Plus d'un an après sa sortie japonaise,
Xenoblade Chronicles se permet de fouler le territoire européen de la meilleure manière qui soit avec une jolie campagne de pub et une traduction pour chaque territoire. Une véritable aubaine quand on pense aux américains qui attendent désespérément une date de sortie. Bref, on accueille comme il se doit ce nouveau j-RPG, genre décidément bien en retrait sur cette génération au point d'imposer un constat surprenant : le meilleur du lot se trouve sur Wii, et nous allons le décrire de suite.
Si on excepte les consoles portables toujours aussi garnies, les RPG sur consoles
Nintendo n'ont pas été vraiment monnaie courante depuis la
Nintendo 64. Oh, bien sûr, on pouvait trouver quelques perles sur Game Cube comme l'incroyable
Baten Kaitos et, coup de bol, c'est justement ce même développeur qui a pondu notre intéressé, confirmant définitivement que
Nintendo a misé sur le bon cheval en rachetant
Monolith Software en 2007. Donc que nous réserve ce
Xenoblade Chronicles ? Eh bien tout simplement une montagne de choses à ne plus savoir où donner de la tête mais on va y revenir après pour laisser un mot sur le scénario. L'histoire prend place non pas sur un quelconque planète située dans une galaxie lointaine (très lointaine même), mais sur Bionis, un Titan de Pierre de taille très respectable figé en position de combat face à Mékonis, son ennemi de toujours. Vous incarnez Shulk, jeune habitant de la Colonie 9 qui se situe sur les jambes de Bionis. Comme souvent dans les jeux du genre, vous découvrirez rapidement que vous êtes l'élu, le seul à pouvoir manier l'épée Monado qui vous conférera suffisamment de pouvoirs pour combattre les Homz, créatures qui prennent vie sur Mékonis.
Le jeu n'est pas vraiment radin en matière de dialogues, sans parler des nombreux flashbacks : il faut dire que l'épée Monado offre à Shulk la possibilité d'entrevoir le futur. Pour autant, il ne faut pas croire que Tetsuya Takahasi nous a ressorti la même soupe que dans un
Xenogears ou un
Xenosaga. L'ensemble reste finalement simple à comprendre, plus accessible donc, et même un peu classique par moment mais le tout est franchement bien construit avec un lot conséquent de rebondissements qui donne sans cesse envie de progresser pour voir le dénouement final. Détail qui est généralement un gage de qualité, surtout à l'heure actuelle. De plus, l'aventure est bercée par une OST béton, avec à la composition du beau monde dont les noms ne parleront pas forcément au quidam européen mais qu'importe, c'est un véritable bonheur pour les oreilles et c'est bien l'essentiel. Enfin, on notera un choix appréciable entre le doublage US et japonais. Inutile d'indiquer où se situe le meilleur.
Passons maintenant au gameplay, avec LE point qui a fait parler du jeu depuis sa sortie : la taille des environnements. Lorsqu'on évoque ce point, difficile de ne pas repenser à
Final Fantasy XII et ses décors qui en ont surpris plus d'un dès le début du jeu, offrant un véritable tournant à la saga après un
Final Fantasy X sous forme de couloirs, ou presque. Mais bon,
FFXII, c'était sympa mais un peu vieux aujourd'hui et il est logique qu'on en attende un peu plus de
Xenoblade Chronicles. Rassurez-vous : malgré des graphismes qui évidemment ne toucheront que peu les habitués de la HD (c'est à dire la plupart des gens), le jeu offre des environnements d'une variété incontestable et d'une taille encore jamais vu. Oui, on est impressionné malgré quelques textures pas très fines et la présence d'aliasing car jamais un titre autre que certains RPG occidentaux ne nous avait offert une telle liberté de mouvement, et qui pousse à chaque moment à l'exploration. En effet, hormis les habituels secrets à trouver, le jeu offre de l'expérience en débloquant de nouveaux lieux pourtant totalement secondaires à l'histoire principale. Autant dire qu'on aura envie à plus d'une reprise de laisser le scénario de coté pour se balader un peu, surtout que le gameplay permet de nager et sauter pour aller toujours plus loin.
De grands environnements, c'est très bien, encore faut-il avoir quelque chose à y faire. De ce coté,
Monolith Software a assuré avec des quêtes à n'en plus finir éparpillés partout sur la carte et se renouvelant selon notre progression dans l'aventure. Il suffit de quelques heures passées dans cet univers pour comprendre l'expression « Quand il n'y en a plus, il y en a encore ». L'exploration et l'activation de raccourci sur la carte prend alors toute son utilité. Indiquons du coup que comme pour d'autres titres assez récents,
Dragon Age II par exemple, il nous arrivera de ramasser certains objets ou combattre des ennemis importants alors que la quête dédiée n'a pas encore été activée par vos soins. Dans ces conditions, le simple fait d'aller voir ensuite votre interlocuteur validera directement la réussite de votre mission, un gain de temps clairement appréciable. La fouille des niveaux sera également l'occasion de pousser le 100% en trouvant tous les trésors du jeu (pas de bestiaire en revanche, étrange vu le genre, mais ça n'empêche pas les quêtes de monstres rares), en cherchant divers items pour améliorer votre équipement (au point d'avoir son inventaire souvent plein à ra-bord) et en gagnant l'équivalent de succès/trophées. Une bonne manière de dire qu'il serait temps pour
Nintendo de se lancer officiellement dans le système.
Comme pour
Final Fantasy XII (oui oui, encore lui), le système de combat s'avère assez proche d'un MMORPG classique. Pour commencer, il n'y a absolument aucune transition exploration-combat. Les ennemis sont visibles de loin et il suffit de s'approcher un peu trop près de certains ou de sortir votre épée en premier pour déclencher une bataille, en prenant en compte que d'autres adversaires situés dans les alentours pourront prendre part à la joute sans demander votre avis. Une fois le combat déclenché, on a affaire à du classique, là encore en apparence, avec ses attaques et coups spéciaux, en notant d'ailleurs qu'il n'y a pas de MP : chaque coups spéciaux peut-être déclenché autant de fois qu'on le souhaite en prenant deux choses en compte : le temps de rechargement et l'impossibilité d'en porter autant qu'on le souhaite en combat. Tout est donc une histoire de choix en fonction de la zone et des ennemis en place. Enfin, on a également droit à une espèce de Limite qui augmentera généralement au fur et à mesure des coups portés et qui sera capable de vous sauver la mise selon les effets : bouclier, super-attaque, etc.
Mais voilà, le système de combat s'avère être en fait bien plus profond que prévu et, une fois n'est pas coutume, suffisamment réussi pour nous tenir en haleine jusqu'à la fin du jeu. En vrac, on pourra briser la défense de l'adversaire en le déséquilibrant puis en le faisant tomber avant d'attaquer massivement. On notera également que les pouvoirs de l'épée Monado, permettant à Shulk de voir l'avenir comme on l'a dit plus haut, se ressentent également en plein combat avec parfois un aperçu rapide d'une très grosse attaque de l'ennemi avant de revenir quelques secondes en arrière pour réagir afin d'éviter le drame : malus contre l'ennemi, soins et boucliers sur toute l'équipe, tentative d'attaque massive pour espérer l'achever rapidement... De toute manière, une défense mal négociée conduisant au Game Over n'aura jamais rien de véritablement dramatique vu l'abondance de checkpoints et la possibilité de sauvegarder quasiment tout le temps. Non pas que le jeu soit un modèle de facilité, il évite juste d'avoir à perdre deux heures de sa courte vie pour avoir croisé le mauvais monstre au mauvais moment.
En combat, on incarne que le leader avec quelques ordres basiques à donner à nos coéquipiers. Rien de grave vu qu'ils se débrouillent généralement assez bien. Mais les développeurs ont pensé à rajouter un système là aussi très prenant : les relations avec notre équipe. Pour faire simple, une jauge bleu situé en haut de l'écran et séparé en trois socles vous indique le potentiel d'appréciation entre chaque membre de l'équipe. Pour la faire grimper, il suffit de répondre à quelques QTE qui se déclenchent en plein combat ou tout simplement d'aller parfois encourager votre ami qui se sent dépassé par les événements. Chaque socle permet de ressusciter une fois un coéquipier mais avoir une jauge remplie permet de déclencher une grosse attaque combinée. Essentiel donc, et diablement efficace.
Histoire d'en rajouter un peu plus, sachez que ce dernier point mènera à une autre quête secondaire, tout simplement énorme : les relations avec les équipiers et PNJ. En effet, il existe un tableau décrivant votre degré d'appréciation avec l'ensemble des personnages du jeu, et il est possible d'améliorer chacun de ces points au travers de quêtes ou, dans le cas des coéquipiers, d'être suffisamment attentif aux QTE en combat et de discuter parfois avec eux (en donnant les bonnes réponses bien sûr). De nombreux bonus à gagner là encore, et même quelques mini-scènes avec les membres de votre équipe. En rajoutant la possibilité de réparer la totalité d'une colonie à vous seul (là encore, c'est secondaire), vous aurez compris que la durée de vie de
Xenoblade Chronicles est difficile à jauger tant elle est conséquente, dépassant facilement la centaine d'heures pour en faire complètement le tour. Ah, et il y a un New Game + aussi...
Conclusion : On l'a déjà dit par le passé, une note parfaite ne signifie pas forcément la perfection (qui n'existe pas de toute façon). Juste que le titre en question s'en rapproche indubitablement et à l'heure où le j-RPG a bien du mal à nous faire rêver comme à la bonne vieille époque, Xenoblade Chronicles s'impose comme un obligatoire dans la ludothèque de tous fans du genre. Un bijou, tout simplement.