Se plaindre de l'école au moins une fois dans sa vie est un fait inéluctable chez l'adolescent normal en ce bas monde. Chers parents, rassurez-vous : la Bullworth Academy est faite pour lui.
Bully. Derrière ce nom se cache le titre original du soft ici traité et parallèlement le nom que l'éditeur a souhaité garder pour le territoire américain. Question de notoriété pour ne pas dérouter les fans US ayant suivi de prêt l'évolution du titre ? Pas vraiment. Rockstar nous a habitués à une communication on ne peut plus restreinte sur ses titres avec des images aux compte-gouttes, une information par-ci par-là, voire uniquement un simple logo comme ce fut le cas pour
Vice City Stories lors de l'E3. Et pourtant,
Canis Canem Edit a battu tous les records avec trois images se battant en duel pendant trois longs mois pour enfin se dévoiler un peu plus en août.
Bully débarque donc silencieusement sur le territoire américain et les échos ne tardent pas à se faire entendre : on tient l'un des meilleurs jeux de la machine. Aujourd'hui entre nos mains, on admire le boîtier d'une sobriété absolue et on ne résiste pas à jeter un oeil sur le manuel qui est toujours d'une grande réussite chez l'éditeur : bande dessinée, règlement intérieur, présentation des cours... DVD en place dans la machine : on rentre en classe.
Donne-moi ta main...
Antihéros par excellence, Jimmy Hopkins est un adolescent en pleine crise qui maudit sa mère de tous les maux pour avoir oublié son mari pour refaire sa vie avec un vieux riche aussi gros que détestable dont la seule vue de Jimmy le met en rogne. Décidé à profiter pleinement de son voyage de noce d'une bonne année et n'étant pas d'humeur à avoir son môme dans les pattes, Madame Hopkins place son fils dans un pensionnat qui a la très bonne réputation d'abriter toutes les pires taches du pays. Après une mise en garde de la surveillante principale et un briefing de mise dans le bureau du directeur, vous êtes lâché en pleine cours de récréation et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'ambiance y est : élèves qui traînent dans leurs coins, qui courent pour ne pas être en retard à la sonnerie, qui se battent entre eux, qui discutent et qui vont même jusqu'à vous tourner autour pour vous provoquer. Les adultes ne sont pas en reste avec des profs qui tournent à droite à gauche, des surveillants impitoyables qui font leurs rondes ainsi que certains PNJ atypiques comme le clochard planqué dans la cour ou la cuisinière au superbe glaviot. Mais ce qui surprend le plus, c'est l'architecture parfaite de l'établissement scolaire aux allures londoniennes et dont la modélisation a été effectuée dans les moindres détails : des différentes classes au gymnase, en passant par les toilettes et le dortoir. Il faudra d'ailleurs un long temps d'adaptation pour s'y retrouver parfaitement et on comptera sur l'aide précieuse du radar entre temps.
Outre les nombreuses indications à l'écran représentant votre vie et votre équipement, l'heure sera continuellement affichée pour ne pas être pris de court par une sonnerie ou l'annonce du couvre-feu. Car à Bullworth Academy, le timing est primordial et les surveillants veilleront au grain pour vous remettre à votre place, quitte à vous faire par ailleurs échouer dans une petite quête secondaire pour vous retrouver soudainement assis sur votre chaise en salle de classe. Heureusement, le programme scolaire se montre plus amusant que rébarbatif puisque chaque section ressemble davantage à un mini jeu qu'à un cours de math au pensionnat de Chavagne : la Chimie vous demande d'appuyer sur une suite de boutons dans l'ordre et à la vitesse indiquée à la manière d'un classique jeu de musique et vous permettra de créer des objets plus tard (pétard, boules puantes, etc.) ; le dessin est une sorte de jeu flash bien connu où il faut démasquer petit à petit une toile en évitant de se faire toucher par des objets ennemis ; la techno ressemble à la chimie à ceci prêt qu'il faut cette fois marteler le bouton affiché à l'écran ou tourner les joystick dans le bon sens ; l'anglais, le plus dur, porte assez mal son nom puisqu'il s'agira de former plusieurs mots en 'français' avec seulement six lettres à la manière d'un scrabble ; la gym se fait sous la forme d'un match de lutte ou d'une balle au prisonnier et, enfin, la photographie vous demandera comme son nom l'indique de photographier certaines choses que vous indiquera votre professeur. Pas obligatoires, les cours peuvent bien entendu être séchés au risque de bloquer plus tard dans le scénario ou d'être privé de nombreux bonus comme un superbe vélo ou une fronde dévastatrice.
A nous la liberté !
Très rapidement, on prend nos petites habitudes en prenant garde à ne pas manquer notre cours du matin et de l'après-midi, puis en terminant notre journée en draguant quelques minettes ou, plus raisonnablement en avançant dans le scénario en résolvant les missions principales qui s'affichent sur le radar tel un GTA. Et c'est donc après quelques petites heures et un rebondissement scénaristique engendrant un face à face contre le premier boss du jeu que, oh surprise, les grilles de l'école s'ouvrent enfin, vous permettant de visiter la ville comme bon vous semble (dès le moment où vous n'oubliez pas d'aller en classe de temps à autre). Le jeu prend alors une autre tournure, car en plus des élèves qui ne vous apprécient pas et qui arpentent parfois les sombres ruelles, il faudra faire attention à ne pas bousculer les adultes ou foncer à vélo dans une voiture de police par inadvertance. On se rend également compte que le
gameplay se voit boosté par cette nouvelle liberté avec la possibilité de nager dans le lac sans limite de temps (impossible de plonger par contre), prendre le bus scolaire pour revenir plus rapidement dans l'enceinte de l'école, traîner dans les différents magasins pour jouer les Carl Johnson en refaisant à neuf votre garde-robe ainsi que votre coupe de cheveux. N'oublions pas les magasins d'armes qui, comme vous vous en doutez, ne proposeront pas le dernier Beretta à la mode, mais se focaliseront plutôt sur les nouveaux lance-pierres, billes, lance-fusée sans parler des oeufs, parfois plus redoutables qu'ils n'en ont l'air.
GTA-like oblige, les missions tiendront une part importante dans le jeu et sont agrémentées de cinématiques du plus bel effet avec des dialogues aussi marquants que trash et c'est au travers de ces différentes scènes que l'on scinde cette ambiance si particulière qui se dégage de cette petite bourgade : des jeunes livrés à eux-mêmes, des adultes pour la plupart alcooliques, des amourettes naissantes... Bref, un scénario pas comme les autres et une ville dont la noirceur ne peut être perçue que par les yeux d'un adolescent. On peut encore applaudir Rockstar pour le travail effectué. Revenons-en aux missions qui ressemblent beaucoup à ce que l'on pouvait trouver chez la série phare de l'éditeur, en commençant par ces petites commissions de recherche d'objet pas vraiment importantes ou la protection d'élève un peu trop peureux pour passer à du légèrement plus sérieux comme rentrer dans un gang, taguer les murs de la ville ou salir les fenêtres d'un bourgeois coincé avec des oeufs pourris. Vous l'aurez compris, on est loin de l'assassinat d'un rival à la tronçonneuse, mais le fun y est et l'on n'a aucun mal à se prendre au jeu, surtout que ce dernier nous réserve de nombreuses surprises à travers ses cinq gros chapitres comme le changement de saison propice à la fête de noël ou Halloween.
Une fois de plus, c'est lors de nos nombreuses balades que l'on reconnaît sans mal le savoir-faire de Rockstar dans ce qui est des petites quêtes ou job, ne faisant guère avancer le scénario, mais permettant de nous remplir les poches et de faire avancer le pourcentage total du jeu pour les férus du 100%. En vrac, vous pourrez grimper sur votre vélo pour aller livrer le courrier ou pour vous lancer dans différentes courses de secteurs, aller tondre la pelouse des riches, jouer à des bornes d'arcades de jeux vidéo old school, fouiller les recoins de la carte pour dénicher les élastiques ou des cartes de monstres (équivalent des paquets cachées que l'on trouve dans la plupart des GTA), trouver des transistors à échanger contre de nouvelles techniques, aller vous entraîner au club de boxe, tenter de trouver quelques missions rapides que vous proposent les passants, draguer un maximum de minettes en leur offrant doux mots et cadeaux ou, fin du fin, profiter de la foire pour faire quelques tours de manège, tenter de finir en tête du tournoi de kart ou faire le tour des attractions pour remporter des tickets à échanger contre moult objets forts intéressants. Pour peu que vous vous attardiez à la majeure partie de ces 'à côtés', la durée de vie s'en trouvera démultipliée et le plaisir de jeu augmenté, car, sans être trop difficile, les challenges sont suffisamment relevés pour assurer la motivation du joueur.