Nouvelle licence Capcom, Sengoku Basara (Devil Kings chez nous) compte bien faire de l’ombre à l’incroyable série des Dynasty Warriors. Pari réussi ?
Ceux qui suivent l’actualité vidéoludique de près auront sûrement remarqué que les ventes des
Shin-sangoku Musô (
Dynasty Warriors) ont toujours avoisiné le million d’exemplaires, et ce, depuis le premier épisode disponible peu de temps après la sortie de la PS2. Pouvons-nous parler de phénomène de société ? Peut-être bien, car si la série cartonne moyennement en Amérique ou même chez nous (la communauté de fans semble tout de même grossir),
Koei a pourtant trouvé une véritable poule aux œufs d’or : 4 opus, quelques add-on et une série secondaire (
Sengoku Musô) ont permis au développeur d’atteindre allégrement les huit millions d’exemplaires. Un score tout bonnement hallucinant qui fit évidemment des envieux et il ne fallut que peu de temps avant de voir arriver des copies, dont très peu sortirent du lot. Parmi ceux-là, on peut indiquer les 2
Drakengard de Square-Enix, qui reprennent en gros le concept du hit de
Koei en y intégrant un background heroïc-fantasy très dark.
Un seul mot d’ordre : extermination
Capcom, toujours à l’affût du bon coup et pas vraiment en pleine forme après les succès mitigés de ses dernières grandes licences, ne tarde pas à se lancer à son tour dans le Beat’em all de masse et développe ainsi rapidement
Devil Kings. Anecdote amusante (ou pas), à l’instar des
Dynasty Warriors,
Devil Kings reprend l’histoire des 3 royaumes chers à l’Histoire de la Chine, tout en s’autorisant quelques petites libertés. La chose n’est pas mauvaise en soi, bien au contraire, car permettant à n’importe quel joueur de se lancer dans l’aventure à 100%, sans avoir appris au préalable sa leçon sur la guerre des dynasties. Autre chose, pendant le voyage du Japon jusqu’à notre beau pays, le jeu a vu son background changer du tout au tout au point maintenant de ne plus rien à voir avec la mythologie d’origine : exit l’univers des 3 royaumes, exit le seigneur Nobunaga Oda, place aux
Devil Kings et autres Red Minotaure. Au total, 16 personnages (débloquables au fur et à mesure) au design particulier allant du démon fou à la beauté humaine vêtue de cuir en passant par l’obèse aux deux armes à la place des bras ayant tous le même but : dominer le royaume en éliminant chaque général. Un scénario simple, des personnages aussi originaux que charismatiques… Le contexte est posé, place à la guerre.
Le Beat’em all de masse n’est pas un genre réellement compliqué à définir et fonctionne dans la plupart des cas de la même manière : une carte assez grande, votre personnage placé à un point défini, l’adversaire à l’autre bout et, entre-deux, des centaines, voire des milliers d’ennemis prêts à vous transpercer de toute part. Les embranchements et divers chemins secondaires ne sont que choses futiles pour le joueur voulant
rusher vu qu’après tout, la mission reste souvent la même à savoir l’anéantissement de votre ennemi principal (les autres n’étant que facultatifs). Si les conditions de victoire restent donc assez simples, celles des défaites sont un peu plus variées que la simple mort de votre héros et il faudra bien suivre les directives pour ne pas être surpris par un Game Over soudain : arrêter certains cavaliers en direction de votre base ou protéger un endroit particulier sont des exemples d’ordres apparaissant en temps réel au cours d’une bataille. Mais bon, dans 80% des cas, ce sera la mort de votre adversaire ou la votre qui déterminera l’issu du carnage, donc inutile d’inquiéter davantage les joueurs les plus sauvages. Notez que mis à part une pléthore de petits soldats servant à aiguiser vos lames, vous rencontrerez quelques ennemis un peu plus difficiles à battre comme les officiers (qui commandent une troupe de soldats) ou les lieutenants qui sont en quelque sorte les gardiens de votre principal adversaire (chacun d’entre eux deviendra un personnage jouable à un moment ou un autre).
Mode Berzerk ON
Même si le jeu ne peut prétendre être la référence du genre, il y a bien un point pour lequel il reste imbattable : son côté bourrin. C’est très simple, il n’y aucune stratégie à mettre en place, aucun moment de réflexion, aucune énigme. Parti de là, on sait à quoi s’en tenir et il ne faudra pas vous étonner en cours de partie si vous ne pouvez donner d’ordres à vos officiers (pour les déplacements ou autres), chose très frustrante lorsqu’on est en train de se faire laminer par un lieutenant alors qu’une dizaine de vos alliés admirent les brins d’herbe à cinquante mètres de là. En bref, ne comptez que sur vous-même, ce qui sera de toute manière amplement suffisant vu votre puissance de frappe. Il y a deux sortes d’attaques : la principale, qui consiste à utiliser une arme blanche préalablement sélectionnée avant la bataille, et la secondaire qui fait aussi office d’attaque à distance. Chaque personnage possède ses propres armes aux designs et effets complètement différents : vous ne jouerez donc pas exactement de la même manière avec
Devil Kings (qui combine épée longue et arme à feu) qu’avec Azure Dragon et ses 6 épées (!) couplées à des attaques de foudres. D’autres ont même des caractéristiques physiques ou compétences uniques comme le fait d’être plus lent, mais plus fort, ou encore la possibilité d’effectuer un double saut planeur.
La montée en expérience est évidemment toujours d’actualité. Comme la plupart des jeux similaires (décidément, on repassera niveau originalité…), il faudra attendre que la bataille se termine pour voir votre personnage augmenter en puissance et gagner quelques nouveaux coups parfois facultatifs (en plus de l’augmentation des statistiques bien entendu). C’est de là que le jeu puise la source de sa grande durée de vie, car il vous faudra tuer le plus de soldats possible pour arriver à quelque chose. C’est d’ailleurs là qu’on y découvre rapidement le système de combo particulièrement jouissif, à défaut d’être inédit : lorsque votre héros commence à frapper dans le tas, un chiffre indiquant le nombre de coups portés apparaît à l’écran et il suffit de 2 secondes sans toucher d’adversaire pour que ce dernier retombe à zéro. A chaque palier de 100 coups, les points d’expérience rapportés durant le combo gagnent en multiple. Petite astuce : les attaques secondaires (arme à feu, magie, etc.) ont pour effet de déstabiliser l’ennemi pendant quelques petites secondes et un coup porté à ce moment-là équivaudra à 3 ou 4 dans la jauge de combo. A vous de combiner vos armes pour atteindre un état de frénésie palpable offrant un grand moment de bonheur à chaque fois que vous aurez dépassé votre record de coups. Détail intéressant : les officiers et les cors (soldat appelant des renforts) sont très utiles. Les premiers lancent les adversaires sur vous en rang, offrant alors des cibles faciles d’accès, car, en cas de mort de l’officier attitré, ses hommes prendront peur et s’éparpilleront, coupant court à n’importe quel combo digne de ce nom. Les cors, quant à eux, appelleront une foultitude d’ennemis chaque fois que vous vous approcherez d’eux, bien utile pour le level-up, un peu moins lorsque vous êtes en danger. Enfin, tuer aura pour effet de remplir une jauge de furie qui enclenchera sur commande une attaque foudroyante.
La guerre d’un soir
Côté modes de jeux, inutile de tergiverser pendant des heures : la déception est de mise et il ne faudra compter que sur un seul mode, le second étant une sorte de mode Free servant avant tout à faire du Level Up dans les stages préalablement terminés en cas de difficulté majeure dans le mode Conquête. Celui-ci reste forcement le cœur du jeu et chaque personnage disponible (six au début, dix à débloquer) possède son propre scénario, pas vraiment complexe on s’en doute, relaté de temps en temps par des scènes animées qui auraient mérité un peu plus de soin, particulièrement dans l’animation. Une fois votre combattant choisi, vous vous retrouverez sur une sorte de parchemin montrant le royaume partagé entre différentes factions, chacune gardée par un chef. A vous de choisir lequel ne vous revient pas pour lui ouvrir les entrailles, tout en sachant que dans tous les cas, les autres clans livreront bataille de leurs côtés et certains pourront rapidement prendre de l’allure. Sachez également qu’à de rares moments, il arrivera entre deux conquêtes que votre propre faction soit attaquée, vous vous retrouverez alors en position de défense face à d’innombrables ennemis voulant enfoncer vos portes. Seul objectif : résister pendant de longues minutes.
Un bon programme donc qui fera l’affaire… d’à peine deux heures. C’est le temps qu’il vous faudra pour vous imposer sur le royaume pour peu que vous ne soyez pas trop manchot du pad. Déroutant ? Peut-être pas tant que ça, le fait que le jeu soit court donne davantage envie de le recommencer pour débloquer les innombrables bonus qui font la principale force du jeu : terminer le jeu une fois équivaut à finir à peine 5% du soft complet. N’oubliez pas qu’il y a 16 personnages différents ayant chacun leurs propres scénarios, leurs propres armes et coups spéciaux à débloquer, vous obligeant à recommencer parfois chaque conquête en mode difficile. De quoi faire donc, même si l’absence d’un quelconque mode multijoueur fera tirer la grimace à plus d’un joueur.