Plutôt que de se lancer dans un énième LittleBigPlanet, ce qui n'aurait de toute manière pas été très utile vu que la saga a déjà atteint son paroxysme sur PS Vita, les développeurs de Media Molecule se sont risqués à la nouvelle licence pour une aventure pas comme les autres. Et ça marche ! Ou presque.
Dès l'annonce du projet, ce qui a surpris reste la patte esthétique des plus originales, où le monde n'est fait que de feuilles de papier découpées, pliées et texturés de diverses façons, de l'herbe aux murs en passant par le protagoniste principal, la fameuse « tête d'enveloppe ». En bref, un univers qu'on pourrait même reproduire quasi à l'identique chez soi avec un maximum de talent. Surprenant au premier abord, ce choix graphique se révèle agréable et apporte surtout de la fraîcheur, renforcée par des cinématiques délibérément hachées dans l'animation, une ambiance façon petit conte bon enfant et une bande-son agréable, des musiques vraiment réussies aux « doublages yaourt » qui rappellent clairement l'époque de
Banjo & Kazooie. On notera tout de même quelques accrocs dans ce joli dessin, avec quelques ralentissements, une caméra qui n'arrive pas toujours bien à suivre (qu'elle soit fixe ou sous contrôle) et également quelques bugs de collision, rarement préjudiciable même s'il nous ait arrivé de voir un objet devenu inaccessible dans un pan du décors, empêchant d'accomplir une quête secondaire. Pas cool.
L'histoire met donc en avant un messager ou une messagère (Atoi ou Iota) qui a pour but de rejoindre le soleil pour délivrer un paquet au destinataire se trouvant au-delà de ce petit univers : vous (aussi appelé « Vou » dans le jeu). Ce premier point met en avant l'une des particularités de ce titre, à savoir une exploitation audacieuse de l'intégralité des fonctionnalités de la PlayStation Vita, à commencer par sa caméra qui permet, chaque fois que vous regardez le soleil, de voir simplement votre visage à l'intérieur en temps réel. Une situation des plus originales qui prête d'ailleurs à sourire (difficile de rester sérieux dans ces moments là) et ce sera pas la seule occasion d'avoir envie de rire, loin de là. L'univers faisant un parallèle, justifié scénaristiquement, entre le background du jeu et le monde réel, il sera possible à plus d'un moment de prendre des photos de vous ou de ce qui vous entoure, qui seront alors retranscrites dans le jeu à plusieurs moments, parfois inattendus. Voir un peuple construire une maison à partir de photos de vous alors que vous tiriez une tronche pas permise dessus, il n'y a que dans
Tearaway qu'on peut voir ça et c'est sans nul doute l'une des grandes forces d'un titre qui mérite l'attention.
Et le titre ne s'arrête pas là en nous proposant sans cesse d'user des deux écrans tactiles, parfois pour vaincre des ennemis en les écrasant (écran principal) ou en les repoussant (surface arrière), et souvent pour nous aider à progresser, que ce soit des plates-formes à activer, des éléments à déplacer... On s'emmêle parfois un peu les pinceaux, surtout dans les combats assez brouillons entre une caméra qui comme on l'a dit ne suit pas toujours, un lock auto qui nous pousse à faire quelques erreurs et surtout le besoin se switcher entre les boutons principaux et les features tactiles. On rajoutera à cela un aspect créatif, qui ne va certes pas aussi loin que
LittleBigPlanet, mais qui nous permet à de nombreux moments de customiser un peu cet univers, que ce soit notre petit avatar, certains alliés ou tout simplement des éléments du décors. La majeure partie du temps, on peut se contenter simplement d'apposer un élément prédéfini à acheter contre des sortes de confettis ramasser tout au long du jeu mais le meilleur restera d'user soi-même de la planche à création pour concevoir ses propres œuvres. Si les meilleurs pourront faire de belles choses, on avouera que l'interface est loin d'être pratique et surtout, que la précision dans la découpe est forcément très loin d'être au rendez-vous avec l'obligation d'user ses gros doigts plutôt qu'un stylet qui aurait tout changé.
Inutile de dire qu'il en ressort une expérience des plus intéressantes, presque jamais vues, qui avec style visuel et son univers offre une véritable identité à un titre qu'on n'attendait pas tant. Malheureusement, si on le prend ensuite comme un véritable jeu, de vrais problèmes ont tendance à ressortir. L'aventure en elle-même pour commencer. Alors que les points forts du jeu auraient pu s'accorder à tout et n'importe quoi, même un jeu à monde ouvert comme certains jeux de plates-formes ont pu le tenter il y a des années,
Tearaway fait dans la véritable simplicité avec un enchaînement de niveau d'une linéarité affolante (avec 2-3 zones seulement de taille moyenne, le reste n'étant que couloirs), en rajoutant qu'à part les features propres à la console justement, le gameplay en lui-même est très simplet, en plus de manquer un peu de précision.
Et il y a cette sensation que les choses tournent un peu en rond par moment. On a en bref droit à un listing d'idées qui arrivent les unes après les autres, qui fusionnent entre elles, mais qui font parfois dans le recyclage, comme assister à deux séquences proches dans le jeu où on fait en gros la même chose. Heureusement, on a droit à quelques renouvellements, comme l'arrivée des pièges où il faut appuyer ou non sur les boutons de la console pour progresser, ou encore l'accordéon magique, un véritable ajout qui fait du bien en cours de jeu, dans les énigmes (même si très vite abandonné) comme les combats (utile jusqu'au bout). En rajoutant une durée de vie qui ne dépasse pas la demi-douzaine d'heures, difficile de ne pas y voir une petite déception face au potentiel du projet. Et coté replay-value, autant dire que c'est très limité sauf si vous souhaitez impérativement photographier les éléments d'importance pour ensuite avoir droit à des plans permettant de recréer tout cela dans le monde réel. Mignon.
Les plus | Les moins |
+ La patte esthétique
+ Mignon, tout le temps !
+ L'univers, l'ambiance...
+ La qualité de la bande-son
+ Les fonctions Vita exploitées
+ Donne le sourire (si, si)
+ Le coté créatif réussi
+ Idéal pour les plus jeunes
+ Moins de 30€
+ La fin | - Zéro challenge
- La caméra
- Très court
- Très limité en replay-value
- Devoir découper avec son doigt
- Gameplay et progression finalement assez simplistes |
Conclusion : Difficile de donner véritablement son avis sur Tearaway tant il faut y jouer pour comprendre vraiment l'intérêt qui en ressort. On rajoutera même qu'il aura fallu attendre la fin de notre coté pour véritablement avoir la sensation d'avoir parcouru une aventure qui méritait le détour, et que l'on conseille sans mal aux plus curieux. Mais au-delà de ça, impossible de ne pas fermer les yeux devant les nombreux défauts qui font de ce Media Molecule un titre à découvrir absolument sur PS Vita, mais dont on attend surtout la suite qui espérons ira beaucoup plus loin en terme d'ambition.