plus du côté du côté de la Perse que du monde Arabe, mais on chipote un peu.
On rentre donc dans l'histoire, peu intéressante. Une espèce de sorcier satanique décide de s'attaquer au paisible royaume de Shahariyard.
Il transforme le roi de ce royaume en singe, tout en envoutant pas mal de sujets ou entités surpuissantes (dont Asura par exemple).
4 valeureux guerriers se dressent contre le tyran, et décident d'aller récupérer 7 joyaux, qui permettront au roi de retrouver sa forme humaine.
Tout cela est donc inintéressant, mais l'essentiel réside dans le gameplay. Et comme vous vous en doutez ce n'est guère mieux de ce côté-là aussi.
Arabian Magic propose au joueur d'incarner un des 4 guerriers au choix.
- Le Prince Rassid est rapide et dispose d'un très bon sabre. C'est le personnage équilibré du jeu et doté de la plus grande barre de PV.
- La Princesse Lisa maîtrise quant à elle la magie. Elle ne dispose pas d'armes à proprement parlé, mais est capable de se battre à distance en jetant donc des projectiles (ses sorts). Elle est aussi capable d’exécuter une charge assez puissante en effectuant un dash avant. Par contre, elle est plutôt faible défensivement.
- Sinbad est à mon sens le meilleur personnage du jeu. Son arme a une bonne portée, il est plus puissante que les guerriers du dessus, un poil plus lent, mais il est capable d'effectuer un coup chargé particulièrement efficace.
- Afshaal est le gros bourrin de la bande. C'est le guerrier le plus puissant, sa chaîne fait des ravages. C'est aussi le personnage le plus résistant. Comme Lisa il est aussi capable d'effectuer une charge encore plus meurtrière que cette dernière. Par contre sa grande lenteur fait qu'il s'avère être à mon sens le personnage le moins efficace.
Comme vous l'avez noté, on reste dans du classique de chez classique. Toutefois, on ne comprendra pas une chose: pourquoi ne pas avoir donné un "special move" pour le Prince Rassid, qui est un peu le "héros" du jeu?
Bref, on rentre dans le gameplay du jeu qui ne comporte donc trop peu de surprises ou d'originalité. Un coup permet de frapper, un autre de sauter, et un dernier permet d'invoquer le génie.
On pourra invoquer un génie par niveau. A signaler qu'au cours du jeu, on pourra enfermer dans sa lampe magique d'autres entités que le génie, à savoir des boss vaincus qui s'allieront avec nous, comme Asura ou le sage indien Kanjiji.
Comme dans pas mal de jeux Taito, vous retrouverez tout pleins d'items à ramasser. Certains donnent des points de scoring, d'autres un power-up extrêmement bref, ainsi qu'un livre qui détruit les ennemis à l'écran, un sablier qui les immobilise un très court instant, des items pour récupérer des PV, des sorts dont l'utilisation est là-encore très brève etc...
Toutefois on note 2 petites (mais vraiment petites) originalités. Il est honnête de signaler 2 niveaux qui sortent du lot parmi les 7 disponibles. Le niveau du tapis volant, sympathique mais malheureusement très très court, et enfin le niveau où l'on devient tout petit, et qui finalement ne change rien au gameplay puisque les ennemis le sont aussi... Il est juste marrant de voir dans le décor des fruits ou des hommes au proportions gigantesques.
Concernant les combats à proprement dits, ils s'avèrent mou, très mou même. Nos héros tout comme les ennemis se traînent, à un point où çà en devient assez soporifique.
L'action, malgré les quelques items à ramasser, est beaucoup trop répétitive. Un petit combo ou un petit move par personnage et c'est tout.
En 1987 cela pouvait faire l'affaire, pas en 1992, date où des Final Fight et autres Street of Rage 2 proposaient nettement plus.
Ce qui sauve un peu le jeu du naufrage total, c'est son challenge. Le jeu n'est pas facile, bien que la difficulté soit progressive. Les boss donneront notamment pas mal de fil à retordre, et le one credit s'avère être un challenge intéressant pour les pros du stick.
La technique n'arrange rien. Là-encore, la concurrence faisait nettement mieux à cette époque. Même si les décors sont tout juste corrects, les sprites tout petits, mal animés, lents, et très peu détaillés nous ramènent directement aux années 80.
Chose assez incompréhensible d'ailleurs, vu que le titre tourne sur un hardware plutôt puissant (pour l'époque), le Taito F3.
Alors oui, quelques timides effets nous rappellent tout de même que l'on est sur cet hardware, comme des effets de zoom ou distorsion de sprites, mais honnêtement cela reste plus du cache-misère qu'autre chose.
A titre de comparaison et sur le même thème, allez jeter un oeil sur le Arabian Fight de Sega, sorti la même année, et qui sans être génial ludiquement avait au moins le mérite d'envoyer du lourd graphiquement parlant!
La lenteur et la lourdeur de nos avatars font que le titre est assez pénible à diriger.
Toutefois, le bonnet d'âne revient au compositeur de ce jeu qui nous pond une bande sonore n'ayant que trop peu de rapports avec le thème abordé. Quelques petits thèmes arabisants sont noyés dans du HS total, comme des thèmes à l'orgue par exemple. Franchement est-ce que l'orgue est un instrument qui vous immerge dans les milles et une nuit? Je vous pose la question...
D'ailleurs certains passages ne disposent pas de musiques. Du coup on est obligé de faire subir à nos oreilles des bruitages, et voix d'une rare répétitivité et trop mal échantillonnés. Un ratage total à ce niveau-là.
Le titre est jouable à 4, et la durée de vie respècte le genre, à savoir hyper courte avec de la replay value pour les plus motivés.
Non vraiment, il n'y a pas grand-chose à sauver dans cet Arabian Magic. Il s'avère être un melting-pot de beat them up des années 1980 dans tous les sens du terme, que ce soit ludique, ou technique.
Tous les stéréotypes sont là, et on obtient un titre sans aucune imagination, mis à part son univers là-encore.
C'est mou, c'est lent, c'est creux, c'est très court, et une fois fini, c'est oubliable dans la seconde d'après.
Étonnant de la part de Taito, qui sortira notamment l'année suivante le légendaire et avant-gardiste RayForce. On en reparlera d'ailleurs...
Fiche Technique:
Titre: ARABIAN MAGIC
Editeur: TAITO
Arcade System: TAITO F3
Genre: BEAT THEM UP
Année: 1992
Autres supports: EXCLUSIF
Nombre de joueur(s): 4
Localisation:
NOTE PRESSE (Sinclair User
128 - Octobre 1992)

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