Il va falloir s'y faire, tant que Black Box et Criterion s'occuperont de la licence Need for Speed à tour de rôle, il y a grandes chances que nous ayons affaire à un bon épisode sur deux. Vous direz, il n'est pas impossible que le premier studio crée un jour la surprise. Il est tout aussi probable que le second commette quelques erreurs et finisse par décevoir. La preuve tiens.
Parmi toutes les tares de The Run on pouvait noter un scénario d'un classicisme fou qui pouvait tenir sur une ligne. Plutôt que d'essayer de rattraper cet essai peu glorieux, Criterion a opté pour la simplicité : il n'y a plus d'histoire. Ou plutôt si, la même qu'on nous ressert depuis le premier Underground, à savoir battre ses rivaux pour devenir le boss de la ville en matière de courses urbaines évidemment illégales. D'ailleurs s'il n'y a pas un seul piéton à l'horizon, les forces de l'ordre seront bien présentes comme dans un paquet d'autres épisodes mais EA a trouvé l'excuse suffisamment bonne pour lui apposer le nom Most Wanted, qui donnerait presque des impressions de retour aux sources. Mais en fait non.
Mine de rien, enchaîner les courses en se tablant juste sur un simple menu commence à nous manquer. Cette sensation d'aller directement à l'essentiel sans passer par de multiples features pas forcément utiles, on n'y faisait même pas attention lors de la précédente génération mais c'est incroyable à quel point on pourrait aujourd'hui souhaiter son retour. A la place, nous débarquons de nouveau dans une ville qu'on pourra visiter d'un bout à l'autre et si elle ne brille pas forcément par sa grandeur, elle ne manque pas de détours, raccourcis et autres recoins cachés. De là se créera une nouvelle division du public : ceux qui en ont marre de se rendre d'un point A à un point B pour démarrer une misérable course, et les autres qui apprécieront de se balader et fouiner pour trouver diverses choses, comme des barrières ou des panneaux à exploser. Mais ce n'est pas tout.
Plutôt que d'apposer quelques points sur la carte signifiant les courses principales et secondaires à accomplir, le titre aura le mérite de nous laisser un minimum de liberté dans notre progression. Dès le départ, nous démarrons avec une Porsche 911 Carrera S (ce qui est déjà pas mal) qui permettra d'accomplir cinq épreuves, allant de la course à tour au speedrun en passant par une fuite face à la police. Chaque course permet d'engranger des points pour atteindre au fur et à mesure les palliers permettant d'affronter les rivaux et de piquer leurs caisses au passage. Là où le titre se montre original, c'est que hormis les véhicules des « Most Wanted », les autres (plus d'une centaine) sont éparpillées sur la carte, à l'arrêt (et souvent cachées), ne demandant que de passer à coté pour pouvoir l'équiper à loisir. Les marques sont variés, allant même jusqu'à la voiture de F1, et tout le monde pourra trouver son bonheur pour grappiller des points sachant qu'une infime partie sera nécessaire pour terminer le jeu.
Tout se fait assez rapidement, même la customisation (il suffit de gagner des épreuves ou remplir des conditions pour équiper notre bolide), excepté évidemment le trajet pour atteindre chaque épreuve. Heureusement, une fois fait et en cas d'échec, on pourra redémarrer la course quand on le souhaite, directement via le menu Easydrive, accessible sans pause et permettant tranquillement de changer de véhicule ou d'épreuve juste avec la croix, voir même à la voix avec Kinect. Coté jouabilité, aucune surprise à signaler vu qu'on reste dans de l'arcade brut avec une prise en main immédiate, des tournants qui se négocient sans problème, du boost et une modélisation des dégâts à l'écran qui n'influera en rien sur la conduite. Sans forcément parler de concurrence, on sera tout de même choqué du manque de vue (seulement deux) quelques semaines seulement après Forza Horizon, déjà plus généreux de ce coté.
Au final, on ne cachera pas que le jeu se montre grisant à plus d'un moment. Chevaucher sa Bugatti pour griller quelques adversaires trop prétentieux à plus de 350 km/h, ça reste jubilatoire mais malheureusement, le titre est entaché de défauts pour pouvoir vraiment briller en cette fin d'année. La cause : une difficulté incroyablement mal dosée. Qu'une IA se montre retorse, pourquoi pas, mais il serait temps aujourd'hui de mettre fin au coup des réactions cheatées, avec des adversaires qui vont reviennent aux fesses cinq secondes après avoir bouffé une rambarde en filant sur la radar comme s'ils se trouvaient sur un rail de boost. Par contre, inversement, un crash de votre part (avec la vidéo bien longue qui s'en suit) vous fera hurler à la mort tant rattraper le peloton de tête est une torture vu que l'IA ne commet d'erreurs qu'une fois toutes les cinq courses (et encore...).
Le pire ? Les forces de l'ordre. Censé être au cœur du jeu, la police semble avoir passé un brevet de sangsues en vous collant comme jamais, rendant frustrant la plupart des poursuites. A ce propos, la jauge d'alerte possède six niveaux. Le dernier fera passer l'étoile maximum d'un GTA pour une balade tant il devient impossible de semer qui que ce soit, hormis en jouant sur la chance. La chance, qui se retrouvera dans les épreuves de fuite où, si vous n'êtes pas passé entre les mailles du filet dans la minute qui suit le top, il vous sera conseillé de recommencer d'urgence pour éviter de perdre 30mn ou plus de votre courte vie. Au final, la lassitude allant, on choisit de zapper ces épreuves et, en cas de poursuite dans le mode balade, on se laisse parfois arrêter tranquillement, ce qui de toute manière n'influera en rien sur notre progression.
EA oblige, ce nouveau Need for Speed fait évidemment dans le social avec possibilité de se lancer des défis entre potes ou voir leurs propres records affichés comme sur les radars (à battre en allant plus vite qu'eux). Le multijoueurs quant à lui se résume en un rush de cinq épreuves choisies par l'hôte, chaque conducteur (huit en tout) se rejoignant à la ligne de départ pour démarrer chaque course. Pas grand-chose à signaler si ce n'est que le toute s'avère efficace et sans trop de lag, et qu'il est dommage de n'y retrouver ni la police, ni même la présence d'un mode en écran splitté (probablement dû à l'open world, encore).
Conclusion : En mixant courses nerveuses et phases de recherche pour l'obtention des véhicules, Criterion est parvenu à apporter un chouïa de sang neuf à une licence qui semble tout de même s'approcher de plus en plus d'un Burnout. Dommage que le tout manque au final de profondeur et que l'IA offre plus de frustration que de challenge. Les fans y trouveront leur compte, tandis que les autres attendront toujours un véritable retour aux sources, sans open-world, juste avec du concret.
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