Il s’appelle Bond, James Bond. Il est le plus grand agent secret au service de Sa Majesté et possède un tact et une classe qui peuvent mettre n’importe quelle femme à genoux (et dans son lit). Incarnez Sean Connery, incarnez le véritable Bond.
1997.
Rare, le plus gros soutien de
Nintendo à l’époque, adapte la franchise James Bond sur
Nintendo 64 en portant son choix sur l’excellent
Goldeneye et crée alors l’un des FPS les plus marquants de l’histoire du monde vidéoludique. Les années passent, les rachats de licences se multiplient et c’est le plus gros développeur/éditeur du monde,
Electronic Arts pour ceux qui n’auraient rien suivi, qui se chargera des prochaines adaptations de l’agent 007. Seulement, EA ce n’est pas
Rare, et il faudra attendre le passage de nombreuses daubes (cf. Le monde ne suffit pas, 007 Racing…) et l’arrivée sur PS2 pour retrouver une once de qualité. Les adaptations libres, donc non tirées d’un film, se multiplient et l’éditeur finit même par mettre de côté le FPS pour un jeu d’action à la troisième personne en la présence de
James Bond : Quitte ou Double, une franche réussite. Aujourd’hui, quelque peu à cours d’idées, et en attendant le prochain film qui sera pour nous l’occasion de découvrir un nouvel acteur (Pierre Brosnan ayant été vulgairement foutu à la porte), EA nous offre un véritable saut dans le passé en proposant l’adaptation d’un des premiers films de la série, Bons Baiser de Russie (1963), avec la possibilité d’incarner le non moins connu Sean Connery. Sortez smoking et silencieux, Bond reprend du service.
Ou comment prendre ses aises
Le scénario reprend les grandes lignes du film éponyme en mettant notre agent secret face au SPECTRE, l’un des plus grands syndicats du crime. Un classique de l’époque pas forcément inférieur aux scénarios des derniers Bond qui a le mérite néanmoins de retrouver l’essentiel de la série : de la baston péchue, des gunfight haletants, une grosse pincée de gadgets en tout genre, des voitures de luxe et, surtout, de magnifiques nymphes avec tout leur attirail pulmonaire. Et l’infiltration, qu’en est-il dans tout ça ? Et bien, on constate avec amertume que celle-ci fut quelque peu mise de côté au profit d’une action certes soutenue. Si la chose n’est pas critiquable aux yeux du grand public, principale cible de EA, il est probable que les nombreux fans ne soient pas heureux de voir l’esprit original de la licence se retrouver dénigré de la sorte, avec un scénario principal grandement modifié : exit la parlote, la plupart des évènements deviennent prétextes à des gunfight, ce qui donne au final une fidélité amoindrie envers le modèle d’origine, excepté pour la première et la dernière mission. Rassurez-vous, le jeu n’est pas mauvais pour autant, la mise en scène est à la hauteur de ce que l’on est en droit d’attendre et les nombreux passages inédits s‘emboîtent parfaitement. Une addition pour le moins attractive, capable de nous tenir en haleine un peu moins de dix heures pour les plus rapides. On ne s’ennuie pas durant les 14 missions principales et, pour peu que l’on s’attarde à tout débloquer, la durée de vie doublera sans le moindre problème. Les bonus valent tout de même le coup, bien que restant dans la continuité des précédents épisodes : missions supplémentaires (au nombre de 4), améliorer la puissance des armes, débloquer diverses choses dans le mode multijoueurs, etc…
Le mode multijoueur, parlons-en justement. Après l’immortel
Goldeneye qui nous a fait passer des nuits blanches entre potes, reprendre le flambeau n’était pas une mince affaire et aucun jeu estampillé 007 n’y est parvenu à l’heure actuelle (pour le reste, Halo s’impose quelque peu). Du classique à première vue avec des modes de jeu vus et revus, sans toutefois manquer d’efficacité, comme le Deathmatch et le Capture The Flag, ainsi que la possibilité de jouer à 4 en écran splité, ce qui obligera les joueurs PS2 à acheter un multipad pour devoir en profiter pleinement. L’absence de mode online, et donc le partage d’écran, oblige la console à faire des concessions sur l’aspect graphique en supprimant quelques détails par ci par là afin d’offrir, probablement, une qualité d’animation convenable. Grosse nouveauté, les différents niveaux sont suffisamment grands pour y inclure différents véhicules. Certes, nous sommes loin d’un
Halo 2 niveau qualité, mais ça fait toujours plaisir de se sauver à bord d’un bolide pendant que votre ami vous canarde comme un sauvage. Décors aussi nombreux que variés, armes à gogo, univers bond… Du lourd en perspective et pourtant, le constat est sans appel : le multijoueurs est mauvais. Si ce mode aurait pu proposer une alternative convenable à
Goldeneye en se jouant à la FPS, il en est tout autrement avec ce système de jeu, qui le rapproche finalement d’un
Metroid Prime 2 : Echoes. En bref, on se promène dans un niveau à la recherche d’une cible potentielle, on collecte des armes sur la route et, une fois en face à face, le système de jeu du mode solo (efficace pour ce dernier) se met en place : le lock. Le multijoueur marche donc sur la règle du « premier vu, premier tué » et les premières parties de bonheur laissent vite place à l’ennui. Tant pis.
Q, au service d’un gameplay accrocheur
Ceux ayant retourné
Quitte ou Double dans tous les sens retrouveront immédiatement leurs marques. Pour ceux qui n’ont rien suivi, le jeu se joue à la troisième personne pour obtenir un mélange facile entre
Kill Switch et
Syphon Filter. L’essentiel des mouvements est donc repris, du lock au plaquage contre les murs pour vous couvrir des tirs ennemis, au point de se demander si nous ne sommes pas dans un add-on. Pire ! Deux points forts de la série ont été, disons, malmenés dans ce nouvel opus : le système de lock des objets est par moment bancal et on a parfois du mal à viser ce que l’on souhaite réellement, au point de devoir constamment improviser après de nombreux échecs. Autre chose, comme cité plus haut, le jeu prône surtout séances de shoot, rendant facultative l’utilisation des nombreux gadgets, sans pour autant transformer notre Bond en un Rambo endurci. La subtilité est donc parfois de mise et rien de vaut un bon coup de machette dans le cou pour ne pas éveiller certains soupçons, mais il est toujours dommage de constater que les nombreux objets offert par Q ne vous serviront que trop rapidement ou pour des missions secondaires, comme le harnais de rappel (qui était pourtant le gadget mit le plus en avant lors de Quitte ou Double).
Depuis l’opus
Nightfire, l’utilisation de véhicules est devenue monnaie courante et cet épisode n’échappe pas à la règle en offrant des missions relativement bien foutues, mais peu originales et parfois bancales. Si les courses à moto sont source d’adrénalines, celles en voiture sont devenues poussives dans cet épisode, la faute à une vitesse du véhicule nivelée vers le bas. Heureusement, pour rattraper la chose, les développeurs ont inclus le Jet Pack, objet phare de l’épisode dévoilé très rapidement par l’éditeur, et le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est bien plus jouable que l’on ne l’aurait pu le penser. Quelques minutes suffiront donc à manier ce bébé et vous pourrez alors vous lancer à la poursuite de vos assaillants en les bombardant de mini missiles, que vous aurez d’ailleurs illimités. Ce genre de détail permet de basculer sur un autre point critiquable : le jeu est trop facile. Quel que soit le niveau de difficulté, vous n’aurez que trop peu de mal à vous défaire de vos ennemis et seules les dernières missions vous demanderont un ou deux essais avant de sortir victorieux du mode le plus difficile. L’IA y est pour beaucoup en se révélant tantôt bonne, tantôt mauvaise : certains ennemis peuvent se cacher derrière des caisses tandis que d’autres vous canarderont sans se soucier d’être complètement à découvert. Aussi loin d’un
F.E.A.R. que d’un
Serious Sam 2 à ce niveau.
Bons Baisers de EA
Des graphismes assez bons, une bande-son au top, une durée de vie dans la moyenne, un
gameplay accrocheur…Y’a t’il de quoi crier victoire ? Si l’on prend en compte la qualité de l’avant-dernier épisode,
Goldeneye : Au service du Mal, alors oui, on peut pousser un soupir de soulagement. A contrario, si l’on se tourne du côté des sensations procurées par l’illustre
Goldeneye, il reste beaucoup de travail et peut-être peu d’espoir. Malgré tout, on ne peut que féliciter le boulot effectué pour coller à l’univers, malgré le côté bourrin de l’ensemble : Sean Connery est modélisé à la perfection et l’acteur a été jusqu’à effectuer lui même les nombreux doublages. Les décors ont également été le fruit un soin particulier afin de correspondre pour le mieux à l’ambiance des années 60 et de s’imprégner complètement du film.